Compte rendu du Conseil des ministres du 07 septembre 2022
Olivier VÉRAN
Mesdames, Messieurs,
Le Conseil des ministres de ce jour
traduit le lancement de plusieurs et grands chantiers prioritaires appelés de
ses vœux par le président de la République et attendus par les Français. À la
veille du lancement du Conseil national de la refondation, les grands
équilibres que nous nous sommes fixés restent les mêmes.
Les priorités des
Français sont les priorités du Gouvernement. Notre méthode, c'est celle de la
concertation. Notre temporalité d'action se conjugue entre gestion déterminée
de l’urgence et construction de l'avenir. Nos objectifs sont d'envergure et
nécessaires à notre souveraineté comme par exemple atteindre le plein emploi ou
réaliser toutes les transitions dont notre pays a besoin, en particulier la
transition écologique.
Dans la logique du cap fixé, j'en viens au texte
présenté ce jour en Conseil des ministres. Tout d'abord, pour assurer la
sécurité de nos concitoyens dans la continuité du quinquennat précédent, qui
avait mis en place des moyens extraordinaires par rapport aux décennies qui
avaient précédé, le ministre de l'Intérieur a présenté ce jour le projet de loi
d'orientation et de programmation du ministère de l'Intérieur, appelé la Lopmi.
Ce projet de loi, il reprend et il complète un précédent projet de loi qui avait
été déjà présenté il y compris devant vous, en mars dernier et qui avait été
retiré pour pouvoir le mettre en conformité avec les engagements pris par le
président de la République au cours de sa campagne. D'abord, vous dire que ces
5 dernières années, le Gouvernement a œuvré de manière à réarmer juridiquement,
matériellement, budgétairement, humainement des forces de l'ordre qui avaient
été abîmées par des années de choix stratégiques, condamnées par les Français
de manière légitime puisqu'ils aspirent à davantage de sécurité et que les
moyens octroyés à nos forces de police avaient été rognés quinquennat après
quinquennat, ça s’était donc arrêté en 2017.
Cette Lopmi présentée ce jour,
elle prolonge le réarmement de moyen, et elle vient les sanctuariser pour les 5
prochaines années dans des proportions totalement inédites. Au total, imaginez
que ce sont 15 milliards d’euros sur la période 2023-2027, soit une évolution
de plus 900 millions d’euros chaque année qui vont permettre de renforcer la
sécurité de nos concitoyens, et qu’ils attendent. Avec en pratique, à titre
d’exemple, je vais en citer un : la création de 200 nouvelles brigades,
notamment en ruralité et et périurbanité, là où au cours des décennies
précédentes, près de 500 brigades de gendarmerie avaient été supprimées. Donc
non seulement on arrête avec cette tendance qui consistait à supprimer des
moyens, mais on en rajoute et de manière massive. Hier déjà, la Première
ministre, Elisabeth BORNE, accompagnée du ministre de l'Intérieur, a annoncé le
recrutement de 8 500 policiers et gendarmes supplémentaires en 5 ans en France.
Parmi ces postes, 3 000 seront d'ailleurs déployés dès l'année 2023, ce qui est
un record. Et il y aura un impact qui sera massif, immédiat sur tout le
territoire métropolitain ainsi qu'en Outre-mer.
Si l'objectif premier et
fondateur de cette loi, de cette Lopmi, est de renforcer la sécurité de toutes
et tous sur notre territoire et de lutter contre la délinquance, les
déclinaisons enrichies des conclusions du Beauvau de la sécurité,
souvenez-vous, sont elles les suivantes : d'abord, renforcer la fonction
d'investigation ; simplifier la procédure pénale ; développer le cyber ;
améliorer le pilotage de gestion de crise.
Au-delà, le Gouvernement porte une
vision à horizon 2030 qui porte une transformation numérique profonde, qui vise
aussi à plus de proximité, de transparence, d'exemplarité et qui permet de
mieux prévenir les menaces et les crises futures.
Parmi les mesures qui vont
changer substantiellement la vie des Françaises et des Français et qui
viendront renforcer leur sécurité quotidienne, je vais en citer quelques-unes.
Il était déjà possible de déposer une plainte en ligne, il sera maintenant
possible d'être même entendu par les enquêteurs via des dispositifs de visioconférence.
