Compte rendu du Conseil des ministres du 04 octobre 2023
Olivier VÉRAN
Bonjour à tous !
Mesdames
et messieurs, je voudrais en ouverture de ce compte rendu du Conseil des
ministres avoir une pensée et exprimer mes sincères condoléances à la famille
et aux proches de Jean-Pierre ELKABBACH dont nous avons appris la mort hier soir.
Quand je dis que j’exprime mes pensées pour les proches de Jean-Pierre
ELKABBACH, elles vous vont… Elles sont aussi destinées aux journalistes qui
sont présents dans cette salle du compte rendu. J'imagine que peut être qu'un
certain nombre d'entre vous ont été inspirés par la carrière de ce grand
journaliste politique qui aura sans doute interviewé la totalité des grandes
figures politiques de cette Vème République, Vème République dont nous fêtons
et nous célébrons les 65 ans aujourd'hui comme étant la Constitution la plus
durable parmi toutes. Je retiens la passion de Jean-Pierre ELKABBACH, son
audace et sa pugnacité.
Mesdames et Messieurs, ce Conseil des ministres s'est
tenu dans le contexte d'une semaine que je qualifierais de régalienne. En
effet, hier, lundi, pardon, le président de la République, au cours d'un
déplacement, a pu annoncer la création de 238 nouvelles brigades de gendarmerie
sur l'ensemble du territoire national. C'est le signe que la question de la
sécurité, l'enjeu de la sécurité, n'est pas l'enjeu que des grandes métropoles,
mais l'enjeu de tout le territoire puisque vous l'aurez constaté vous même, ces
nouvelles brigades de gendarmerie, qu'elles soient fixes ou mobiles, sont
réparties sur toute la cartographie nationale et notamment en zones rurales et
péri rurales. C'est un engagement important qui vient d'être retenu.
Semaine
régalienne aussi, puisque la Première ministre, vendredi, se rendra à Caen dans
le cadre de l'inauguration de la nouvelle prison, ceci s'inscrivant dans le cadre
du projet de loi sur la justice, dont l'adoption est en train de se finaliser
au Parlement et qui prévoit des moyens absolument inédits pour la justice, tant
en termes de personnels de justice, greffiers, huissiers, magistrats, que de
construction de milliers de nouvelles places de prison. Semaine régalienne,
toujours avec le Conseil national de la refondation consacré aux émeutes
urbaines, qui se tiendra demain, jeudi, à Matignon avec l'ensemble des
représentants des corps intermédiaires pour poursuivre et finaliser cette
réflexion globale de manière à pouvoir répondre à la question des français :
comment éviter que de telles émeutes se reproduisent ?
Et puis, régaliennes
enfin, je le disais, je l’évoquais, les 65 ans de la Vème République, la plus
durable de toutes. Le président de la République se rendra au Conseil
Constitutionnel dans quelques minutes - j’irai moi-même, à la fin de cette
intervention - où il prononcera un discours sur cette Constitution.
Au cours du
Conseil des ministres, le ministre chargé de l'Éducation nationale et la
ministre chargé de la Recherche et de l'Enseignement supérieur ont présenté
un décret qui porte modification des modalités de nomination des recteurs.
C'était le seul texte officiel présenté. Le Conseil des ministres a ensuite
acté, à la demande du Ministère, sur proposition du ministre de l'Intérieur, la
procédure de dissolution de l'association Civitas, pour l'ensemble de son
œuvre, si je puis dire. J'en donne, ici, quelques extraits : appel à entrer en
guerre contre la République, incitation à recourir à la force pour y parvenir.
Civitas considère les droits de l'homme comme des outils de destruction de la
civilisation chrétienne. Civitas a organisé des rassemblements en hommage à des
personnalités emblématiques de la collaboration. Civitas assure la promotion
d'une hiérarchie entre les citoyens français avec des thèses clairement
antisémites et islamophobes. Et puis Civitas se considère évidemment… enfin par
ailleurs, la communauté LGBTQI+ comme une communauté néfaste contre laquelle il
faudrait lutter. Pour l'ensemble de ceci, une procédure de dissolution a donc
été actée.
Enfin, le ministre en charge de la Santé et de la Prévention est
revenu sur une des ambitions fortes du Gouvernement, pour ces prochaines années
: le développement d'une véritable culture de la prévention en matière de
santé. C'est bien un changement de culture que nous impulsons. Il ne s'agit pas
seulement de médecine, mais plus largement, de notre rapport au soin, au
bien-être, à la santé, le changement de nos habitudes individuelles et
collectives, de nos gestes au quotidien. C'est une transformation globale de
notre manière de penser la santé, une transformation, alors même que, depuis la
fin de la Seconde Guerre mondiale, la France avait plutôt adopté une démarche
centrée sur le soin, une démarche curative qui était alors adaptée aux enjeux
de notre temps. Mais l'explosion des maladies chroniques, le vieillissement de
la population, les inégalités de santé, l'augmentation des maladies générales
et chroniques nous ont obligés à entamer ce virage de la prévention.
Je ne
ferai pas ici la liste de tout ce qui a été fait depuis 2017. Simplement,
évoquer avec vous quelques grandes lignes fortes de la campagne de prévention
qui commence cette année. D'abord, le grand succès de la campagne de
vaccination et d'immunisation contre la bronchiolite, c’est une maladie
terrible pour les nourrissons. Il y a un taux d'adhésion absolument… enfin,
extrêmement élevé, de l'ordre de 60 à 80 %, dès la maternité. Depuis lundi,
dans tous les collèges de France, nous proposons la vaccination gratuite contre
le virus HPV, le papillomavirus, ce, dès la classe de cinquième, pour éviter et
à terme éradiquer des cancers qui peuvent parfois tuer comme le cancer du col
de l'utérus par exemple.
