Édith Cresson

Publié le 26/02/2024 | Modifié le 01/02/2024

Édith Cresson a été nommée Premier ministre en mai 1991 par le président Mitterrand, succédant à Michel Rocard. Elle devient ainsi la première femme à ce poste en France.

Portrait d'Édith Cresson - Source : AFP

Portrait d'Édith Cresson

Portrait d'Édith Cresson - AFP

Je suis confiante car je sais que nous avons en commun la même détermination : celle de voir la France qui a tant donné au monde, qui a su si bien incarner l'espoir des opprimés, qui a inspiré tant de hautes actions, continuer de faire entendre sa voix irremplaçable. Nous avons deux ans devant nous qui peuvent être décisifs. Sachons nous parler, nous écouter, nous comprendre. Et n'ayons pas d'autre objectif que de renforcer notre pays, de construire l'Europe, d'apporter au monde notre esprit de progrès, notre expérience ancienne, et notre générosité toujours en éveil.

Édith Cresson

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Biographie

  • Née le 27 janvier 1934 à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine)
  • Profession : ingénieur économique
  • Parti : Parti socialiste
  • Premier ministre de mai 1991 à avril 1992
  • Commissaire européen de 1994 à 1999
Fille d’un inspecteur des finances, Édith Cresson est diplômée de l'École des hautes études commerciales (HEC Jeunes filles) et docteur en démographie.
Elle débute sa carrière politique à droite mais rejoint très vite François Mitterrand. Elle participe à la première campagne présidentielle de ce dernier en 1965.
En 1975, elle entre au Parti socialiste et en est membre du comité directeur jusqu'en 1981.
En 1979, elle est élue au Parlement européen, mandat qu’elle conserve jusqu’en 1981. Cette même année, aux élections législatives, elle est élue député de la Vienne.
Elle a occupé plusieurs postes ministériels pendant le premier septennat de François Mitterrand :
  • mai 1981-mars 1983 : ministre de l’Agriculture (gouvernement Mauroy)
  • mars 1983-juillet 1984 : ministre du Commerce extérieur et du Tourisme (gouvernement Mauroy)
  • juillet 1984-mars 1986 : ministre du Redéploiement industriel et du Commerce extérieur (gouvernement Fabius).
Après la réélection de François Mitterrand en 1988, elle devient ministre aux Affaires européennes (mai 1988-octobre 1990) dans le gouvernement Rocard. Elle démissionne pour intégrer pendant quelques mois un grand groupe industriel, en juin 1990.

ÉDITH CRESSON À L'HÔTEL DE MATIGNON

Le 15 mai 1991, elle est nommée Premier ministre par François Mitterrand, devenant ainsi la première femme à occuper cette fonction en France.
Par ses méthodes de travail, Édith Cresson cherche à rompre avec les pratiques du passé. Le dynamisme et le souci de l’efficacité qu’elle veut imposer dans la conduite de l’État s’inspirent du secteur privé. Elle s’appuie notamment sur des groupes d’experts (les Gem, groupes d’études et de mobilisation), qui réunissent sur des sujets précis experts et professionnels. Elle tient à distance les réseaux administratifs traditionnels et se rapproche des acteurs de terrain ; elle instaure un contact direct avec les préfets, qu’elle invite à déjeuner à Matignon.
Son gouvernement fait apparaître une nouvelle génération politique : Martine Aubry, Dominique Strauss-Kahn ou Jean-Yves Le Drian, etc.

Discours de politique générale du 22 mai 1991

Son discours d’investiture devant l’Assemblée nationale le 22 mai 1991, Édith Cresson définit un objectif prioritaire, à la veille du débat sur le Traité de Maastricht : « Faire réussir la France dans l’Europe de 1993 et dans le monde de l’an 2000 ».
Le nouveau Premier ministre pointe avant tout la nécessité de créer une forte cohésion sociale en agissant contre les inégalités, les exclusions, et contre le chômage. En effet, Édith Cresson rappelle que la situation économique est difficile, notamment avec le retournement de la conjoncture mondiale, mise en évidence par la guerre du Golfe. Cette situation a conduit à un net ralentissement de la croissance, et à un « gâchis social et humain surtout : le chômage explique une grande partie des maux de notre société ».
Le Premier ministre rappelle le bilan économique équilibré de son prédécesseur, fruit d’une politique vertueuse illustrée par un franc fort, une inflation maîtrisée, un contrôle rigoureux de la dépense publique, et une stabilisation des prélèvements obligatoires. Mais « être vertueux […] n’interdit pas d’être audacieux. Sur un franc fort, nous construirons une France forte ». Elle annonce ainsi la création d’un « grand ministère chargé à la fois notamment de l’Économie, des Finances, de l’Industrie et du Commerce extérieur. » Cette nouvelle structure a pour objectif de renforcer l’efficacité du dispositif public. Elle est placée sous la responsabilité de Pierre Bérégovoy. Elle souhaite aussi réconcilier « l’économie et l’écologie, l’industrie et le respect de l’environnement ». Pour Édith Cresson, « la notion d’environnement ne doit plus rester extérieure au processus de production, mais s’y intégrer ».
L’impulsion nouvelle à l’industrie s’accompagne d’une grande ambition agricole. Le Premier ministre veut maintenir sur le sol français une agriculture compétitive permettant de consolider et de développer les parts de marché françaises dans la Communauté européenne et sur les marchés mondiaux.  

Un style direct

Le Premier ministre souhaite imposer un style direct, volontariste, pragmatique, au parler cru. Elle renforce l'action contre le travail clandestin et l'organisation de l'entrée et du séjour irrégulier d'étrangers en France (1991).
Elle décide la décentralisation de plusieurs institutions publiques, dont le cas emblématique de l’École nationale d’administration déplacée à Strasbourg.
Elle augmente les cotisations d’assurance maladie de 0,9 point pour combler le déficit de la Sécurité sociale. Elle fait voter une loi concernant la gestion des déchets radioactifs.    

L'APRÈS-MATIGNON

Alors que le chômage en France atteint un niveau très élevé, et que la majorité a perdu les élections cantonales et régionales, le président Mitterrand se résout à lui demander sa démission en avril 1992.
Elle est présidente de l'Institut d'études européennes depuis 1992.
En 1994, elle est nommée commissaire européen, chargée de la Science, de la Recherche, du Développement, de l'Education et de la Formation, fonction qu'elle exerce jusqu'en 1999.Depuis 2002, elle est la présidente de la Fondation pour les écoles de la deuxième chance.Depuis 2007, elle préside la Commission scientifique de la fondation France Israël et la Commission économique de l’association France Algérie.  

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