C'est une mesure qui va dans le sens d'une meilleure prise en compte des
victimes qui parfois hésitent à se déplacer vers un commissariat. Et bien
évidemment, ça ne sera pas une obligation, mais ce sera une capacité
supplémentaire accordée aux Français qui le souhaitent.
Ensuite, l'amende, vous
la connaissez pour outrage sexiste, elle va devenir un délit lorsque les faits
seront aggravés, par exemple des faits commis en réunion ou dans les transports
en commun ou en cas de récidive, et le montant de cette amende sera triplé.
Nous créons également la fonction d'assistant d'enquête pour appuyer les
officiers et les agents de police judiciaire et leur permettre de se concentrer
sur leur cœur de mission. Tous les délits punis d'une seule peine d'amende ou
d'un an d'emprisonnement au maximum seront forfaitisés sur le même mode de ce
qui existe pour les infractions au code de la route. Concrètement, cela permet
la verbalisation immédiate et automatique de certaines infractions qui pourront
toujours être contestées devant le juge le cas échéant. Ceci va permettre de
désengorger la justice et de mieux sanctionner les infractions à la loi.
Cette
Lopmi, c'est la promesse d'être sur le terrain pour les Français avec des
moyens renforcés.
Deuxièmement, et à la veille d'une grande concertation sur
l'assurance chômage qui va porter sur une réforme profonde, il nous faut aussi
gérer l'urgence. Dans ce cadre, le ministre du Travail, du Plein emploi et de
l'Insertion a présenté un projet de loi qui porte sur des mesures d'urgence
relatives au fonctionnement du marché du travail en vue d'atteindre le plein
emploi.
L'urgence est la suivante : les règles d'assurance chômage qui ont été
établies tombent à partir du 1er novembre 2022 et donc, nous ne devons pas
aller vers une rupture d'indemnisation des chômeurs.
Évidemment que non, donc,
il faut pouvoir prolonger ces dispositifs. Une procédure définie par le Code du
travail existe, mais les délais, et l'entrée en vigueur récente de la
précédente réforme nous conduisent à présenter pour ce faire un projet de loi
visant à déterminer les règles relatives à l'indemnisation des demandeurs
d'emploi jusqu'au 31 décembre 2023. Dans la logique de la double temporalité,
j'en parlais tout à l'heure de l'urgence et des réformes profondes, eh bien
nous gérons l'urgence ici aussi en prévoyant la suite.
D'abord, le ministre va
lancer avec les partenaires sociaux une négociation sur la gouvernance du
régime de l'assurance chômage. Elle est nécessaire et nous voulons la mener à
l'issue de concertation de rigueur sur un tel sujet. À terme, nous voulons
rendre l'assurance chômage plus incitative et plus protectrice. En même temps,
elle s'adapte en fonction des besoins que la période exige. Le cadre de notre
réflexion reste d'ailleurs inchangé, la bonne santé de notre marché du travail,
c'est l'occasion de mener des réformes que notre système attend depuis
longtemps et qui permettront d'atteindre le plein emploi. Et notre but, il est
simple, nous voulons rendre notre marché du travail plus efficace, plus juste,
plus flexible, mais aussi plus protecteur. Plus flexible, ça signifie que
lorsque la période est propice au plein emploi, lorsqu'il y a beaucoup
d'emplois disponibles à pourvoir, eh bien le régime de protection d'assurance
chômage doit être plus incitatif pour aller chercher un emploi. C'est le cas
aujourd'hui. Je crois que le ministre a parlé de… pour 1 000 demandeurs, il y a
170 emplois qui sont disponibles. Donc, il est urgent de mettre en corrélation
les emplois avec celles et ceux qui n'ont pas d'emploi et en recherche.
Et à
l'inverse, si nous devions connaître à nouveau, nous ne le souhaitons pas
évidemment, des périodes de chômage plus intenses, que celles que nous
connaissons aujourd'hui, alors le régime doit assurer la protection de celles
et ceux qui ne peuvent pas accéder au marché du travail parce qu'il n'y en
aurait pas de disponibles.
À plus court terme, il nous faut aller vite et donc,
sans que personne ne soit laissé au bord de la route. Et donc, nous allons
faire en sorte que chaque personne sans emploi puisse continuer à être
indemnisé au-delà du 2 novembre.
