Compte rendu du Conseil des ministres du 21 février 2024
Prisca THEVENOT
Bonjour à toutes et à tous.
Dans
quelques heures, Missak et Mélinée MANOUCHIAN vont entrer au Panthéon. Ce ne
sont pas seulement deux résistants arméniens et communistes qui entrent dans ce
lieu d'éternité, mais bien l'ensemble des étrangers engagés pour la France,
pour la liberté et pour la défense de ses valeurs. Je voudrais prendre un
instant pour vous partager une pensée que cet événement historique peut
inspirer en chacune et en chacun de nous. Missak MANOUCHIAN était un réfugié
qui s'est battu pour un pays dont il n'avait pas la nationalité. C'était un
poète qui s'est dressé contre l'ignorance et la haine dans ce qu'elles ont de
plus brutal. C'était un homme épris de liberté et de justice qui s'est levé
face à la barbarie. Le courage de Missak MANOUCHIAN nous éclaire aujourd'hui
plus que jamais sur les valeurs universelles de la République, sur leurs sens
et bien évidemment sur leur force.
Dans un contexte international très tendu,
l'économie mondiale connaît ces derniers mois une période de ralentissement
généralisé de la croissance qui touche de nombreux pays, comme par exemple, la
Chine, le Royaume-Uni ou encore l'Allemagne. En 2023, ces deux derniers pays
sont même entrés en récession. Dans ce contexte difficile, la France résiste
mieux que ses voisins. Mais bien évidemment, les perturbations de l'économie
mondiale ne sont pas sans effet sur notre économie. Et le ministre de
l'Économie, Bruno LE MAIRE, a dû revoir sa prévision de croissance pour 2024 à
la baisse, passant de 1,4 à 1 %. Quand on doit gérer un budget, tout le monde
le sait, moins d'argent qui rentre, cela impose de réduire ses dépenses en
conséquence.
Dans le cas de la France, il s'agit de réaliser 10 milliards
d'économies. Face à cette réalité, il y a deux options. L'État pouvait augmenter
les impôts ou il pouvait se serrer la ceinture. Il était hors de question pour
nous d'augmenter les impôts car depuis 2017, le président de la République avec
lui, nous avons même baissé cette pression fiscale de 50 milliards d'euros.
Reste donc la deuxième option, celle de se serrer la ceinture pour l'État. En
faisant donc cet effort annoncé par le ministre de l'Économie. Cela se traduira
de deux manières. Une première tranche de 5 milliards d'euros d'économies sur
les dépenses quotidiennes des ministères.
On parle ici de choses très
concrètes, comme la réduction des dépenses liées aux déplacements
professionnels des agents. L'ensemble des ministères est mis à contribution.
Pour autant, les engagements qui ont été pris seront tenus. Par exemple, le recrutement
de 1 300 enseignants supplémentaires à l'Éducation nationale pour la création
de groupes de niveaux annoncés par Gabriel ATTAL et qui ont été rappelés par la
ministre de l'Éducation nationale.
La deuxième tranche d'économies de 5
milliards d'euros, nous la ferons en réduisant le montant investi dans un
certain nombre de programmes et d'opérateurs de l'État. MaPrimeRénov’, dont le
budget global, même après cet effort, augmentera de plus de 600 millions
d'euros par rapport à l'an dernier, signe d'une volonté du Gouvernement de
continuer à renforcer ce dispositif précieux pour la transition écologique et
le portemonnaie des Français. Un autre effort sera fourni au niveau de l'aide
publique au développement. Cette année, le budget qui est consacré s'établira
un peu au-dessus de celui de 2022. Depuis 2017, en effet, le budget a
d'ailleurs connu une augmentation de 50 % au total. Enfin, d'autres subventions
à différents opérateurs de l'État, comme Business France ou France Compétence
seront réduites. Cette démarche de sobriété, c'est celle que les Français
attendent de nous, car cet argent, c'est bien évidemment leur argent.
Le
Gouvernement réalise donc des économies ciblées qui nous permettent de
conserver la maîtrise de notre budget et donc de continuer à investir dans les
chantiers prioritaires. L'un de ces chantiers, vous le savez, c'est la
protection de notre modèle agricole français. Alors que le Salon international
de l'agriculture ouvrira ses portes dans quelques jours, c'est l'occasion de
regarder dans le détail où nous en sommes des annonces et des promesses faites
au monde agricole. Je ne citerai que quelques-uns de ces engagements qui ont
d'ores et déjà porté leurs fruits.
Tout d'abord, le mois de la simplification,
qui a été lancé dans tous les territoires avec les préfets et les agriculteurs,
pour identifier tout ce qui peut être simplifié. Plus de 300 réunions se sont
tenues partout en France et plus de 60 arrêtés préfectoraux ont déjà été pris.
Le fonds d'urgence, quant à lui, a été mis en place pour faire face à la
maladie du MHE qui a été débloqué et les premières indemnisations ont été
versées. Ce fonds d'urgence pour les exploitants touchés par les inondations
dans le Nord a également été ouvert et plus de 250 exploitations en ont déjà
bénéficié. La dérogation, également sur les jachères, a été publiée ce lundi
avec une possible application directe. Nous avons débloqué des aides
supplémentaires également pour l'agriculture bio. Le travail se poursuit et le
dialogue est constant entre les représentants du monde agricole et le
Gouvernement. Le président de la République a reçu les syndicats agricoles hier
après-midi et ce matin.
Le Premier ministre, le ministre de l'Économie et le
ministre de l'Agriculture ainsi que le ministre de la Transition écologique ont
présenté le projet de loi pour l'agriculture. Ce texte, particulièrement
attendu, va permettre l'émergence d'une nouvelle génération d'agriculteurs. Et
il repose sur 3 principaux piliers.
Tout d'abord, le renforcement de
l'attractivité de ces métiers parfois méconnus, notamment auprès des jeunes,
avec des journées de découverte à l'école primaire ou des offres de stage
immersif au collège et au lycée. L'Enseignement agricole sera aussi renforcé
pour une meilleure réponse aux futurs besoins, aussi bien en emplois qu'en
compétences. Sera notamment créé un bachelor Agro, un diplôme de Bac+3 pour
permettre à nos futurs professionnels des secteurs agricole et agroalimentaire
d'accroître leurs compétences face à la complexité et l'exigence croissante des
métiers agricoles.
Un second pilier, c'est le renforcement de l'innovation et
du développement agricole. En trois ans, nous formerons 50 000 professionnels
de l'enseignement, de l'administration et du conseil aux enjeux de la
transition agroécologique afin de susciter un choc de compétences pour le
secteur agricole et agroalimentaire. Des plans prioritaires pluriannuels de
transition et de souveraineté seront également lancés, visant à faire émerger
des démarches collectives entre les acteurs de la recherche, de l'innovation et
du développement.
Un troisième pilier, et c'était une forte attente du monde
agricole, c'est le renouvellement des générations. Avec ce projet de loi, nous
facilitons l'installation des agriculteurs et la transmission de leurs exploitations.
Nous créerons le réseau France Service agriculture qui sera un point d'entrée
pour toutes celles et tous ceux qui ont un projet d'installation de salariat ou
de transmission dans le secteur agricole. Il leur offrira un accompagnement
personnalisé pour que la complexité des démarches ne soit plus un frein. France
service agriculture accompagnera aussi les agriculteurs cédant leurs
exploitations avec un parcours spécifique de conseil et d'accompagnement de la
transmission. Il s'agit de favoriser les reprises plutôt que les
agrandissements. Un répertoire départemental sera d'ailleurs créé pour
faciliter notamment les mises en relation entre les cédants et les repreneurs. Par ailleurs, le président de la République et le Premier ministre poursuivront
leurs échanges au Salon de l'agriculture, donc dès son ouverture.
En Conseil
des ministres ce matin, le Premier ministre a également présenté des décrets
définissant les attributions des membres du Gouvernement. Ces décrets
définissent les compétences de chaque ministre et précisent les services placés
sous leur autorité. Le Premier ministre a également adressé une communication
concernant les feuilles de route ministérielles et les politiques prioritaires
du Gouvernement, appelées PPG. Il adressera à chaque ministre de plein exercice
une feuille de route claire déclinant les attendus pour l'année 2024 dans la
perspective de 2027.
