Compte rendu du Conseil des ministres du 17 avril 2024
Prisca THEVENOT
Bonjour à toutes et à tous.
Comme vous avez pu le remarquer,
je suis accompagnée aujourd’hui, non pas d’un collègue, mais de deux collègues.
Le garde des Sceaux qui arrive effectivement, mais également le ministre de
l’Intérieur et des Outre-mer.
Merci, chers collègues, d’être là. Vous allez
pouvoir, ici, en compte rendu du Conseil des ministres, faire le bilan, mais
également les prochaines actions d’un travail coordonné, extrêmement important,
à l’endroit de notre lutte contre les stupéfiants qui est un enjeu qui gangrène
de nombreux quartiers et qui pourrit la vie de nombreuses familles. Merci
encore à vous d’être là et je vais être très rapide dans mon propos liminaire
pour vous laisser la place belle pour faire ce propos.
Le président de la
République a tenu à rappeler à l'occasion du Conseil des ministres qui vient de se
tenir qu’il était important et primordial que nous continuions
à maintenir notre cap, à tenir notre agenda pour continuer à agir pour une
France plus juste, une France plus forte. Ce fil rouge qui guide notre action
depuis maintenant 2017 nous a permis d’avoir des résultats concrets. Des
résultats concrets et quantifiables. Nous sommes pour la quatrième année
consécutive le pays d’Europe à avoir le plus d’attraction d’attractivité pour
les capitaux étrangers, les investissements étrangers. Nous avons réussi depuis
2017 à créer plus de 2,4 millions d’emplois. Nous avons réduit, enfin, le
chômage pour en finir avec le chômage de masse qui était pendant longtemps
considéré comme une fatalité. Nous avons également une des croissances les plus
fortes de la zone euro.
Avec lucidité, nous maintenons ce cap et avec
responsabilité, nous allons continuer à agir, à agir notamment dans le cadre du
programme de stabilité qui a été présenté par le ministre chargé de l’Économie et du
Budget. Ce programme de stabilité rappelle nos ancres : réindustrialiser,
continuer à renforcer et investir pour nos services publics, aller, bien
évidemment, vers l’objectif du plein emploi pour continuer à mener des réformes
structurelles dont le pays a besoin pour le quotidien de nos concitoyens.
Cette
force plus forte, c’est celle aussi qui a le sens de son histoire. À cette
occasion, le président de la République s’est rendu cette semaine dans le
Maquis du Vercors pour témoigner du 80ᵉ
anniversaire du Débarquement, dont les célébrations
ont pleinement commencé. Une France forte, c'est
aussi celle qui rappelle que l'autorité,
l'autorité doit s'appliquer, partout, pour tous. À cette occasion, le ministre de la Justice aura
sûrement l'occasion d'y revenir en compagnie du ministre de l'Intérieur et des
Outre-mer. Je tiens à vous annoncer que le Premier ministre Gabriel ATTAL ira demain à Viry-Châtillon pour détailler un plan d'action bien précis sur
cet enjeu qui est attendu de tous, dans la continuité de notre action depuis
2017.
Enfin, un moment important dans ce compte-rendu du Conseil des ministres
pour la troisième fois consécutive, un moment, lutte contre les fake news,
lutte contre les mauvaises informations.
En premier lieu, il est faux de dire
que la France ne peut pas convoquer l'ambassadeur d'Iran suite à l'attaque
d'Israël, car l'Iran n'aurait pas d'ambassadeur sur notre sol. Force est de
constater qu'il a été convoqué le 15 avril 2024 pour rappeler notre position ferme
quant à la condamnation par la France de l'attaque faite le 13 et 14 avril
dernier. Autre point : non, la France ne perd jamais le commandement de ses
forces placées sous pavillon de l'OTAN. Nous sommes souverains et nous le
restons, bien évidemment.
Enfin, un point de vérité : oui, la Flamme olympique
a été allumée hier et est en route, en route pour Paris et nous pouvons le dire
aujourd'hui, nous sommes prêts. Oui, la France est prête à accueillir les Jeux
olympiques et paralympiques. Au-delà de l'enjeu de sécurité, au-delà de l'enjeu
sportif, c'est une prouesse technique qui a été réalisée par notre pays et nous
pouvons le dire aujourd'hui : collectivement, nous sommes au rendez-vous de nos
ambitions qui avaient été portées il y a quelques années de cela par le
président de la République lui-même. Les infrastructures ont été livrées, le
village olympique a été inauguré, le budget a été maintenu, budget à 96 % par
des recettes privées. Les enjeux environnementaux ont été respectés et l'héritage des Jeux, sera bien évidemment présent. Et je peux en
témoigner puisque j'étais moi-même la semaine dernière à La Courneuve, sur le
centre aquatique d'Annette KELLERMANN, qui permettra également à tous les
habitants de la Seine-Saint-Denis de bénéficier des Jeux olympiques et
paralympiques.
Enfin, et en dernier lieu, à l'ordre du jour, il y a eu
également la validation de deux accords présentés par le ministre des Affaires
étrangères et de l'Europe. Un accord sur la création d'un espace aérien commun entre
l'Union européenne et ses États membres, avec la République d'Arménie et
l'Ukraine, et un deuxième accord entre la France et l'Indonésie en matière de
coopération dans le domaine de la défense.
Je vais casser tout de suite le
suspense. Aujourd'hui, il n'y aura pas de question Agora. Il y en aura en
revanche deux la semaine prochaine.
Merci. Je vous laisse.
Gérald DARMANIN
Merci Madame la
porte-parole. Chère Prisca, Monsieur le Garde des Sceaux, cher Eric. Bonjour,
Mesdames, Messieurs. Le président de la République, dans une intervention
télévisée, en fin d'année dernière, a lancé les opérations « Place nette ». Des
opérations qui mobilisent énormément le Ministère de l'Intérieur dans toutes
ses composantes : police, gendarmerie, service de renseignement, évidemment le
Ministère de la Justice. Et je vais aussi souligner la contribution du
Ministère de l'Économie et des Finances par l'action des douanes, notamment.
