Gabriel ATTAL
Mes chers compatriotes, la France a un nouveau Premier ministre. Et au moment où je quitte mes fonctions à Matignon, je tiens à vous féliciter chaleureusement, cher Michel BARNIER. Nous nous connaissons depuis plusieurs années maintenant. Les Français vous connaissent, ils savent que vous êtes un grand élu local, que vous connaissez nos territoires, que vous avez une expérience quasiment inégalée du service de l'État dans différentes fonctions, de l'international et de l'Europe aussi. Évidemment, quelqu'un qui a mené à bon port des négociations aussi dures que celles sur le Brexit doit savoir manœuvrer dans le paysage politique français que nous connaissons aujourd'hui. Au moment de quitter mes fonctions à Matignon, je veux aussi évidemment remercier chaleureusement le président de la République pour la confiance qu'il m'a faite quand il m'a nommé il y a 8 mois comme Premier ministre.
[Applaudissements]
Être Premier ministre, c'est l'honneur d'une vie parce que c'est un honneur de servir son pays. Et servir son pays, on ne le fait jamais seul. Les visages qui sont ici rassemblés dans cette cour, Monsieur le Premier ministre, ce sont les visages de femmes et d'hommes qui travaillent ici à Matignon. Des femmes et des hommes qui se lèvent tous les matins avec un objectif, être utiles à notre pays. Ils sont à l'image de ces millions de serviteurs de l'État partout sur le territoire national. La France a un État durable, un État solide, un État qui, je le crois très profondément, est le ciment de notre pays et de notre nation. Être Premier ministre et servir son pays, on ne le fait jamais seul parce qu'on le fait avec les Français. Et je veux remercier tous les Français rencontrés ces derniers mois, rencontrés par milliers, parfois quelques instants, parfois quelques heures. J'emporte avec moi vos visages, vos vies, vos doutes. J’emporte avec moi votre force de caractère, votre sens du devoir, votre aspiration à l'unité et à la concorde. Je veux dire aux Français combien je les aime, parce que les Français sont un grand peuple, viscéralement indomptables et profondément attachés aux valeurs de la République.
[Applaudissements]
Être Premier ministre, c'est un honneur parce que c'est une immense responsabilité. Il y a ici 50 décisions à prendre chaque jour, bien souvent des décisions qui ne font pas la une de l'actualité, mais qui pourtant sont tout à fait structurantes pour les Français. Être Premier ministre, c'est être confronté tout à la fois au meilleur et au pire. C'est être confronté au pire quand vous êtes auprès de nos compatriotes qui ont vécu un drame, qui souffrent, qui ont vécu l'innommable. Mais c'est aussi la chance, je le crois profondément, de voir toujours le meilleur, y compris dans le pire. De mes échanges avec les Français, victimes des terribles inondations dans les Hauts-de-France, je retiens l'immense courage, l'extraordinaire résilience de ces Français qui refusent d'abandonner leurs terres et leurs maisons. L'immense courage et l'immense résilience de ces élus locaux, qui dans les Hauts-de-France, comme partout sur le territoire national, tous les jours, sont au contact de nos concitoyens, prennent des décisions majeures pour l'intérêt des Français dans des circonstances difficiles. Du travail avec les agriculteurs, les agriculteurs en colère, les agriculteurs en plein doute, je retiens leur extraordinaire attachement à la terre, à notre terre et à la perpétuation de la culture française. Des hommages que nous avons rendus aux gendarmes tués en Nouvelle-Calédonie, aux agents de l'administration pénitentiaire assassinés, je retiens l'honneur dans la souffrance, je retiens l'exemple exceptionnel de ces femmes, de ces hommes, forces de l'ordre, policiers, gendarmes, douaniers, agents de la pénitentiaire, qui se lèvent tous les matins et vont travailler au péril de leur vie pour protéger les Français.
[Applaudissements]
Être Premier ministre, c'est un honneur parce que cela permet d'agir.
Mesdames et Messieurs, 8 mois, c'est court, c'est trop court. Et je ne le cache pas, il y a évidemment une frustration à quitter mes fonctions au bout de 8 mois seulement. Mais il y a aussi le sentiment du devoir accompli dans le temps qui m'a été imparti. Avec mon équipe, avec le Gouvernement, pendant 8 mois, nous avons agi, nous avons travaillé d'arrache-pied avec une ambition : respecter nos promesses. Je suis convaincu que dans d'autres circonstances, nous aurions mené ce travail à bon port. Nous aurions permis à des Français de vivre mieux, aux classes moyennes de retrouver leur place pleinement dans la société et à la France d'être plus fortes encore. Nous avons engagé des chantiers structurants pour mettre notre pays en mouvement et répondre aux attentes profondes les plus profondes des Français. Répondre à l'urgence que le travail paye mieux. Avec ce chantier de la désmicardisation que j'ai lancé quand je suis arrivé ici à Matignon. Nous avons beaucoup travaillé ces 8 derniers mois avec les membres du Gouvernement, les Parlementaires avec des économistes.
