Compte rendu du Conseil des ministres du 07 juin 2023
Olivier VÉRAN
Mesdames, Messieurs, aujourd’hui le Gouvernement marque une
nouvelle étape dans son engagement en faveur du plein emploi.
Le ministre du
Travail, le ministre de la Solidarité, la ministre en charge des personnes en
situation de handicap vous présenteront en détails, dans quelques instants, le
projet de loi pour le plein emploi. Permettez-moi seulement de vous rappeler la
philosophie, qui est celle du Gouvernement depuis 2017. En 2017, la France
comptait plus de candidats que d’offres d’emplois, et on peinait à trouver du
travail. Aujourd’hui, c’est un peu l’inverse. En 5 ans, nous avons inversé la
courbe du chômage, mieux que ça d’ailleurs : nous avons écrasé cette fameuse
courbe du chômage. C’est donc une promesse qui a été tenue.
Depuis 2017,
l'économie est repartie. Nous avons créé 1,7 million d'emplois. Le chômage est
passé de 9,5 à 7,1 %. Il est donc à son niveau le plus bas depuis 2009 et le
taux d'emploi atteint un niveau historique depuis la création de l'indicateur
en 1975.
Le plein emploi est donc à portée de main. Je n’ai de cesse de le
répéter, dans cette enceinte comme ailleurs, le Gouvernement œuvre au plein
emploi, mais aussi au bon emploi. Là aussi, il y a des nouvelles qui sont
prometteuses pour notre pays et pour les Français, puisque plus de la moitié
des emplois français sont des contrats à durée indéterminée. Le travail est
notre boussole, c'est le fil rouge de notre action. C'est un des piliers des
100 jours. Nous portons un projet d'envergure qui permettra aux Françaises et
aux Français de mieux vivre de leur travail. Nous parlions, il y a quelques
jours, de partage de la valeur, ce ne sont pas que des mots. À Lapugnoy, dans
le Pas-de-Calais, par exemple, la PME familiale, GTI, a versé pour la deuxième
fois une prime de 1 000 euros net à ses 120 salariés. Et quand l'entreprise
produit de la valeur, tout le monde en bénéficie.
Il s'agit aussi de mieux
vivre par le travail. Nous voulons que celles et ceux qui le peuvent puissent
retrouver le chemin du travail. Et la réforme de l'assurance chômage est allée
dans ce sens ; celle du RSA, qui vous sera présentée, visera le même objectif.
Et enfin, mieux vivre le travail en donnant la possibilité de se former, de se
reconvertir tout au long de la vie et d'éviter la pénibilité. C'est tout
l'objet, aussi, de France Travail. Je vous ferai remarquer que d'ici la fin des
100 jours, nous aurons présenté les grands textes inhérents au travail et au
plein emploi, ce qui était l'un des quatre grands axes. Nous aurons présenté,
voire adopté, les 3 grands textes régaliens.
Pour le deuxième axe, qui est
celui de l'ordre républicain, je parle, là, du projet de loi sur nos armées,
sur la sécurité intérieure ou sur la justice. La Première ministre aura
présenté la feuille de route de la planification écologique, qui est le
troisième des 4 axes. Quant au dernier axe, celui des progrès pour tous les
Français, eh bien vous voyez que les choses évoluent vite en matière,
notamment, de santé ou encore d'éducation. À ceux qui en doutaient, c'est une
mobilisation sans précédent du Gouvernement, au cours de ces 100 jours, pour
faire bouger la France et transformer durablement le pays.
J'en viens
maintenant à d'autres textes qui ont été présentés ce jour en Conseil. La
ministre de la Transition énergétique a présenté un projet de loi ratifiant une
ordonnance qui prévoit la prise en charge partielle par l'État des coûts
associés à la conversion vers une énergie décarbonée des réseaux de gaz de
pétrole liquéfié en Corse.
Puis, la Première ministre, le garde des Sceaux et
la secrétaire d'Etat chargée de l'enfance, Charlotte CAUBEL, ont présenté un
plan de lutte contre les violences faites aux enfants. La protection de
l'enfance est un sujet prioritaire pour le Gouvernement qui, malheureusement,
s'invite avec violence dans l'actualité des derniers jours. Il n'est de drame
plus inconcevable, pour notre humanité, que celui qui voit un enfant se donner
la mort. Et un certain nombre de chiffres montrent l'ampleur de la tâche qui
est la nôtre, collectivement : associations, services de l'État, mais aussi
familles, alors que tous les 5 jours, un enfant trouve la mort de manière
violente dans notre pays et alors qu'un enfant est victime d'agression sexuelle
toutes les 3 minutes, toutes les 3 minutes dans notre pays, il y aura un
nouveau plan 2024-2027 qui sera mis en place, à partir du mois de septembre, et
qui vous sera présenté dans le détail, parce que je pense que c'est fondamental
que vous ayez communication de toutes les actions qui doivent être conduites,
qui parleront, qui parlera de la formation des professionnels pour détecter et
agir, avec efficacité, contre toutes les situations de violence, qu'elles
soient numériques, morales, physiques, sexuelles, qui prévoira de déployer des
actions éducatives de prévention à grande échelle pour sensibiliser les
adultes, mais aussi les enfants sur les différentes formes de violence. Il y
aura une attention particulière portée, chère Geneviève DARRIEUSSECQ, aux
enfants protégés, ceux qui sont en situation de handicap, notamment. Il y aura
un accompagnement renforcé des mineurs victimes, dans le cadre des procédures
judiciaires, pour leur permettre de mieux comprendre les droits et
d'appréhender avec un plus de sérénité les étapes pénales. Il y aura une
simplification des procédures pour les mineurs, pour permettre une justice plus
rapide et il y aura une prise en charge pluridisciplinaire des auteurs. Croyez,
vraiment, la détermination complète de l'ensemble du Gouvernement pour faire
reculer ces violences, pour faire reculer ces drames encore une fois sordides
et qui interrogent parfois notre humanité.
