Compte rendu du Conseil des ministres du 30 mai 2023
Olivier VÉRAN
Bonjour à tous.
Mesdames, Messieurs, la politique aime les
caps mais elle apprécie encore plus les résultats et les Français aussi. La
politique n'est pas faite de seules annonces, elle est faite d'actions, de
résultats, c'est le mot d'ordre de l'équipe gouvernementale. Dans cette logique
d'efficacité et d'évaluation, la Première ministre a présenté, ce jour, un
bilan de 3 années d'action au service du département de la Seine-Saint-Denis.
En octobre 2019, une démarche inédite de réinvestissement d'un territoire
abandonné de la République a été lancée. L'ambition était simple : montrer que
la République revient en Seine-Saint-Denis, qu'elle améliore la vie des
habitants et qu'elle redonne de l'espoir. En matière d'ordre républicain, la
puissance publique s'est réinstallée. La nouvelle sous préfecture sera
inaugurée dans quelques semaines. La construction de deux nouveaux
commissariats, prévus à Épinay-sur-Seine et à Aulnay-sous-Bois, sera lancée
dans les prochains mois. Quant au doublement du nombre d'officiers de police
judiciaire, c'était une priorité aujourd'hui achevée. Par ailleurs, 35 postes
de greffiers ont été créés, 12 postes de magistrats supplémentaires dans la
juridiction ont été pérennisés.
En matière de santé, 3 exemples parmi les plus
signifiants. Le chantier de l'établissement public de santé de Ville-Évrard va
débuter, la reconstruction du Groupement hospitalier du territoire Le Raincy-Montfermeil, qui prévoit la construction d'un nouveau bâtiment d'environ 53 000
mètres carrés. Enfin, il en va de même pour le centre hospitalier Robert
Ballanger d'Aulnay-sous-Bois, qui engage sa modernisation-reconstruction.
En
matière d'éducation, nous avons dégagé des moyens nécessaires pour accélérer la
rénovation des établissements des premier et second degré. Cela se traduit
concrètement par la construction d'un bâtiment scolaire de 6 classes à l'école
maternelle Vauban, à Livry-Gargan, ou encore la création d'un groupe scolaire
Honoré d'Estienne d'Orves à Montreuil.
En Seine-Saint-Denis, comme ailleurs sur
le territoire, les exemples sont nombreux : modernisation, reconstruction,
recrutement. Ces initiatives engagées, financées et soutenues par l'État, sont
la promesse d'un mieux vivre dans son territoire. Loin des annonces, nous avons
fait le choix d'une politique du concret, du quotidien, de l'action. Il nous
est aussi fondamental de pouvoir le montrer, parce qu'à chaque fois qu'il y a
des progrès qui sont réalisés, et notamment dans des départements comme celui
de la Seine-Saint-Denis, il est important de montrer que la République est là,
que les choses ont changé, que les services publics sont restaurés, reviennent
là où ils avaient disparu. Il faut le montrer à nos concitoyens.
Et chacune et
chacun peut consulter ce que l'État change dans son quotidien, en consultant le
baromètre de l'action publique. Il est accessible en ligne sur Internet ou sur
le site : En avoir pour mes impôts.
J'en viens au texte, au singulier, présenté
ce jour en Conseil des ministres. La ministre de l'Europe et des Affaires
étrangères a présenté un projet de loi qui autorise la ratification d'un traité
d'entraide judiciaire en matière pénale entre la République française et la
République du Kazakhstan.
J'en ai terminé, je prends vos questions.
Journaliste
Bonjour Monsieur le Ministre. Une question sur le futur
projet de loi, s'il existe un jour, sur l'immigration qui agite les débats en
ce moment. Le ministre de l'Intérieur Gérald DARMANIN a tendu la main aux
Républicains sur un certain nombre de points. Première question d'abord. Est-ce
que vous redoutez que l'équilibre du texte, qui était la promesse initiale,
avec notamment la mesure sur la régularisation des travailleurs sans papiers,
qui était censé faire contrepoint au volet répressif ? Est-ce que vous redoutez
que cet équilibre soit menacé ?
Olivier VÉRAN
La seule chose qu'on pourrait redouter en matière
d'immigration, ce serait l'inaction. Pourquoi est-ce que nous voulons avancer
sur le sujet de l'immigration et de l'intégration ? D'abord, parce que nous
voulons être en capacité de mieux accueillir ceux qui ont vocation à rester.