Par ailleurs, nous profitons du décret qui
sera pris suite à cette loi pour prolonger des dispositifs ou faire évoluer des
règles dans le bénéfice des salariés. Par exemple, le dispositif dit de bonus
malus, qui incite les entreprises à proposer des CDI plutôt que des CDD et
lorsqu'une entreprise exagère dans les CDD au détriment des CDI, eh bien la
cotisation d'assurance chômage monte. À l'inverse, lorsqu’une entreprise fait
l'effort d'embaucher des Français directement en CDI, alors, ces cotisations
d’assurance chômage baissent. Ensuite, les salariés assimilables à l'employeur,
c’est-à-dire qui disposent d'une délégation ou d'un pouvoir de représentation,
ne seront plus exclus de participer à l'élection du Comité social et
économique.
Enfin, nous développons le dispositif et la reconnaissance de la
VAE, la Validation d’Acquis et de l'Expérience, par exemple pour des aidants
intrafamiliaux, pour tirer profit de leur expérience auprès de leurs proches en
perte d’autonomie pour leur permettre d’intégrer sur le marché du travail des
métiers en rapport avec le soin. On tient compte de leur expérience. Ça va de
soi et pourtant, aujourd'hui, c'est encore difficile dans notre pays.
Troisièmement, je le disais tout à l'heure, l'heure est à la simplification et
à l'efficacité et donc le ministre de l'Economie, des Finances et de la
Souveraineté industrielle et numérique a présenté un projet de loi qui parait
comme ça compliqué mais qui ne l'est pas tant puisque nous visons là un système
fiscal au fonctionnement plus simple pour les redevables, plus efficient pour
l'administration au service des collectivités territoriales. Il s'agit là, je
vous donne le titre quand même « du transfert à la Direction générale des
finances publiques de la gestion de la taxe d'aménagement et de la part
logement, de la redevance d'archéologie préventive ».
Enfin et face aux
inquiétudes, enfin et face aux inquiétudes légitimes des collectivités de voir
leurs recettes décalées dans le temps, nous adoptons le dispositif pour
réaliser plusieurs acomptes et garantir le rythme de versement des recettes.
Personne n’aura manqué enfin, que jeudi dernier, 12 millions de nos concitoyens
les plus jeunes mais aussi les enseignants ont repris le chemin de l'école et à
ce titre, le ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse a présenté une
conclusion relative à cette rentrée scolaire. Vous vous souvenez ? Vous m’avez
beaucoup interrogé avant la rentrée : est-ce qu’il y aura des profs ? Est-ce
qu'il y aura des transports ? Etc. Malgré un contexte de tension évident sur
les postes d'enseignants et sur les postes de chauffeurs de transports
scolaires, eh bien, la rentrée s'est passée dans de bonnes conditions. Dans certaines
académies, la situation est même meilleure que les années passées, alors que
les conditions préalables étaient plus difficiles. Tout au long de l'année, une
attention particulière sera portée aux élèves vulnérables. Plus 20 % de
psychologues recrutés, 430 000 élèves en situation de handicap scolarisés, 4
000 accompagnants supplémentaires. Plus de 70 % des classes dédoublées en
Grande Section de maternelle et 100 % des CP/CE1 en REP et REP+. Enfin, nous
avons une pensée particulière pour eux. 20 000 élèves déplacés d'Ukraine ont pu
faire leur entrée scolaire en France en sécurité et en paix. Au-delà et
toujours fidèle à la double temporalité, urgence à venir, cette année scolaire
sera aussi celle des réformes. Dans le cadre du Conseil national de la refondation,
nous allons réaliser un travail en profondeur pour rénover l'école et raviver
la promesse républicaine. Parmi les grands chantiers de cette réforme scolaire,
laisser plus de place à la liberté d’innovation, mettre en lien l'institution
avec celles et ceux qui la font vivre - parents, associations, société civile -
et revaloriser, bien sûr, le métier d'enseignant en élaborant un nouveau pacte
avec les professeurs.
Je vous remercie si vous avez des questions, je suis à
votre disposition.
Mathieu COACHE
Bonjour Mathieu COACHE, BFMTV.
Est-ce qu'il a été question d’énergie et du plan de sobriété pendant ce Conseil
des ministres et plus précisément deux questions : est-ce que l'idée d'une
police de l'énergie fait son chemin ? Elle est portée par quelques écologistes,
notamment et est-ce que l'idée de limiter la vitesse à 110 km/heure sur les
autoroutes peut être retenue dans les semaines ou dans les mois qui viennent ?