Je vous remercie, et je prends vos
questions.
Quentin CHATELIER
Bonjour. Quentin CHATELIER, Liaisons Sociales. Il est évoqué
une réunion multilatérale avec le patronat et les syndicats, à l'Élysée ou à
Matignon, dans les prochains jours, notamment le 12 juin. Est-ce que vous
confirmer cette information ? Merci.
Olivier VÉRAN
La balle est dans le camp des organisations syndicales et
patronales, de manière à nous faire des propositions sur des éléments de
calendrier et sur le contenu des discussions pour définir cet agenda social. La
donne n'a pas changé. Évidemment, nous travaillons en lien avec ces
organisations patronales et syndicales. Nous attendons leur retour prochain.
Quentin CHATELIER
Cela veut dire qu'il n'y aura pas d'invitation tant que les
syndicats et le patronat ne se sont pas mis d'accord sur un agenda social ?
Olivier VÉRAN
Ça veut dire que les syndicats et le patronat continuent de
discuter, les uns avec les autres, pour faire ces propositions qui sont le
préambule à ce que nous puissions ensuite conduire les négociations avec eux.
Quentin CHATELIER
Merci beaucoup.
Olivier VÉRAN
S’il n'y a pas de question, je laisse la parole bien
volontiers, mais, parfois il faut saisir la balle au bond et…
Matthieu DESMOULINS
Bonjour Monsieur le Ministre. Matthieu DESMOULINS pour
TF1-LCI. La présidente de l'Assemblée nationale a annoncé, ce matin, qu'elle
allait déclarer irrecevables les amendements visant à rétablir l'article 1 de
la proposition de loi du groupe Liot pour la retraite à 62 ans. Les oppositions
vous accusent de faire preuve de fébrilité, alors même qu'il y a eu un vote
favorable en Commission. Quelle est votre réaction à ce sujet ? Et est-ce qu’il
n'aurait pas été plus simple d'aller au vote et de le gagner ou de le perdre ?
Olivier VÉRAN
Votre question revient à savoir s'il aurait été plus simple
de tordre totalement la Constitution pour faire plaisir au groupe LIOT et à la
NUPES, et au Rassemblement National. Bah non, on ne tord pas la constitution
pour faire plaisir à des oppositions, d'ailleurs, ni pour faire plaisir à la
majorité. En l'occurrence, on est dans le respect strict des règles
constitutionnelles. Ce qui n’était pas normal, au regard de la Constitution,
était de reconnaître comme recevable une PPL qui alourdissait les finances
publiques de 15 milliards d’euros par an sans proposer de solutions de
financement. Et malgré cela, il y a eu un vote en commission et une majorité
des députés, une majorité des députés, incluant des députés de la majorité mais
aussi d’opposition, ont décidé de dire non au groupe Liot. Et donc, le groupe
Liot souhaite, cette fois-ci, redéposer un amendement et 15 milliards d’euros
par an, ce qui n’existe pas, ce qui n’a jamais existé. Et là, je le dis aussi
en tant qu’ancien rapporteur général du budget et de la sécurité sociale, ça
n’existe pas. Et donc, la présidente de l’Assemblée nationale rappelle qu’un
chat est un chat. Voilà, et donc on ne peut pas faire un amendement comme
celui-ci.
Hadrien BECT
Bonjour, Hadrien BECT, pour France Info. Sur le même sujet,
les oppositions, notamment les insoumis, annoncent déposer une motion de
censure. On évoque aussi un vote d'une résolution possible sur le sujet de
cette réforme des retraites, voire la réintroduction, dans le projet de loi de
financement de la Sécurité sociale, d'un amendement pour revenir à l'âge de
départ à 62 ans. Qu'est-ce que vous dites aux oppositions ? Vous leur dites :
Il faut savoir terminer, peut-être, un match, à un moment donné ?
Olivier VÉRAN
Alors, en tant que porte-parole du Gouvernement, je n'ai
aucune leçon à donner aux oppositions, ni à la majorité d'ailleurs. Donc,
chacun est libre. Après, on voit bien qu'il y a la volonté de faire de la
mousse sur de l'écume, là où la vague s'est retirée depuis un moment. Cette
bataille parlementaire, si on peut appeler ça une bataille, elle a eu lieu.
Nous, ce que nous regrettons, c'est de ne pas avoir pu examiner la totalité du
texte à l'Assemblée nationale, parce qu'il y a eu l'obstruction parlementaire
opérée par le groupe de NUPES. On était encore une fois, et je l'ai dit devant
vous, pendant l'examen du texte. On aurait souhaité que l'ensemble des articles
puissent être examinés, après, il y a eu un vote, une motion de censure, elle a
été rejetée. Ensuite, il y a eu une demande, une saisine du Conseil
constitutionnel qui a validé le texte, qui a validé le texte. Ensuite, il y a
eu le dépôt d'une PPL par le groupe Liot. Ils ont perdu au vote en commission.
Donc, encore une fois, les leçons de démocratie pour les autres.
Hélène TERZIAN
Bonjour. Hélène TERZIAN, pour RMC. Une proposition de
résolution est examinée aujourd'hui sur l’AME, l'aide médicale d'Etat, par une
députée LR, madame LOUWAGIE. Les députés de la majorité vont voter contre, mais
ils sont en réalité très divisés sur la question. Quelle est la ligne
aujourd'hui de l'exécutif ?
Olivier VÉRAN
La ligne est que nous souhaitons conserver l'aide médicale
d'Etat pour ce qu'elle a d'important pour la santé de nos concitoyens, pour la
santé des personnes aussi qui sont en France, y compris en situation
irrégulière. Notre volonté, c'est aussi de pouvoir toujours réinterroger les
dispositifs qui existent dans notre pays. L'AME ne fait pas exception à cela.
