Compte rendu du Conseil des ministres du 18 octobre 2023
Olivier VÉRAN
Bonjour à tous.
Mesdames,
Messieurs, si le terrorisme a fait de la République son ennemi absolu, c'est
parce que la République incarne tout ce que le terrorisme déteste. Le
terrorisme instrumentalise la foi pour asservir, la République défend la raison
comme fondement de la liberté. Le terrorisme hiérarchise les vies humaines, la
République proclame l'égalité de tous. Le terrorisme prospère par la violence,
la République vit par la fraternité. Le terrorisme est le fruit de
l'obscurantisme, la République est la fille des lumières.
La semaine dernière,
j'adressais au peuple israélien un message de solidarité de la part du peuple
français en rappelant que nous nous tenions à leurs côtés, face à la barbarie
du terrorisme islamiste. Depuis, le bilan pour nos ressortissants s’est
alourdi, portant à 21 le nombre de Français morts pendant l'attaque du Hamas,
qui en détient, très vraisemblablement, d'autres en otage. 11 de nos
concitoyens, toujours disparus, manquent encore à leurs familles, à leurs
proches, à leurs pays. Concernant les récents développements de la situation au
Moyen-Orient, comme l'a dit le président de la République, rien ne peut
justifier une frappe contre un hôpital, rien ne peut justifier de prendre des
civils pour cible. La France condamne l'attaque contre l'hôpital al-Ahli Arabi
de Gaza, qui a fait tant de victimes palestiniennes. Nous pensons à elles.
Toute la lumière devra être faite sur l’origine de ce tir. Le droit humanitaire
s’impose à tous et doit permettre la protection des populations civiles.
L’accès humanitaire à la bande de Gaza doit être ouvert sans délai.
Depuis la
semaine dernière, ce même terrorisme islamiste a de nouveau frappé en Europe
cette fois ; avant-hier à Bruxelles et vendredi dernier au cœur de notre pays,
dans le lieu le plus sacré de notre République, une école. Cette attaque
perpétrée avec la plus grande lâcheté a coûté la vie à un enseignant, Dominique
BERNARD, dont le courage a sans doute permis de sauver bien d’autres vies.
J’aimerais avoir une pensée pour son épouse, pour ses filles, pour sa famille,
pour ses proches, pour la communauté enseignante, qu'ils sachent que la Nation
française se tient toute entière à leurs côtés. Pour chacun des élèves ayant
perturbé la minute de silence - qui sont
une infime minorité - le ministre de l'Éducation nationale a annoncé que le
procureur de la République a été saisi et que des poursuites ont été engagées.
Alors que certains s'obstinent à ne pas vouloir nommer le terrorisme, alors que
certains se désolidarisent de l'unité nationale dont nous avons tant besoin
dans la période, nous avons eu une nouvelle preuve que cette menace, ce
terrorisme islamiste est bien réel.
Pendant que les uns jouent avec le feu en
jouant avec les mots, d'autres meurent sous les coups, sous les balles. D'un
côté, l'inconséquence des paroles. De l'autre, la tragédie des actes. Je le
redis donc avec la plus grande fermeté face au terrorisme et face à tous ceux
qui en font l'apologie, le justifient, l'excusent, le relativisent, nous serons
intraitables. Il n'y aura aucun compromis, aucune concession, aucun
fléchissement.
La priorité absolue du Gouvernement est de garantir la
protection et la sécurité des Français. Une réunion s'est tenue, lundi, à
l'Élysée, au cours de laquelle différents points ont été actés. Sur le suivi
des personnes radicalisées, nous avons demandé aux préfets de tenir des groupes
de travail avec les ministères concernés pour cibler dans le détail, individu
par individu, toutes les personnes potentiellement dangereuses. Le président de
la République a demandé à ce que chaque cas soit étudié, comme c'est d'ailleurs
le cas en continu dans notre pays, pour identifier les individus qui méritent
un travail approfondi concernant les liens consulaires qu'ils peuvent avoir ou
les demandes d'asile qu'ils ont pu formuler afin d'accélérer toutes les
procédures d'expulsion.