Ces opérations « Place nette » prévoient une attaque à 360 degrés de la lutte
contre les stupéfiants, contre la drogue, qu'il s'agisse évidemment des points
de deal, qui est notre objectif numéro un. Je rappelle que, à partir du moment
où nous avons cartographié et listé la liste des points de deal en France, plus
de 4 000 en 2020, on est à 2 985 aujourd'hui. C'est-à-dire que même des points
de deal qui se reconstituent ne remplacent pas le millier de points de deal
supprimé depuis plus de 3 ans et demi d'actions collectives. Donc la lutte
d'abord contre ces points de deal et la lutte contre l'intégralité de
l'écosystème de la drogue, des commerces légaux ou illégaux qui blanchissent
cet argent. Le travail, évidemment,
de suivre l’argent, “follow the money”, comme on dit dans la lutte contre la
mafia italienne, le travail contre l’immigration irrégulière, trop souvent en
lien et exploité par des réseaux de trafiquants, un travail international de
coopération judiciaire et policière et un travail de salubrité publique,
évidemment, notamment l’enlèvement des encombrants, des épaves, des tags et de
la restauration du cadre de vie. C’est donc un travail en profondeur que nous
avons à mener sur 490 opérations “Place nette”, dont 24 en outre-mer. Je me
rendrai, d’ailleurs, ce soir, en Guadeloupe pour lancer l’opération “Place
nette” en Guadeloupe, réalisée donc depuis la fin de l’année dernière. Et ce
travail est d’autant plus important que nous luttons, au jour le jour, sur
d’autres transformations du marché de la drogue qui, sans doute, tirent des
conséquences de notre présence très nombreuses sur la voie publique, notamment
avec les points de deal numérique : Snapchat, Telegram, Signal et d’autres
applications où les gens se donnent rendez-vous et ces adaptations, dans ce
point de deal numérique, montrent sans doute que l’occupation du domaine public
des policiers et des gendarmes crée de la difficulté chez les vendeurs de
drogue et notamment de très belles affaires suite aux enquêtes [inaudible] -
que la loi nous permet désormais de faire sous l’autorité des magistrats - de
points de deal numériques démantelés et des livraisons à domicile, puisque la
police et la gendarmerie étant particulièrement présentes sur la voie publique,
sur les points de deal. Désormais, une transformation se fait avec une forme
d’ubérisation, pardon pour le mot, de livraison à domicile de la drogue, par
scooter ou par voiture, notamment. De très belles opérations ont lieu
d’ailleurs, en ce moment même à Marseille et en Seine-Saint-Denis pour lutter
contre ces livraisons à domicile. À l’intérieur de ces 490 opérations “Place nette”,
qui ont mobilisé plus de 55 000
policiers et gendarmes, nous voulons, avec le Garde des Sceaux, particulièrement insister sur les 9 opérations “Place
nette” XXL lancées
par le président de la République
à Marseille, chacun s’en
souvient, au nord de Paris, en Seine-Saint-Denis, dans l'agglomération
lilloise, dans l'agglomération lyonnaise, à Dijon, à Clermont-Ferrand, à
Toulouse, à Nantes et à Strasbourg. Sur ces 9 opérations XXL, 67 924 effectifs de police et de gendarmerie ont été
engagés, pour 3 814 interpellations. Le Garde des Sceaux
précisera bien évidemment la réponse pénale. Plus de 500 armes saisies, plus de
170 véhicules saisis. Et pour l'intégralité des opérations “Place nette” en
France, c'est 4 tonnes de drogue saisies et quasiment 20 millions d'euros, en
argent frais ou en immobilier, que nous avons saisis. Je voudrais notamment
prendre l'exemple de Marseille, ce que le Garde des Sceaux détaillera
également, pour évoquer la présence constante des policiers au moment où nous
parlons encore, bien-sûr, dans les quartiers qui peuvent connaître, et on le
sait tous, un trafic de drogue important. La démonstration faite, il y a
quelques mois, sur La Paternelle, qui était le plus haut lieu de la drogue à
Marseille, est désormais… La quiétude est revenue dans le quartier avec des
policiers qui ne sont plus présents 24 heures sur 24 et dont les dealers sont
partis, puisque nous avons travaillé sur les nourrices, nous avons travaillé
sur le réseau international. Vous avez vu les interpellations que nous avons
faites à l'étranger grâce à nos coopérations policières et judiciaires. Les
mises en écrou de personnes qui étaient responsables de ce trafic à La
Paternelle montrent qu'aujourd'hui, et beaucoup de reportages de vos confrères
ou de vous-même le démontrent, le quartier de La Paternelle a été débarrassé de
la drogue. Nous faisons ce même travail à La Castellane qui, évidemment,
connaît, par sa population et sa configuration, une présence 24 heures sur 24
de la police nationale, mais aussi dans d'autres cités. Encore, il y a quelques
heures, un très gros trafic a été démantelé dans ce qui tenait le quartier des
Oliviers à Marseille. Parce que c'est aussi évidemment le cas à Campagne
Lévêque, à Air-Bel, à Château Saint-Loup, à Font-Vert, à Moulin de Mai, à Félix-Pyat,
bref, l'intégralité des cités, qu'elles soient au Nord, au Centre, au Sud de la
ville de Marseille, sont aujourd'hui gérées en sécurité par les unités de
forces mobiles, puisque nous avons 6 unités de forces mobiles, par exemple, qui
sont à Marseille et notamment, dans ces quartiers. Je voulais d'ailleurs dire
que l'arrivée de la flamme à Marseille où la présence nombreuse des forces de
l'ordre sont là pour sécuriser à la fois l'arrivée de la flamme et le concert
géant qui se tiendra. Et le lendemain, évidemment, le relais de la flamme
n'empêchera pas la présence pendant tous les Jeux olympiques, des forces de
l'ordre, notamment à La Castellane et à Marseille, pour que nous puissions à la
fois lutter contre le trafic de drogue et en même temps sécuriser le plus grand
événement mondial. C'est ce que je voulais vous dire en quelques mots avant de
laisser la parole à Monsieur le garde des Sceaux.
Éric DUPOND-MORETTI
Mesdames et Messieurs,
d'abord, ce que je voudrais vous dire, c'est que nos deux ministères, ça n'a
pas toujours été le cas par le passé, mais nos deux ministères ont réussi à ne
plus cultiver ce qu'on appelle « l'avancée en silo », c’est-à-dire que nous
travaillons ensemble. Et qu'il s'agisse des violences intrafamiliales, ce n'est
pas le sujet du jour, qu'il s'agisse de ce qui se passe dans les écoles, nos
deux ministères travaillent vraiment, main dans la main. Je voudrais vous dire
que ce qui caractérise ces opérations “Place nette” XXL, c'est la
pré-judiciarisation ; c'est-à-dire qu’en amont, préfectures, forces de sécurité
intérieure, douanes, magistrats travaillent ensemble. Et ça, c'est, si j'ose
dire, une première. Et ça porte ses fruits. Et voilà les fruits en question.