Si la question qui est posée est : faut-il supprimer l’AME ? La réponse que
nous faisons est non. Si la question qui est posée, c'est faut-il réinterroger
un certain nombre de mécanismes qui sont dans l’AME, qui tiennent notamment au
panier de soins ou à certains délais ? On est ouvert à la discussion. Mais l'aide
médicale d'Etat, vous le savez, c'est un marronnier, ça fait… Pareil, l'ancien
rapporteur général du budget de la Sécu que je suis en a entendu parler peut
être à 10 reprises en 10 ans, voire peut être encore plus que cela. Il y a eu
un rapport de l'Inspection générale des finances, de l'Inspection générale des
affaires sociales, il y a eu des commissions parlementaires sur le sujet. Je le
redis, de manière très simple: il s'agit de payer aux hôpitaux des soins qu'ils
donneraient de toute façon à des personnes qui sont malades. Et vous ne
trouverez pas, et on peut faire l'essai si vous voulez, vous ne trouverez pas
un médecin dans ce pays qui refusera de soigner quelqu'un parce qu'il n'a pas
le bon papier. Donc, une fois qu'on a dit ça, c'est comment on fait en sorte
qu'il n'y ait pas d'abus, qu'il n'y ait pas de dérive du système. C'est pour ça
que régulièrement, il y a des réformes qui sont apportées à ce dispositif comme
à d'autres dispositifs. Donc, la proposition de résolution qui est portée par
des parlementaires d'une opposition qui consiste à dire qu'il faudrait jeter
l'hallali sur l’AME. Et évidemment, il y a un consensus dans la majorité pour
dire qu'il est hors de question de jeter l'hallali sur l’AME.
Hélène TERZIAN
Et j'en profite pour vous poser la question sur l'interview
d'Edouard PHILIPPE qui fait pas mal de bruit. Quelle est là aussi la réaction
dans l'exécutif ? Est-ce qu'il est allé un peu trop loin ?
Olivier VÉRAN
Edouard PHILIPPE est un président d'un groupe politique,
d'un parti politique, qui plus est, membre de la majorité. Il est donc
totalement à sa place en faisant des propositions sur un des sujets importants
qui animent, et qui va animer encore pendant plusieurs mois, la vie politique
française. L'ancien Premier ministre dit d'ailleurs le soutien qu'il porte à la
proposition initiale de loi portée par le Gouvernement, je le rappelle. Mieux
expulser ceux qui ne doivent pas rester, permettre à ceux dont on a besoin
qu'ils travaillent, qu'ils puissent travailler dans de meilleures conditions.
Et donc, il propose aussi, comme d'autres l'ont fait avant lui et d'autres le
feront encore après, d'élargir le spectre des discussions à d'autres modalités
qui ont trait à l'immigration et l'intégration. Donc, ça fait partie du débat
politique et c'est nécessaire dans notre pays.
Simon LE BARON
Bonjour Monsieur le Ministre, Simon LE BARON, France-Inter.
Puisque les propos du Président de la République finissent toujours par sortir
dans la presse, je propose de gagner du temps, qu’a dit Emmanuel MACRON en
ouverture du Conseil des ministres ?
Olivier VÉRAN
Alors, d'abord, vous ne me verrez jamais, ni ici, ni dehors,
commenter les propos du président de la République en Conseil des ministres, à
moins que ce ne soit des propos qui soient amenés à sortir. Et je pense que
c'est une hygiène démocratique que nous avons tous à nous imposer, parce que ça
fait partie de l'enceinte fondamentale pour la vie démocratique de notre pays.
Donc, ce sera une réponse générique à la question que vous avez posée.
Simon LE BARON
Merci.
Journaliste
Bonjour Monsieur le Ministre. [inaudible] pour CNews.
Concernant la réunion entre Pap NDIAYE et les recteurs sur la hausse des
incidents liés au port de l'abaya. Est-ce que c'est un phénomène qui vous
inquiète ? Est-ce que le Gouvernement réfléchit éventuellement à des mesures
sur ce sujet ?
Olivier VÉRAN
Le Gouvernement ne réfléchit pas à des mesures. Le
Gouvernement agit. Il a agit, il agit, il agira. La question, c'est faut-il
adapter notre arsenal de réponse face à un phénomène qui pourrait être en
expansion et qui poserait de très nombreux problèmes ? Et ne croyez pas qu'il
soit anodin que l'école de la République soit le lieu qui fasse l'objet
d'attaques, de la part de personnes qui souhaitent faire du prosélytisme
religieux. Ça n'a rien d'anodin. Et d'ailleurs, on dit souvent que l'école est
le sanctuaire de la laïcité. Il faut faire attention parce que si on considère
que c'était le sanctuaire et on pourrait lui coller une cible vis-à-vis de tous
ceux qui voudraient remettre en cause la laïcité. Donc, la laïcité, on la défend
partout et on la défend, notamment à l'école. Et le ministre de l'Éducation est
à sa place en travaillant avec les recteurs et tous les responsables de
l'enseignement de notre pays pour déterminer s'il y a lieu, ou non, de mettre
en place d'autres actions.
Journaliste
Merci.
Anne RENAUT
Bonjour Monsieur le Ministre. Anne RENAUT de l’AFP. Est-ce
que vous même, en tant que porte-parole du Gouvernement à votre poste de
ministre du Renouveau démocratique, avez-vous eu un entretien avec le Président
pour faire un bilan de compétences et envisager l'avenir, dans un éventuel
remaniement ?
Olivier VÉRAN
D’accord, j’ai compris votre question. Je ne voyais pas le
sens de votre question. Je ne vois pas malice, évidemment. Eh bien, écoutez,
s'il y avait des entretiens entre un ministre et le président de la République,
je vous renverrais volontaire la réponse que j'ai faite à votre collègue,
éminent collègue Simon LE BARON, à savoir que je pense qu'il y a des choses qui
ont vocation, en fait, à rester dans le domaine du cadre professionnel, surtout
lorsqu'on parle de démocratie.