La réunion a abordé la question du renforcement de la
sécurisation des établissements scolaires qui est une nécessité. Depuis 5 ans,
ce sont déjà 100 millions d'euros qui ont été débloqués par l'État pour la
protection des écoles, des collèges et des lycées ; protection qui relève,
comme c'est du bâti scolaire, des Collectivités territoriales, que le ministre
de l'Éducation nationale reçoit pour ce motif en consultation. Il a également
été décidé d'augmenter le déploiement du dispositif SENTINELLE, avec 7 000
militaires déployés sur tout le territoire. Ils viennent en renfort des 10 000
policiers et gendarmes déjà mobilisés. Ces mesures visent à renforcer les
moyens déjà déployés en matière de lutte contre le terrorisme. S’ils ne sont -
par définition - pas infaillibles, ils portent toutefois leurs fruits.
Depuis
2017, 43 projets d'attentats ont été déjoués, notamment grâce à l'augmentation
des moyens accordés à la Direction générale de la sécurité intérieure. Plus de
900 personnes fichées au fichier
FSPRT ont été expulsées du territoire national depuis 2015, dont plus de 800
depuis 2017. Et au quotidien, 10 000 policiers et gendarmes protègent plus de
850 sites sensibles. Face au terrorisme, il n'y aura pas de résignation, de
banalisation ni de normalisation. Nous ne laisserons jamais s'installer l'idée
qu'il faudrait apprendre à vivre avec. Nous ne nous résignerons jamais à
appeler les français à s'habituer au terrorisme. Et nous n'oublierons jamais
les noms des victimes et la Nation fera vivre la mémoire et le souvenir de
chaque homme, de chaque femme, martyrs de ce fléau.
Face aux attaques qui
cherchent à nous faire douter de nos valeurs, la réponse la plus forte c'est de
réaffirmer notre attachement à la République. Cette réponse a toujours été
celle du Gouvernement, elle a toujours été celle de la France, elle l’est
aujourd'hui plus que jamais, elle continuera de l'être. Les terroristes veulent
nous pousser à réduire durablement nos libertés parce qu'ils exécrent la
liberté. Ils voudraient nous pousser à renégocier l'égalité, à remettre en
cause la fraternité. Ils voudraient que pour que nous les combattions, nous
consentions précisément à sacrifier ce qu'ils cherchent à détruire.
Nous ne
répondrons pas au terrorisme par la terreur, nous ne répondrons pas à la haine
par la haine, nous répondrons avec la plus grande force et par tous les moyens
à cette menace. Je le redis, nous ne céderons sur rien, ni sur nos principes
démocratiques, ni sur notre état de droit, ce sont eux qui nous protègent de la
violence, de l'arbitraire et de la barbarie. La République continuera donc à
déployer tous les moyens nécessaires à la sécurité de notre territoire et de
nos concitoyens. Elle continuera aussi à lutter contre les extrémismes, à
commencer par le fanatisme religieux. Elle traquera derrière chaque
pseudo-prétendu loup solitaire, la meute invisible qui agit silencieusement,
qui arme idéologiquement et qui rend le passage à l'acte possible. Elle continuera
enfin à affirmer ses valeurs de laïcité, d'universalisme et de tolérance. Elle
le fera avec force, avec conviction, avec détermination, avec fierté. Elle le
fera dans l'unité de la Nation car ses valeurs sont l'identité même de la
France.
J'en viens maintenant au compte rendu du Conseil des ministres de ce
matin, qui est limité à un seul texte qui a été présenté par la ministre de
l'Europe et des Affaires étrangères, puisqu'elle a présenté un projet de loi
qui approuve un accord passé entre la France et le gouvernement du Land
allemand de Bade-Wurtemberg pour la création d'une compagnie de gendarmerie
fluviale sur le Rhin. C'est une compagnie de gendarmerie qui est dotée de 56
agents, dont 27 français. Elle existe en fait depuis 2012, mais elle n'avait
pas de vrai cadre juridique. Ce sera désormais chose faite. Et il s'agit d'une
étape importante en matière de coopération policière et douanière avec nos
voisins et amis allemands.
J'en ai terminé, je prends vos questions.