Ces objectifs restent catégorisés autour de quatre grands
axes : porter de nouvelles réformes pour atteindre le plein emploi, poursuivre
le réarmement économique de notre pays, désmicardiser, débureaucratiser et
déverrouiller. Continuer également à renforcer nos services publics, notamment
l'école et la santé, et donner plus de marge de manœuvre aux locales. Troisième
axe, poursuivre le déploiement de la planification écologique selon le modèle
de l'écologie à la française en accompagnant ceux qui sont le plus touchés et
en n’interdisant pas sans solutions alternatives pour veiller au maintien de
notre souveraineté française et européenne. Dernier axe : renforcer l'ordre
civique républicain et encourager l'engagement. Chaque ministre délégué recevra
également dans les prochains jours une feuille de route déclinant dans son
périmètre les objectifs et les chantiers à mener dans l'année auprès de ses
administrations.
Afin de partager des objectifs clairs portés tant
nationalement par les ministres que sur le terrain par les représentants de
l'État, chaque feuille de route ministérielle est complétée par des politiques
prioritaires du Gouvernement. Cette méthode, lancée en 2018 sous l'impulsion du
président de la République, vise à mieux rendre compte aux Français des
résultats obtenus. La liste des politiques prioritaires, mais aussi ses
résultats dans chaque département et région, est déjà accessible sur le site du
baromètre de l'action publique. Et je vous invite d'ailleurs à le consulter.
Enfin, le ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté
industrielle et numérique a présenté un projet de loi ratifiant une ordonnance de
transposition d'une directive européenne. Celle-ci a pour but de modifier
différentes dispositions concernant l'assurance de la responsabilité civile
pour les véhicules.
Je me tiens maintenant à votre disposition.
Élisabeth PINEAU
Bonjour. Élisabeth PINEAU
de l'agence Reuter. J'ai plusieurs choses à vérifier avec vous. Alors, après la
conférence de presse du Premier ministre ce matin sur l'agriculture, est-ce
qu'il faut comprendre que ça n'ira pas au-delà des 400 millions d'euros qui
représentent la somme, le coût des premières mesures annoncées fin janvier et
1ᵉʳ février ?
Prisca THEVENOT
Merci de poser cette
question. Je pense qu'il faut surtout comprendre que l'ensemble des demandes —
il y a eu plus de 62, il y a eu 62, pardon, précisément chantiers ouverts — ne
concernent pas simplement des demandes en termes de budget. Il y a une partie
du budget sur lesquels vous venez de rappeler, 400 millions d'euros, avec des
annonces qui ont été faites de façon très concrète sur les indemnisations MHE,
mais également sur cette capacité à débloquer les fonds pour le GNR. Mais il y
a aussi eu beaucoup de demandes sur la simplification de normes qui
s'accumulent énormément. Et donc sur l'ensemble de ces sujets, je le redis
encore une fois, c’est 62 engagements, 80 % sont pris ou sont en cours d'être
finalisés. Le reste des engagements seront déployés et travaillés dans la suite
des semaines et des mois à venir.
Élisabeth PINEAU
Alors sur ce qu'a dit
Bruno LE MAIRE, sur les contrôles. Il apparaît qu'il y a quand même beaucoup de
dysfonctionnements, 2 centrales européennes sur 5 notamment. Que dire aux
agriculteurs qui disent que s’ils ne s'étaient pas mis en colère, ces contrôles
n'auraient pas été fait ou auraient été faits beaucoup moins rapidement ? C'est
quand même des chiffres qui interpellent.
Prisca THEVENOT
Il y a des chiffres qui
interpellent, mais il y a des chiffres aussi à rappeler, et notamment une date,
celle de 2017-2018. Nous n'avons pas attendu une colère, des blocages pour agir
pour le pouvoir d'achat et le prix agricole. Nous avons mis en place des lois,
les lois EGalim 1, les lois EGalim 2. Nous avons mis en place aussi des mesures
très concrètes pour venir soutenir l'exception agricole française, avec par
exemple la réforme de l'assurance récoltes. Et oui, nous continuons à avancer,
parce que force est de constater que si les lois EGalim 1, 2 sont extrêmement
demandées, la 3 aussi, eh bien il y a pu avoir des biais et des dérives, et, je
vais le dire, des fraudes. Il y a des centrales que vous venez effectivement de
mentionner qui n'ont pas respecté, elles seront sanctionnées. Mais je dois
aussi rappeler que sur les plus de 1000 contrôles qui ont eu lieu, il y en a
certes 150, mais il n'y en a que 150. Nous devons continuer à regarder
précisément et nous continuerons à le faire.
Élisabeth PINEAU
Alors, concernant la
venue du président de la République samedi au Salon, on entend parler d'une
espèce de grand débat, est-ce que quelque chose sera organisé en plus de la
traditionnelle déambulation et du discours du président, dont les agriculteurs
attendent encore des annonces ? Donc qu'est-ce qu'il faut s'attendre de cette
visite présidentielle de samedi ?
Prisca THEVENOT
Ce qu'on doit rappeler,
c'est que... Rappelons d'où on vient. Dès le début des blocages, il y a eu déjà
des dialogues. Ces dialogues ont apporté des actions, et ces actions sont
suivies d’effets. C'est la raison pour laquelle nous ne sommes pas simplement
là en train de rappeler de nouvelles annonces, ces annonces ont été faites il y
a maintenant plusieurs semaines. Le président de la République se rendra bien
évidemment au Salon de l'agriculture dès son ouverture, comme il le fait
traditionnellement. Il aura l'occasion de déambuler, d'échanger, de dialoguer.
Maintenant, le format, s'il y a un format précis cette année, je ne le sais pas
encore ; mais s'il y en a un, il sera bien évidemment communiqué.
Élisabeth PINEAU
J'ai une question par
ailleurs. Est-ce que vous nous confirmez que la campagne des européennes sera
bien lancée le 9 mars au Grand Palais de Lille ?
Prisca THEVENOT
Alors, je ne suis pas
porte-parole, enfin je ne suis plus porte-parole du mouvement…
Élisabeth PINEAU
(inaudible) du Premier
ministre, donc vous pouvez être au courant.
Prisca THEVENOT
Je finis ma phrase... Je
ne suis plus porte-parole du mouvement. Je l'ai été un certain nombre d'années.
Mais je peux vous confirmer que, oui, il y aura le lancement de la campagne des
européennes pour la majorité présidentielle le 9 mars à Lille.
Christelle MÉRAL
Bonjour, Christelle
MÉRAL, France Télévisions. Une précision d'abord sur la loi EGalim 3. Qu'est-ce
qu'elle va apporter de plus concrètement par rapport à EGalim 1 et EGalim 2 ?
Prisca THEVENOT
Aller plus en profondeur.
Nous devons aussi pouvoir nous interroger et nous questionner sur la façon dont
nous devons continuer à nous améliorer et améliorer les dispositifs existants.
Et ce que ça montre aussi, c'est que les lois EGalim qui ont été votées sur le
premier quinquennat d'Emmanuel MACRON ne sont pas pointées du doigt, au
contraire. Ce que nous demande le monde agricole, c'est d'aller encore plus
loin sur cette base-là. Et c'est ce que nous allons faire sur la base des
échanges, des travaux qui ont eu lieu aussi bien au niveau national avec les
représentants syndicaux, aussi bien par le Premier ministre que le Président de
la République, mais aussi bien au niveau local autour de nos préfets.
Christelle MÉRAL
Mais quelle forme ça peut
prendre, très concrètement ?
Prisca THEVENOT
Aller plus loin
Christelle MÉRAL
Justement, quand vous
dites que vous voulez aller plus loin par rapport à ces lois EGalim 1 et EGalim
2, comment concrètement, qu'est-ce qu'il peut y avoir de plus ?
Prisca THEVENOT
La forme d'une loi, je
pense que c'est évident, mais je pense qu'il faut aussi rappeler comment une
loi se prépare et comment elle se fait. C'est pas simplementde venir additionner et énumérer un
certain nombre de dispositifs, mais c'est le travailler pour être sûr que
quelque chose qui serait décidé au niveau national ne viendrait pas en
contradiction par rapport à ce qui a été fait au niveau local. C'est tout l'enjeu
dont nous parlons depuis maintenant plusieurs semaines et plusieurs mois et
nous devons pouvoir, en cohérence, regarder ce qui va être décidé sur la base
d'un travail parlementaire qui est annoncé et qui va se mettre en place.
Christelle MÉRAL
Alors, une question plus
politique maintenant sur l'arc républicain. Alors, il y a Emmanuel MACRON qui a
déclaré dans L'Humanité : « Je n'ai jamais considéré que le RN s'inscrivait
dans l'arc républicain ». Et Gabriel ATTAL qui lui a déclaré : « Moi, je considère
que l'arc républicain, c'est l'hémicycle. » Alors, est-ce qu'il n'y a pas
contradiction entre ces deux positions ? Et alors, le Rassemblement national
fait-il ou pas partie de l'arc républicain ?