Nous voulons être aussi en capacité de mettre en relation des emplois qui ont
besoin de personnes de main d'œuvre étrangère avec des étrangers qui cherchent
un emploi en France, ça tombe bien. Et nous voulons aussi être plus efficaces
pour dire à ceux qui n'ont pas vocation à rester qu'ils ne peuvent pas rester
et éviter que les gens attendent pendant deux ans à l'issue de dizaines de
recours en justice, pour finalement se voir chargé de sortir du territoire
français alors que dans l'intervalle, ils n'auront pas pu travailler et
subvenir à leurs besoins. Donc, le sens de notre démarche, c'est de dire :
voilà, ce que nous nous proposons, avec un mot d'ordre, l'efficacité,
pragmatisme, efficacité. Si nous faisons une loi, si nous avons besoin d'une
loi, c'est parce que nous avons besoin d'outils supplémentaires. Et il n'est
pas un député, quel que soit le bord politique dans sa circonscription, qui
vous dira le contraire. Ensuite, nous avons besoin d'une majorité pour faire
passer un texte de loi. Il se trouve, et je le redis, hélas, je l'ai dit la
semaine dernière, nous attendons toujours les propositions de la gauche en
matière d'immigration et d'intégration. Je suis sûr que la gauche a des choses
à dire, en tout cas la gauche du Gouvernement. Et puis il y a la droite qui a
formulé des propositions. Certaines, le ministre de l'Intérieur a eu l'occasion
de le dire lui-même, ne sont pas, en l'état, acceptables, notamment celles qui
reviennent à sortir des traités internationaux ou de la Convention de Genève.
Personne ne peut penser que cela soit réaliste et souhaitable. Et puis
certaines propositions, que les LR font, qui consistent à ouvrir un certain
nombre de chantiers de sujets. Nous leur disons, discutons de ces chantiers de
ces sujets.
Journaliste
Parmi les propositions des LR figure la réduction, la
limitation de l'aide médicale d'État. Gérald DARMANIN a dit qu'il était prêt à
la discussion sur ce point. Le ministre de la Santé, François BRAUN a dit ses réticences.
Est-ce que vous les partagez ?
Olivier VÉRAN
Alors, les débats sur l'aide médicale d'État, je suis en
politique depuis 2012, j'ai dû en avoir 10, dont certains comme rapporteur
général des Affaires sociales et d'autres comme ministre de la Santé. À
plusieurs reprises d'ailleurs, le périmètre de ce qu'on appelle le panier de
soins dont bénéficient ceux qui sont à l'aide médicale d'État a été revu. S'il
faut le revoir encore, pourquoi pas, mais faisons attention de ce dont nous
parlons. L'aide médicale d'État, c'est avant tout le moyen pour des hôpitaux
qui soignent des gens malades, en situation irrégulière, mais malades, d'être
payés pour les soins qu'ils donnent. Et personne ne peut imaginer une seconde
qu'une bouse blanche, un médecin, un hôpital, demain refuserait de soigner
quelqu'un qui est malade parce qu'il n'aurait pas le bon papier. On est en
France. Et la non-assistance à personne en danger ne fait pas partie de notre
ADN politique. Ensuite, certaines personnes considèrent à droite, notamment,
considèrent qu'il y aurait certains soins qui n'auraient pas à y figurer.
Regardons dans le détail, chiffrons les choses. J'ai regardé. J'ai entendu
parler de recollement d'oreilles. C'est 6 000 euros de dépenses l'année
dernière dans notre pays. 6 000 euros de dépenses. J'ai entendu parler de
certaines chirurgies qui peuvent être… qui font partie, aujourd'hui, d'un
panier de soins exceptionnel quand on bénéficie de l'AME. Le cancer du sein
opéré, c'est à peu près 500 000 euros de dépenses par an dans notre pays. Donc
ce n'est pas le coût financier que ça représente et personne ne peut considérer
que 6 000 euros de dépenses par an constituent un appel d'air pour qui que ce
soit. Néanmoins, encore une fois, s'il y a lieu de lutter plus efficacement contre
les fraudes ou de revoir un certain nombre de dispositifs, on est ouvert à la
discussion. Mais vous voyez, ça va permettre d'avoir ce débat, ça va permettre
de remettre du rationnel.