Bastien AUGEY
Bonjour, Bastien AUGEY
pour TF1 et LCI. Deux petites questions d'abord sur la frappe contre un hôpital
que vous avez mentionné au début. Est-ce que la France a ses propres
informations - ou suspicions - sur l'origine de cette frappe ? Et puis, une
deuxième question par rapport à l'autre point de votre propos sur la réponse au
terrorisme dans notre pays. Le ministre de l'Intérieur a dit qu'il voulait
pouvoir retirer des titres de séjour pour adhésion à l'idéologie djihadiste.
Très concrètement, est-ce que vous pouvez nous expliquer quelle forme ça peut
prendre ? C’est-à-dire est-ce que la base d’une simple suspicion pourrait
valoir le retrait du titre de séjour ou est-ce qu’il faudra une condamnation ?
Et puis est-ce que ça passera par un amendement au projet de loi immigration ?
Je vous remercie.
Olivier VÉRAN
Pour répondre d'abord à
votre deuxième question. Il faut savoir qu'actuellement, il n'est pas possible
de retirer un titre de séjour pour des comportements non constitutifs d'une
infraction pénale, mais démontrant des comportements non conformes à nos
valeurs. Par exemple, en milieu scolaire, le port ostensible de signes et de
tenues religieuses, qui représentent 50 % des signalements recensés par le
Ministère de l'Éducation nationale, ou encore aux guichets des services
publics, avec, par exemple, le refus d'être reçu ou entendu par un agent de
sexe opposé pour des motifs religieux. Et donc, le ministre de l'Intérieur
propose de retirer un titre de séjour en cas de non respect des principes de la
République, compris comme la liberté d'expression de conscience, comme
l'égalité entre les citoyens, en particulier l'égalité entre les femmes et les
hommes ou la liberté de l'orientation sexuelle, de la dignité de la personne
humaine, des symboles de la République au sens de la Constitution. Il s'agit de
sortir du tout pénal pour pouvoir retirer un titre allant sur les valeurs de la
République.
Bastien AUGEY
Et y compris de lever les
protections, parce que ça existe déjà, ça, on peut déjà expulser quelqu'un en
cas de risque de trouble à l'ordre public. Est-ce que…
Olivier VÉRAN
En cas de trouble à
l'ordre public. Mais là, il s'agit de pouvoir le faire lorsqu'il n'y a pas de
respect des valeurs de notre République.
Bastien AUGEY
Et est-ce que le but,
c'est aussi de lever toutes les protections, notamment pour les personnes qui
sont arrivées en France avant l'âge de 13 ans, comme le demande l'opposition ?
Olivier VÉRAN
Le but, il est de faire
en sorte que quand une personne étrangère dans notre pays ne respecte pas les
valeurs de notre République, par son comportement, par ses paroles, met en
danger la cohésion de la Nation, met en danger les valeurs républicaines,
n'adhèrent pas aux valeurs qui sont les nôtres et y compris d'ailleurs les
valeurs d'accueil des personnes qui en ont besoin. Lorsque cette personne ne
s'inscrit pas dans les pas de la République, que la République ne soit pas
contrainte de la conserver sur son territoire.
Bastien AUGEY
Y compris sur les
protections en levant (inaudible) ?
Olivier VÉRAN
C'est-à-dire qu’à chaque
fois que nous verrons qu'il y a des blocages qui existent, qui ne nous
permettent pas d'expulser des étrangers qui ne respectent pas ces valeurs de la
République, nous tenterons de les lever. Nous avons cette volonté-là. Sur la première
question que vous m’avez posée, pas davantage de choses à vous dire. Nous
ignorons encore. Et la France n'a pas de données en propre permettant de
déterminer l'origine des tirs. Vous savez que cela fait l'objet de discussions,
que la communauté internationale est très vigilante là-dessus. Ce qui n'empêche
pas évidemment de condamner le fait, quelle qu'en soit l'origine, qu'un hôpital
ait subi une destruction avec autant de morts civils.
Jacques SERAIS
Bonjour Monsieur le
Ministre. Jacques SERAIS Europe 1. Alors que la France n'a pas le droit de
renvoyer dans son pays un étranger qui serait soumis à des traitements
inhumains ou dégradants et ce même en cas de danger public menaçant la vie de
la nation, Gérald DARMANIN assume que la France soit condamnée par la Cour
européenne des droits de l'homme pour, je cite, « protéger les Français ».
Est-ce la position du Gouvernement dont vous êtes le porte parole, que de
passer outre la CEDH ?