Je vous remercie.
Olivier VÉRAN
Je comprends votre question. Je ne
vais pas, semaine après semaine, me prêter à l'exercice des devinettes. Donc,
je vous livre pièce par pièce, un plan dont je n’ai pas encore connaissancepar ailleurs, et qui sera présentée en
cohérence et dans son intégralité d'ici quelques semaines par la Première ministre
qui est chargée de présenter ce plan. J'ai lu comme vous dans la presse qu'il
était question ici de police ou ici de limitation de vitesse. Comprenez bien,
d'ailleurs, le président de la République a eu une expression forte hier sur le
sujet énergétique. Si nous faisons, si nous épargnons 10 % de notre
consommation énergétique, tous, globalement, on peut faire face même à un hiver
rigoureux, difficile. 10 % d'économie d'énergie. Nous demandons à l'Etat, nous
demandons aux collectivités, nous demandons aux entreprises et une demanderons
aux Français de s'inscrire dans cette dynamique-là, à la fois pour cet hiver,
mais je le redis, à la fois pour notre planète, puisque ça fait quand même
partie des objectifs que la France s'est fixé, qui vise à réduire les émissions
carbone, à atteindre la neutralité carbone et donc à épargner notre planète. On
est dans une logique d'incitation, d'explications, d'apports, d'outils pour que
chacun puisse se saisir. Le président de la République a dit par exemple le
chauffage à 19, etc. Je l'ai déjà dit dans un précédent compte rendu, un degré
de plus ou de moins, c'est 7 % de consommation de gaz en plus ou en moins.
Donc, on est vraiment dans la volonté d'impliquer tout le monde, d'emmener tout
le monde, d'apporter d'abord les explications nécessaires pour que chacun
puisse se saisir de sujets qui sont compliqués entre les enjeux électriques,
les enjeux nucléaires, les enjeux sur les carburants et ensuite apporter ses
clefs de lecture. Nous verrons ensuite. Nous pensons que l’intérêt collectif
suffit à atteindre les objectifs que nous nous fixons collectivement, ce qui ne
veut pas dire qu'il n'y a pas d'autres questions sur les possibilités de
contrôle. Il a même été s'agissant des entreprises, je reprends les mots de la
Première ministre, de risque de rationnement si la situation était beaucoup
plus difficile s'agissant des entreprises. Mais encore une fois, notre logique
est celle de l'incitation. Donc je pense vous avoir répondu.
Florian TARDIF
Bonjour Monsieur le Ministre, Florian TARDIF pour
CNews-Canal +. Je me permets de rebondir sur la question de mon confrère à
l'instant. Vous parlez d'incitation, Ursula von der Leyen, excusez-moi, parle
elle d'obligation. Ce matin, elle a dit que l'Union européenne va proposer un
objectif obligatoire de réduction de l'électricité aux heures de pointe pour
cet hiver. Que faut-il comprendre : obligation ou incitation ?
Olivier VÉRAN
Mais nous, nous pouvons nous trouver dans l'obligation de
réduire notre consommation énergétique. C'est l'appel à la sobriété. Mais les
voies et moyens pour y parvenir ne passent pas forcément par des obligations ou
des interdictions, etc. Nous laissons ça à d'autres. Confer tous les débats qui
ont émaillé ces dernières semaines sur les barbecues, les piscines et que
sais-je ? On est là dans la volonté de donner à chacun les outils pour saisir
et comprendre quels sont les enjeux. J’ai cité une fois l'exemple de la machine
à laver à 18h00 en plein hiver, une journée où il ferait particulièrement
froid. Si on fait tout ça, on se met tous dans la difficulté pour les deux
heures concernées. Donc il faut qu'on puisse encore une fois avoir ces voies et
moyens pour piloter notre consommation énergétique et être un peu plus attentif
non seulement pour cet hiver, mais dans la durée pour la planète.
Marie CHANTRAIT
Bonjour monsieur le Ministre, Marie CHANTRAIT pour TF1 et
LCI. Dans la lignée aussi de cette crise énergétique, est-ce qu'il a été
question lors de ce conseil, des propos du dirigeant russe Vladimir POUTINE, qui
s'est exprimé il y a quelques heures disant finalement qu'il était impossible
d'isoler la Russie, toujours très menaçant et disant finalement que les
sanctions occidentales à l’égard de la Russie faisaient peut-être plus de mal à
l’Occident. Est-ce qu’au vu de ce qui est en train de se produire, a-t-il
forcément tort ?