Sur les opérations “Place nette” XXL, nous avons 599 personnes qui ont été
déférées ; 260 comparutions immédiates ; 83 ouvertures d'information ; 186
mandats de dépôt. Les chiffres des différentes saisies de l'argent, des
véhicules, des stupéfiants ont été évoqués par Monsieur le ministre de
l'Intérieur et des Outre-mer et je voudrais vous dire que parallèlement à cela,
j'ai mis en place, et c'était bien le moins, des opérations “Cellule nette” et
nous avons notamment dans les établissements PACA et Corse, la direction
interrégionale des services pénitentiaires de Marseille, 8 opérations qui ont
été conduites en 3 semaines et qui ont donné lieu à 100 fouilles concernant 200
détenus, parmi lesquels des détenus affiliés à la DZ Mafia et à l'autre groupes
criminels appelés Yoda, cellule perquisitionnée puis re-perquisitionnée,
parfois même 3 fois perquisitionnée. Les résultats sont importants : 63
téléphones portables saisis, 24 clés USB, 16 cartes SIM qui, bien évidemment,
vous l'imaginez, sont à l'analyse. Parallèlement à ça, d'autres opérations sont
en cours, notamment à la Direction interrégionale des services pénitentiaires
de Strasbourg, et des opérations de cette nature auront vocation à être
effectuées dans les prisons françaises, dans tous les établissements
pénitentiaires. Voilà les résultats que je souhaitais vous communiquer. Je veux
également vous dire, à propos de Marseille à proprement parler, nous avons 461
gardes à vue. Nous avons 300 déferrements. Nous avons 49 écrous. Et les écrous
se distinguent entre comparution immédiate et naturellement information judiciaire.
Et les informations judiciaires ont bien évidemment pour objet de toucher, de
« taper », si vous me permettez ce
verbe, le haut du spectre de la délinquance. Voilà ce que je voulais vous dire.
Et puis, un dernier mot, puisque souvent, on nous dit : « Mais tout ça, c'est
de la mobilisation d'énergie. » Et j'entends un certain nombre de critiques. Il
faut dire que l'époque est souvent à la critique et à la polémique. Mais vous
le savez, j'ai eu l'honneur d'accompagner Monsieur le Premier ministre au
Canada. Et en marge des deux rencontres que j'ai pu faire avec mes deux
homologues, canadiens et québécois, je suis allé regarder un peu comment
fonctionnait, au fond, la loi canadienne qui remonte à 2018. Et je suis allé
regarder quelque chose de tout à fait officiel, qui s'appelle Statistics Canada
et que je vous invite, si vous le voulez bien, à aller vérifier. Et on y
constate, en réalité, qu'il y a, depuis que la loi a été votée, 2 millions de
personnes, 2 millions de consommateurs en plus. Et on constate également que le
haut du spectre de la criminalité continue le trafic. Alors, évidemment, ils se
sont adaptés. C'est aujourd'hui un trafic qui consiste essentiellement dans des
produits qui sont exportés vers les États-Unis. Ceux qui pensent que tout est
réglé et que, si vous me permettez cette expression audacieuse, « L'herbe est
plus verte ailleurs ». Je pense que ceux-là se trompent. Nous, nous persistons.
Nous voulons à la fois taper les trafiquants du haut du spectre, du spectre
moyen et également les consommateurs, puisque je veux le rappeler ici, pas de
consommateurs, pas de trafiquants. Voilà, Mesdames et Messieurs, ce qu'en
quelques mots je souhaitais vous dire de ce travail qui est un travail
collectif.
Simon LE BARON
Bonjour Messieurs les
Ministres. Simon LE BARON pour France Inter. Vous évoquiez justement, Monsieur
le Garde des Sceaux, ces critiques, notamment de magistrats, qui estiment que
c’est une débauche d’énergie et de moyens pour des résultats insuffisants,
décevants. Justement, on a du mal à se rendre compte de la réalité des chiffres
que vous avez égrenés pendant plusieurs minutes. Est-ce que c’est une
réussite ? Voilà, est-ce que ces opérations Place nette, Place nette XXL, sont
en mesure de porter un coup important aux trafics de drogue en France ?
Éric DUPOND-MORETTI
Les chiffres parlent
d’eux-mêmes, si j’ose dire. Méritent-ils d’autres commentaires ? 20 millions
d’euros d’actifs criminels saisis, est-ce que ça ne vous paraît rien ?
Simon LE BARON
Je ne sais pas quel est
le chiffre d’affaires du trafic de drogue en France.
Éric DUPOND-MORETTI
Mais il est important.
Mais enfin, quand on se déploie et qu’on travaille main dans la main :
préfecture, douanes, forces de sécurité intérieure, magistrats, qu’on obtient
20 millions d’actifs saisis, je pense que c’est quelque chose qui parle. Quand
on regarde les chiffres que je viens de vous communiquer, de déferrements, puis
de placements en détention, puis d’ouverture d’informations, ce n’est
évidemment pas rien. Et je pense que Monsieur le Ministre de l’Intérieur des
outremers pourra vous dire combien de points de deal ont été démantelés dans le
pays. C’est important, mais on ne peut pas s’arrêter là. Et surtout, nous, on
n’est pas venu faire un exercice de culturisme judiciaire, en vous disant : on
a tout réglé. Non, ce que je dis, c’est que ce que nous avons fait est bien
utile au fond. Et puis, allez voir les gens de la Castellane, rencontrez-les,
moi je l’ai fait, ils disent : « Merci d’être venus, parce que vous nous
débarrassez des gens qui nous pourrissent la vie au quotidien ». Et je
voudrais, pardon de le dire, or, je sais que ce n’est pas très à la mode, mais
que s’il n’y a pas de consommateurs, même dans le cadre, dit-on, festif, il n’y
a pas de trafiquants. Et chaque fois qu'on se fume un petit pétard le week-end,
on devrait penser aux gens de la Castellane, qui n'en peuvent plus d'être
pourris au quotidien par les trafiquants. Voilà, les choses sont là, les
chiffres sont là. Nous, on est plutôt fiers de nos chiffres. Alors, je sais, je
l'ai dit tout à l'heure, que l'époque n'est plus à la nuance, qu'elle est
souvent à la polémique, souvent d’ailleurs aux polémiques stériles. Quand on
nous a donné des exemples étrangers, je m'y suis arrêté un tout petit instant
pour vous montrer que nous n'avons sans doute pas tort de faire ce que nous
faisons. En tous les cas, nous, on y croit dur comme fer.