Olivier VÉRAN
Il faut comprendre qu'il
y a parfois des avis qui peuvent être des avis contraignants pour l'Etat
français. Et parfois il peut y avoir des avis qui ne sont pas contraignants
pour l'Etat français. Par exemple, lorsqu'un tribunal vous ordonne de conserver
sur le territoire national une personne étrangère, quel que soit son statut,
évidemment, nous respectons la décision de justice. Et parfois les personnes
ont été expulsées, ça arrive que des personnes soient expulsées du territoire
national pour des raisons objectives et que la Cour européenne des droits de l'homme
puisse être saisie et que pour des raisons qui n'ont pas forcément d’ailleurs
trait, ni à l'origine de la personne qui a été expulsée et peut-être aux
conditions dans lesquelles ça a pu se faire, disent que les conditions de
l'expulsion n’ont pas été conformes aux règles en vigueur par la CEDH. Donc, ce
sont des cas de figure qui sont différents. Mais si un tribunal était saisi
suite à une décision de la CEDH, eh bien, le droit s’applique.
Thierry CURTET
Bonjour, Thierry CURTET
France 2. Deux questions : vous dites 43 attentats déjoués depuis 2017. Combien
depuis le début de l'année ? Et deuxième question : avez-vous évoqué en Conseil
des ministres la raison pour laquelle la France est particulièrement visée ? Et
à votre avis, pourquoi la France est-elle particulièrement visée ?
Olivier VÉRAN
Alors sur le nombre
précis depuis le début de l'année, je ne peux pas vous répondre, mais on peut
essayer de regarder si cette donnée peut être publique. Je le demanderai à mon
collègue ministre de l'Intérieur, Gérald DARMANIN. Ensuite, je redis, nous
sommes du côté de l'ordre et de l'unité. Et au fond, ce qu'on voit en France
comparé à certains pays européens autour de nous, c'est que cette capacité à
maintenir de l'unité nationale se fait dans de meilleures conditions que dans
certains autres pays. Vous parlez de savoir si la France est particulièrement
touchée. En tout cas, la France est régulièrement citée lorsque des événements
se déroulent au Moyen-Orient, au Proche-Orient, par des groupes islamistes
radicaux. Et la France a payé déjà un lourd tribut en termes d'attentats. La
France est un pays qui a une voix qui porte au niveau international et qui
défend les valeurs auxquelles elle croit. Mais ça ne fait pas de la France une
cible en particulier. Et d'ailleurs, ce qui s'est passé à Bruxelles et qui
était destiné à tuer des citoyens suédois le montre.
Vincent
Bonjour, Vincent
(inaudible) France Inter. J’ai deux questions. La première, c'est sur la
reconnaissance faciale proposée par un président de région. Laurent WAUQUIEZ
(inaudible) dans les lycées, il y aura une réunion en ce moment avec les
présidents de collectivités. Est-ce que vous êtes plutôt favorable à ce type de
dispositif, c'est-à-dire les caméras dans les lycées, avec l'intelligence
artificielle pour contrôler l'espace ? Et ma deuxième question qui n'a
absolument rien à voir, Samuel PAY avait bénéficié d'un hommage national dans
la cour de la Sorbonne après sa mort. Pourquoi il n'y a pas d'hommage national
à proprement parler, pour Dominique BERNARD. Est-ce un choix de la famille ?
Olivier VÉRAN
S'agissant de votre
deuxième question et de l'hommage national, je dirai simplement que le
président de la République se rend demain à Arras pour les obsèques qui sont
des obsèques qui sont organisées en lien avec évidemment la famille. Et pour
les questions ayant trait à l'organisation et des conditions demandées par la
famille en lien avec l'Elysée, je vous renverrais volontiers vers l'Elysée pour
ce faire. Je suis ici comme porte-parole du Gouvernement. Sur les propositions
qui ont trait à la sécurisation des établissements scolaires. Le ministre de
l'Éducation nationale, Gabriel ATTAL, a souhaité justement pouvoir consulter
l'ensemble des collectivités parce que je rappelle que les départements ont en
charge les collèges, les mairies ont en charge les écoles primaires et
maternelles. Et les régions en charge des lycées. Donc, si les représentants
des collectivités veulent faire des propositions à la table de la concertation,
il ne me revient certainement pas, ni à titre personnel ni au nom du
Gouvernement par anticipation, de dire ce que je pense de telle ou telle
disposition. Je laisse la concertation se faire.