Olivier VÉRAN
Si c’était le cas, si les sanctions que l’Europe impose
faisaient plus de mal à l’Europe qu’à la Russie, est-ce que vous croyez qu’un
dirigeant comme Vladimir POUTINE le dirait ? Le simple fait qu’il appelle
l’Occident à arrêter les sanctions au motif qu’elles ne seraient pas efficaces
et qu’elles pèseraient davantage sur l’Europe que sur la Russie nous incite à
considérer qu’elles le sont, efficaces. Et s’il vous faut des chiffres, vous en
avez. Le PIB de la Russie baisse, l’accès à des ressources pour la Russie,
essentielles (les nanotechnologies, les microprocesseurs) est en difficulté.
Ensuite, et plus généralement, faisons attention à ce qui pourrait relever
d’une forme de propagande russe dans la période. On voit comment ça a émergé
sur les plateaux de télé, dans des interventions, parfois de responsables
politiques, parfois d’experts, je mets des guillemets, qui commencent à porter
sur notre territoire la parole russe comme une parole crédible et parfois même
peuvent remettre en question la réalité des faits sordides qui se déroulent en
Ukraine. Ne nous faisons pas — je m’inclus et je vous inclus dedans en
tant que responsable des médias de notre pays — ne nous faisons pas trop
les porte-voix de ce qui s’apparente clairement à la surexploitation de la
liberté d’expression, qui est bien vivante en France contrairement à la Russie,
pour servir la propagande russe.
Ania NUSSBAUM
Bonjour Monsieur le ministre, Ania NUSSBAUM de Bloomberg
News. Une question dans la lignée de celle de ma consœur sur la politique
européenne vis-à-vis de la Russie. On sait que Monsieur ORBAN, le Premier
ministre hongrois, s’oppose à l’extension d’un paquet de sanctions. Quelle
attitude, selon vous, devrait adopter l’Union européenne, la France vis-à-vis
de la Hongrie ? Et une deuxième question sur la politique énergétique de
l’Union européenne : en France, on sait que les énergéticiens sont soutenus par
la puissance publique, qu’il s’agisse de prix garantis, maintenant de
nationalisation, etc. Mais au niveau européen, ce n’est pas le cas dans tous
les pays et certains énergéticiens ont des gros problèmes de liquidité. Est-ce
que la France, le Gouvernement français soutiendrait la mise en place de
mécanismes au niveau européen pour aider les énergéticiens à gérer ces
problèmes de liquidité ?
Olivier VÉRAN
D’abord, pour répondre à votre deuxième question, il existe
des mécanismes de solidarité européenne en matière énergétique. Nous pouvons y
faire appel, cet hiver peut-être, vis-à-vis des Allemands si nous étions en
difficulté pour l’électricité, les Allemands pourraient faire appel à ce
mécanisme de solidarité nous concernant pour pouvoir les aider à s’approvisionner
en gaz. Ces mécanismes de solidarité nous protègent tous et ils sont très
forts, ce qui veut dire qu’il faut aussi qu’on ait aussi un regard collectif
sur la manière dont les fournisseurs d’énergie sont capables de tenir au niveau
européen. Je ne vous réponds sur la mécanique précise, ça ne relève pas du
champ du Conseil des ministres, mais vous avez compris. Ensuite, sur l’attitude
de la France vis-à-vis de la Hongrie, je peux vous donner surtout l’attitude de
la France et de l’Europe vis-à-vis de l’Ukraine et de la Russie. C’est que nous
portons haut ce combat pour la démocratie et que ces valeurs, elles nous
incombent collectivement, et qu’on doit rester — et nous le sommes
particulièrement en France — très solides sur ces valeurs, et que les gens, les
Français savent pourquoi aujourd’hui il y a des sanctions qui sont imposées à
la Russie. Certains pays au sein de l’Union européenne peuvent avoir des
stratégies, des orientations qui sont différentes. La parole européenne, elle
est la parole qui est celle que soutient la France et que la France influence
avec ces partenaires notamment allemands qui est de dire nous revendiquons de
sanctionner la Russie dans la période qui viendra. Ensuite, est-ce qu’il doit y
avoir des mécanismes de sanctions vis-à-vis de la Hongrie ? Là, c’est de la
diplomatie pure, donc vous savez que sur la diplomatie pure, je laisse ça aux
ministres en charge.