Christelle MÉRAL
Bonjour, Monsieur le ministre, Christelle MÉRAL, France
Télévisions. Merci. On met un coup de pression sur les professionnels de
l'agroalimentaire pour aller plus loin dans les baisses des prix. Alors
aujourd'hui, qui ne joue pas le jeu et est-ce qu'il y a l'intention d'appliquer
le « name and shame »?
Olivier VÉRAN
Alors, on a effectivement un sujet. On a un sujet,
c'est-à-dire que depuis le début de l'inflation, vous avez des entreprises, et
notamment des entreprises françaises, Cocorico, qui ont fait très attention,
qui ont modéré leur taux de marge, qui ont parfois réduit leur taux de marge,
et qui participent de tous les dispositifs accompagnés par le Gouvernement, en
vue de rendre les produits accessibles financièrement pour les consommateurs.
Et vous avez des entreprises dont manifestement le taux de marge a augmenté
pendant l'inflation. Je parle de taux de marge, je ne parle pas du prix de
l'aliment. Ça veut dire que le bénéfice augmente indûment au regard des
mécanismes de l'inflation. Ce sont des entreprises souvent étrangères, on
travaille avec elles, on leur met, oui, une saine pression, leur disant que
dans le cadre des renégociations avec la grande distribution, il serait quand
même intéressant que chacun participe à l'effort collectif. On regarde aussi
d'ailleurs les pratiques de ces groupes à l'étranger, notamment chez certains
pays européens. Et je vous le dirai, moi, je ne serai non seulement pas opposé
à ce qu'on fasse, je sais pas si c'est du « name and shame » ou autre, mais en
tout cas qu'on informe les consommateurs. Et je vous le dis, comme
consommateur, ça m'intéresse.
Christelle MÉRAL
Mais concrètement, « name and shame » ou pas alors ?
Olivier VÉRAN
Donc, c'est en discussion, c'est Bercy qui a la main
là-dessus et qui travaille, vous le savez, d'arrache-pied depuis des mois pour
cette bataille du pouvoir d'achat.
Christelle MÉRAL
Je vous remercie.
Léopold AUDEBERT
Bonjour Monsieur le Ministre. Léopold AUDEBERT pour BFMTV.
On a appris hier soir la démission du préfet Christian GRAVEL, responsable du
fonds Marianne. Certains membres des différents camps, d'ailleurs, de
l'opposition disent que c'est Marlène SCHIAPPA qui doit démissionner. Qu'est-ce
que vous leur répondez à ces oppositions aujourd'hui ?
Olivier VÉRAN
Moi, je ne fais pas de commentaires politiques de cette
nature. En revanche, il y a eu un rapport de l'inspection générale de
l'administration qui indique que le secrétariat général, et je prends les
notes, du comité interministériel de prévention de la délinquance et de la
radicalisation n'a pas accompli les diligences nécessaires au bon suivi de
l'exécution d'une subvention. Et donc, je n'ai pas d'autres commentaires à faire.
Léopold AUDEBERT
Merci.
Journaliste
Je me permets une question plus internationale. Le président
de la République a affirmé hier qu'il n'avait pas les éléments nécessaires pour
qualifier la destruction du barrage de Kakhovka dans la région de Kherson en
Ukraine. Est-ce que des contacts que vous avez eus avec les autorités
ukrainiennes, vous avez davantage d'éléments pour avoir une réaction ? Et
comment est-ce que la France peut aider dans cette région après la destruction
du barrage ? Merci.
Olivier VÉRAN
Par définition, je n'ai pas de réaction supplémentaire à
celle qu'aurait faite le président de la République, vous l'imaginez bien.
Ensuite, je pense que dans cette période, on doit rester assez vigilants, vu le
nombre d'informations, à garder une forme de respect vis-à-vis de toutes les
actions qui pourraient avoir lieu sur le terrain ukrainien. Vous dire
qu'évidemment, on regarde avec inquiétude ce qui s'est passé, c'est-à-dire la
destruction partielle du barrage de Kakhovka qui est intervenue dans la nuit du
5 au 6 juin. Et s'il était utile de le rappeler, mais il est peut-être utile de
le rappeler à chaque fois, nous sommes aux côtés des Ukrainiens avec un support
humanitaire, logistique, militaire, civil. Et donc, ils savent pouvoir compter
sur la France et sur l'Union européenne. Eh bien, écoutez, s'il n'y a plus de
questions, je laisse la parole à un trio de choc qui va vous présenter un des
projets de loi les plus importants des semaines actuelles.
Olivier DUSSOPT
Bien, bonjour à toutes et à tous.
Peut-être quelques mots
pour vous présenter le contexte dans lequel nous avons présenté ce projet de
loi relatif au plein emploi devant le Conseil des ministres.
D'abord, un
contexte marqué par l'évolution de l'emploi depuis le début du premier quinquennat
d'Emmanuel MACRON avec la création d'1,7 million d'emplois nets depuis 2017
dans le secteur privé et derrière cette création d'emplois importante, des
chiffres qui le sont tout autant. Le taux d'activité, le taux d'emploi plus
exactement des Français âgés de 15 à 64 ans — c'est une publication de l'INSEE
— atteint 68,6 %. C'est un chiffre que nous n'avions jamais atteint depuis
1975, qui est la date de création de cet indicateur. Et dans le même temps,
l'emploi des seniors, malgré un retard par rapport au reste des pays européens,
a aussi beaucoup augmenté et atteint des records. Et pour l'emploi des 15 à 24
ans, nous avons un taux d'emploi qui est le plus haut depuis 1990.
Ce sont,
donc, plutôt des bonnes nouvelles, mais nous gardons un taux de chômage qui est
à 7,1 %, ce qui est un des taux de chômage les plus élevés en Europe, alors que
dans le même temps, les entreprises françaises connaissent de grosses
difficultés de recrutement. Il y a près de 60 % des entreprises industrielles,
notamment les PME, qui nous disent avoir tellement de difficultés pour recruter
qu'elles doivent renoncer à des opportunités de croissance et des opportunités
de développement. Nous savons que cette situation un peu paradoxale s'explique
par plusieurs situations, par plusieurs facteurs.