Des mesures devaient être présentées cet été. Elles sont sur votre bureau, monsieur le Premier ministre. Répondre au besoin vital de services publics et au premier rang desquels l'école de la République qui, je le redis ici, est la mère des batailles. Et si je ne devais vous faire qu'une demande, monsieur le Premier ministre, ce serait de continuer à faire de l'école de la République une priorité absolue. Parce que l'école, c'est l'assurance vie de la République. Et évidemment, quelques jours après la rentrée scolaire, je veux dire ma reconnaissance à nos professeurs, aux équipes pédagogiques qui sont chaque jour aux côtés de nos élèves. Je veux dire aussi que nous n'oublions pas et que nous pensons chaque jour à Samuel PATY et Dominique BERNARD assassinés par le terrorisme islamiste.
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Oui, l'école est la mère des batailles. Et avec la revalorisation inédite du salaire de nos enseignants, en avril dernier, encore des infirmières scolaires. Avec le choc des savoirs, avec la lutte implacable contre le harcèlement qui est un véritable fléau, nous affirmons une chose claire : nous préférons toujours, toujours l'exigence au nivellement par le bas. Nous préférons toujours l'autorité au laxisme. Nous préférons toujours la fraternité et la bienveillance au chacun pour soi. Nous préférons toujours les savoirs fondamentaux à la dilution des savoirs. Les services publics, c'est évidemment aussi la santé et l'enjeu de l'accès aux soins qui est majeur, dont nous parlent tous nos concitoyens sur le terrain. Là aussi, nous avons engagé des choses, pris des décisions, et notamment un train de simplification inédit pour des procédures médicales du quotidien, pour libérer du temps médical aux médecins, renforcer l'accès aux soins dans les territoires. D'autres mesures sont nécessaires. Nous avons travaillé ces derniers mois pour doubler le nombre d'étudiants en médecine d'ici à 2027. Ce travail devait être présenté cet été. Il est sur votre bureau, Monsieur le Premier ministre. Répondre à l'aspiration d'autorité à tous les étages des Français, et notamment au constat que j'ai fait moi-même lorsque j'ai été nommé à Matignon d'une forme de délitement, de violence débridée chez des jeunes parfois de plus en plus jeunes. Nous avons beaucoup travaillé avec, là aussi, le Gouvernement, les parlementaires, des femmes et des hommes de la société civile ces derniers mois, et nous avons élaboré un projet de loi qui, je le crois, répond profondément à ce besoin d'autorité. Ce projet de loi devait être présenté cet été. Il est sur votre bureau, Monsieur le Premier ministre. Répondre à l'attente des Français et notamment de nos jeunes pour la transition écologique. Nous avons investi massivement dans les énergies renouvelables, dans le nucléaire. Nous avons ces derniers mois élaboré un plan national d'adaptation au changement climatique. Ce plan national devait être présenté cet été, il est sur votre bureau, Monsieur le Premier ministre. Enfin, il y a les enjeux pour lesquels nous avons engagé des textes au Parlement. Nos agriculteurs, j'en parlais, avec un texte pour simplifier leur vie et avec des travaux qui ont été engagés pour améliorer leur rémunération. La question du logement, qui est centrale pour les Français aussi, pour permettre aux classes moyennes de pouvoir se loger, mieux se loger. Ces textes sont en discussion, étaient en discussion avant la dissolution au Parlement. Évidemment, il faudra les faire prospérer. Notre pays connaît une situation politique tout à fait inédite. La politique française est malade. La politique française est malade, mais je crois que la guérison est possible, à condition que nous acceptions tous de nous placer à la hauteur de cette responsabilité historique. À condition que nous acceptions tous de sortir du sectarisme, à condition que nous acceptions tous de sortir des coups politiques, à condition que nous acceptions tous d'arrêter de tout voir en noir. Et je le dis, cette année 2024 est pleine de paradoxes. Oui, il y a de l'inquiétude et de la colère dans notre pays et il y a un pays qui connaît son taux de chômage le plus bas depuis 40 ans et dont le taux d'inflation est revenu à son niveau de 2021. Oui, il y a du défaitisme dans notre pays. Et notre pays, toujours en 2024, organise l'événement du siècle, avec les Jeux olympiques et paralympiques. Incroyable performance en matière de sécurité, d'organisation, de performance sportive qui fait rayonner la France dans le monde.