Vincent
Merci.
Quentin CHATELIER
Bonjour. Quentin
CHATELIER pour Liaisons Sociales. Je reviens sur le projet de loi immigration.
Selon mes confrères du Monde ce matin, l'exécutif a choisi de passer par une
circulaire plutôt que par le projet de loi pour les titres de séjour métiers en
tension, ce qui aurait notamment pour conséquence de préserver le pouvoir
discrétionnaire des préfets. Est-ce que vous confirmez cette affirmation ?
Olivier VÉRAN
Alors, je vous redis la
même chose que chaque semaine, c’est le ministre de l’intérieur, Gérald
DARMANIN qui est chargé de la concertation autour de ce projet de loi
immigration pour identifier une majorité. A ce stade, aucune décision n’a été
entérinée par le Gouvernement d’aucune sorte s’agissant de l’évolution du texte
de loi qui sera présenté au Sénat le 6 ou le 7 novembre si ma mémoire est
bonne, et le ministre chargé des relations avec le parlement a annoncé hier que
l’examen serait anticiper à l’Assemblée nationale. Donc nous verrons d’ici là.
C’est encore une fois dans la négociation et la concertation est actuellement
dans les mains du ministre de l’Intérieur.
Léopold AUDEBERT
Monsieur le ministre,
bonjour, Léopold AUDEBERT pour BFM TV. Une première question je reviens sur ce
qu'évoquait Bastien tout à l'heure à propos de cette frappe sur un hôpital à
Gaza. Vous dites là, il y a une prudence du côté de la communauté
internationale. Mais pour autant, le président BIDEN, qui est en déplacement
aujourd'hui même, déclare que cette explosion à l'hôpital de Gaza était
probablement due, je cite, à la partie adverse faisant référence directement au
Djihad islamique. Pourquoi est-ce que du coup il y a des… la France, du coup ne
se positionne pas ? Est-ce que c'est vraiment par manque de données comme vous
le dites, par prudence ? Vous dites : la communauté internationale ne se
prononce pas, pour autant les États-Unis se prononcent quand même ce matin. Et
puis une question qui n'a pas de lien du tout, mais sur TotalEnergies qui qui
maintient le plafonnement du prix de ces carburants à 1,99 euros annoncé par
Bruno LE MAIRE ce matin. J'imagine que c'est une satisfaction pour vous en tant
que porte-parole du Gouvernement. Quel est le message aux Français que vous
adressez aujourd'hui par rapport à cette annonce ? Merci.
Olivier VÉRAN
Le président des États-Unis
a parlé de probabilités. Moi, je suis ici pour vous donner des faits lorsque
j'ai connaissance de ces faits. Donc chacun est libre de sa manière de
communiquer. Je vous redis la position de la France. Nous sommes en attente
d'avoir plus d'informations pour pouvoir parler de manière sûre sur l'origine
de ce tir. Ce qui nous empêche pas de condamner quelle que soit l'origine du
tir, encore une fois ce qui s'est passé. Sur la décision de Total, ce qu’il y a
évidemment une nouvelle qui est importante pour le pouvoir d'achat des Français
puisque cela veut dire que ça met à l'abri, si je puis me permettre, de ce qui
pourrait se passer, des conséquences sur le prix du carburant, des événements
internationaux. Et Total a pris ses responsabilités à la demande du
Gouvernement. On m’a bien interrogé il y a quelques semaines à ce sujet en
disant que le président de Total avait annoncé que peut-être qu'il supprimerait
le bouclier. Il le maintient pour toute l'année 2024. C'est évidemment une
nouvelle que nous accueillons bien.
Léopold AUDEBERT
Et un dernier point,
est-ce qu'il y a une réunion de sécurité qui a bien lieu ? Une troisième
réunion de sécurité qui a lieu ce soir à l'Elysée ? Est-ce que vous avez
connaissance de ça ?
Olivier VÉRAN
Je n'ai pas de confirmation
d’une sécu… Moi, j'ai été moi-même à la dernière réunion de sécurité qui s'est
tenue hier et donc nous regardons en fonction de l'évolution de la situation.