Prisca THEVENOT
Je pense qu'il n'y a
absolument aucune contradiction. Simplement rappeler des évidences. Est-ce que
nous portons et nous sommes alignés avec le début d'une idée et des valeurs
portées par le Rassemblement national ou le Front national ? Une lettre de
différence, mais finalement, le fond reste le même. Non, nous ne sommes
absolument pas alignés avec ce qu'était le Front national et ce qu'est le
Rassemblement national aujourd'hui. Force est de constater maintenant qu'il y a
ce qu'on appelle l'Assemblée nationale, qui est une institution dans laquelle
nous sommes garants et sur laquelle nous voulons continuer à avancer. Et dans
cet Hémicycle, et je peux en témoigner, en tant qu'ancienne parlementaire, oui,
il y a 88 parlementaires du Rassemblement national. Et donc, quand le Premier
ministre rappelle qu'il doit considérer l'entièreté de l'Hémicycle, je suis
désolée, mais c'est son rôle. Il est Premier ministre, il est chef d'un
Gouvernement et donc il se présente devant l'Assemblée nationale. Il aurait dit
l'inverse, vous auriez posé la même question avec, je pense, un peu plus de
véhémence au regard du respect de nos institutions. Et vous auriez eu raison.
Christelle MÉRAL
Et question
complémentaire. LFI fait-il partie de l'arc républicain à vos yeux ?.
Prisca THEVENOT
Je pense que sur ça, que
ce soit la majorité présidentielle, le Gouvernement, le Premier ministre, nous
sommes alignés derrière les propos du président de la République. Il y a bien
deux extrêmes. Il n'y a pas d'équivalence entre les deux extrêmes.
Christelle MÉRAL
Merci.
Journaliste
Bonjour Madame la
ministre, (inaudible). Alors, il y a donc… Revenons sur les 10 milliards, les
annonces des 10 milliards d'euros d'économies par Monsieur LE MAIRE ce
dimanche. Il dit, je le cite : « Le plus dur est devant nous ». Est-ce que
devant nous s'annonce un tournant de la rigueur assumé ou non assumé ?
Prisca THEVENOT
Absolument pas. Je pense
que l'enjeu aujourd'hui, c'est plutôt que d'être dans un champ lexical de la
peur et de l'angoisse, mais plutôt dans une démarche d'action en responsabilité.
Et pour apprécier cette démarche d'action en responsabilité, je pense que le
plus facile est de regarder derrière nous pour aussi prendre les Françaises et
les Français à témoin. Depuis 2017, grâce à l'action résolue menée par le
Gouvernement, les gouvernements successifs d'Emmanuel MACRON, nous avons pu,
pour la quatrième année consécutive, être le pays le plus attractif d'Europe.
Nous avons pu créer 1,7 million d'emplois en France, nous avons pu ouvrir 300
nouvelles usines en France et réindustrialiser notre pays pour continuer à
gagner en souveraineté et en indépendance. Et tout cela alors que des crises se
sont succédé dont les conséquences se sont accumulées. Oui, nous avons tenu le
choc ensemble parce que nous avons cette capacité, en tant que peuple français,
de nous tenir debout et de faire face au choc. Et donc, aujourd'hui encore,
nous devons dire la vérité. C'est que oui, il y a un ralentissement de la
croissance et de l'activité en Chine. Il y a une baisse également de la
croissance en Allemagne et ça a des conséquences. Mais cette conséquence, c'est
que nous continuons à rester dynamiques. Mais nous le faisons en regardant de
façon très claire oui, nous devons pouvoir faire des dépenses et ces dépenses
nous n'allons pas le faire en nous appuyant sur les Français, mais bien en
regardant déjà en premier lieu le fonctionnement de l'État.
Journaliste
Donc, vous qualifiez là
les propos de Monsieur le Maire de peur et d'angoisse ?
Prisca THEVENOT
C’est ce que vous venez
de le dire.
Journaliste
Non. Je citais les propos
de monsieur le Maire.
Prisca THEVENOT
Ce que je suis en train
de dire c’est qu'il ne faut pas générer de peur et d'angoisse.
Journaliste
Pourtant, en disant le
plus dur est devant nous. C'est un peu angoissant de faire peur.
Prisca THEVENOT
Je viens de vous
répondre. En fait, moi, je suis en train de vous dire que le meilleur est
toujours devant nous parce que nous prenons les responsabilités et il ne faut
pas mentir. Est-ce que le contexte économique mondial, européen est compliqué ?
Oui. Est-ce que nous avons été un des pays à mieux résister jusqu'à présent ?
Oui. Est-ce que nous allons continuer à l'être ? Oui, et c'est pour ça que nous
nous en donnions les moyens.
Journaliste
Bien sûr. À vous
entendre, là, les choses vont mieux du coup, je reprends vos mots à l’instant
qu’hier pourtant, il y a des chiffres qui montrent qu'effectivement les choses
ne vont pas forcément mieux partout. Des records de personnes à la rue en
France, c'est un record européen en proportion du nombre d'habitants. C'est un
élément. 3 000 enfants à la rue, c’est des éléments qui montrent que
socialement, si ce n'est pas forcément le paradis et tout ne va pas très très
bien. Comment vous l'expliquez du coup finalement ce chiffre, par exemple, que
je vous rappelle ?
Prisca THEVENOT
Mais vous avez tout à
fait raison d'insister sur cela. Je ne suis pas en train de dire que nous
sommes dans un monde de bisounours. Je rappelle aussi d'où on vient et où on
va. Je pense que c'est aussi important de le rappeler dans des zones où la
stabilité est importante et où des sujets d'angoisse peuvent l'être aussi. Et
vous avez raison de rappeler le sujet du sans-abrisme qui est un sujet
important sur lequel nous nous sommes engagés dès 2017 à augmenter le nombre de
places pour le logement d'urgence qui est passé de 90 à plus de 210 000. Vous
allez me dire oui, mais ce n'est pas suffisant. Vous avez raison.
Journaliste
Ce n’était pas suffisant.
Prisca THEVENOT
Vous avez raison.
Journaliste
J’aurais pu vous le dire,
oui effectivement.
Prisca THEVENOT
Vous avez raison. Non,
mais vous avez raison. Et nous devons continuer à agir sur cela. Mais faire
aussi en sorte que le logement d'urgence ne soit pas simplement un aller simple
vers le logement d'urgence. Il faut que l'on puisse aussi permettre à ces femmes,
ces hommes et ces enfants, de pouvoir vivre une existence épanouie dans notre
beau pays. C'est un sujet sur lequel nous sommes attentifs, nous sommes à la
tâche et je sais que beaucoup de groupes politiques le sont aussi.
Journaliste
Allez-vous rendre visite
par exemple, je pense, j’ai n’ai pas prévu vous poser de questions, mais aux
camps de réfugiés, ou tout du moins de réfugiés, des personnes qui sont
réfugiées en dehors des appartements libres, à Paris, à Solférino, vous savez,
il y a des dizaines de familles qui sont actuellement à la rue depuis Noël
dernier. Est-ce que vous avez pensé à aller voir par exemple ?
Prisca THEVENOT
De façon très claire, je
n'ai pas prévu d'aller faire ce déplacement que vous me proposez, mais j'en
prends bonne note. En revanche, pas ce que j'ai prévu, mais ce que j'ai permis
de faire en tant que membre du Gouvernement pas vraiment moi-même, quand j'ai
été notamment secrétaire d'État à la Jeunesse et à l'Engagement, c'est de
soutenir celles et ceux qui sont aussi là et dont on oublie souvent de parler
qui sont les associations. Ces associations de terrain qui aident, qui sont là
pour apporter aussi une chaleur humaine au-delà du soutien matériel et
alimentaire. Et nous avons pu augmenter les budgets alloués à ces associations.
Et je dois dire que c'est un travail qui a été fait grâce aux députés de la
majorité à l'Assemblée nationale.
Journaliste
Pour finir, il y a… Pour
revenir et boucler la boucle, sur les 10 milliards, il y a 750 millions
d'euros. On parle sans cesse de ces chiffres-là qui seraient en économie sur
l'éducation nationale, l'éducation nationale qui est quand même un peu à la
peine, on le voit, les manifestations, les professeurs en grève, et cetera.
Comment vous justifiez ? Comment on justifie aujourd'hui 750 millions d'euros
d'économies au sein d'un ministère qui peine à boucler ses budgets ?