Le premier facteur sur lequel
nous travaillons depuis 2018, c'est la question de la formation et des
compétences. Et c'est tout l'objet du plan d'investissement dans les
compétences qui se déroule depuis maintenant 5 ans que nous allons reconduire
avec les régions à partir de 2024 avec la volonté de financer les formations
pour les métiers de transition, pour les métiers en tension, mais aussi sur les
compétences les plus socles.
C'est une deuxième explication que nous trouvons
avec les règles du système d'assurance chômage. Nous l'avons réformé deux fois,
une fois en 2019, une fois en 2022. Et sur ce point, il nous semble que les
réformes que nous avons portées apportent les réponses nécessaires. Et puis, la
troisième explication, c'est la question du fonctionnement du service public de
l'emploi, avec, en France, un service public de l'emploi qui se caractérise par
de l'atomicité, par de la complexité. J'ai chargé Thibaut GUILLUY, il y a
maintenant plusieurs mois, comme haut-commissaire à l'engagement des
entreprises et à l'emploi, de préparer ce rapport de préfiguration qu'il nous a
remis le 17 avril dernier, après 8 mois de travail.
Et le rapport sur lequel
nous nous appuyons permet de revoir le service public de l'emploi. Qautre axes dans
ce texte. Le texte est court, je le précise, il a 11 articles. Et ces 11
articles s'articulent autour de quatre priorités, au-delà de la présentation en
titre et de la présentation juridique du document. La première priorité, c'est
de transformer Pôle emploi en France Travail. C'est à la fois un changement de
nom, mais c'est surtout un changement de nature. Pôle emploi devient France
travail, c’est l’opérateur principal de la politique de l’emploi, c’est aussi
un opérateur qui va être chargé de mission pour le compte de tous les autres en
matières de référentiel commun, de méthodologie, de système d’information
partagé puisque le rapport a montré que la question du partage des informations
était cruciale pour assurer de bons parcours et assurer une meilleure efficacité.
C'est dans le même temps la volonté de changer la gouvernance avec une
association très étroite des collectivités locales au niveau régional, avec les
régions, au niveau départemental avec les départements, avec toutes les
collectivités, au niveau infra départemental, mais plus largement au niveau
national, nous associons les collectivités comme nous associons les partenaires
sociaux de manière à ce que tout le monde soit autour de la table. La présence
des collectivités est importante parce que, mes deux collègues y reviendront,
ç'est la meilleure façon, à nos yeux, de travailler à lever les freins pour
aller vers l'emploi, que ce soit le logement, la mobilité, les garde d'enfants,
parfois des problématiques de santé.
Donc, cette gouvernance va être extrêmement
partagée et nous y tenons, avec notamment des opérateurs spécialisés et
renforcés, les missions locales pour les jeunes ou encore Cap emploi pour les
personnes en situation de handicap.
Le deuxième aspect du projet de loi qu'il
faut souligner, c'est la question de la rénovation et de la réforme de
l'accompagnement des demandeurs d'emploi comme des allocataires du RSA, à la
fois avec une volonté de simplification. Nous allons parler de contrat
d'engagement réciproque, c'est une notion qui existe depuis la loi de 1988 sur
le RMI, non seulement pour les allocataires du RSA, mais aussi pour les
demandeurs d'emploi. Et pour ce qui concerne les allocataires du RSA en
particulier, notre objectif est de renforcer l'accompagnement dont ils
bénéficient. Les chiffres sont édifiants aujourd'hui, la Cour des comptes l'a
montrée début 2022. 7 ans après une première inscription à un RSA, 42 % des
allocataires sont toujours au RSA de manière continue ou intermittente, et
seulement 33% sont en emploi. Et les deux tiers de ceux qui sont en emploi sont
plutôt sur des emplois précaires et seulement un tiers, soit 11 % du total, sur
un emploi stable. De la même manière, presque un allocataire sur 5, 17 % pour
être précis, ne fait l'objet d'aucun suivi, ni social, ni professionnel et le
RSA se résume finalement à une allocation, ce qui peut expliquer bien des
difficultés à revenir vers l'emploi.
Donc, nous allons renforcer cet
accompagnement en lien avec les départements de France. C'est d'ailleurs pour
ça que nous expérimentons de nouvelles formes d'accompagnement dans 18
départements. L'objectif est d'aller vers 15 à 20 heures d'activités, de
formation, d'activité d'insertion, d'accompagnement vers l'emploi. Il ne s'agit
pas, nous l'avons déjà dit, ni de travail gratuit, ni de bénévolat obligatoire,
mais bien d'accompagnement qui peut avoir des caractéristiques très
particulières puisque la loi dira que les contrats d'engagement doivent
respecter et tenir compte de la qualification de l'âge, de l'état du marché du
travail, du bassin d'emploi dans lequel on vit et des questions de mobilité
pour déterminer un parcours le plus partagé possible.
Nous allons aussi mieux
agir en termes de sanction et de contrôle lorsqu'un parcours est élaboré avec
un allocataire, lorsque le contrat d'engagement est signé, s'il y a un refus
délibéré de participer à ces activités adaptées parce que prévues, il y aura
une possibilité de suspension de l'allocation. Aujourd'hui, la loi de 88
prévoit déjà la radiation, la radiation pure et simple des droits. Nous créons
une possibilité de suspension plus légère, plus rapide et plus effective à
mettre en œuvre, mais qui n'a pas le caractère irréversible que peut avoir la
radiation qui oblige à reprendre l'intégralité de la procédure d'inscription en
cas de besoin. Nous allons faire en sorte aussi que cet accompagnement soit
renforcé pour les demandeurs d'emploi dans le cadre de la réforme et de la
transformation de Pôle emploi en France travail.