Simon LE BARON
Justement, vous évoquez…
mais cette question, justement, s'adresse sans doute davantage au ministre de
l'Intérieur. Vous évoquiez les quartiers nord de Marseille. Il y avait eu cette
polémique il y a quelques semaines, après la visite du président de la République,
et des articles de presse disant que les dealers s'étaient installés, dès le
lendemain en fait. Est-ce que vous garantissez que ces points de deal que vous
démantelez le sont pour de bon ?
Gérald DARMANIN
Alors d'abord, c'était
faux, et je pense que ça a été non seulement démontré, mais qu'aujourd'hui,
beaucoup d'entre vous sont allés à La Castellane et beaucoup désormais y voient
des policiers. J'ai même vu des articles pour dire qu'il y avait parfois trop
de policiers à La Castellane, ce qui nous change sans doute des époques
précédentes. Donc, les policiers et les gendarmes sont restés 24 heures sur 24.
C'est le cas dans les quartiers de Roubaix, c'est le cas dans les quartiers de
Vaulx-en-Velin, c'est le cas dans les quartiers de Seine-Saint-Denis. On peut
témoigner, entendre ce que dit aussi le maire de Saint-Denis ou le maire de
Saint-Ouen, qui ne sont pas de la famille politique qui est la nôtre
aujourd'hui, du maire de Marseille qui remercie le Gouvernement, qui n'est pas
de notre famille politique, d'une présence sans comparaison des policiers sur
place et qu'en effet, il n'y a pas de retour de ces dealers. Alors maintenant,
moi, j'entends votre question Monsieur. Mais finalement, qu'est-ce qu'on vous
propose avec le Garde des Sceaux sous l'autorité du Président ? Il y a deux
façons de faire. Soit il y a un volontarisme politique qu'il faut sans cesse
recommencer, c'est vrai. Ou alors, il y a l’acceptation d’un état de fait des
trafiquants qui dirigent un marché très juteux, parce que vous avez raison, la
drogue, c'est beaucoup d'argent. Des pays ont choisi de baisser les bras, de
légaliser et de ne plus pénaliser, de ne pas y mettre les policiers, les
gendarmes. Certains pays s'en mordent les doigts avec désormais des
organisations criminelles qui sont assez fortes pour tenir en coupe réglée des
ports, pour menacer des journalistes, assassiner des journalistes qui font des
enquêtes, pour assassiner des avocats, pour assassiner des magistrats, pour
assassiner des policiers, pour mettre sous otage des enfants de politiques. Je
pense à l'ancien ministre de la justice de Belgique, par exemple, ou à la…
exactement la famille royale néerlandaise. Ce n'est pas très loin d'ici, c'est
au Benelux. Quand on a laissé tomber la bataille contre la drogue, on laisse
les organisations criminelles avoir énormément d'argent. Avec cet argent, la
corruption est au rendez-vous chez les fonctionnaires. La corruption est au
rendez-vous chez les ports. Des mises en règlement de comptes sont mises sur
des personnes comme vous qui faites votre travail démocratique. Et il faut bien
voir avec cet argent immense, les trafiquants font de la recherche et du
développement, et ils font notamment ce qui nous préoccupe tous, la drogue de
synthèse, qui est la grande augmentation de la drogue que nous constatons dans
le monde. Et il y a des pays notamment qui ont en partie légalisé ou qui ont
laissé tomber la bataille contre la drogue. Je pense à une partie des
États-Unis d'Amérique. Vous avez vu que l'État de l'Oregon est revenu en
arrière d'ailleurs, sur sa légalisation où le fentanyl, la drogue de synthèse
qui est le fentanyl, est la première cause de mortalité aux États-Unis.
Première cause de mortalité aux États-Unis, c'est la drogue de synthèse. Donc,
nous, notre choix, ce n'est pas de laisser tomber parce que c'est difficile,
bien sûr que c'est difficile et bien sûr que le combat contre la drogue va
dépasser la place qu'on aura au ministère de la Justice et de l'Intérieur,
évidemment. Mais c'est une bataille de volontarisme pour limiter la place des
organisations criminelles et pour éviter qu'elles prennent trop de place en
concurrence des États, pour ne pas qu'il n’y ait des narco-Etats qui
concurrencent des États. Aujourd'hui, si je devais résumer, pendant longtemps,
dans certains quartiers, on a vu beaucoup d'articles de presse expliquant le
harcèlement des dealers sur la population. Là, c'est nous qui harcelons les
dealers. La chose est inversée. Alors, est-ce que tout est réglé partout ? Non,
vous avez parfaitement raison. Mais vous savez la question que vous évoquez des
critiques sur : est-ce que c'est assez efficace ? J'ai été maire d'une commune.
Si vous êtes maire et quelqu'un vient vous voir dans la rue et vous dit : «
Monsieur le maire, la rue est sale », et que vous répondez : « Bah vous savez,
elle sera sale la semaine prochaine, ce n'est peut-être pas la peine de la
nettoyer ». Vous vous dites, c’est un drôle de maire quand même. Bien sûr que
la rue sera sale dans une semaine ou dans 15 jours. Mais mon travail, c'est
quand même, en tant que maire, d'organiser la propreté du service. Après,
essayez de savoir pourquoi la rue est sale : est-ce que l'arbre est mal coupé ?