Léopold AUDEBERT
Mais vous n'y participez
pas ce soir ?
Olivier VÉRAN
Je vous dis que je ne
vous confirme pas la tenue de cette réunion. Nous regardons les choses
lorsqu'elles sont annoncées.
Léopold AUDEBERT
Merci.
Bastien AUGEY
A nouveau Bastien AUGEY
pour TF1-LCI. Est-ce que le Gouvernement va déclencher dès cet après-midi le
49-3 sur le budget ?
Olivier VÉRAN
Eh bien, vous verrez.
Non, mais si un 49-3 devait être présenté par la Première ministre, la primeur
en reviendrait évidemment aux parlementaires. Donc ni au porte-parole que je
suis, ni aux journalistes que vous êtes et qui me posez légitimement la question.
Bastien AUGEY
Est-ce que le
Gouvernement a un espoir que le débat permette d'arriver à un vote ou est-ce
que de toute façon, ce sera 49-3 ?
Olivier VÉRAN
Je rappelle ce que j’ai
dit et que je peux volontiers rappeler ici, c’est que la France doit disposer
d’un budget pour payer les dépenses d’assurance maladie, pour payer les
fonctionnaires, pour payer l'assurance chômage, pour payer les minimas sociaux
pour fonctionner. Et que si les conditions ne sont pas réunies au Parlement qui
nous permette de dégager une majorité absolue, ce qui est par principe le cas
puisque nous sommes la majorité relative, alors la Constitution prévoit de
permettre au Gouvernement d'engager sa responsabilité devant le Parlement.
Journaliste
Alors, il y a une chose
pour le coup qui relève de vous, c'est qu'il faut qu'il y ait une autorisation
ou une délibération en Conseil des ministres. Est-ce que vous pouvez nous
confirmer que ce matin ou les semaines passées, l'utilisation du 49-3 a bien
été autorisée en Conseil des ministres ?
Olivier VÉRAN
Sur l'ensemble des textes
budgétaires et comme cela avait été annoncé, comme c'était le cas l'année
dernière, la discussion qui portait sur le recours si nécessaire au 49-3
s'était tenue, avait eu lieu.
Journaliste
Merci.
Olivier VÉRAN
Pas ce matin
spécifiquement, mais il y a plusieurs semaines de ça.
Elisabeth PINEAU
Bonjour ! Elisabeth
PINEAU de l’agence Reuters. Une question sur les otages français du Hamas. Vous
avez donné le dernier bilan. Est-ce qu'on a des preuves de vie et des nouveaux
éléments ? Et quels pays sont impliqués dans les négociations les concernant ?
Les pourparlers en tout cas.
Olivier VÉRAN
Tous les pays qui,
d’abord, ont des ressortissants qui sont
captifs ou disparus depuis l'attaque du Hamas contre Israël sont évidemment
mobilisés. La France en premier lieu, avec l'ensemble de ses partenaires et l'ensemble
des pays de la région, pour arriver à tout mettre… comme tout mettre en œuvre
pour arriver à les libérer. Ensuite, il y a des informations qui sont du
domaine sensible dont je n'ai même pas forcément à connaître moi-même. Vous
comprendrez que je ne donnerai pas ici.
Elisabeth PINEAU
J'ai une question sur
TotalEnergies, donc vous avez voilà donc Total maintient le plafonnement, mais
en contrepartie, en quelque sorte, il n'y a pas de taxe sur les superprofits
dans le PLF de 2024. Et tout le monde n'est pas d'accord au sein de la majorité
sur ce point, qu’est-ce que vous pourriez nous dire là-dessus ?
Olivier VÉRAN
Toute la majorité est
alignée derrière un mot d'ordre qui est le mot d'ordre de notre majorité, qui
est notre ADN politique et qui est rappelé constamment à juste titre, par le
président de la République et la Première ministre : pas d'impôts supplémentaires,
pas de dépenses publiques supplémentaires, sauf lorsque cela porte sur les
services publics et les priorités comme la sécurité et la santé et l'école. Et
pas de dette supplémentaire.
Journaliste
Mais là, c'est un accord
entre Total et le Gouvernement.