[Applaudissements]
Oui, il y a du pessimisme dans notre pays. Et pourtant, toujours en 2024, dans quelques mois, les portes de Notre-Dame de Paris rouvriront, 5 ans seulement après le terrible incendie qui a bouleversé les Français, alors que beaucoup pensaient que c'était impossible. Oui, il y a du fatalisme dans notre pays. Alors qu'en 2024, nous commémorons les 80 ans du débarquement et de la libération. Quel plus formidable témoignage, quel plus formidable exemple de ce que la France est capable de faire, y compris dans les heures les plus terribles et les plus sombres de son histoire. Alors, je le dis, y compris en cette année 2024, je crois qu'il y a au moins autant de raisons de douter que d'espérer. Plutôt d'espérer que de douter. Il y a même plus de raisons d'espérer que de douter. Et vous l'avez compris, vous me trouverez toujours du côté de celles et ceux qui choisissent d'espérer, qui choisissent d'apaiser, qui choisissent de construire. Avant de terminer, vous me le permettrez sur un plan plus personnel, je tiens à remercier mon Gouvernement. Une équipe de femmes et d'hommes exceptionnelles, avec des parcours différents, des expériences différentes, des convictions parfois différentes, mais qui se sont toujours retrouvées autour de la volonté d'abord de travailler, d'être utile, et qui ont, je crois, forgé une véritable amitié. Et votre présence nombreuse, aujourd'hui, je le dis, me touche particulièrement.
[Applaudissements]
Je veux remercier les parlementaires, et évidemment les parlementaires de la majorité, pour leur travail. Remercier aussi les candidats qui se sont présentés pour l'ancienne majorité à l'occasion des dernières élections législatives dans un moment évidemment très compliqué, avec beaucoup de vent contraire. Je veux remercier mon équipe, et notamment mon cabinet, parce que je crois qu'être bien entouré, c'est plus qu'un trésor. C'est ce qui vous permet véritablement d'agir parce que vous êtes en confiance, parce que vous avez autour de vous des femmes et des hommes qui sont engagés et avec qui vous tisser des liens qui vont bien au-delà de la politique. Enfin, je veux remercier, Oui, on peut les applaudir [applaudissements]. Enfin, je veux remercier ma famille. On vient tous de quelque part, on a tous des racines et je crois que les défis que nous affrontons dans nos vies, nous les relevons notamment à travers ce que nos parents nous ont transmis. Mon père, hélas, n'est plus là, il n'aura pas pu fouler les pavés de cette cour. Parmi les choses qu'il m'a transmises, parmi les valeurs qu'il m'a transmises, il y a notamment, je crois, la droiture. Et je peux dire que cette valeur m'a été particulièrement utile ici à Matignon, notamment dans les toutes dernières semaines où les épreuves ont été nombreuses. [applaudissements] Ma mère, qui est là, quand on lui demandait, quand on était petit avec mes sœurs : « qu'est-ce que tu aimerais qu'on fasse plus tard ? » Elle me disait, elle nous disait : « Tout me va, je vous suivrai toujours à condition que vous soyez libres ». La liberté, quelle plus belle valeur que la liberté ? Et je veux vous dire qu’au moment où je quitte Matignon, et peut-être plus encore qu'auparavant, la liberté sera au cœur des valeurs qui m'animeront dans les mois et les années à venir.
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Monsieur le Premier ministre, la France, la République sont ce que nous avons de plus précieux. Je crois dans notre pays, je crois en nous. Nous avons en nous ce génie français qui fait que toujours, toujours, la France sait se réunir lorsque l'essentiel est en jeu. L'avenir nous appartient, je le sais. La France est belle, la France est forte, la France est grande. La France n'est pas n'importe quel pays. Françaises, Français, n'abandonnez jamais vos rêves de concorde. Ne renoncez jamais à votre désir d'unité. N'oubliez jamais votre vocation de grandeur. Tout est possible parce que nous sommes la France et que rien ne résiste au peuple français. Je vous remercie.