Prisca THEVENOT
On parle de chiffres et
je pense que c'est important de rappeler des chiffres qui sont vérifiés et qui
sont clairs. C'est que l'Éducation nationale, c'est le premier budget de l'État
depuis 2017, en continuité tous les ans. Et l'année 2024 ne va pas déroger à
cette règle. Pour preuve, nous allons augmenter le budget de l'Éducation
nationale entre 2023 et 2024, de 3,9 milliards d'euros, qui va se porter donc
pour cette année à 63,4 milliards d'euros. Ça, ce sont des chiffres concrets.
Et ensuite, vous parlez de façon très juste des personnels, celles et ceux qui
font en sorte que nos enfants puissent aller en joie et heureux à l'école. Eh
bien, nous allons continuer à recruter. Et notamment ça va dans la ligne et le
cap fixé par le Premier ministre avec toutes les annonces qui ont été faites
sur le choc des savoirs et qui a été rappelé par la ministre de l'Éducation
nationale, Nicole BELLOUBET.
Journaliste
Donc, tout en continuant
d'augmenter, vous allez en même temps diminuer le budget de 750 millions du
coup des économies tout en dépensant.
Prisca THEVENOT
Tout en augmentant, en
diminuant. Je n'ai pas compris.
Journaliste
Bah moi non plus. Je cherche
à comprendre justement. Je reprends vos propos. Le budget va augmenter, mais
les économies vont donc se faire où ?
Prisca THEVENOT
Je vous donne les
chiffres... Les feuilles de route, les feuilles, les feuilles de route. Moi, ce
que je vous dis, c'est qu'il y a des objectifs et des priorités. Et je vous le
redis encore une fois, il n'est pas question de venir raboter sur la priorité
du président de la République et du Premier ministre qui est l'éducation,
l'éducation de nos enfants et donc l'Éducation nationale, notamment à
l'endroit, notamment à l'endroit. Je finis juste ma phrase.
Journaliste
Faites mais je me
[inaudible]
Prisca THEVENOT
... Notamment à l'endroit
des réformes qu'on attend, qui sont effectivement des réformes attendues, le
choc des savoirs et la capacité, par exemple, de mettre en place des groupes de
niveau. Maintenant sur le détail que vous donnez, les feuilles de route sont en
train d'être discutées et travaillées entre la ministre l'Éducation nationale
et Bercy. Elles sont en cours et seront à finaliser pour le 4 mars.
Journaliste
Donc, on ne sait pas pour
l'instant sur quoi seront faites ces économies.
Prisca THEVENOT
Je vous ai donné les
chiffres. Je vous ai donné les chiffres qui étaient sûrs et validés.
Journaliste
Ok. Merci.
Prisca THEVENOT
De rien.
Journaliste
Bonjour, Oscar
[inaudible] média. Donc, on est un nouveau média qui vient d'être lancé par des
personnes en situation de handicap mental. J'aimerais juste souligner un mot,
c'est qu'aujourd'hui, il est possible d'entreprendre, d'agir et de travailler
quand on a handicap invisible en France. C'était impossible avant 2017, au
lancement de la nouvelle stratégie TND. Et c'est vraiment une vraie fierté pour
nous d'être présent ici aujourd'hui. Ma première question va porter sur l'école
inclusive. Aujourd'hui, on est à peu près 100 000 AES en France. Quels sont les
premiers échanges entre eux, Madame BELLOUBET et Madame KHATTABI pour peut-être
améliorer leurs conditions de travail pour qu'elles puissent justement mieux
accompagner les élèves en classe, au collège et au lycée ?
Prisca THEVENOT
Merci pour cette question
et félicitations pour la création de votre média et ravi effectivement de
pouvoir répondre à votre question ici. Oui, c'est un sujet extrêmement
important l'inclusion des enfants à l'école. Il en va bien évidemment d'une
capacité à faire nation tous ensemble. Premières mesures ont été mises en place
déjà sur la revalorisation salariale des AESH. Cela avait été un amendement
porté par un député de la majorité présidentielle sur le dernier projet de loi
de finances. Et nous devons aller vers les 35 heures. Pourquoi ? Parce
qu'au-delà, effectivement, mais c'est important, de la rémunération, il y a
aussi sa capacité à gérer son emploi du temps qui est assez compliqué. Il y a
des trous…
Journaliste
(Inaudible) ils font 18 à
20 heures par semaine aujourd’hui.
Prisca THEVENOT
Voilà, mais avec des gros
trous, par exemple, sur la pause méridienne, etc., on va être, vous le savez,
je pense mieux que moi. Ce n'est pas très agréable et pas très sécurisant.
Journaliste
Oui. Ce qui est remonté
aujourd'hui par différents syndicats, c'est les heures aléatoires.
Prisca THEVENOT
Exactement.
Journaliste
On va placer deux
personnes sur une heure d’EPS sur une heure. Ce qui fait que l'accompagnement
pédagogique n'est quasiment parfois pas existant et qu’on est un petit peu sur
du bricolage pour…
Prisca THEVENOT
Mais exactement. Vous
venez de tout dire et c'est justement cet enjeu-là sur lequel nous allons
continuer à travailler. J'insiste sur le contenu quand ça avait été déjà
annoncé. Donc, ce travail se fait bien évidemment au niveau de l'État, mais
aussi en lien très étroit avec les collectivités locales.
Journaliste
Très bien. Ma deuxième
question va porter sur la une du Parisien hier, où une étude de la société
(inaudible) qui a été faite par l'IFOP, montrait qu'il y a une pression
financière qui s'accroît sur les automobilistes aujourd'hui, notamment avec la
hausse du prix du carburant. Qu'est-ce que vous avez à dire aux automobilistes
en milieu rural aujourd'hui, qui ont pour seul moyen de locomotion une
voiture ?
Prisca THEVENOT
Bien sûr, et je pense que
c'est important de rappeler aussi que oui, nous devons aller vers une capacité
à nous déplacer de façon plus propre et respectueuse de l'environnement, mais
ça ne veut pas dire en finir avec la voiture. Et vous venez de donner un
exemple très concret au milieu rural, mais aussi en milieu urbain et
périurbain, qu'on est une famille avec des enfants, ce n'est pas forcément
évident. Et donc pour cela, il y a différents dispositifs qui ont été mis en
place et notamment récemment, le sujet du leasing social. Ça a été un fabuleux
succès puisque nous avons dû augmenter le nombre de véhicules à disposition en
passant de 20 000 et en le doublant. J'étais notamment la semaine dernière avec
une enseignante dans le 93. Alors, vous allez me dire, c'était du milieu rural,
mais c'est aussi des enjeux où il y a très peu de transports et des enjeux de
mobilité qui a pu bénéficier de ce leasing social parce qu'elle me disait de
façon très concrète qu'elle en avait tous les mois pour plus de 200 euros
d'essence, plus de 200 euros d'essence et je ne parle pas de l'assurance, etc.
Et là, elle en aurait pour entre 100 et 150 euros. Donc, nous devons continuer
le leasing social. Une nouvelle campagne sera annoncée l'année prochaine et en
parallèle, nous avons la prime à la conversion qui continue à exister aussi
bien sur les ménages les plus modestes que les autres ménages. Nous avons
rééquilibré en revanche la distribution, si je peux dire, l'allocation de cette
prime, puisqu’on avait constaté que sur l'entièreté du volet qui avait été mis
en place, a bénéficié surtout aux personnes aisées. Nous allons rétablir pour
faire en sorte que ce soit 50, 50.
Journaliste
Une dernière question sur
l’article publié par Éric ALBERT qui est journaliste au Monde. Hier sur une
comparaison des baisses de budget dans plusieurs pays européens. Donc, par
exemple, en Italie, on a une baisse de 20 milliards d'euros d'ici à 2026. En
Allemagne, on a à peu près 17 milliards. Ce sont les chiffres donnés par le
journaliste du Monde. Est-ce qu'aujourd'hui, on a un phénomène européen ?
Peut-être qu'il y a des consignes données par Bruxelles de demande de baisser
nos budgets publics ?
Prisca THEVENOT
La demande est faite.