Journaliste
Merci.
Mathieu COACHE
Juste sur ce point encore, pardon, Mathieu COACHE, BFMTV.
Bonjour. Sur le nombre de régularisations, le ministère de l'Intérieur,
dimanche, a laissé entendre que ça pourrait être moins que la circulaire Valls,
donc que cette réforme serait moins disante que la situation actuelle en passant
de 30 000 régularisations aujourd'hui à quelques milliers seulement après la
réforme. Est-ce que vous confirmez cette information ? Et est-ce que du coup,
ça ne vient pas perturber le message avec deux piliers, un : régularisation et
un : plus de reconduites à la frontière ?
Olivier VÉRAN
Mais encore une fois, on veut quelque chose d'efficace et
pragmatique. Sortons deux secondes des symboles.
Mathieu COACHE
Non mais ce n'est pas des symboles, c'est 30 000 ou quelques
milliers ?
Olivier VÉRAN
Moi, je n'ai pas de chiffres à vous donner du tout. Je peux
juste vous dire que dans notre pays, en France, il y a des gens qui sont
capables de travailler, et qui veulent pouvoir travailler. Pourquoi ? Parce
qu'ils sont de fait sur le territoire national ; ils n'ont pas forcément
vocation à en sortir d'ailleurs, et ils ont besoin de se nourrir et de trouver
un logement. Et il se trouve qu'en face de ces personnes, il y a des emplois,
aujourd'hui, qui ne trouvent pas preneur. Et vous savez qu'on travaille d'arrache-pied
en transformant la formation professionnelle, en réformant le lycée
professionnel, en démultipliant l'apprentissage pour faire en sorte que les
métiers non pourvus puissent être pourvus dans les meilleures conditions. Et de
fait, vous avez aujourd'hui un objectif aussi économique avec des chefs
d'entreprise, des restaurateurs, des patrons de BTP qui vous disent que dans
les faits, s'ils ne peuvent pas recruter des personnes aujourd'hui qui sont
étrangères, ils n'arrivent pas à recruter des français et donc ils seraient
obligés de fermer. Et on a tous, chacun d'entre nous peut avoir des exemples de
restaurant où quand on va dans les cuisines, c'est la réalité. Et d'ailleurs ce
n'est pas une réalité franco-française, c'est une réalité européenne. Et dans
tous les pays qui nous entourent, vous avez de l'immigration économique et
notamment une focale qui permet d'aller chercher des gens qui peuvent exercer
des métiers pour lesquels on a besoin d'eux. Et c'est aussi comme ça que notre
pays s'est construit.
Mathieu COACHE
Ce n'est pas quelques milliers ; c’est c'est beaucoup plus
que quelques milliers.
Olivier VÉRAN
Donc on est loin, pardonnez-moi, on est moins dans un
objectif de chiffres là. Je suis en train de vous expliquer ce qu'est l'esprit
de la loi que nous voulons pour notre pays. Donc c'est de l'efficacité, du
pragmatisme, encore une fois.
Mathieu COACHE
D'accord. Le ministère de l'Intérieur a dit « quelques
milliers », et donc ça ne correspond pas aux besoins dont vous venez de parler
parce que là, on parle de beaucoup plus que quelques milliers.
Olivier VÉRAN
Je vous rappelle qu'aujourd'hui nous avons fait savoir à la
droite et nous le faisons aussi savoir à la gauche, et j'insiste là-dessus, il
n’y a pas que la droite qui peut parler d'immigration, il faut que la gauche en
parle. Nous faisons savoir aux oppositions démocratiques que nous sommes
ouverts pour pouvoir discuter, avec elles, des conditions qui nous permettent
de trouver un accord pour un texte qui fasse progresser notre pays. Donc ça
veut dire que par définition, les choses ne sont pas figées.
Journaliste
Bonjour Monsieur le Ministre. (Inaudible) de CNN. Une
question sur la manifestation prévue le 6 juin. Est-ce que ça figurait dans vos
discussions aujourd'hui ? Et à ce stade, c'est quoi la stratégie du
Gouvernement ? Est-ce qu'on attend que ça se calme ? Vous voyez, dans les 2 ou
3 mois, et puis quand tout le monde part en vacances, ça ira. On n’en parle
plus. Où est-ce que le Gouvernement est toujours en train de faire quelque
chose pour apaiser la situation ? Merci.
