Comment s’adresser aux citoyens ?

Publié le 28/02/2024 | Modifié le 25/01/2024

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Clarté

La première exigence que doit s’imposer tout rédacteur de la sphère publique est la clarté. Plus la communication est claire, plus le sens du message parvient de façon immédiate aux citoyens.
 Pour plus de clarté, une expression directe, sans détour, est à privilégier. Certaines règles sont simples à appliquer :
  • évitez le conditionnel,
  • évitez la forme passive,
  • n’utilisez pas de phrases ambigües, dont la signification est équivoque. Évitez les termes vagues, subjectifs ou relatifs. Le sens des phrases doit être univoque, le lecteur ne doit pas avoir à interpréter le propos (ou le moins possible),
  • évitez les adverbes ou les expressions de nuance, comme « en principe », « probablement », « souvent », etc.,
  • interdisez-vous le jargon spécialisé, les mots étrangers ou d’origine étrangère sauf s’ils sont bien connus,
  • ne commencez pas une phrase par des termes imprécis,
  • évitez les césures en fin de ligne,
  • ne mentionnez pas d’exclusion dans un titre.
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Bonne pratique #1 : tenir compte de la pluralité des destinataires.

Dans le cadre d’une prise de parole publique, les destinataires sont la plupart du temps très nombreux. Tous n’ont pas la même connaissance du contexte ou du sujet abordé, ni les mêmes clés de compréhension.
En général, n’hésitez pas à renseigner toute précision utile à la compréhension pleine et entière du propos, entre parenthèses ou en note de bas de page, selon le volume et l’impact sur le confort de lecture. Ajoutez un contexte aux nouvelles informations et aux nouveaux concepts.
Dans le cas particulier de textes disponibles sur Internet, utilisez autant que nécessaire les liens actifs dirigeant vers d’autres pages, voire d’autres sites. Non seulement ces liens actifs facilitent la compréhension du propos par toutes et tous, mais ils participent aussi à faire remonter les contenus dans les listes de résultats des moteurs de recherche.

Bonne pratique #2 : faciliter la compréhension immédiate.

Le lecteur doit pouvoir saisir immédiatement l’idée générale d’un texte, avant de se plonger dans une lecture détaillée.
Pour cela, utilisez titres et intertitres et mettez en avant les éléments les plus pertinents pour la compréhension immédiate du contexte et du propos.
Généralisez également l’utilisation de courts paragraphes « chapô », entre le titre éventuel et le corps du texte, encourageant la lecture et résumant le propos qui est développé par la suite.

Bonne pratique #3 : incarner le propos pour le rendre réel et concret.

Quand c’est possible, présentez et illustrez votre contenu avec un ou plusieurs cas concrets, exemples, situations réelles.
Par ailleurs, pour rendre plus perceptible et plus concrète l’action publique, il est important de permettre aux citoyens d’identifier celles et ceux qui la mènent. Autant que possible, il s’agira de renforcer l’attribution des messages en précisant l’émetteur et/ou les individualités concernées :
  • mentionnez nommément les femmes et les hommes qui portent l’action publique, lorsqu’il s’agit de figures ministérielles ou de porte-paroles institutionnels. Précisez leur fonction au sein de la sphère publique (« M. ou Mme. XXX, secrétaire d’État chargé(e) de XXX, répond à vos questions. »),
  • indiquez le nom de l’institution lorsque le message est porté par un opérateur de l’État (« Le musée d'Orsay offre des garanties de professionnalisme, de réactivité et d'adaptation dans ses relations avec les mécènes »),
  • apposez une caution institutionnelle aux messages pour les accréditer de façon pérenne (« Soutenue par Pôle emploi, cette proposition... »).
Par conséquent, évitez les tournures impersonnelles (« il est recommandé de ») et préférez des versions plus incarnées (« nous vous recommandons de », « l’ADEME vous recommande de... », « M. XXX, directeur général délégué de l’ADEME, vous recommande de... »).

Simplicité

L’exigence d’exactitude et l’ambition d’exhaustivité des acteurs de la vie publique peuvent parfois complexifier le propos. Or, la simplicité doit toujours être recherchée, même si cela peut impliquer de renoncer à certains détails.
Essayez donc, en relecture d’un texte, de l’épurer pour ne conserver que l’essentiel :
  • ne multipliez pas l’emploi des synonymes, qui peuvent donner l’impression que vous parlez de choses différentes,
  • évitez les pluriels englobants : écrivez « le locataire » plutôt que « les locataires »,
  • évitez les dates inutilement précises (par exemple : « La démarche doit être faite depuis le 5 juillet 2002 »), sauf si la date est récente (moins d’un an) ou essentielle à la compréhension (« Pour les citoyens nés avant le 3 juillet 1962, ... »),
  • évitez les digressions qui font perdre le fil de lecture et affaiblissent le propos.
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Bonne pratique #1 : faire court.

Pour faire simple et pour gagner en efficacité, faites court.
Évitez les phrases à multiples propositions. D’une longue phrase, faites plusieurs courtes phrases.
« Face à la réémergence en France de maladies dont les conséquences sur la santé peuvent être très graves, la ministre des Solidarités et de la Santé a décidé de rendre obligatoires 11 vaccins indispensables pour les jeunes enfants, à compter du 1er janvier 2018. »
devient :
« Des maladies potentiellement graves réapparaissent en France. Pour y faire face, la Ministre des Solidarités et de la Santé a décidé de rendre 11 vaccins obligatoires pour les jeunes enfants, à partir du 1er janvier 2018. »

Bonne pratique #2 : privilégier la forme active.