Alors déjà, on est en tant qu'Européens et donc, on a un sujet de déficit
public à tenir. Et ce sujet de déficit public à tenir, or temps de crise, nous
avons montré que nous étions capables de le faire. Mais pendant des périodes de
crise, nous devons continuer aussi à protéger notre économie, et donc les
Françaises et les Français. Sur les premières années de la présidence
d’Emmanuel MACRON, j'aimerais simplement rappeler des chiffres qu'on a tendance
à ne pas oublier. Le déficit public était en 2017 de 2.9, en 2018, de 2.3 et en
2019, de 2.1, donc nous sommes en capacité d'avoir cette maîtrise des dépenses
publiques. Mais ce n'est pas contre les Français, c'est bien pour les Français,
parce que ça nous permet de continuer à investir et à être vertueux sur les
chantiers prioritaires qui sont les nôtres depuis 2017. Donc encore une fois,
je vais citer un ancien ministre du Budget qui est aujourd'hui Premier
ministre, c’est qu’on doit continuer à économiser là où on peut et investir là
où on doit. Et les chantiers prioritaires, je les ai rappelés tout à l'heure
c'est bien évidemment les services publics, l'éducation, la santé, la justice,
la sécurité, mais également défendre notre souveraineté dans tous les domaines
que vous pouvez imaginer.
Journaliste
Je vous remercie, Madame
la Ministre.
Prisca THÉVENOT
Merci à vous.
Audrey TISON
Bonjour. Audrey TISON,
France Info. Gabriel ATTAL est-il votre tête de liste pour les élections
européennes ?
Prisca THEVENOT
Gabriel ATTAL est le
Premier ministre de la République et donc le chef du Gouvernement. Donc non.
Audrey TISON
On vous pose la question
parce que…
Prisca THEVENOT
Donc non, je vous le dis
très clairement.
Audrey TISON
On vous pose la question
parce qu'il n'y a toujours pas de tête de liste pour votre votre camp
politique. Et Gabriel ATTAL prend la parole dans la presse ce matin avec des
propos assez virulents envers le RN. Il propose un débat à Marine LE PEN.
Est-ce qu'il ne joue pas de ce fait le rôle de tête de liste, faute d'autres
candidats ?
Prisca THEVENOT
Non, je ne pense pas. Je
pense que ça a été rappelé tout à l'heure par votre consœur. Nous avons un
premier meeting, un meeting de lancement de campagne qui aura lieu le 9 mars.
Donc tout laisse à penser que nous aurons notre tête de liste d'ici là. Je ne
vais pas vous faire l'affront de vous rappeler ce que je vous disais quand vous
me posiez la question de : à quand la suite du Gouvernement ? Mais c'est
imminent. Et non, ce n'est pas Gabriel ATTAL. Première chose. Ensuite, pour
répondre, je me permets… Excusez-moi, je veux répondre à toutes vos questions.
Ensuite, pour répondre à votre question sur la proposition du Premier ministre
à l'endroit de la cheffe du premier parti d'opposition à l'Assemblée nationale,
c'est dire que ça tombe sous le sens. C'est la cheffe du premier parti
d'opposition à l'Assemblée nationale. Il est Premier ministre. Il n'y a rien de
choquant et je ne vois pas le lien avec les européennes.
Audrey TISON
Pourquoi refuse-t-il un
débat avec Jordan BARDELLA, par exemple, sur ce sujet ?
Prisca THEVENOT
Je le redis. Déjà d’une,
il n'a jamais refusé aucun débat et il a débattu, je pense, mais vous me direz
si je me trompe, mais je crois à un peu plus de 5 fois avec Jordan BARDELLA,
dans différents sujets et sur différents médias. Maintenant, j'aimerais juste
rappeler que le Premier ministre Gabriel ATTAL est Premier ministre, il n'est
pas chef de mouvement politique, il n'est ni tête de liste aux élections
européennes. Donc il est tout à fait normal qu'il propose un débat à une force
d'opposition qui se trouve à l'Assemblée nationale. Jordan BARDELLA n'est pas
parlementaire, sauf erreur de ma part.
Audrey TISON
Marine LE PEN et Jordan
BARDELLA ont-ils leur place à l'hommage à la panthéonisation de Missak
MANOUCHIAN ?
Prisca THEVENOT
Ça, il faudra leur
demander. Ça, il faudrait leur demander. Moi, je suis assez étonnée que Marine
LE PEN se place dans une position de vouloir défier la décence. Elle a assumé
porter l'héritage, je ne parle pas de l'héritage de son père, je ne ferais pas
ça, elle porte l'héritage d'une famille politique, celle du Rassemblement
national. La preuve, c'est qu'elle n’en a changé qu'une seule lettre. C'est
bien qu'elle a voulu faire une opération de marketing en changeant la
devanture, mais en gardant tout ce qui se passait en arrière boutique. Rien n'a
été changé, rien n'a été renié, rien n'a été excusé. Donc la question, c'est
plutôt est-ce qu'elle se sentira à l'aise à sa place, à cet hommage ?
Audrey TISON
Vous venez de dire qu'il
s'agit du premier groupe d'opposition à l'Assemblée. À ce titre, ces
représentants n'ont-ils pas leur place à un hommage national organisé par la
République ?
Prisca THEVENOT
Je viens de vous
répondre. Je viens de vous répondre. On parlait de Marine LE PEN, pas pour
Marine LE PEN, mais parce qu'elle est présidente du premier groupe d'opposition
à l'Assemblée nationale. Merci.
Elodie HUCHARD
Bonjour Madame la
ministre. Elodie HUCHARD pour CNews. Je prolonge du coup la question de ma
collègue. Est-ce que vous trouvez ça, entre guillemets, équilibré que le
Premier ministre propose un débat ? Vous dites qu'elle est cheffe de parti,
elle est cheffe du groupe à l'Assemblée nationale. Est-ce que ce n'est pas
aussi un moyen, vous qui dites qu'il faut faire attention avec le RN, de lui
donner beaucoup d'importance, est-ce que sa réponse aussi n'est pas, entre
guillemets, un camouflet pour le Premier ministre puisqu'elle dit : « Il grille
les étapes », sous entendu il n'est pas à mon niveau ? En tout cas, c'est ce
que semble dire Marine LE PEN dans son tweet en réponse.
Prisca THEVENOT
Mais Marine LE PEN a le
droit de tweeter et penser ce qu'elle veut et encore une fois, écrire ce
qu'elle veut. Je pense que la question que je me pose c'est pourquoi a-t-elle
besoin d'être en réaction si forte ? Un débat est proposé à une parlementaire. Enfin,
le but du parlementaire, ce n'est pas justement d'accepter des débats,
d'accepter des échanges, d'accepter de confronter des idées et des points de
vue et des actions à mener ou peut-être un bilan à porter ? La vraie question
que je me pose, c'est pourquoi une réaction si virulente ? A-t-elle peur du
débat ?
Elodie HUCHARD
Et est-ce que ça ne vous
choque pas que Gabriel ATTAL lui propose ça ? Il ne va pas proposer ça, on le
sait, par exemple, à Olivier MARLEIX ou Boris VALLAUD. Est-ce que vous ne dites
pas, c'est quand même mettre Marine LE PEN très en avant en lui proposant ce
débat ?
Prisca THEVENOT
Marine LE PEN n'a pas été
mise plus en avant que les autres. C'est la cheffe du premier parti
d'opposition à l'Assemblée nationale et Gabriel ATTAL est Premier ministre.
Donc c'est tout à fait logique dans le cadre du fonctionnement de nos
institutions.
Elodie HUCHARD
Merci.
Prisca THEVENOT
De rien.
Quentin CHATELIER
Bonjour. Quentin
CHATELIER pour Liaisons Sociales. Votre collègue Marie LEBEC a ouvert la
portière à une limitation ou un encadrement du droit de grève pendant les
vacances et les Jeux Olympiques. Est-ce que vous nous confirmez que le
Gouvernement est favorable à une telle limitation ou à un tel encadrement ?
Prisca THEVENOT
Je vous confirme qu'il y
a effectivement une proposition de loi qui est portée au Sénat. Si je me
souviens bien, par le groupe centriste, par Hervé MARSEILLE. Nous devons
laisser le débat parlementaire se faire pleinement et il n'y a pas d'enjeu
dessus. Maintenant, simplement rappeler qu'il y a déjà des mesures qui ont été
prises et une loi qui existe sur le service minimum. Peut-être que nous avons
aussi un enjeu de faire en sorte que de voir comment ce service minimum est mis
en place, comment il est mis en place et s'il est mis en place partout. Mais
vous le savez très bien, le débat parlementaire est ainsi fait que je ne suis
pas sûre que si même ce texte est voté, il soit mis en place pour les J.O.
Quentin CHATELIER
Donc le Gouvernement n'y
est pas favorable…
Prisca THEVENOT
Le droit de grève est
constitutionnel.
Quentin CHATELIER
Vous ne répondez pas à ma
question.
Prisca THEVENOT
Eh bien, en fait, moi, ce
que je vous dis, c'est que tout simplement, il faut laisser le débat se faire.