Olivier VÉRAN
La stratégie du Gouvernement, c’est d'avancer pour les
Français. Et en fait, c’est ce que nous faisons depuis des semaines, depuis des
mois. La semaine dernière, vous avez eu la présentation d'un projet de loi qui
permet aux salariés d'une entreprise qui fait des bénéfices d'en tirer bénéfice
eux-mêmes. La semaine d'avant, ça avait été la présentation, je ne veux pas
dire de bêtises, de l'industrie verte qui permet d'avoir une industrie
décarbonée. Donc, on n'est pas du tout dans l'attente d'une manifestation ou
d’une évolution de la situation sociale. On travaille et on avance. Vous aurez
bientôt la présentation d'un projet de loi sur le travail, sur l'emploi, et
donc, on continue de discuter aussi avec les partenaires sociaux. Donc, notre
stratégie n'est pas du tout liée à des événements de nature sociale ou autre.
Ça, c'est très important. Ensuite, le 6 juin, pardonnez-moi de le dire, c'est
une date qui est très symbolique puisque c'est la date du Débarquement, c'est
la commémoration du débarquement dans notre pays, donc personnellement, je sais
où je serai le 6 juin, et ce que je ferai ce jour particulier.
Journaliste
Bonjour, (inaudible) pour TF1-LCI. Un tout autre sujet. Le
ministre de la Santé a publié une première liste de 300 médicaments critiques,
il y a quelques jours, à propos des pénuries. Il s'était engagé à publier une
liste plus réduite, de 100 médicaments, si je ne me trompe pas. Est-ce que vous
pouvez nous expliquer à votre niveau pourquoi ces pénuries continuent sur
certains antibiotiques aujourd'hui, certains médicaments pour des traitements ?
Et qu'est-ce qui explique le retard dans la publication de cette liste ?
Olivier VÉRAN
Je peux vous faire tout l'historique de pourquoi il y a des
pénuries de médicaments en Europe, mais ce sera un petit peu long.
Journaliste
Non, mais en tout cas, où est-ce qu’on en est ? Est-ce que
ça avance, c’est…
Olivier VÉRAN
Mais peut-être d'abord vous dire que plus de 90 % des
principes actifs qui permettent de fabriquer des médicaments comme les
antibiotiques sont situés dans une partie du globe qui est l'Inde, la Chine, le
Pakistan, l'Asie et que ça, ça pose un vrai problème. De vous dire qu'il y a eu
30 ans désindustrialisation de tout l'Occident, et notamment dans la capacité à
produire des médicaments, ce qui fait qu'on est très dépendant d'une production
qui est très extérieure à l'Europe et que ça pose un problème. Vous dire
qu'avec la fin de la pandémie, il y a eu une augmentation de la consommation de
médicaments qui est supérieure à l'augmentation de la production des
médicaments par les entreprises mondiales et que ça crée des situations de
tension, voire de pénurie, non pas à l'échelle française mais européenne, voire
mondiale, en tout cas dans le monde occidental. Que face à cela, on avait pris
en anticipation, déjà, des règles, des décrets qui contraignent les grandes
industries pharmaceutiques à conserver sur territoire européen un stock nous
permettant de tenir pour faire face aux situations périlleuses. Et que, face à
cela aussi, le président de la République avait décidé, dans ce grand mouvement
de réindustrialisation de notre pays et du continent européen, de nous remettre
en capacité de produire nous mêmes des médicaments. Donc, ensuite, il y a des
questions de liste auxquelles vous faites allusion, qui consiste à définir
quels sont les médicaments d'intérêt thérapeutique majeur dont on ne saurait
manquer sous aucun prétexte, parce qu'ils ne peuvent pas être remplacés par
d'autres médicaments sur lesquels on met davantage encore l'accent ? Et on va
faire du sourcing àl'étranger, on fait des commandes plus importantes, on
conserve les stocks européens et on constitue des stocks sur le temps long.
Voilà, le principe général.