Valérie LEROUX
Valérie LEROUX, de l'Agence France Presse. Pour rebondir sur
les propos de Vladimir POUTINE. Il a aussi affirmé ce matin que la plus grande
partie des exportations ukrainiennes de céréales allaient non pas vers des pays
en développement, mais vers l'Union européenne. Il a dénoncé une attitude
colonialiste, il y a eu des propos assez virulents contre l'Europe. Que
répondez-vous à ces accusations, l'Europe est-elle effectivement le premier
destinataire des exportations ukrainiennes de céréales ? Toujours sur
l'Ukraine, une deuxième question peut-être sur la centrale de Zaporijia pour
savoir si c'est une question que vous avez évoqué à la suite du rapport de
l'AIEA, et ce que l'on peut préconiser côté français sur la mise en place d'une
zone de sécurité autour de la centrale. Est-ce que ça veut dire que c'est un
appel aussi aux forces russes qui sont installées sur le site de la centrale à
quitter les lieux du point de vue français ? Et une troisième question sur
l'assurance chômage, à quelle échéance allez-vous inviter les partenaires
sociaux à cette concertation sur la modulation des conditions d'indemnisation
des chômeurs ?
Olivier VÉRAN
Très court terme pour la dernière question. Sur la première,
pardon, très court terme, c'est l’affaire de quelques semaines. Les
concertations ont d'ailleurs déjà commencé sous l'égide de Olivier DUSSOPT, le
ministre en charge, qui a déjà commencé à recevoir les partenaires sociaux. Un
certain nombre d'entre eux se sont déjà exprimés d’ailleurs sur le sujet, donc
nous voulons avancer vite. Pardon, pour votre première question, je vais
reprendre ma réponse de tout à l'heure. Est-ce que me poser cette question-là
pourrait revenir à considérer que la parole de Vladimir POUTINE, dans la
période particulière que nous connaissons, serait égale à la parole des
dirigeants européens. Je ne le crois pas, et je ne me prêterai pas à l'exercice
qui consisterait à commenter ou démentir en permanence les paroles de quelqu'un
qui n'attend que cela de nous, c’est-à-dire qu'en tenant ces propos-là, il
cherche à créer de la polémique et de la discorde. Il saura pouvoir compter, ce
n'est évidemment pas votre cas et encore n'est pas le mien davantage. Il saura
pouvoir compter sur des relais d'opinion, et notamment via les réseaux sociaux.
Et mon appel à la vigilance collective, c'est que nous ne devons pas céder un
pouce sur nos valeurs et le combat que nous menons pour la liberté. Sur la
question de Zaporijia, ça n'a pas été abordé ce matin en Conseil des ministres.
Mais évidemment, le président, la République, la Première ministre et les
membres du Gouvernement en charge suivent ça avec beaucoup d'attention, et nous
soutenons évidemment la mission de l’AIEA et nous vous tenons informé, j'allais
dire heure après heure, en tout cas jour après jour, sur les conditions
d'exercice de cette mission. Pour le reste, encore une fois, ça renvoie de la
diplomatie.
Samy ADGHIRNI
Bonjour, Samy ADGHIRNI, Bloomberg. Je voudrais poser une
question sur l'Iran, l'accord nucléaire. Il y a encore quelques jours, on
entendait un discours plutôt optimiste. Certains disaient qu'il était question
de quelques jours, que la reprise de l'accord était imminente. Et là, depuis
quelques jours, on assiste à un changement de ton assez net. Les Etats-Unis
parlent désormais de divergences profondes qui subsistent, et ils diraient même
que la reprise de l'accord est improbable à court terme. Est-ce que vous
partagez ce constat et qu'est-ce qui a changé ?
Olivier VÉRAN
Diplomatie. Je ne peux vous répondre sur le fond là-dessus,
c'est en pleine discussion, en plein échanges internationaux. Ce n’est pas que
je n’ai pas envie de vous répondre, c'est que ce n'est pas mon rôle de le
faire, mais pas ici. Mais…
Samy ADGHIRNI
Oui, mais est-ce que vous êtes moins confiant que vous ne
l’étiez ?