Quentin CHATELIER
Mais vous pouvez avoir
une position, le Gouvernement peut avoir une position sur la limitation du
droit de grève pendant les vacances ou les J.O ?
Prisca THEVENOT
Je le dis simplement : le
droit de grève est constitutionnel. Un service minimum existe déjà dans la loi.
Nous pouvons déjà regarder comment ce service minimum est mis en place.
Quentin CHATELIER
D’accord. Juste une
précision sur les feuilles de route que vous avez évoqué tout à l'heure. Est-ce
qu'elles seront rendues publiques quand elles seront diffusées aux Ministères
concernés ?
Prisca THEVENOT
Les ministres de tutelle
concernés les rendront et effectivement, se tiendront à disposition pour les
rendre publiques.
Quentin CHATELIER
D'accord. Merci beaucoup.
Joséphine ORTUNO
Bonjour.
Prisca THEVENOT
Bonjour.
Joséphine ORTUNO
Joséphine ORTUNO de
Franceinfo. Vous avez assisté, participé à un petit déjeuner uniquement féminin
ce matin, organisé par Madame VAUTRIN. Quel est l'intérêt de se réunir entre
femmes avant un conseil des ministres ?
Prisca THEVENOT
Je n'y étais pas. Vous
n'avez pas de chance, j'étais la seule à ne pas y être.
Journaliste
Pardon. Oups…
Prisca THEVENOT
Non pas que je n'étais
pas invitée. Non, il n'y a pas de “oups”... Ce n’est pas que je n'étais pas
invitée, mais je suis porte-parole du Gouvernement et le chef du Gouvernement
tenait une conférence de presse. Donc il est tout naturel que j'y sois pour être
informée de ce qui s'y dit, mais aussi pour pouvoir répondre à vos différentes
questions.
Journaliste
Ça marche. Merci.
Prisca THEVENOT
Mais s’il y a un autre
moment comme ça, je vous répondrai.
Journaliste
Très bien.
Journaliste
Rebonjour. Alors la
semaine passée, mon confrère de chez Off Investigation, vous vous souvenez,
Fabien RIBES, vous questionnait sur la situation dramatique de Julian ASSANGE,
ce journaliste australien aujourd'hui retenu depuis 12 ans maintenant sans
liberté en Angleterre, et multi-récompensé pour son travail de journaliste. À
ce moment-là, vous n'avez pas répondu à sa demande ni rien, mais vous aviez
noté la question donc je vous la repose aujourd'hui. ASSANGE risque
l'extradition vers les USA, où il pourrait être condamné, vous le savez comme
tout le monde, à 150 ans de prison. Il se bat aujourd'hui même pour obtenir un
appel lors d'une audience qui se tient en ce moment même à...
Prisca THEVENOT
Vous avez tout dit…
Journaliste
Non, je n'ai pas encore
tout dit, je n'ai pas terminé ma phrase. L'actuel rédacteur en chef de
Wikileaks a déclaré hier, je cite, en parlant de la France, “La France pourrait
se faire entendre. “Si vous ne vous exprimez pas” — donc il parle de la France
maintenant — ”vous entrerez dans l'histoire comme étant du mauvais côté de
l'histoire”, fin de citation. Que compte faire du coup la France pour être,
selon lui, du bon côté de l'histoire ?
Prisca THEVENOT
Vous êtes sûr qu'on va
dire que la France va être du mauvais côté de l’histoire ? Aujourd’hui…
Journaliste
Je reprends les propos…
Prisca THEVENOT
Non mais, pardon, votre
confrère, c’est ?
Journaliste
Fabien RIBES.
Prisca THEVENOT
Très bien.
Journaliste
Mais ces propos là, ce ne
sont pas ses propos à lui. “Le mauvais côté de l'histoire”, c'est l'actuel
rédacteur-en-chef de Wikileaks.
Prisca THEVENOT
D'accord. Simplement dire
que vous l'avez dit dans votre propos et dans la question que vous me rapportez
de la part de votre confrère qui n'est pas là, il y a une procédure judiciaire
qui est en cours, et donc nous devons laisser cette procédure judiciaire se
faire comme toutes les autres procédures judiciaires.
Journaliste
Point ?
Prisca THEVENOT
Point ou…
Journaliste
Sur le cas général de M.
ASSANGE ?
Prisca THEVENOT
Mais je viens de vous
répondre.
Journaliste
Donc pour vous, M.
ASSANGE qui a révélé des informations cruciales, notamment, on le rappelle,
entre autres, sur la guerre en Irak, les crimes de guerre commis par les USA,
mais aussi trois présidents français qui ont été mis sous écoute par les
renseignements états-uniens, tout cela, ça ne rentre pas dans une grille de
lecture pour avoir un avis ?
Prisca THEVENOT
La seule grille de
lecture à avoir, excusez-moi, dans un État de droit, c'est de respecter le
temps judiciaire, et le temps judiciaire est en cours.
Journaliste
Et donc, si l'extradition
se fait...
Prisca THEVENOT
Laissons le temps
judiciaire se faire.
Journaliste
Admettons, si
l'extradition...
Prisca THEVENOT
Non, non… Je pense qu'il
est important de laisser le temps judiciaire se faire.
Journaliste
Je peux poser quand même
ma question ?
Prisca THEVENOT
Allez-y.
Journaliste
Donc, si l'extradition se
fait, est actée, alors que nous savons, et ça a été rappelé hier dans la cour,
que des projets d'assassinat de M. ASSANGE avaient été — 11 sources
l'attestent, des renseignements états-unis avaient projeté l'assassinat de M.
ASSANGE — si l'extradition se fait demain, est-ce que vous confirmez là,
maintenant, que la France regardera sans rien faire ?
Prisca THEVENOT
Je vous confirme que,
encore une fois… Je veux bien entendre que le temps judiciaire peut peut-être
être long, mais il est à respecter. Il est à respecter, d'autant plus dans un
État de droit. Les faits, rien que les faits.
Journaliste
D'accord, merci.
Prisca THEVENOT
Merci à vous.
Myriam LARIBI
Bonjour Madame la
ministre, Myriam LARIBI, journaliste indépendante. Une question sur Gaza, le
président de la République, on a pu observer un changement de ton sur le
président de la République envers Israël au regard de la situation
catastrophique actuellement à Gaza. Mais en réponse à un député, le ministre
des Armées, Sébastien LECORNU a confirmé que la France continuait à vendre des
armes et du matériel militaire à Israël. Comment on peut expliquer cela ?
Prisca THEVENOT
Merci pour votre question
qui me permet effectivement peut-être de redonner de la clarté dans un propos.
Je tiens à le dire et de façon extrêmement précise, aucune munition tirée par
Israël n'a été livrée par la France. Et je vais vous donner un exemple très
concret. Tout le matériel ressortissant de la catégorie ML4. ML4, c’est quoi ?
C'est des bombes, des torpilles, des roquettes, je vous le lis précisément, des
missiles, autres dispositifs et charges d'explosifs, matériels et accessoires
connexes et leurs composants spécialement conçus. Tout matériel aux
ressortissants de cette catégorie ML4 est prohibé à l'exportation vers Israël
pour des usages offensifs. Seuls sont autorisés les éléments destinés à un
usage purement défensif, notamment dans le cadre du système Dôme de fer.
Myriam LARIBI
D'accord et comment on
peut être sûr que c'est dans le cadre de la défense, étant donné qu'Israël,
même dans son offensive à Gaza, prétend se défendre ? Comment on peut être sûr
que le matériel envoyé par la France…
Prisca THEVENOT
Par le type de matériel
en fait.
Myriam LARIBI
Par le type de matériel…
Prisca THEVENOT
Je vais vous répondre.
Myriam LARIBI
Bon, alors, je vais
insister un tout petit peu. Parce que le Président, hier, d’Amnesty
International, a écrit au président MACRON en lui disant : « En tant qu'État
partie de la convention sur le génocide, la France doit respecter un devoir de
prévention des génocides. Cela implique notamment de ne pas fournir à Israël
des moyens lui permettant de commettre des actes entrant dans le cadre d'un
risque de génocide. Or, aux termes du traité sur le commerce des armes, auquel
la France est partie, aucun État ne peut vendre des armes à un autre État s'il
a connaissance que ces armes ou ces biens pourraient servir à commettre un
génocide, des crimes contre l'humanité ou d'autres crimes de guerre ». C’est la
lettre du président d'Amnesty International hier au Président MACRON.
Prisca THEVENOT
Tout à fait. C'est pour
ça que je vais vous répondre précisément sur le type d'armes.