Journaliste
Et il devait y avoir une liste de 100 médicaments qui
visiblement prend beaucoup de retard…
Olivier VÉRAN
Pardon, je ne sais pas quand la liste des 100 médicaments
sortira, mais je peux vous dire que de toute façon, c’est du travail continue
en temps réel et dans l'anticipation sur tout. Et on travaille avec les
professionnels de santé qui nous font remonter... Et vous savez, la France est
dotée d'une agence de médicaments très fonctionnelle qui nous permet d'ailleurs
de servir quasiment de sentinelle à l'échelle européenne pour prévenir des
risques de pénuries partout ailleurs.
Journaliste
Merci.
Christelle MÉRAL
Bonjour Christelle MÉRAL, France Télévisions. Gabriel ATTAL,
ministre des Comptes publics, souhaite fusionner la Carte Vitale et la Carte
d'identité pour lutter contre le tourisme médical illégal. Alors, est-ce que le
ministère de l'Intérieur peut ne pas avoir été prévenu comme c’est sous-entendu
? Et d'autre part, est-ce que c'est techniquement possible, comme certains le
mettent en doute ?
Olivier VÉRAN
Alors, il n'y a aucun sujet sur le plan qui a été présenté
par le ministre des Comptes publics et c'est la position de l'ensemble du
Gouvernement, qu'il faut qu'il y ait cette mission qui permette de définir les
modalités pratiques qui iront vers une fusion entre la Carte nationale
d'identité et la Carte Vitale. C'est une décision qui fait suite d'ailleurs à
un rapport des inspections générales concernées qui proposait cette solution
comme étant la plus à même de lutter efficacement contre la fraude, tout en
maintenant, voire renforçant, l'accès à la santé pour tous.
Christelle MÉRAL
Donc, vous voulez dire que le ministre de l'Intérieur a bien
été prévenu ?
Olivier VÉRAN
Mais je veux vous dire que si vous faites allusion aux
(inaudible) off, ce n'est pas ma place ici de les commenter. Je peux juste vous
dire qu'il y a eu une stratégie gouvernementale qui a été présentée.
Christelle MÉRAL
D’accord. Mais est-ce qu’il n'y a pas une différence
d'approche entre certains qui, au Gouvernement, aimeraient avoir une Carte
Vitale biométrique, et puis d'autres justement, qui plaident, dont le ministre
Gabriel ATTAL, qui plaident plutôt pour justement la fusion de la Carte Vitale
et de la Carte d'identité ?
Olivier VÉRAN
Ouais. Je vous le redis volontiers, cette décision
gouvernementale s'appuie sur un rapport d'inspection général qui dit bien les
choses, à savoir que le moyen le plus sûr et le plus efficace reste d'avoir une
fusion entre la Carte d'identité et la Carte Vitale. Et donc, il faut
maintenant définir les conditions et les modalités pratiques opérationnelles
pour atteindre cette fusion.
Christelle MÉRAL
Merci.
Pierrick BONNO
Bonjour Monsieur le Ministre. Pierrick BONNO, RFI. Sur ce
même plan de lutte contre la fraude sociale, vous citez notamment les pensions
de retraite reçues frauduleusement à l'étranger, notamment en Algérie. Comment
est-ce que vous allez faire concrètement pour lutter contre ces fraudes, vous
allez envoyer des agents sur place, vous allez établir des partenariats avec
ces pays. Comment vous allez procéder ?
Olivier VÉRAN
Mais c'est d'ailleurs ce qu'a dit le ministre des Comptes
publics puisqu'il y a déjà eu une mission d'inspection sur place. Je crois que
c'était à Alger qui avait permis d'aller enquêter pour voir si des
bénéficiaires de prestations sociales quasi centenaires ou centenaires étaient
toujours bien des bénéficiaires en bonne et due forme, c'est-à-dire vivants, et
qui avait montré qu’il y avait un certain nombre de ces bénéficiaires qui ne
relevaient plus de ces prestations sociales. Donc l’idée, c’est de pouvoir
amplifier ces démarches partout où cela est nécessaire pour faire en sorte que
ceux qui touchent les prestations sociales soient les personnes qui doivent les
percevoir.
Journaliste
C’est solliciter également l’aide des autorités locales, en
l’occurrence ?
Olivier VÉRAN
Bah c’est aussi la capacité d’inspecter sur place, sur
pièce, pour vérifier que les gens encore une fois qui relèvent de la solidarité
nationale en relèvent bien.