Est-ce que quelqu'un sort mal ses poubelles ? Est-ce que les gens jettent des
paquets par terre ? Et donc là, il faut mettre en place un système de
prévention ou de répression. Mais mon travail, c'est de nettoyer la rue même si
elle sera sale dans 15 jours. Et on la re-nettoiera. C'est pareil pour les
points de deal. Personne ne peut vous garantir que pendant 10 ans à La
Paternelle, il n’y aura plus de points de deal. Mais notre travail des
policiers et des gendarmes, des magistrats, c'est comme un maire qui nettoie sa
rue, comme un parent qui essaie de dire à ses enfants : fais ton lit, parce que
si vous dites à vos enfants ne te brosse pas les dents et ne fais pas ton lit
parce que dans deux jours, ce sera défait et tes dents seront sales, vous aurez
une éducation un peu particulière, je pense. Eh bien notre travail à nous,
c'est de répéter, en effet, le travail des policiers et des gendarmes qui
risquent leur vie pour le faire. Et je terminerai par dire que nous voyons la
différence entre notre politique et celle des autres. On dit parfois, il n’y a
pas de résultats, mais c'est faux. La consommation de cannabis en France
baisse. Les études indépendantes que commande l'ensemble des personnalités
qualifiées, et notamment ceux qui s'occupent des autorités de santé, montrent
que depuis deux ans, la consommation de cannabis en France baisse, et
notamment, elle baisse chez les plus jeunes. On est passé du deuxième pays qui
en consomme le plus au 11ème pays. Alors bien sûr, il y a encore beaucoup de
travail. C’est 10 % de personnes qui consomment une fois par an du cannabis. Il
y a quand même 90 % de gens qui donc du coup n’en consomment pas. Et pourquoi
on accepterait donc pour 10 % de personnes un mode de vie qui manifestement
crée beaucoup d'argent sale, beaucoup de blanchiment, il y a de la
prostitution. Avec le terrorisme, je rappelle que l'augmentation de la production,
notamment du pavot en Afghanistan, finance directement le terrorisme et qu'il y
a effectivement un lien entre le caractère festif de certains endroits très
embourgeoisés, et le financement du terrorisme et de la prostitution ou des
règlements de comptes que peut connaître, par exemple, une ville comme
Marseille. Et deuxièmement, nous avons, avec cette baisse du cannabis, une
victoire qu'on doit continuer à porter et une inquiétude, l'augmentation de la
consommation de cocaïne et surtout la présence des drogues de synthèse qui
touchent beaucoup de pays occidentaux et qui donnent un malheur absolu aux pays
qui connaissent cela. La France ne le connaît pas. Elle a une consommation
importante de méthamphétamines ou drogues de synthèse, mais elle n'est pas au
niveau notamment de certains pays comme les États-Unis ou comme les pays
européens qui nous entourent. Et notre travail, c'est d'éviter que ce soit le
cas.
Éric DUPOND-MORETTI
Je voudrais préciser
quelque chose, si vous m’y autorisiez. Dans la présentation que j'ai rappelée
tout à l'heure : pas de consommateurs, pas de trafiquants. C'est un peu
binaire, c'est vrai, c'est totalement vrai, mais c'est un peu binaire parce
qu'ensuite, il y a des problèmes de santé publique. Le « shitt » d'aujourd'hui,
il est 10 fois supérieur en THC qu'autrefois, avec des tas de schizophrènes,
des gamins qui deviennent schizophrènes. Ça, ça nous motive pour lutter contre
le trafic de stupéfiants, et la consommation. Quand j'évoque les chiffres tout
à l'heure de Statistics Canada, je n'ai pas parlé du nombre de morts jeunes à
raison d'accidents de toxicomanie, toxicomanie qui n'est pas la consommation de
haschich. Mais c'est à prendre en considération, et ce, depuis 2018. Enfin, une
dernière chose. Merci de dire qu'il y a eu des reportages un peu lunaires, dans
lesquels on voyait un gus qui était interviewé et puis qui disait : « Ah ! ça y
est, la police est partie, on a repris les lieux. » Et ça c'est diffusé. Et
moi, franchement, je fais des bonds comme ça sur mon canapé puisque je me dis :
Mais je vais intervenir auprès du média en question pour dire que c'est
totalement bidon. Mais vous connaissez le principe : une fausse info et un
démenti, ça fait deux infos, donc on laisse couler. Là, l'occasion pour moi est
de dire que les policiers sont encore à La Castellane et que ceux qui ont fait
ce reportage, en trouvant le témoin complaisant qui raconte que, au fond, ça
n'a servi à rien et qu'ils ont repris possession du territoire, eh bah, ils se
trompent complètement, c'est une faute et ce n'est pas vrai. Et ce n'est pas
comme ça qu'on doit informer nos compatriotes parce que, évidemment, ils disent
: Mais alors tout ce déploiement, ces rodomontades du ministre de l'Intérieur
et des Outre-mer et du Garde des Sceaux, ça ne sert à rien. Bah non ! Vous
voyez, ça, ce n'est pas vrai. Merci infiniment d'avoir posé cette question.
Oscar TESSONNEAU
Bonjour Messieurs les
ministres, bonjour madame THEVENOT. Oscar TESSONNEAU pour un nouvel
hebdomadaire qui a été fondé par des personnes en situation de handicap mental.
On s'appelle Right Brain. On peut nous suivre sur les réseaux sociaux et sur
notre site. Donc déjà, j'ai une première bonne nouvelle à vous annoncer, c'est
que nous sommes le seul pays au monde qui accueille, via son espace de vie et
son site des journalistes en situation de handicap mental. Et c'est une vraie
fierté en tout cas pour nous. Donc, ma première question va porter sur le
parcours des mineurs qui vont être condamnés sur un trafic de drogue, très
similaire à celui qu'on a pu voir… qu'on peut voir aujourd'hui dans beaucoup de
villes. Donc, il va y avoir un passage au poste de police avec [inaudible] qui
vont être reçus et ensuite une comparution pénale, devant un tribunal. Comment
aujourd'hui, on va pouvoir fixer peut-être des sanctions plus fortes pour ces
jeunes en travaillant de concert avec les polices municipales, avec les
gendarmeries et aussi dans les tribunaux, pour que ces jeunes soient
sanctionnés après avoir été pris dans un trafic quand ils ont entre eux 12 et
18 ans ? Ma deuxième question va être, comment, demain, dans les tribunaux les
plus sensibles de France, où il y a beaucoup de… de changement d'effectifs, je
pense notamment à celui de Bobigny où monsieur SARKOZY s'était rendu en 2008,
on va pouvoir stabiliser nos effectifs puisque les chiffres, je ne sais pas
s'ils sont justes ceux qui avaient été donnés par Stéphane TROUSSEL dans un
livre qui était paru il y a deux, ont montrait que le taux de maintien d'un
magistrat qui va traiter des questions pénales en Seine-Saint-Denis ou à
Marseille aujourd'hui est assez faible. C'est-à-dire, il y a beaucoup de
changements et de turnover dans ces tribunaux aujourd'hui.