Myriam LARIBI
D'accord. Mais comment on
fait pour arrêter l'offensive israélienne à Gaza ? Je pense que c'est ce que
souhaite le Président MACRON…
Prisca THEVENOT
Bien sûr.
Myriam LARIBI
…Si on ne prend aucune
sanction et aucune restriction envers Israël et envers le gouvernement
israélien ?
Prisca THEVENOT
Eh bien, déjà,
typiquement ce qui a été — mais je pense que vous le savez, vous l'avez suivi
parce que vous êtes très attentive sur le dossier, je vous en remercie — hier,
il y a eu une résolution portée par l'Algérie à l'ONU...
Myriam LARIBI
Oui.
Prisca THEVENOT
…sur la volonté de
cessez-le-feu et d'empêcher les mouvements de population. La France a voté
pour.
Myriam LARIBI
Je sais, mais comment on
fait avec qu'avec le véto américain, comment on fait pour arrêter ça face à un
peuple qui n'a pas d'État, qui n'a pas d'armée et cetera et qui est en train de
se faire massacrer ? Le peuple palestinien. Comment on fait pour arrêter ?
Qu'est-ce que peut faire la France pour arrêter ça ?
Prisca THEVENOT
Nous devons continuer à
porter cette voix extrêmement forte que nous portons depuis le début. C'est
bien évidemment reconnaître les attaques terroristes du 7 octobre, reconnaître
le droit d'Israël à se défendre et à lutter contre le terrorisme, mais rappeler
que cela doit se faire dans le droit de la guerre et le droit du respect
humanitaire. C'est la raison pour laquelle une diplomatie a été mise en place.
Des échanges humanitaires très concrets ont été mis en place, du matériel, de
l'aide humanitaire, alimentaire, mais également le DIXMUDE qui a été mobilisé
sur place. Et nous continuons à permettre l'ouverture pour que des
ressortissants puissent partir puissent partir de la bande de Gaza. Et je le
dis hier encore, pas plus tard qu'hier soir, nous avons voté, nous la France,
la résolution algérienne sur le cessez-le-feu, un cessez-le-feu immédiat et
durable.
Myriam LARIBI
Je vous remercie.
Prisca THEVENOT
Merci à vous.
Journaliste
Madame la ministre. Hier,
Riyad MANSOUR a fait une déclaration à la Cour internationale de justice de La
Haye pour savoir comment la CIJ pourrait demain documenter et sanctionner les
actes qui sont commis à Gaza. Aujourd'hui, est-ce que vous croyez dans le
pouvoir de la CIJ à pouvoir contrôler la situation ?
Prisca THEVENOT
Je pense que dans les
zones… Merci pour cette question parce que dans les zones d'instabilité qui
sont les nôtres, avec des fragilités que veulent nous imposer certaines grandes
puissances et une grande puissance en l'occurrence, nous devons plus que jamais
nous rattacher à nos instances internationales. Et la CIJ, la Cour
Internationale de Justice, en est une. Sur le sujet du mot génocide, c'est de
ça dont vous me parlez. Vous le savez de façon assez claire, je pense que pour
employer ce terme, il faut effectivement documenter. Ça peut prendre du temps.
Nous participerons à l'ensemble des travaux dans ce cadre-là. Mais pour
employer ce mot, il faut par exemple prouver une intentionnalité. Donc, tout ce
travail est en cours et je pense qu'il est important de le faire précisément
avec le temps qui est nécessaire. Mais la priorité aujourd'hui, c'est d'appeler
un cessez-le-feu.
Journaliste
Deuxième question
peut-être sur les événements qui ont eu lieu au Panthéon ce matin.
Prisca THEVENOT
Oui.
Journaliste
Pourquoi panthéoniser une
personne alors que même, on l'a très bien vu à la matinale de France Inter ce
matin à 8h20, ils étaient plusieurs à agir dans ces groupes. Et est-ce que
c'est lié au rapport très particulier de Monsieur MANOUCHIAN avec la République
française qui était poète, qui a beaucoup écrit et une petite anecdote assez
drôle a été rappelée d’ailleurs sur le fait que son frère lui a indiqué : Bon,
avant d'écrire des poèmes, tu devrais peut-être trouver un vrai travail. Est-ce
que c'est une personnalité un petit peu particulière parmi les 27, puisque
aujourd'hui, on voit qu'il y a quand même plusieurs historiens qui critiquent
ce choix de panthéoniser une seule personne et d'oublier peut-être d'autres
résistants qui étaient très actifs, notamment dans les actes de 43 qui visaient
à condamner un allemand, un SS, qui envoyait des personnes dans des camps
notamment.
Prisca THEVENOT
Merci pour votre question
parce qu'effectivement nous allons aujourd'hui être sur un jour important.
C'est effectivement la panthéonisation du couple MANOUCHIAN, mais derrière et
avec eux, ce sont de nombreuses femmes et hommes qui vont rentrer avec eux dans
le Panthéon. Et je pense que c'est ce qui a été rappelé par le président de la
République et ce qui a notamment été rappelé hier lors de la veillée organisée
au Mont-Valérien, veillée à laquelle j'ai assisté et où il y avait par exemple
les 23 autres visages qui étaient présents. Et c'est justement l'enjeu, c'est
que nous allons permettre à de nombreux hommes et femmes de rentrer avec eux.
Journaliste
Très bien et je vous
remercie.
Prisca THEVENOT
Merci à vous.
Journaliste
Re bonjour de nouveau.
Alors, c'était ma question de mercredi dernier. Vous vous en souvenez sans
doute. Je vous rappelle, par un arrêt du 8 février 2024. Donc, au début du
mois, la Cour européenne des Droits de l'homme a fait savoir que la pratique de
la [inaudible] en France était pendant longtemps illégale, jusqu'au décembre
2021, suite au nouveau schéma du maintien de l'ordre, et portrait atteinte à la
liberté d'aller et de venir en absence de cadre juridique précis des
manifestants du coup en France. Donc, la Cour a condamné la France le 8 février
dernier. Ma consœur, comme je vous le rappelait mercredi dernier, Emma AUDREY a
demandé une réaction à Monsieur DARMANIN, le 12 lors d'un déplacement à
Besançon. A ce moment-là, il n'a pas souhaité répondre et a préféré se dire, je
cite, je le cite, heureux qu'à Besançon comme ailleurs, on aime la police
nationale. Fin de citation. Et il s'en va. Nous sommes donc le 21 février. Une
semaine après, cette question que je vous ai posé du coup la semaine dernière.
Quelle est la réaction officielle puisque je n'avais pas eu de réponse la
semaine dernière, de l'Etat suite à cette condamnation ?
Prisca THEVENOT
Il y a
eu effectivement un sujet qui avait été mis en 2021, c'est ça sur le sujet
d'encerclement et de la pratique de la nasse, sur cette capacité à sortir de
cette nasse avec des ouvertures bien précises et sur également l'enjeu de la
sommation parce que c'est aussi un enjeu lié à la pratique de la nasse. Des
dispositifs ont déjà été mis en place dès 2021, et notamment sur la pratique de
la sommation, mais aussi la pratique de l’encerclement. Nous continuons à le
faire, à le mettre en œuvre avec les forces de l'ordre sur cette capacité à
bien former et bien à faire en sorte que l'ensemble des femmes et des hommes,
parce que ce sont des femmes et des hommes qui assurent la sécurité au
quotidien puissent le pratiquer comme il se doit. Au regard, des conclusions
qui avaient été portées par le Conseil d'État.
Journaliste
Alors
justement, le Conseil d'État avait rendu illégal en juin 2021 ces pratiques.
Mais elles continuaient à se faire.
Prisca THEVENOT
Elles
ont été modifiées.
Journaliste
Oui,
bien sûr, depuis elles l’ont été. Mais du coup, quand même, jusqu'en 2021,
Monsieur MACRON est entré à l'Elysée en
2017.
Prisca THEVENOT
Oui,
en 2021.
Journaliste
Est-ce
que justement ces années là, est-ce que ce n'est pas une forme de camouflet
justement pour les politiques menées notamment contre toutes les manifestations
sociales, à part celles des agriculteurs, on l'a vu ces dernières semaines et
même mois, je veux dire, un camouflet pour la politique de maintien de l'ordre
à la Française.
Prisca THEVENOT
Je
pense qu'il est important de rappeler quelque chose. Je vous ai répondu
précisément sur le sujet de la pratique d'encerclement et également des
modalités pour les sommations qui ont été effectivement revues au regard des
conclusions du Conseil d'État. Parce que quand le Conseil d'État met des
conclusions, nous les respectons et nous les appliquons. Ensuite, j'aimerais
simplement rappeler, parce que vous parlez des manifestations, des
agriculteurs, et cetera.