Francesco FONTEMAGGI
Bonjour Monsieur le ministre, Francesco FONTEMAGGI de l’AFP. Le président de la
Commission des finances vient de juger que la proposition de loi visant à
abroger la réforme des retraites et la retraite à 64 ans est bien recevable. Ce
n’était pas la position de la majorité. Qu’est-ce que vous lui répondez et
quelles sont les prochaines étapes de votre côté pour faire face à cette
proposition de loi ?
Olivier VÉRAN
Ce n’est pas parce que quelqu’un vous dit qu’un objet rouge
est devenu bleu que l’objet est devenu bleu pour autant. Donc, on tient à la
clarté des couleurs et il revient au Parlement, dans sa souveraineté, de
déterminer si le bleu est bien bleu ou si le bleu est devenu rouge. En d'autres
termes, peut-être plus simples : nous considérons que cette proposition de loi
n'est pas constitutionnelle, même si le président de la Commission des
finances, Eric COQUEREL, de La France insoumise, considère que cette
proposition l'est, reste encore une fois à identifier les voies et moyens, et
c'est au Parlement que cela revient de démontrer qu'elle n'est pas constitutionnelle.
Francesco FONTEMAGGI
Vous pensez qu’elle ne l’est pas ? Vous pensez qu’il faut
une décision côté présidence de l’Assemblée pour…
Olivier VÉRAN
Je suis très attaché, bien qu’ancien parlementaire et parce
qu’ancien parlementaire, à la séparation des pouvoirs entre le législateur et
l’exécutif.
Francesco FONTEMAGGI
Par ailleurs, si je peux me permettre, la semaine dernière
je pense, vous aviez dit qu'il y aurait une réunion multilatérale avec les
syndicats avant la fin du mois de mai. Le président lui-même avait dit qu'il
comptait inviter les syndicats avant la fin du mois de mai, quand ils n'étaient
pas venus à la précédente réunion. Nous sommes fin mai, qu’en est-il ?
Olivier VÉRAN
Nous sommes effectivement fin mai, vous l’avez bien remarqué
donc ça va intervenir dans les prochains… Dans des délais courts.
Francesco FONTEMAGGI
Vous avez toujours l’intention de faire une réunion
multilatérale ?
Olivier VÉRAN
Je n’ai pas d'information contradictoire.
Francesco FONTEMAGGI
Autour du président ?
Olivier VÉRAN
Je ne sais pas.
Francesco FONTEMAGGI
Merci.
Journaliste
Une question sur plusieurs sociétés savantes qui accusent
Didier RAOULT d'avoir mené un essai clinique sauvage géant avec l'hydroxyde
chloroquine, et qui vous accusent aussi d'avoir laissé faire cet essai.
Qu'est-ce que vous leur répondez en tant que ministre de la Santé à l'époque ?
Olivier VÉRAN
Je réponds que j'aurais adoré que vous me posiez cette
question il y a trois ans.
Journaliste
C'est-à-dire ?
Olivier VÉRAN
Je vous renvoie aux archives et à toutes les interventions,
mais ça n'a pas été simple. Ça n'a pas été simple. Il y avait un médecin qui
faisait la couverture de grands hebdomadaires et il y avait un ministre qui
disait qu'il ne fallait pas exposer la santé des Français à un médicament qui
n'avait pas fait preuve de son efficacité. Donc, la justice a été saisie, les
collèges savants, les sociétés savantes s'engagent sur ce terrain. Eh bien
écoutez, à la fin nous verrons. Mais ce qui est une certitude, c'est que
l’hydroxychloroquine n'a jamais marché contre le coronavirus, hélas, ne marche
pas davantage aujourd'hui, et donc que si les conditions de réalisation
d'essais cliniques n'ont pas été respectées, eh bien dans ce cas là il faut en
saisir les autorités. Je crois l'avoir fait d'ailleurs en mon temps lorsque
j'étais ministre en charge de la Santé.
Journaliste
Vous étiez au courant qu'il y avait un essai clinique à
l'époque ?
Olivier VÉRAN
Il y a eu beaucoup d'essais cliniques qui n'étaient pas
présentés comme des essais cliniques. Il y a eu des saisines de toutes les
autorités administratives et judiciaires pour faire en sorte que la loi soit
respectée, y compris dans l’IHU de Marseille du Professeur RAOULT. Merci à
tous.