Enfin, pour ce qui me
concerne, un dernier point dans le texte pour des questions relatives à la
formation. J'ai indiqué que nous souhaitons reconduire la contractualisation
avec les régions sur le plan d'investissement dans les compétences. Nous allons
le faire en affichant des priorités plus fortement encore que dans la première
génération. Je précise que la première génération, ce sont 18 milliards d'euros
qui ont été engagés par l'Etat aux côtés des régions pour renforcer la
formation des demandeurs d'emploi en particulier.
Donc, nous avons des
priorités sur les métiers en tension, bien sûr, sur les métiers de la
transition écologique, numérique. Nous savons quels sont les métiers dans
lesquels les opportunités de recrutement seront les plus importantes d'ici
2030. Nous allons renforcer aussi la priorité sur ce qu'on appelle les
compétences socles. En réalité, c'est la lutte contre l'illettrisme, contre
l'analphabétisme, c'est aussi la lutte contre l'illectronisme puisque plus nous
allons vers le plein emploi et plus celles et ceux que nous devons aider,
accompagner sont parfois très éloignées de l'emploi et avec des difficultés
d'accès aux premières informations. Et puis, jusqu'à présent, les formations
dispensées dans le cadre du plan d'investissement dans les compétences étaient
réservées à des demandeurs d'emploi ayant une qualification inférieure au bac.
Nous allons les ouvrir jusqu'à un niveau de qualification inférieur à bac+2,
car nous savons que des jeunes notamment, que nous voyons dans les contrats
d'engagement jeunes, peuvent avoir un bac quelle que soit la série du bac et
avoir échoué ou s'être trompé dans leur propre orientation et avoir des
difficultés d'employabilité alors qu'ils ont le bac mais qu’ils n'ont pas une
qualification professionnelle leur permettant d'accéder à l'emploi.
C'est
vraiment une volonté d'accompagnement plus globale que nous allons mettre en
œuvre. Je précise aussi que pour garantir un suivi professionnel de tous,
l'allocation, le bénéfice d'une allocation RSA sera accompagné d'une
inscription automatique auprès de Pôle emploi, puisque, actuellement, seuls 40
% des bénéficiaires du RSA sont inscrits à Pôle emploi et que cela nous paraît
utile que cette inscription automatique garantisse un meilleur suivi
professionnel et une meilleure réinsertion professionnelle de tous.
Je le disais,
il y a un quatrième point qui consiste à lever les freins, lever les freins à
l'emploi. Tout n'est pas de l'ordre législatif quand on parle de logement,
quand on parle de mobilité, mais il y a des choses qui sont législatives autour
de la garde d'enfants. C'est notamment le travail mené par Jean-Christophe
COMBE et autour de la question du travail des personnes en situation de
handicap. Lors de la dernière conférence nationale du handicap, le Président a
annoncé un certain nombre de mesures que nous avions préparées avec Madame la
ministre déléguée et qui permet de faciliter l'accès à l'emploi des personnes
en situation de handicap, mais mes deux collègues vont vous les présenter.
Jean-Christophe COMBE
Merci beaucoup.
Bonjour à tous ! Comme le ministre du
Travail vient de le dire, il y a un certain nombre d'obstacles à lever pour
atteindre la société du plein emploi. Et parmi ces obstacles, il en est un qui
revient de façon systématique de la part des parents, c'est celui de la garde
d'enfant.
Alors, ce projet de loi, c'est aussi l'occasion de franchir une
nouvelle étape dans la construction du service public de la petite enfance. Un
nouveau service public qui est sans doute l'une des plus importantes réformes
sociales de ces 30 dernières années.
C'était un engagement du président de la
République pendant sa campagne, dans la continuité de la politique des 1 000
premiers jours qui a été portée à l'occasion de la législature précédente.
Concrètement, il s'agit de faire en sorte que tous les parents aient une
solution d'accueil pour leur jeune enfant. L'objectif, c'est de commencer dès
maintenant et de monter en puissance d'ici à 2030. Quelques chiffres pour bien
comprendre l'enjeu. 61% : c'est le nombre de jeunes parents qui ont vécu une
période de stress pour trouver une solution et c'est la première préoccupation
de tous les jeunes parents aujourd'hui.
71 % : c’est le nombre de familles vivant sous le seuil de pauvreté, qui
ne recourt à aucune solution d’accueil. 150 000 : c’est le nombre de personnes,
la plupart des femmes, qui renoncent à un travail ou qui doivent adapter leurs
horaires de travail pour pouvoir accompagner leur enfant. 60 % : c’est le taux
de couverture des capacités d’accueil avec de fortes disparités d’un
département à l’autre.
Et enfin, 200 000 : c’est le nombre de places dont on a
besoin pour couvrir l’écart entre l’offre et la demande dans notre pays. Bref,
vous le voyez, réussir ce service public, c’est d’abord bon pour les enfants,
et on connaît l’importance de l’accompagnement pendant les 3 premières années
de la vie de l’enfant sur le développement, sur son éducation. C’est bon aussi
pour la natalité. J’ai la conviction que ce sont… c’est en donnant plus de
services aux familles qu’on leur permettra de réaliser leur désir d’enfant dans
notre pays. Ce sera bon aussi pour les familles, et notamment les familles les
plus précaires, puisque c’est la jambe sociale aussi de cette politique
familiale qui est portée dans le cadre de ces services publics de la petite
enfance, ou pour réduire les inégalités d'accès aux solutions d'accueil, mais
aussi réduire les inégalités de destin pendant ces 3 premières années de la
vie. Ce sera bon aussi pour l'égalité entre les femmes et les hommes, je vous
l'ai dit.