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Michel BARNIER
Mesdames, Messieurs, d'abord merci à toutes les équipes des services du Premier ministre d'être là autour de Gabriel ATTAL. J'ai bien aimé, cher Gabriel, la manière dont vous avez remercié ses équipes, les membres de votre Gouvernement. J'ai bien aimé la manière dont vous avez salué le courage, l'honneur avec lequel, partout en France métropolitaine et Outre-mer, les forces de sécurité assument au prix parfois de leur vie, la sécurité des citoyens, et j'y reviendrai. J'ai bien aimé la manière dont vous m'avez donné non pas des leçons, des enseignements, même si ça n'a duré que huit mois, que l'on apprend quand on est Premier ministre. Ça va m’être très, très utile. J'ai bien aimé aussi la manière dont vous m'avez dit que mon bureau... Je l'ai trouvé un peu vide là tout à l'heure, mais j'ai compris qu'il y avait des tas de projets de loi en suspens qui n'avaient pas pu être menés à bien. Vous me permettrez, bien sûr je vais les reprendre, il y en a plusieurs auxquels je tiens d'ailleurs, peut-être d'ajouter ma propre valeur ajoutée. Et puis j'ai bien aimé la manière dont vous avez plus personnellement évoqué votre famille, votre maman. J'irai l'embrasser tout à l'heure.
Je salue ma propre famille et mon épouse Isabelle qui est ici. Une maman, c'est très important. On va peut-être dire des choses un peu surprenantes pour deux premiers ministres au moment de cette passation de pouvoir. Mais moi, j'ai eu la chance d'avoir une mère formidable aussi, qui transformait tous les problèmes qu'elle rencontrait dans sa vie personnelle en causes publiques. C'est ainsi qu'elle a consacré toute sa vie à un sujet d'ailleurs qui fait l'objet d'un des projets de loi sur la sécurité routière, et un autre défi qui était celui de l'accompagnement des familles, des amis de malades mentaux. Je n'ai pas oublié ces combats, je n'ai pas oublié le moment très personnel et très émouvant où elle m'a demandé de lui remettre la Légion d'honneur. Je n'ai pas oublié non plus ce qu'elle m'a dit un jour où elle était venue me porter la contradiction dans ma toute première réunion électorale. Il se trouve qu'elle était une femme chrétienne de gauche. Et elle m'a dit: « Michel, tu as les opinions que tu veux » — j'étais déjà gaulliste, et ça reste ma principale fierté que de m'être engagé derrière le général de Gaulle quand j'avais 14 ou 15 ans — « ne sois jamais sectaire ». Le sectarisme est une preuve de faiblesse. Quand on est sectaire, c'est qu'on n'est pas sûr de ses idées. Voilà.
[Applaudissements]
Merci, Gabriel, pour vos mots qui me touchent et qui m'accompagnent et qui m'encouragent, qui sont importants, compte tenu de ce que vous avez fait depuis plusieurs années au sein du Gouvernement et dans les tout derniers mois ici à la tête du Gouvernement à l'hôtel Matignon, compte tenu aussi du rôle que vous jouez désormais, qui est très important, à la tête du deuxième groupe de l'Assemblée nationale, le groupe Ensemble pour la République.
Mesdames et Messieurs, je le dis à toutes celles et tous ceux qui nous font l'amitié de nous écouter, grâce à la presse, au-delà de cette cour, nous sommes dans un moment grave. Gabriel ATTAL l’a dit d’ailleurs à son tour tout à l’heure. J’aborde cette période, cette nouvelle page qui s’ouvre, cette nouvelle page avec beaucoup d'humilité. Peut-être la sagesse que donnent les cheveux blancs. J'ai dit un jour à Gabriel ATTAL, formidable d'être le Benjamin, mais c'est un titre qu'on perd très vite. Et moi, je l'ai perdu il y a très longtemps, le titre de Benjamin.