Olivier VÉRAN
Mais je vous dis que de
manière générale, c'est notre ligne, et c’est depuis 6 ans, nous baissons les
impôts et ne nous mentons ni les impôts, ni les taxes. Ensuite, sur la question
de la fiscalité des entreprises, l'équilibre est en cours de discussion au
parlement même. Donc, je ne vais pas solder un débat qui va commencer à se
tenir cet après-midi. Enfin qui a commencé à se tenir hier, mais qui n'a pas
encore été abouti.
Journaliste
Pour rester sur les
questions budgétaires. Sophie BINET a interpellé la Première ministre lundi sur
la question de la ponction de l'Agirc-Arrco. Le Premier ministre, il n'a pas
répondu dans son discours de clôture à la conférence sociale. Est-ce qu'une
décision a été prise par l'exécutif pour savoir si vous alliez ou non
ponctionner l'Agirc-Arrco ?
Olivier VÉRAN
Alors moi, je ne
retiendrai de toute façon pas le mot de ponction. La question, si je me permets
de la reformuler, c'est : y a-t-il un dispositif qui est prévu dans le budget
qui permette de faire en sorte que les économies générées par la réforme des
retraites ne servent pas à des dépenses supplémentaires pour les retraites
complémentaires des cadres de notre pays et permettent de réduire les déficits
de la dette pour pouvoir engager la dépense publique là où nous estimons quelle
est le plus utile, c'est-à-dire dans les services publics et la sécurité. Si je
reformule la question. Eh bien la réponse, elle relève du débat parlementaire
et donc, nous verrons.
Romain CLUZEL
Bonjour, Romain CLUZEL
pour RMC. Concernant Arras, l’hommage qui a lieu demain, en marge des
funérailles du professeur, Gérald DARMANIN a annoncé hier lors de la… Enfin
devant la commission des lois de l’Assemblée que le Président avait accepté, en
tout cas décidé, de décorer d’ordres nationaux les forces de l’ordre qui
étaient intervenues lors de l’attaque. Est-ce que cela sera fait dès demain ?
Est-ce que c’est le président de la République qui le fait ? Est-ce que vous
avez quelques détails à nous donner là-dessus ?
Olivier VÉRAN
Je n’ai pas de détails,
je n’ai pas les détails mais vous avez l’annonce, c’est le principal. Une
dernière peut-être ?
Valérie LEROUX
Valérie LEROUX de l’AFP.
Plusieurs responsables politiques, dont M. RETAILLEAU,
encore ce matin ont
demandé au président de la République de
se rendre au Proche-Orient aux vues de la situation actuelle, et notamment en
Israël, pour réaffirmer la solidarité de la France vis-à-vis d'Israël. Est ce
qu'un tel projet est envisagé ou envisageable à court terme ?
Olivier VÉRAN
D'abord, en amoureux que
je suis de notre vie parlementaire et de nos institutions, étant ministre
chargé des questions démocratiques, je rappellerai à chacun que la politique
étrangère de la France est l'apanage du président de la République, et que la
Constitution et les institutions sont très claires là dessus. Donc il n'y a pas
d'injonction qui puisse être faite au président de la République en la matière.
Et je suis porte-parole du Gouvernement, je m'applique donc cette règle, et je
vous renvoie volontiers vers l'Elysée qui vous répondra sur le fait de savoir
s'il y a lieu - ou non - que le Président se rende au Moyen-Orient ou au
Proche-Orient.
Journaliste
Oui, excusez-moi, juste
une dernière question. Six aéroports ont été…
Olivier VÉRAN
Des fois je me méfie de
vos dernières questions…
Journaliste
Six aéroports ont été
évacués dans la matinée. Avez-vous des informations par rapport à ça ? Mais
plus globalement, Elisabeth BORNE expliquait hier ou avant-hier qu'il ne
fallait pas que le pays s'arrête de vivre tout simplement par rapport au
terrorisme. Est-ce que vous n'avez pas le sentiment qu'il y a un peu une
psychose qui s'installe dans le pays ?