Éric DUPOND-MORETTI
Bon, d'abord monsieur, je
voudrais vous dire que votre question est bien complexe parce que de quels
mineurs me parlez-vous d’abord ? Est-ce que c'est un mineur de
plus de 16 ans ou moins
de 18 ans, forcément, parce que sinon, il ne ferait pas l'objet de votre
question ? Est-ce qu'il a plus moins de 13 ans ? Voilà un certain nombre de
questions qui se posent. Vous savez qu'on a réformé le code de justice pénale
des mineurs il y a peu de temps, quelques mois devrais-je dire, et que ce qui a
permis cette réforme, c'est de juger très vite les mineurs. Il y a, à mon sens,
une impérieuse nécessité qui est celle de la réactivité. Il faut juger vite.
Sachez qu'avant cette réforme, un mineur sur deux était jugé alors qu'il était
devenu majeur, ce qui n’avait strictement aucun sens. Donc ça, c'est le petit
focus, si vous m'y autorisez, procédural. Ensuite, la justice des mineurs est
loin d'être laxiste, mais elle n'est pas, et à juste titre d'ailleurs, la
justice des majeurs. Enfin, j'ai envie de vous dire, vous allez un peu vite
puisque nous allons faire un certain nombre d'annonces et nous allons porter un
projet de loi concernant justement la façon dont on doit appréhender les
mineurs qui commettent des actes de délinquance. Mais il y aura, je l'indique
et je n'en dirai pas plus, à ce stade, à la fois, bien sûr, un volet éducatif
et répressif. Et aussi, nous allons venir en aide aux parents qui sont des
parents dépassés. Et en revanche, nous allons faire en sorte de sanctionner les
parents défaillants. Tout le monde fait bien ici le distinguo entre parents
dépassés et parents défaillants. Ensuite, vous me posez la question du
turnover, si vous me permettez cet anglicisme, je ne les aime pas beaucoup, les
magistrats, notamment dans certaines juridictions. Mais, disons-le très
clairement, le service public de la justice est dans une continuité
naturellement. Et le magistrat qui part fait, ce qu'on appelle en termes
technologiques, le tuilage avec le magistrat qui arrive. Il n'y a pas des
dossiers qui sont laissés à l'abandon parce qu'un magistrat remplace un autre
magistrat. Mais c'est vrai dans toutes les autres corporations. Quand un
journaliste quitte une rédaction, celui qui arrive, si vous me permettez cette
expression, est « mis au parfum des dossiers » qui sont en cours, des dossiers
à venir, de ce qu'il y a comme travail à effectuer. Ça n'est pas en réalité un
problème. Et pour ne rien vous cacher et vous dire les choses complètement. Je
n'ai jamais eu de revendication, de difficulté à propos de ce turnover, en
venant me dire : « Monsieur le ministre, ça ne va pas bien ». Ce sont des
règles qui sont fixées par le code de l'organisation judiciaire, qui sont des
règles qui remontent à très, très longtemps et qui ne posent pas, Monsieur, de
difficultés particulières. Et un dernier mot, le préambule de votre
présentation, et vous dites que vous en êtes fier. Je voudrais vous dire,
Monsieur, que vous avez raison de l'être.
Oscar TESSONNEAU
Merci. Et peut-être
revenir sur un tout dernier point, puis je vais laisser la parole aux autres.
Sur les points de justice rectificative. Donc est-ce qu'on sait aujourd'hui un
petit peu mieux après avoir eu une condamnation pénale, tout va dépendre de
l'âge, vous l'avez très bien souligné, si le jeune a moins de 16 ans, les
dispositifs et les centres dans lequel, il va être réinséré socialement par la suite,
le type d'activité qu'ils vont pouvoir faire quand ils vont être condamnés
pénalement ?
Éric DUPOND-MORETTI
Il y a de tout. Il y a du
pur éducatif, il y a de l'éducatif du répressif, il y a la prison, il y a 900
mineurs qui sont incarcérés aujourd'hui ; il y a les centres éducatifs fermés
et les centres éducatifs renforcés. Et je souhaite d'ailleurs, ça n'est pas un
secret, je l'ai dit le premier jour de mon arrivée à la chancellerie, que dans
les centres éducatifs fermés et dans les centres éducatifs renforcés, il y ait
un partenariat avec les forces de sécurité intérieure, qui vont venir dans ces
centres éducatifs fermés pour donner, j'allais dire, un peu de République à ces
gamins et un peu de proximité avec les gendarmes et les policiers et aussi bien
sûr les militaires. Voilà ce que je peux vous dire. Il y a tout panel qui est
assez large, Monsieur, mais tout cela est inscrit dans le code de justice
pénale des mineurs, dont je dois vous dire qu'il est venu volumineux et que je
ne peux pas résumer en quelques
secondes.
Oscar TESSONNEAU
Merci beaucoup.
Arthur DE LABORDE
Bonjour, Arthur DE
LABORDE pour Europe1. Juste une question pour vous Monsieur le ministre de
l'Intérieur. Selon les informations d'Europe 1, des escadrons des
Alpes-Maritimes, postés à la frontière italienne, pourraient être
réquisitionnés pour assurer la sécurité lors des Jeux olympiques. Est-ce que
vous confirmez ? Est-ce que cela signifie qu'il y aura moins de vigilance dans
la lutte contre l'immigration illégale cet été ?