Olivier VÉRAN
Mais la question de savoir si je suis confiant ou non
importe peu. La question, c’est quel est le contenu des discussions
internationales sur le plan diplomatique pour pouvoir influencer dans le bon
sens dans le dossier iranien. Donc je ne peux pas l’aborder ici avec vous. Je
suis désolé.
Thomas DESPRÉ
Bonjour, Thomas DESPRÉ, RTL. Je rebondis sur la question
d'une de mes consœurs sur l’assurance chômage et notamment la contracyclicité.
Ça va être fait dans un deuxième temps, mais ce qu'il faut comprendre ici,
c'est parce que le Gouvernement veut lever le pied, justement, ménager un petit
peu les partenaires sociaux et éviter une rentrée sociale encore plus agitée
qu'elle n'est annoncée ?
Olivier VÉRAN
Alors ne vous mettez surtout pas dans l'esprit que le
Gouvernement voudrait lever le pied quand il s'agit de réformer le marché du
travail, alors que notre objectif, c'est à court terme le plein emploi et que
les conditions sont favorables pour le faire. Je le disais tout à l'heure, nous
voulons réformer l'assurance chômage, nous voulons réformer la formation
professionnelle, nous voulons réformer le système des retraites. Nous voulons
travailler activement sur le marché de l'emploi pour permettre aux Françaises
et aux Français de trouver un emploi lorsqu'ils n’en n'ont pas, de le garder
lorsqu'ils en ont un et de se faire embaucher davantage en CDI qu'avec des
contrats précaires ou transitoires. Je le redis, là, on a l'urgence qui est de
dire : on doit prolonger le mécanisme d'assurance chômage au-delà du 2
novembre, sinon ça tombe. Donc ça, c’est l'urgence du moment. Et dans le même
mouvement — ce n'est pas après coup — dans le même mouvement, engager des
concertations, des négociations pour pouvoir ensuite, par décret, définir les
conditions de réforme de l'assurance chômage dans le contexte favorable pour
l'emploi que nous connaissons.
Simon LE BARON
Bonjour Simon LE BARON de France Inter. Est-ce que vous
confirmez que le Gouvernement entend relancer un chantier qui avait donné lieu
à de violentes polémiques il y a quelques années, qui est celui de la lutte
contre les stéréotypes de genre à l'école ?
Olivier VÉRAN
Je n'ai pas compris votre question. Est-ce que je comprends
que…
Simon LE BARON
Est-ce que vous confirmez ?
Olivier VÉRAN
Ah !
Simon LE BARON
J'ai dit « comprenez » ?
Olivier VÉRAN
J'ai compris « comprenez » oui.
Simon LE BARON
Je voulais dire « confirmez »
Olivier VÉRAN
J'essaie de comprendre justement.
Simon LE BARON
Si j’ai dit comprenez, je m’en excuse. Est-ce que vous
confirmez que le Gouvernement veut lutter contre les stéréotypes de genre à
l'école ?
Olivier VÉRAN
Ce que je peux vous confirmer, c'est que les stéréotypes,
lorsqu'ils amènent à des inégalités de traitement entre les femmes et les
hommes, sont des stéréotypes que nous voulons combattre de façon générale.
Ensuite, il y a les différentes manières de le conduire, est-que c'est dans le
cadre de l'école ou dans le cadre familial ? Peut-être que le ministre de
l'Education sera amené dans ce cas-là à le dire lui-même. Je ne peux pas donc
vous confirmez qu'il y aura un chantier imminent. Mais je vous redis l'intention
qui me semble être consensuelle, qui consiste à dire qu'il faut prêter
attention dès le plus jeune âge à ce qu'il ne se développe pas des stéréotypes,
dès lors que ces stéréotypes pourraient conduire à des inégalités sociales et
des inégalités de traitement. L'égalité entre les femmes et les hommes, c'est
la grande cause de ce quinquennat, c’était la grande cause du quinquennat
précédent. Sur le factuel et sur les voies et moyens, je vous renverrai
volontiers vers le ministre de l'Éducation s'il a quelque chose à dire sur le
sujet. Honnêtement, je n'ai pas la réponse.