Parmi les 150 000 personnes qui renoncent à un emploi, eh bien, la
très, très grande majorité, ce sont des femmes, et donc c'est elles qui
souffrent le plus de cette situation. Et puis, ce sera surtout bon pour
l'emploi parce que, comme je le disais en introduction, c'est le premier frein
à l'accès à l'emploi dans notre pays. Dans le projet de loi, on a proposé un
certain nombre de mesures qui traitent d'un aspect essentiel pour la réussite
de ce service public, celui de la gouvernance et du pilotage de cette politique
publique.
Alors qui sera chargé dans ce nouveau texte, de porter le déploiement
de cette politique publique pour celles et ceux qui ont pu trouver un mode de
garde ? La solution est évidente, ce sont les communes, parce que c'est elles
qui sont les plus proches du terrain. Ces communes, elles auront un rôle
d'information et d'accompagnement des familles, un rôle de recensement de
l'ensemble de l'offre, et enfin, un rôle de développement quantitatif et
qualitatif de l'offre d'accueil du jeune enfant.
Naturellement, l'État
compensera financièrement cette responsabilité des communes avec lesquelles je
travaille depuis plusieurs mois dans le cadre du Conseil national de la
refondation dédié à la petite enfance. Ce sont des moyens financiers inédits
qui vont être déployés pour mettre en œuvre et atteindre cet objectif de
création de 200 000 places d'ici à 2030. C'est près de 6 milliards d'euros qui
vont être investis d'ici à 2027 partout sur le territoire et qui nous
permettront d'atteindre ces objectifs. Ils seront investis pour accompagner le
fonctionnement de ces nouvelles places en crèche ou chez les assistantes
maternelles. Ils seront investis pour accompagner les communes dans
l'investissement, sur de nouvelles structures, mais aussi pour accompagner les
plus petites d'entre elles dans l'ingénierie. Parce qu'on sait que les petites
communes ont de grandes difficultés, parfois, à porter ces plans de
développement.
Enfin, les familles seront assurées d'avoir des réponses
concrètes à leurs besoins partout sur le territoire, puisque nous donnons aux
Caisses d'allocations familiales la capacité de se substituer, le cas échéant,
aux communes pour pouvoir agir en dernier ressort en cas de difficultés. C'est
la fameuse corde de rappel qui nous permettra d'atteindre effectivement ces
objectifs. En un mot, ce service public, ce sera la fin du parcours du
combattant pour les familles. C'est un investissement d'avenir pour la natalité
et le développement de nos enfants. Et puis, c'est un levier puissant pour le
plein emploi et en particulier celui des femmes.
Intervenante non
identifiée
Bien.
Bonjour à toutes, bonjour à tous.
La part handicap
dans ce projet de loi est très importante. Cette part est importante parce que
d'abord elle traduit les annonces du Président de la République lors de la
Conférence nationale du handicap du 26 avril dernier. Et puis, elle donne de la
visibilité des droits supplémentaires aux personnes en situation de handicap et
surtout des facilités pour participer à ce plein emploi. Et je voudrais
rappeler que le taux de chômage des personnes en situation de handicap est
passé de 19 % en 2017 à 12 % aujourd'hui et que nous devons poursuivre la
décroissance de ce taux de chômage, et donc, faire en sorte que les personnes
en situation de handicap participent au plein emploi.
Une première mesure. Il y
a 3 pôles principaux dans cette loi. La première concerne l'orientation des
personnes handicapées pour leur insertion et leur maintien en emploi. Cela
relèvera de la compétence et de la responsabilité du service public de
l'emploi, et donc de France Travail qui sera mise en œuvre. Les personnes
handicapées seront évaluées, leurs compétences seront évaluées au niveau de
France Travail. Et donc, leurs poursuites en formation ou en emploi, eh bien,
dépendront du service public de l'emploi. Les maisons départementales, bien entendu,
poursuivront la notification d'orientations en Esat qui sont des établissements
médico-sociaux, à partir des préconisations de France Travail. L'orientation,
donc, se fait de droit en milieu ordinaire.
Autre point principal, c'est le
droit des travailleurs en établissements et services d'aide par le travail, les
Esat. 120 000 travailleurs en France. Eh bien, nous alignons intégralement leur
droit sur le droit dans le Code du travail, leurs droits individuels donc droit
à la complémentaire santé, droit au versement de la prime transport, prime
exceptionnelle de pouvoir d'achat et leurs droits collectifs, droit de grève,
droits de représentation syndicale, droit d'intervention de l'inspection du
travail. Ils conserveront néanmoins une protection essentielle pour eux. Bien
sûr, ils ne pourront pas être licenciés.
Et troisième pan, il s'agit de
faciliter et de simplifier l'incitation à reprendre le travail pour les
personnes en incapacité ou en invalidité qui pourront avoir les mêmes droits
que les personnes titulaires d’une reconnaissance de qualité de travailleur
handicapé, les fameuses RQTH, sans passer par les maisons départementales des
personnes handicapées. Donc le chemin sera plus fluide et simplifié. Ils
pourront donc être recrutés en entreprise adaptée, bénéficier de l’emploi
accompagné ou avoir une rémunération majorée en formation professionnelle. Et
simplement, les dispositifs de facilitation d’accès à l’emploi que sont les
entreprises adaptées de travail temporaire et les CDD tremplin, qui étaient en
mode expérimentation, seront maintenant totalement pérennisés pour la durée,
pour de longues années je l’espère parce qu’elles permettent, et sont dans le
Code du travail, elles permettent surtout à ces travailleurs une facilitation
du maintien en emploi ou de la reprise d’emploi.
Je vous remercie.
Journaliste
Question rapide : le président du Sénat, Gérard LARCHER, a
fait ce matin un lien direct entre le projet de loi que vous présentez
aujourd’hui et le titre de séjour métier en tension que vous portez également
dans un autre texte. Quelle est votre réaction à ce comparatif entre ce projet
de loi aujourd’hui et le titre de séjour métier en tension ? Merci.