Gérald DARMANIN
Alors, pas du tout. Je ne
confirme pas du tout cette information. Qu'il y ait des changements des CRS ou
des escadrons de gendarmerie qui quittent une mission pour aller vers une
autre, bah oui, c'est le quotidien, ils ne restent pas des mois et des années
au même endroit. En revanche, qu'ils soient remplacés, soit par d'autres
escadrons ou unités de CRS ou par des policiers et des gendarmes qu'on a
mobilisés différemment, ce sera le même effectif aux frontières, non seulement
des Alpes-Maritimes, des Pyrénées et du Nord de la France. J'ai constaté que
cela avait été en partie relayé par des responsables politiques qui n'avaient
pas pris soin de vérifier cette information. Ce qui me permet de dire
d'ailleurs qu'heureusement que le président de la République a recréé 10 000 postes de policiers et de gendarmes supplémentaires et recréé,
pour la première fois depuis 30 ans, 11
escadrons de gendarmerie mobiles et CRS dont 10 ont déjà été créés. La dernière
sera inaugurée à
Montauban dans quelques jours. Si on avait gardé le bilan des policiers et des
gendarmes qui avaient été en effectifs supprimés - on a supprimé 15 escadrons
de gendarmerie mobile dans les années précédentes. Donc c'est justement la
recréation de ces effectifs supplémentaires prévue par le président de la
République et le travail effectivement de management de ces unités qui un jour
sont à Nice, le lendemain peuvent être à Valence pour les opérations
anti-drogue, après ils seront à Paris pour des réserves d'ordre public qui
seront évidemment faites. Je veux dire que les Jeux olympiques, mais je le
re-préciserai à l'approche évidemment de ces Jeux, permettent à la fois la
sécurisation du débarquement, l’anniversaire du débarquement de Normandie, qui
aura lieu au mois de juin, celui de Provence cet été, du Tour de France qui
arrive justement à Nice. De l'ensemble des événements, aucun n'a été annulé. Il
y a une réserve de précaution du Ministère de l'Intérieur qui peut répondre, si
jamais ça devait être le cas, pendant les Jeux, non seulement à une crise
migratoire, à des méga-feux de forêt par exemple, comme on a connu en Gironde,
ou à une nouvelle émeute, en imaginant que cela puisse arriver. Donc, nous
sommes prêts, non seulement à tenir la sécurité des Jeux olympiques, mais nos
frontières et la sécurité du pays. Donc, le nombre d'effectifs qui baisserait
aux frontières n'est pas une vraie information. Je vous remercie.
Prisca THEVENOT
Je suis à vous.
Journaliste
Sur le Programme de
stabilité.
Prisca THEVENOT
Oui ?
Journaliste
Le Haut Conseil des
Finances publiques, qui dépend de la Cour des comptes, estime qu'il manque de
crédibilité et de cohérence. C'est-à-dire que vous misez sur une forte reprise
économique, en 2025 et 2026. Est-ce que vous y croyez ou est-ce que c'est un
pari ?
Prisca THEVENOT
On ne mise pas, on agit.
Et je tiens à le dire de façon extrêmement précise ici, aujourd'hui, mais au
regard aussi de notre action résolument portée depuis 2017. Quand nous sommes
arrivés en 2017, sous la présidence du président de la République, Emmanuel
MACRON, on nous avait dit qu'on ne pourrait pas arriver sous les 3 %. Force est
de constater que notre action parle pour nous. Sur les premières années de la
présidence d'Emmanuel MACRON, nous sommes arrivés sous les 3 %. Maintenant,
nous ne devons pas, aujourd'hui, oublier aussi les chocs conjoncturels,
sanitaires qui ont frappé notre pays, comme d'autres pays en Europe et dans le
monde. Et face à cela, oui, il y avait deux possibilités : ne pas agir ou
réagir. Et encore une fois, nous avons agi pour protéger les Français. Donc
oui, le Programme de stabilité qui a été présenté aujourd'hui par le ministre
du Budget est un programme sûr, cohérent et responsable et qui va dans une
trajectoire de 2,9 % en 2027.
Journaliste
Est-ce que ça passe par
une baisse des dépenses ?
Prisca THEVENOT
Ça passe par un… bien
évidemment, un équilibre assez simple entre les recettes et les dépenses. Et
j’aime à répéter - et à rappeler - ce que nous disait un autre ministre du
Budget qui s’appelle Gabriel ATTAL, que je pense que vous connaissez tous, qui
rappelle quelque chose d’assez simple et de bon sens. On économise là où on
peut et on investit là où on doit. Et c’est précisément ce que nous avons fait.
C’est précisément ce que nous avons fait. On parle beaucoup, effectivement, de
notre budget de cette année, mais notre budget de cette année continue à
maintenir, par exemple, au premier poste, l’Éducation nationale. Et ça, nous le
faisons depuis 2017. Nous continuons à investir massivement pour la transition
écologique. Nous continuons à investir massivement pour la sécurité de nos
concitoyens. Et mes deux collègues qui étaient avec moi à l’instant, le
rappelaient justement. Quand nous menons des opérations “Place nette” ou
“Cellule nette” pour le Garde des Sceaux, eh bien, bien sûr qu’il y a des
moyens mis en place derrière. Donc, je pense qu’encore une fois, il s’agit
d’avoir du bon sens et d’avoir une vision plus globale que d’aller regarder
ligne par ligne.
Journaliste
Merci.
Elizabeth PINEAU
Bonjour, Elizabeth PINEAU
de l’agence Reuters. Comme je n’ai pas pu poser la question aux ministres de
l’Intérieur et des Outre-mer, je vous la pose. Est-ce que vous pouvez nous
faire un point très précis de ce qui se passe à Mayotte, dans l’opération
“Place nette” ? Et quel avenir pour la loi sur la suppression du droit du sol,
qui arrive fin mai au Parlement et qui est déjà critiquée jusqu’au sein de la
majorité ? Et puis également, un point précis sur l’opération de Vitry ce
matin, contre un site où résidaient des migrants. Que deviennent-ils et où en
est cette opération ? Merci.
Prisca THEVENOT
Sur votre dernière
question, je n’ai pas le détail précis et je me chargerais, effectivement, de
me rapprocher du ministère de l’Intérieur pour vous communiquer les
informations si vous ne les avez pas, par ailleurs après ce compte-rendu. Sur
le sujet “Place nette”, il y a effectivement différents types d’opérations
“Place nette” qui ont été mis en place, deux types précisément. Des places
nettes, comme on peut le dire de façon extrêmement forte et dense sur tout le
territoire, aussi bien sur l’Hexagone qu’en Outre-mer, et puis il y a des
places nettes XXL. Effectivement, comme vous l’avez souligné, il y a une
opération “Place nette” à Mayotte. Cette opération se passe comme elle se passe
partout ailleurs, au regard bien-évidemment, au regard bien-évidemment, des
complexités territoriales, avec l'ensemble des acteurs en considération. Sur le
bilan de cette opération “Place nette” à Mayotte, laissons l'opération se
terminer pour qu’ensuite, les deux ministres en charge puissent en faire le
bilan. Et vous l'avez vu, ils viennent devant vous pour pouvoir le faire, et je
ne doute pas qu'ils continueront à le faire par la suite, soit ici en
compte-rendu du Conseil des ministres ou ailleurs. Sur l'autre sujet sur le
droit du sol qui a effectivement été rappelé par ma collègue, ministre des
Outre-mer, cette semaine lors d'une interview télévisée. Elle a effectivement
proposé, dans la foulée de ce qui avait été annoncé par le ministre de
l'Intérieur et des Outre-mer d'ailleurs, il y a quelques mois, un sujet sur la
révision du droit du sol pour les territoires de Mayotte. Sur l'entièreté de
ces débats et du fond du sujet, nous aurons le temps d'y revenir en détail avec
les ministres concernés.