Journaliste
Bonjour Monsieur le ministre. (inaudible) Radio Fréquence
protestante. Parlons toujours de l’école. Est-ce que le cas des agents
territoriaux spécialisés des écoles maternelles, Atsem, a été abordé dans la
communication du ministre de l’Éducation nationale ? On sait qu'ils sont en
grève depuis… initient une grève lundi dernier pour revendiquer une
revalorisation de leur salaire. Est-ce qu’il faut s'attendre à une réponse du Gouvernement
dans les jours à venir ?
Olivier VÉRAN
Eh bien, ça a été évidemment évoqué comme l'ensemble
d’ailleurs des paramètres humains ou matériels liés à cette rentrée scolaire.
Et on ne peut pas nier le fait que la grève qui est en cours puisse avoir des
répercussions sur les enfants, les familles. Ensuite, il y a des choses qui
relèvent des communes elles-mêmes et des choses qui relèvent de l'Etat. Et
donc, c'est le ministre de l'Éducation nationale qui est à la tâche pour mener
ces concertations et qui fera peut-être des annonces qui suivront ces
concertations. C'est à lui que je vous renverrai volontiers.
Journaliste
Monsieur le Ministre, bonjour ! (Inaudible).
Olivier VÉRAN
C'est varié aujourd'hui, on passe du nucléaire au…
Journaliste
Mais c’est encore un autre sujet. On apprend ce matin dans
le Journal officiel qu'a été nommé au poste de conseiller spécial de Sonia
BACKÈS un ancien soutien, au moins pendant la campagne présidentielle d'Éric
ZEMMOUR. Je voulais savoir si vous étiez au courant de cette nomination, est-ce
qu’elle n'est pas encombrante politiquement et enfin quels sont un peu les
critères de validation, notamment pour ces places de conseillers spéciaux ?
Merci beaucoup.
Olivier VÉRAN
Les critères de validation, je peux vous dire, pour nommer
moi-même des conseillers dans mon propre cabinet sur des critères juridiques
avec des personnes qui doivent être en conformité avec le droit. Il peut y
avoir d'ailleurs une saisine de la Haute Autorité pour la transparence de la
vie publique pour vérifier qu'il n'y ait pas de lien et de conflit d'intérêt.
Et ensuite, c'est à la discrétion du ministre ou de la ministre ou du directeur
ou de la directrice de cabinet que revient de nommer les conseillers. En
l'occurrence, honnêtement, c'est vous qui m'apprenez cela. Donc, je ne vais pas
commenter une info que je n'ai pas moi-même creusée, vous le comprendrez
aisément et j'en suis désolé.
Journaliste
Question sur la fin de vie, le
Président de la République avait évoqué une évolution de la loi sur la fin de
vie. Est-ce que vous pouvez confirmer qu’une convention citoyenne sera lancée
d'ici la fin de l'année sur ce sujet, avec en perspective un potentiel projet
de loi en 2023 ou un référendum sur la question ?
Olivier VÉRAN
Je peux vous confirmer qu'il y
aura une remise du rapport du CCNE qui sera effectuée en début de semaine
prochaine, peut-être lundi ou mardi, et à la suite de la remise de ce rapport
qui est très attendu, qui a nécessité plus d'un an de travail de la part des
acteurs du CCNE, eh bien il y aura une expression qui permettra d'ouvrir le
chantier. Pardon, le mot n’est pas très beau quand on parle de fin de vie, mais
vous l'aurez compris, d'ouvrir la concertation, les modalités et la temporalité
de cette concertation seront précisées probablement en début de semaine
prochaine. Je ne peux pas vous répondre dans le détail.
Journaliste
(Inaudible).
Olivier VÉRAN
Je n'ai pas encore la réponse à
cette question, mais vous aurez en début de semaine la réponse. Lundi ou mardi,
probablement mardi.
Marie CHANTRAIT
Une question rapide juste sur la
suite, le successeur à la tête d'EDF, on sait que Bruno LE MAIRE a transmis des
noms hier à la Première ministre. Quand sera-t-on fixé sur le nouveau dirigeant
d'EDF ? Merci beaucoup.
Olivier VÉRAN
Les consultations se poursuivent
pour identifier le ou la future patron ou patronne d'EDF. La Première ministre
est très impliquée, évidemment, et donc il y a eu une série d'auditions, de
rendez-vous, une liste des premières sélections et le successeur sera désigné
dans les prochains jours ou prochaines semaines. Ça va aller assez vite
désormais. On est bon ? Bon appétit.