Olivier DUSSOPT
Je n’ai pas entendu le comparatif et le lien fait par le
président du Sénat donc je ne vais pas commenter ce que je ne connais pas. Je
dis simplement que le projet de loi que nous présentons aujourd'hui sont des
dispositions qui concernent l'accompagnement des allocataires du RSA, des
demandeurs d'emploi, la question de la formation. Pour les questions relatives
à l'intégration par le travail de personnes immigrées et notamment d'immigrés
non-communautaires, il y a simplement des discussions qui sont en cours avec
des propositions qui ont été faites par les deux groupes LR, à l'Assemblée et
au Sénat, des positions qui ont été rappelées par la majorité présidentielle,
par le Gouvernement, et Gérald DARMANIN et moi-même continuons les discussions.
Mais il n'y a pas de disposition dans le texte que nous venons de vous
présenter qui concerne la question de l'immigration.
Journaliste
J'ai une question sur… Vous allez inscrire automatiquement
les allocataires du RSA sur France Travail désormais. Est-ce que ça ne va pas
augmenter automatiquement le nombre de demandeurs d'emploi du coup ?
Olivier DUSSOPT
Ça augmente mécaniquement le nombre de… Ça augmentera,
pardon, automatiquement le nombre de demandeurs d'emploi inscrits auprès de
Pôle emploi. Mais vous savez que les chiffres du chômage, ceux sur lesquels
nous communiquons, ceux sur lesquels l'Etat communique depuis au moins 20 ans,
ce sont les chiffres du chômage au sens du Bureau international du travail, qui
n'ont pas grand chose à voir en réalité avec le nombre de demandeurs d'emploi
inscrits chez Pôle emploi. Votre question me permet de préciser que, dans ce
cadre là, nous travaillons avec Pôle emploi qui deviendra France Travail sur
cette question des catégories de demandeurs d'emploi inscrits chez Pôle emploi.
Pour une raison assez simple, c'est que 40% des allocataires du RSA seulement
sont inscrits à Pôle emploi aujourd'hui, ce n'est évidemment pas assez. Mais
nous savons aussi que l'inscription de 100% des allocataires chez Pôle emploi
se traduira par une nécessité qui est que certains d'entre eux soient inscrits
dans des catégories de dispensés de recherche d'emploi. Parce que nous savons
que parmi les allocataires du RSA, certains rencontrent des difficultés
tellement importantes au moment où ils seront inscrits auprès de France Travail
que la recherche d'emploi est quasiment impossible, voire totalement impossible
pour des questions de santé, pour des questions de parcours d'insertion
extrêmement difficiles. Donc nous travaillons à cela. Ce n'est pas abouti parce
que c'est une réflexion interne à l'opérateur qui est Pôle emploi et que sera
France Travail. Et nous savons qu'il y aura une conséquence sur le nombre de
demandeurs d'emploi inscrits, sans que cela ait de conséquence directe sur le
chômage au sens du BIT.
Journaliste
Merci.
Simon LE BARON
Bonjour, Simon LE BARON pour France Inter. Les critiques sur
le RSA sous conditions n'ont pas totalement disparu, loin de là d'ailleurs.
Qu'est-ce que vous répondez à ceux qui estiment que c'est une façon de
stigmatiser les allocataires du RSA dans un discours plus global contre
l'assistanat ?
Olivier DUSSOPT
Il y a deux écueils à éviter dans ce débat, je crois. Le
premier, c'est de considérer que tous les allocataires du RSA seraient
responsables de leur sort et responsables de leur absence d'emploi, ça n'est
pas vrai. Ce n'est pas vrai parce que lorsqu'on est au RSA, c'est le fruit
souvent de très grandes difficultés. Et avec le RSA, on a une possibilité de
survivre. Mais en réalité, si on est allocataires du RSA ou en difficulté,
c'est plus un revenu de subsistance qu'un revenu de vie. Ca, c'est la première
chose et on est extrêmement attentif à ça. C'est pour ça que j'ai bien précisé,
et dès le départ, que ce n'était ni du travail gratuit ni du bénévolat
obligatoire. S'il y a travail, il y a contrat de travail, il y a rémunération,
et le bénévolat, c'est un engagement personnel. Par contre, il faut éviter
aussi un deuxième écueil qui est celui de considérer que la question des
contreparties serait une stigmatisation. D'abord parce que cette question des
contreparties existe depuis 1988, et bien souvent ceux qui portent ce discours
aujourd'hui appartiennent à la même famille politique que celle qui a créé le
RMI en 88 avec ce contrat d'engagement réciproque. Ensuite parce que dans la
loi telle que nous la présentons, c'est la puissance publique au sens le plus
large qui prend le premier engagement consistant à proposer partout sur le
territoire une offre d'insertion, de formation, d’accompagnement qui soit adaptée
aux allocataires du RSA. Et enfin, parce que nous sommes, et vous le verrez
dans le texte de loi, dans la rédaction d'un contrat d'engagement que nous
voulons rapide. Aujourd'hui, quand il y a contrat d'engagement, c'est-à-dire à
peine 1 fois sur 2, c'est au bout de 5 mois après la première allocation. Nous
voulons aller beaucoup plus vite, nous voulons le faire en quelques semaines,
avec un diagnostic de la situation sociale et professionnelle et avec la
définition d'un parcours entre le conseiller, les conseillers et l'allocataire
du RSA. Et donc on est vraiment sur cette contrepartie là. La vérité, c'est que
la plus grande stigmatisation, c'est de maintenir les personnes dans la
précarité. Et je considère qu’il y a une formidable hypocrisie, voire même un
peu de cynisme, à considérer que l'Etat, la collectivité seraient quittes de
leur devoir de solidarité dès lors qu'on a versé 607 euros à un adulte qui vit
seul. Nous serons quittes dans notre devoir de solidarité quand on aura permis
au maximum d'entre eux de retrouver un emploi, de l’autonomie, de la dignité et
du pouvoir d'achat par le travail.
Simon LE BARON
Merci.
Olivier DUSSOPT
Pas d’autre question ? Eh bien merci à tous.