Journaliste
(Inaudible) pour TF1-LCI.
Hier, la Chambre des communes a voté un projet d'interdiction de la vente de
cigarettes pour les moins de 15 ans, avec l'ambition, ben voilà, de rendre la
première génération sans tabac dans le pays, au Royaume-Uni. Est-ce que c'est
un projet dont le Gouvernement français pourrait s'emparer, s'inspirer ?
Prisca THEVENOT
Nous devons de toute
façon tous globalement lutter contre le tabac. Pardon de faire des phrases un
peu simples, mais il est de temps en temps aussi important de le rappeler. Et
ce qui doit nous occuper, aussi aujourd'hui, ce n'est pas simplement de venir
pointer du doigt celles et ceux qui ont une cigarette à la main, mais aussi de
prévenir et d'éduquer pour que nous ne soyons plus dans cette démarche-là.
C'est la raison pour laquelle on a aussi interdit la consommation de tabac dans
les lieux publics, dans les restaurants, dans les trains. Moi, j'ai le
souvenir, étant petite, d'avoir des RER, où il était possible, et on peut le
voir encore, de fumer. Donc, tout ce travail, nous devons continuer à le faire.
Nous le faisons en responsabilité, nous le faisons en tant que responsables
politiques au sein du Gouvernement, sous l'autorité du président de la
République. Mais je peux vous le dire aussi, en tant qu'ancienne députée, de
nombreux travaux ont lieu en Commission des affaires sociales sur ces
enjeux-là. Pas simplement autour d'un texte, mais aussi au travers de
différents amendements. Donc, il faut avoir bien les deux parties en ligne avec
cet objectif simple, c'est que oui, nous devons lutter contre le tabagisme.
Journaliste
Est-ce qu’il faut aller
aussi loin que le Royaume-Uni ?
Prisca THÉVENOT
Sur est-ce qu'il faut
aller aussi loin. Déjà, il est interdit de consommer du tabac et d'acheter
quand on est mineur et puis, en plus et ensuite, il faut, je pense aussi,
beaucoup éduquer. Vous le savez, ne soyons pas naïfs. Est-ce qu'il y a
aujourd'hui des jeunes qui fument en France, des très jeunes ? Je pense que
vous avez la réponse dans ma question. Est-ce qu'ils ont attendu d'avoir une
autorisation pour le faire ? Je pense que vous avez la réponse dans ma
question. Donc, je vous le dis aujourd'hui, il faut, je pense, que plus que
d'une grande phrase ou d'une grande annonce, il faut aussi pouvoir avoir un
continuum de responsabilités à l'endroit de ce fléau, et je le dis en connaissance
de cause de façon très personnelle.
Journaliste
Merci.
Cyprien PÉZERIL
Bonjour Madame la
ministre. Cyprien PÉZERIL, RMC. Une question que je n'ai pas eu le temps de
poser à vos deux collègues. Ils ont évoqué la lutte contre la drogue, notamment
la question du ciblage des consommateurs. Est-ce que la possibilité de réaliser
des tests salivaires directement dans la rue est sur la table ? Et si oui, sous
quelles modalités et à quelle échéance ?
Merci.
Prisca THÉVENOT
Cette question,
effectivement, est une piste de réflexion qui est en cours, aussi bien entre le
ministère de l'Intérieur et des Outre-mer, que le ministère de la Justice,
c’est une piste de réflexion à ce stade, je n'ai pas plus de choses à dire que
: c'est une piste de réflexion.
Cyprien PÉZERIL
D’accord. Merci.
Paul BARCELONNE
Madame la ministre, Paul
BARCELONNE, France Info. Autre sujet, mais qui vous concerne directement. Vous
avez enregistré 3 démissions dans votre cabinet vendredi : votre directeur de
cabinet, son adjointe et votre chef de cabinet. Comment vous réagissez à ces 3
démissions ? Pourquoi ? Et est-ce à dire qu'il y a une ambiance délétère, comme
certains de vos collaborateurs ou anciens collaborateurs le disent dans votre
cabinet ? Merci beaucoup.
Prisca THÉVENOT
Eh bien, cette question,
je vais y répondre. Il ne s'agit pas forcément du Gouvernement, mais de mon
propre cabinet, ce qui est important, et vous avez tout à fait raison. Vous
savez, c'est comme en amour, la vie des cabinets est ainsi faite. Il y a des personnes
qui partent en faisant du bruit et d'autres qui restent en silence et d'autres
qui reviennent en silence. Ce qui m'importe et ce qui m'intéresse aujourd'hui,
mais d'ailleurs, depuis 2017, c'est de pouvoir expliquer, porter l'action
résolument engagée par le président de la République. Je l'ai fait en tant que
militante, je l'ai fait en tant que députée et je le fais aujourd'hui en tant
que ministre et je continuerai à le faire avec une équipe déterminée, mobilisée
pour remplir sa tâche pleinement. Et je pense que c'est cela qui compte
aujourd'hui.
Journaliste
Bonjour Madame la
ministre. J'aimerais revenir sur une loi qui a été présentée dans Le Parisien,
ce matin, d’un membre du groupe Renaissance à l'Assemblée, qui va permettre à
des fonctionnaires de différentes catégories, donc notamment les catégories B,
C ou voire inférieures, d'avoir accès à un logement social. Donc, je parle des
enseignants, des policiers également. Est-ce que vous pouvez un petit peu nous
présenter ce texte qui va être présenté par le groupe Renaissance dans les
prochains jours, notamment par votre ancien collègue David AMIEL.
Prisca THEVENOT
Et vous l'avez très
justement dit, c’est pour ça que j'attendais que vous l’évoquiez. C'est une
proposition de loi, donc la proposition de loi est portée par des députés et
les projets de loi sont portés par le Gouvernement. Donc, en respect
effectivement de la séparation, je laisserais le groupe Renaissance, comme vous
le dites, avec David AMIEL, le présenter et en général, ça se passe le mardi,
lors de la conférence de presse menée et mise en place par les différents
groupes à l'Assemblée nationale. Après, il manque la question Agora quand même.
Non mais, je vois vos sourires. Je vous remercie et je me tiens à votre
disposition.