La forme active doit primer sur la forme passive pour rendre plus concrète l’action de l’État aux yeux des citoyens. Plus directe, elle permet de clarifier le sujet de l’action, l’action en elle-même et son objet.
« Pour faciliter les démarches de justice des citoyens français, un site internet a été mis en place par le Ministère de la Justice : justice.fr. »
devient :
« Le Ministère de la Justice a mis en place justice.fr, un site internet pour faciliter les démarches de justice des citoyens français. »

Bonne pratique #3 : rédiger pour être compris.

Adressez-vous aux Français dans un langage qu’ils connaissent, en évitant les termes et expressions trop techniques et en privilégiant un vocabulaire concret.
Entre deux formulations, choisissez donc toujours la plus simple.
« Les divers services devront se réapproprier les tâches qui leur étaient dévolues préalablement à la dernière réorganisation du Ministère. »
devient :
« Les divers services devront reprendre les tâches dont ils avaient la responsabilité avant la dernière réorganisation du Ministère. »
Entre deux mots de vocabulaire, choisissez toujours le plus courant, sans tomber dans un registre familier :
« Pour » plutôt que « dans le but de »
« Si » plutôt que « dans la mesure où »
« Dans » au lieu de « au sein de ».
Évitez les périphrases, métaphores et paraboles. Écrivez par exemple :
« La police » plutôt que « les forces de l’ordre »
« Paris » ou « la capitale » plutôt que « la ville-lumière »

Inclusion

Les communications issues de la sphère publique s’adressent à tous les Français. Chacun doit donc se sentir concerné.
Les rédacteurs doivent rechercher la proximité avec les lecteurs, en évitant les styles impersonnel, symbolique ou métaphorique, ainsi que les tons autoritaire, menaçant, moralisateur et accusateur.

Bonne pratique #1 : personnaliser la communication.

Autant que possible, adressez-vous directement aux citoyens, en utilisant le pronom « vous ». Pour l’émetteur, privilégiez la troisième personne du singulier.
Pour communiquer des consignes ou des recommandations, évitez les tournures impersonnelles ou stéréotypées. Préférez la simplicité et l’immédiateté de l’impératif, car ce mode établit une relation plus personnalisée.
« Faites parvenir votre réclamation à l’adresse suivante... »
est ainsi préférable à« Vous ferez parvenir votre réclamation à l’adresse suivante... » ou à « Il est nécessaire de faire parvenir votre réclamation à l’adresse suivante... ».

Bonne pratique #2 : penser à tous et à toutes.

Le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes (HCE) a établi en 2016 une liste de recommandations pour une communication publique sans stéréotype de sexe. Elle reste d’actualité :
  • éliminez les mots et les expressions genrées ou passéistes (« chef de famille », « mademoiselle », « en bon père de famille », etc.),
  • accordez les noms de métiers, titres, grades et fonctions avec le sexe des personnes qui les occupent (« Madame la cheffe de bureau », « Madame la préfète », « Madame la sénatrice »),
  • usez du féminin et du masculin dans les messages adressés à tous et toutes. Essayer quand c’est possible d’utiliser des mots épicènes, c’est-à-dire les mots dont la forme ne varie pas entre le masculin et le féminin (« les élèves, les fonctionnaires »),
  • utilisez l’ordre alphabétique lors d’une énumération de termes identiques au féminin et au masculin (« l’égalité femmes-hommes », « les lycéennes et les lycéens », mais « les sénateurs et les sénatrices »),
  • présentez intégralement l’identité des femmes et des hommes, avec leurs prénom et nom, ainsi que leur métier le cas échéant,
  • parlez « des femmes » plutôt que de « la femme », de « la journée internationale des droits des femmes » plutôt que de « la journée de la femme », des « femmes dans le sport » plutôt que du « sport féminin », de « créations d’entreprises par des femmes » plutôt que de « entreprenariat au féminin »,
  • diversifiez les représentations des femmes et des hommes, afin de ne pas les enfermer dans des rôles stéréotypés.

Bonne pratique #3 : inclure tout le monde.

Tous les Français sont considérés d’égale manière, quels que soient leur âge, leur sexe, leur métier, leur situation familiale ou conjugale, leurs origines, leur religion, leurs opinions, leur éventuelle situation de handicap...
Dans le cadre d’une communication publique, les notions de majorité et de minorité n’ont pas de sens. Il s’agit de s’adresser à tous les Français : un public large, dont la diversité doit toujours être prise en considération.
Quel que soit le sujet abordé, veillez donc à ce que l’ensemble de la population française puisse se sentir concernée.

Bonne pratique #4 : opter pour la neutralité.

Les communications publiques s’adressent à l’ensemble des citoyens dans toute leur diversité, toutes opinions confondues. Pour pouvoir s’adresser au plus grand nombre et être compris, il est donc important d’observer une forme de neutralité tant à l’égard des opinions que des intérêts de chacun.
Portez une attention particulière aux sources choisies (celles-ci doivent toujours être publiques) et veillez à utiliser un vocabulaire objectif et non connoté.