Olivier VÉRAN
Alors, je ne parlais pas
de psychose. Il y a de la peur, elle est légitime, parce que le pays a été
frappé, la Belgique a été frappée. Et nous en avons parlé depuis le début de ce
compte rendu de l'impact de la situation au Proche-Orient sur les pays
européens. Mais la peur, elle ne doit pas être paralysante, en aucun cas. Et
c'est ce qu'attendent d'ailleurs les terroristes : nous terroriser. Donc, qu'il
puisse y avoir de la vigilance, et moi, je préfère parler de société de
vigilance, de devoir de vigilance, oui. Et lorsqu'il y a des alertes qui sont
faites, en lien avec les préfets, nous évaluons la situation, au cas par cas.
La vigilance, oui, la peur, non, et encore moins la terreur, et donc pas la
psychose.
Journaliste
Et par rapport aux
alertes à la bombe qui ont pu avoir lieu…
Olivier VÉRAN
Je vous dis, quand il y a
une alerte à la bombe, la situation est évaluée en lien avec les préfets et,
s'il y a lieu de procéder à des vérifications, il est normal de mettre à l'abri
les personnes qui y sont potentiellement exposées, le temps de faire les
vérifications. Et comme j'en ai pris l'habitude, je vais dire un petit mot de
l'application Agora que nous avons lancée en matière de démocratie
participative.
D'abord, pour vous dire qu'on est à plus de 65 000
téléchargements, une communauté de 65 000 « agoranautes », en pas tout à fait 20 jours,
qu'il y a eu plus de 100 000 votes pour l'ensemble des questions citoyennes qui
ont été posées, et plus de 10 000, nous atteindrons les 10 000 réponses aux
différents questionnaires dans les délais impartis. Et je répondrai à la
question, enfin nous répondrons, le Gouvernement répondra ,à la question qui a
été la plus posée cette semaine, et qui a été la plus likée cette semaine, 1700
votes, qui porte sur la reconnaissance des troubles psychologiques et cognitifs
et leur potentiel remboursement lorsqu’il y a des soins faits par des
psychologues.
J’avais pris l’habitude de répondre aussi ici à d’autres
questions. Et je vais répondre à une question qui est arrivée parmi les
questions les plus posées cette semaine, et qui relève des enjeux démocratiques
; c’est pour ça que je la prends volontiers. Elle nous est posée par Edgar, et
elle porte sur la reconnaissance du vote blanc.
D’abord, je voudrais répondre à
Edgar que nous avons avancé sur cette question. Depuis la loi du 21 février
2014, les votes blancs sont comptabilisés de manière séparée des bulletins
nuls. Concrètement, le nombre de votes blancs est bien mentionné dans les
résultats du scrutin. L’acte de voter blanc, dont je sais qu’il est parfois un
geste politique, qui permet d’exprimer un désaccord vis-à-vis de l’offre
électorale n’est donc pas un geste vain ou inutile, comme je l’entends parfois.
Il n’empêche, c’est vrai, les votes blancs à ce jour ne sont pas comptabilisés
dans les suffrages exprimés.
Et là, le Conseil constitutionnel nous a alerté
sur les conséquences techniques indésirables d’une telle comptabilisation,
surtout si on décide de fixer un taux de vote blanc au-delà duquel l’élection
serait invalidée. En pratique, la comptabilisation du vote blanc dans les
suffrages exprimés pourrait ainsi empêcher le candidat arrivé en tête d’une
élection d’obtenir la majorité absolue des suffrages exprimés, exigée par
l'article 7 de notre Constitution. On prendrait alors le risque de bloquer le
système et de créer davantage d'instabilité dans un contexte démocratique déjà
difficile.
Le vote blanc, c'est l'arbre qui cache la forêt, la manifestation
d'une défiance démocratique profonde à laquelle nous devons continuer de
répondre. Derrière votre question, Edgar, il y a souvent le sentiment d'une classe
politique qui serait déconnectée, éloignée des citoyens. Tout ce qui peut
contribuer à réduire ce fossé, nous voulons le faire. Depuis 2017, avec le
grand débat national, les conventions citoyennes sur le climat et la fin de
vie, les conseils nationaux et de la refondation, c'est ce à quoi nous nous
employons.
Et Agora qui me vaut de vous répondre aujourd'hui, s'inscrit dans
cette même dynamique. Nous devons continuer à innover et à aller plus loin. Et
pour cela, nous avons besoin de vos idées, de vos contributions. Je vous
invite, donc, si vous ne l'avez pas encore fait, à télécharger l'application.
Je vous remercie.