Beaucoup d'humilité, Mesdames et Messieurs, mais aussi avec une forme que je peux dire olympique, puisque j'ai consacré 10 ans de ma vie aussi à organiser des Jeux olympiques avec Jean-Claude KILLY. J'ai été aussi très touché pour ce que vous avez dit du succès des Jeux olympiques et du succès qui se déroule même des Jeux paralympiques. Peut-être aussi un mot de ce qui est très important pour moi, qui est le bénévolat. Il y a 40 000 volontaires souriants, efficaces, disponibles, qui ont donné une tellement belle image de la France à ces millions de gens qui sont venus nous trouver. Je dis ça parce qu'ils sont là dans des Jeux olympiques, dans d'autres manifestations, mais les mêmes volontaires, les mêmes bénévoles, les mêmes militants associatifs que je vais m'efforcer de reconnaître et d'accompagner un peu plus sur le terrain, sur les stades, dans les écoles, dans les associations sociales ou sportives. Ils font vivre… ils sont l'honneur de la République. Voilà ce que je pense depuis longtemps. [applaudissements] Donc de l'humilité, une forme olympique et puis aussi de la détermination, celle qu'il faut pour que cette nouvelle page qui commence, cette époque, cette période, soit une période utile pour les Français et pour la France. J'aurai l'occasion dans quelques jours, dans quelques semaines à peine devant le Parlement de dire les grandes priorités législatives et les propositions au nom du nouveau Gouvernement. Il s'agira de répondre autant que nous le pourrons aux défis, aux colères, vous les avez évoqués, aux souffrances, aux sentiments d'abandon, d'injustice qui traverse beaucoup trop nos villes, nos quartiers et nos campagnes. Je pense, Mesdames et Messieurs, à l'accès au service public et l'école restera bien la priorité du Gouvernement, l'école de la République. Je pense à la sécurité au quotidien. Je pense aussi à la maîtrise de l'immigration. Je pense évidemment au travail et au niveau de vie des Français. Qu'est-ce qu'on attend d'un Premier ministre, je le dis avec humilité ? Mais je pense qu'on attend de lui qu'il dise la vérité, même si cette vérité est difficile. La vérité, d'abord sur la dette financière et sur la dette écologique qui pèse aujourd'hui lourdement déjà sur les épaules de nos enfants. On attend qu'ils disent la vérité sur l'influence ou la manière d'augmenter encore l'influence de notre pays en Europe. On attend qu'ils disent la vérité sur le rôle vital que tiennent et que jouent dans tous nos territoires métropolitains et d'outre-mer, les acteurs du monde de l'économie, des grandes entreprises industrielles. J'en connais beaucoup dans ma région, comme des entreprises plus petites de l'artisanat, des entreprises du monde agricole et de la pêche aussi, dont j'ai eu l'honneur d'être le ministre il y a quelques années, pas loin d'ici. Il faudra dire la vérité et je dirai la vérité. Il faudra sans doute aussi de la persévérance pour continuer un certain nombre d'actions engagées sous l'autorité du président de la République pour l'emploi, notamment industriel, et l'attractivité de la France. Et puis, la persévérance aussi pour la défense de nos intérêts en Europe.
Mais, Mesdames et Messieurs, il y aura aussi dans cette nouvelle page des changements et des ruptures. Il faudra enfin beaucoup d'écoute, beaucoup de respect. D'abord du respect entre le Gouvernement et le Parlement, du respect à l'égard de toutes les forces politiques, je dis bien toutes les forces politiques qui y sont représentées, et je vais m'y atteler dès ce soir. Du respect aussi vis-à-vis des partenaires sociaux, des partenaires économiques et puis vis-à-vis des élus locaux qui font partie de ce tissu républicain qui est à notre honneur et à leur honneur sur le terrain.
Je n'oublie pas, Mesdames et Messieurs, je n'ai jamais oublié tout ce que j'ai appris sur le terrain dans mon département de la Savoie. À coup sûr, nous devons et nous allons davantage agir que parler pour trouver partout les solutions qui marchent. Et le Gouvernement n'aura pas la prétention de croire que la science infuse vient seulement de lui. J'ai appris dans ma longue vie publique que les bonnes idées venaient de partout, d'ailleurs souvent des gens les plus modestes ou les plus simples, quand on prend le soin de les écouter. Et j'ai bien des exemples en tête de progrès, petits ou grands, qui ont été accomplis grâce à des idées, de bonnes idées, de bonnes solutions. apportées par les gens d'en bas, qu'il faut respecter. Trouver les solutions qui marchent, avec toutes celles et tous ceux qui, de bonne volonté, voudront résoudre les difficultés nombreuses et profondes du pays. C'est une question de bon sens, c'est une question aussi qui touche à ce que j'appelle l'intérêt général ou le bien commun de notre pays.
Mesdames et Messieurs, ce soir, au moment de commencer à écrire cette nouvelle page, avec tous ceux qui le voudront, avec votre appui et votre expertise aussi dont j'ai besoin, je pense aux Français de métropole, aux Français de l'outre-mer, aux Français de l'étranger, qui, quel qu'ait été leur vote, ou quelle que soit leur sensibilité, aujourd'hui, ont un besoin et expriment un besoin de respect, d'unité et d'apaisement. Je ferai tout pour être à la hauteur de leur attente et de leur espérance. Voilà. Je vous remercie beaucoup. Au travail !