Journaliste
Les
mouvements sociaux en date où je fais référence.
Prisca THEVENOT
Voilà,
mais très bien, mais pas de débat. Les forces de l'ordre, quand ils sont sur
des manifestations, c'est avant tout et en premier lieu pour protéger les
manifestants. Je pense que c'est important de le rappeler aussi et faire en
sorte que la manifestation puisse se dérouler comme il se doit dans le respect
des biens et des personnes et donc en premier lieu des manifestants eux-mêmes.
Journaliste
Ça,
c'est l'idéal.
Prisca THEVENOT
Non.
Journaliste
C'est
toujours le cas pour vous ?
Prisca THEVENOT
Je
pense qu'il faut. Vous savez…
Journaliste
Parce
que nous, en tant que journaliste [inaudible]
Prisca THEVENOT
Vous
savez, quand on parle de la police comme ça.
Journaliste
Je ne
vous parle pas de la police comme ça.
Prisca THEVENOT
Non
mais moi je vous le dis. Non mais quand on parle de la police comme ça, c'est
des femmes et des hommes de manière générale, de manière très désincarnée.
Journaliste
De
l’institution. Je ne fais pas de l’individualisme.
Prisca THEVENOT
Mais,
moi aussi, je voudrais vous parler, en fait, ce sont des hommes et des femmes
derrière qui ont à cœur de bien faire leur métier.
Journaliste
Oui,
pas pour beaucoup.
Prisca THEVENOT
Voilà.
Journaliste
Mais
pas pour tout le monde, parce que là, si vous voulez, il y a effectivement
maintenant… c’est un sujet important quand même…
Prisca THEVENOT
Mais
bien sûr, mais bien sûr.
Journaliste
…que
je me permets de relancer. Depuis fin 2021, il y a un cadre légal.
Effectivement, vous l'avez rappelé ici. Donc de faire face avec des choses très
strictes, donc sont permises, c'est une nasse policière lorsque les policiers
et policières font face à un risque de violences avérées et graves. Je le lis
finalement là, avec des manifestants qui peuvent être violents gravement. Il y
a aussi l'obligation d'une durée strictement nécessaire et proportionnée etc.,
et pourtant, j'ai pu observer et d'autres et filmer à maintes reprises ces
règles non respectées depuis 2021, notamment en mars 2023 dans le centre de
Paris, on a documenté avec Mediapart à ce moment-là, lors de la réforme des
retraites, où des passants, des passants se sont vus nassés, privés de liberté
pendant des heures sans info, alors que c’est obligatoire, dans le nouveau
schéma (inaudible), on doit communiquer avec les manifestants, des gens arrêtés
aussi arbitrairement, etc… Du coup, on peut se demander, puisque vous écoutez,
ça n'a pas lieu. Quand est-ce que ces pratiques seront du coup stoppées ?
Prisca THEVENOT
Je le
redis encore de façon assez claire, c’est que les règles ont été rappelées.
Maintenant, si vous avez à votre connaissance précisément des moments où ça ne
s'est pas passé comme il se doit, n'hésitez pas à aussi les faire remonter pour
qu'on puisse prendre les mesures derrière, mais ne pas faire de généralités sur
le principe que… et ce n’est pas ce que vous avez fait, mais je préfère le dire
que la police ferait autre chose que protéger les Françaises et les Français.
Et donc, aussi les personnes qui veulent manifester sur différents sujets.
Journaliste
Alors
effectivement pour une dernière question, ce n'est pas une généralité, certes,
mais l'actualité nous rappelle régulièrement qu'il y a des cas quand même très,
très importants, notamment là, je pense à... vous savez, depuis 2020, des
groupes : WhatsApp, Telegram, Facebook privés ou rassemblant des milliers 8
000, 6 000 agents des forces de l'ordre qui échangent des messages racistes,
sexistes, suprémacistes, te donnant des conseils pour faire des coups d'État,
pour faire une guerre civile, des mots sont prononcés comme ça, vous le savez
comme tout le monde. Et là encore, il y a… je reprends les mots de notre
confrère Antoine ALBERTINI au Monde.
Prisca THEVENOT
Enfin,
il y a des boucles WhatsApp…
Journaliste
Des
boucles WhatsApp, Telegram…
Prisca THEVENOT
…ou
des forces de l'ordre voudraient faire un coup d'État ?
Journaliste
Ah
mais c’est indiqué comme ça. Alors oui, oui, bah quand des fois des personnes
(inaudible) de l’ordre…
Prisca THEVENOT
D’accord.
N’hésitez pas à remonter ? N’hésitez pas à remonter…
Journaliste
…ah
bah, c’est remonté, c’est remonté. Et quand il y a effectivement des échanges
de comment on s'arme, etc., de manière parallèle aux institutions et que ces
personnes sont policières, oui, on peut parler de guerre civile. Je le cite :
Il dit que les hiérarchies… ça crée des hiérarchies parallèles d'où peuvent
émerger leaders occultes et porte-parole autoproclamés et les hiérarchies
officielles se disent très officiellement inquiètes et même dépassées les
syndicats, eux aussi, se disent dépassés par cette situation qui ne fait que…
qu’on fait alors du coup, les impacts sont aussi à l'intérieur. Je finis avec
cette question, les impacts de tout cela pousse des agents à souffrir parce qu'elles
se font harceler pour racisme, pour homophobie dans l'institution. Certaines
personnes témoignent d'être parties d’eux-même, on ne les a pas virés, ils sont
poussés vers la sortie ; elles le disent comme ça. Et aussi à l'extérieur,
c'est aussi un impact sur la société tout entière. Du coup, ma question, c'est
quels sont les moyens que l’État, puisque c'est très vertical, c'est Monsieur
DARMANIN qui est au dessus, comment… Quels sont du coup les moyens que l'État
se donne pour lutter contre ces organisations parallèles et occultes dans ces
groupes ?
Prisca THÉVENOT
Mais
donner les listes des boucles WhatsApp dont vous avez connaissance.
Journaliste
Elles
sont connues. (inaudible) par exemple.
Prisca THÉVENOT
C'est
bien, mais en fait toutes les dérives, toutes les dérives et le non-respect aux
lois, parce que quand vous parlez d'homophobie, etc, c'est le non-respect aux
lois est sanctionné, est sanctionné, est sanctionné.
Journaliste
Manifestement
non. Il y a eu quelques sanctions, mais manifestement pas toutes. Très bien.
Merci à vous.
Prisca THÉVENOT
Merci
à vous.
Journaliste
Et la
question Agora ?
Prisca THÉVENOT
Ah Ah
oui la question Agora. J'avais oublié la question Agora. Vous l'attendiez tous
la question Agora. Et donc oui, toutes les semaines sur l'application Agora et
remontées des questions, des interrogations, à des alertes de nos citoyens et
c'est assez étonnant parce qu'en fait, les questions ne portent pas ou la
question la plus plébiscitée ne porte ni sur Marine LE PEN, ni sur
l'agriculture ou le Salon de l'agriculture ou encore sur le maintien de
l'ordre, mais il porte sur les animaux domestiques et les ordures ménagères.
Vous allez me dire quel est le lien ? Alors je vous lis la question de Myriam :
pourquoi les animaux domestiques ne rentrent-ils donc pas en compte dans la
taxe des ordures ménagères puisqu'ils génèrent eux aussi des déchets à trier ?
Question très sérieuse et à laquelle je vais tâcher de répondre précisément.
Pour financer la collecte des déchets ménagers, les communes peuvent instaurer
une taxe ou une redevance d'enlèvement des ordures ménagères. Ce n’est bien
évidemment pas une obligation. Et lorsqu'elles le font, elles ont une certaine
souplesse qui leur est offerte. La commune peut par exemple décider d'instaurer
une taxe calculée uniquement sur la base de la valeur locative du bien. La
commune peut choisir d'instaurer une redevance calculée en fonction du nombre
de personnes dans le foyer ou encore une redevance en fonction de la quantité
de déchets produits par le foyer. La commune peut aussi décider d'instaurer une
partie fixe égale pour tout le monde et une partie variable qui dépendra du
nombre de personnes par foyer ou de la quantité de déchets prélevés. En résumé,
les règles sont assez souples et les déchets produits par nos chers animaux de
compagnie sont de fait, possibles de les prendre en compte lorsque la commune
le décide. Donc merci Myriam pour la question. Et puis prochaine question la
semaine prochaine. Merci.
Journaliste
(inaudible).
Prisca THÉVENOT
Ah
oui, non mais c’est Agora. Merci à vous.