Le projet de loi de finances de la Sécurité sociale
confirme les engagements pris par le président de la République, notamment la
prise en charge des préservatifs pour les moins de 26 ans, le remboursement des
protections menstruelles pour les publics jeunes et précaires. C'est aussi une
question de numérique, la question de la prévention en santé, et nous déployons
des innovations numériques. Je pense notamment à l'outil Mon espace santé où
chaque mois 10 millions de documents sont désormais partagés et stockés sur
cette application qui permet, finalement, d'avoir une gestion plus rigoureuse
et plus en ligne que l'époque du bon vieux carnet de santé que nombre d'entre
nous avaient jusqu'ici conservé.
Lorsqu'on parle de culture de la prévention,
on parle aussi de ce qu'on appelle le One Health, une seule santé,
c'est-à-dire une vision plus générale de la santé qui intègre la santé humaine,
la santé animale et la santé environnementale.
Ces enjeux-là sont absolument
majeurs. Je prendrai un exemple d'actualité, l'exemple des punaises de lits qui
font irruption dans notre quotidien, dans le quotidien de nombreux Français, et
qui illustre, je trouve, très bien cette dimension Une seule santé entre la
santé environnementale, humaine et animale. Le réchauffement climatique, on en
a désormais à la démonstration, entraîne une recrudescence de ces punaises de
lits dans l'ensemble des pays occidentaux, touchant plus particulièrement les
pays à forte fréquentation touristique et qui peuvent pourrir la vie de
nombreux de nos concitoyens. On le voit aujourd'hui avec beaucoup de Français
qui témoignent et qui nous obligent à penser les choses en termes de mobilité,
en termes de prévention, pour éviter la prolifération, penser aussi la
recherche pour avoir des évolutions techniques saines pour la santé et
permettant de lutter efficacement contre ces nuisibles, mais également penser
la prise en charge des dégâts, les traitements par les organismes d'assurance.
Ce sujet de punaises de lits touche, donc, à la santé, à l'économie, aux
transports, au tourisme. Il nécessite donc une approche d'ensemble, raison pour
laquelle, se tiendra, ce vendredi, une réunion interministérielle à Matignon
avec un objectif : trouver une réponse rapide, mais surtout une réponse
efficace qui permette de traiter tous les aspects du problème et de répondre
aussi à l'angoisse légitime des Français qui s'interrogent, à savoir : est-ce
qu'il y a une vraie recrudescence ou est-ce qu'elle accourt, comment agir
lorsqu'on est concerné, comment prévenir l'émergence des punaises de lits et
qui doit assurer la prise en charge lorsqu'il y en a chez les logements des
particuliers ? Je vous tiendrai informés des décisions et des orientations qui
seront prises à l'issue de cette réunion.
Je me tiens désormais prêt à répondre
à vos questions. Sachant que vous le savez, il y a une nouveauté à l'issue de
vos questions.
Mesdames et Messieurs les journalistes, je répondrai à quelques
questions qui nous ont été posées par les citoyens français à travers
l'application Agora, une application de démocratie directe. Il y a près de 2
000 questions qui ont été posées et nous proposons sur cette application aux
Français de choisir eux-mêmes quelles sont les questions auxquelles je suis,
moi ou mes collègues, amené à vous répondre chaque semaine désormais.
Journaliste
Bonjour Monsieur le
Ministre. (inaudible) de CNN. Justement, vous avez parlé de cette réunion
vendredi qui va essayer de trouver des réponses. Et je pense qu'avant de
trouver une réponse, on voulait savoir si le Gouvernement est au courant, a une
idée sur l'ampleur de l'infestation des punaises de lit, parce que jusqu'à
maintenant, on n’a pas beaucoup de chiffres officiels qui sortent, au lieu des
choses qui ont été décrites par Mathilde PANOT, hier. Et la situation est-elle
vraiment difficile ou est-ce que nous avons un peu surréagi ? Merci.
Olivier VÉRAN
Vous posez la question que
je me pose moi-même. Il nous faut apporter une réponse aux Français. Est-ce que
oui ou non, il y a une recrudescence manifeste des punaises de lit ? Depuis
quand et où ? Est-ce que ça concerne tout le territoire ? Est-ce que ce sont
des grandes métropoles ? Est-ce que c'est ailleurs ? Donc, il faut qu'on
apporte une réponse. Comment avoir une réponse alors que la déclaration des
punaises de lit n'est pas obligatoire ? Donc, il nous faut trouver des
indicateurs indirects, par exemple, solliciter l'ensemble des professionnels de
la filière, des acteurs qui interviennent chez les gens en cas d'infestation
par les punaises de lit pour savoir s'il y a une augmentation - ou non - de la
demande. Est-ce qu'il y a des délais, etc. C'est aussi demander aux
collectivités. Je rappelle qu'on est dans de la politique sanitaire qui relève
grandement, aussi, de la responsabilité municipale sur les alertes qu'ils ont
pu recevoir. C'est tout ce travail qui est en train d'être réalisé par le
Gouvernement et ses agences de manière à apporter une réponse. Donc, dès lors,
vous savez, moi, je suis pragmatique, dès lors que les Français se posent des
questions, dès lors qu'il y a de l'anxiété, dès lors qu'il y a des témoignages,
on remet du factuel et on apporte des réponses, puisque toutes les questions
sont légitimes. Donc, c'est justement l'objet des réunions qui se tiendront
aussi vendredi à Matignon.
Journaliste
Bonjour Monsieur le
Ministre. Deux questions, la première : Le chef de l'État a appelé il y a dix
jours à un accord sur les marges avec la grande distribution dans le domaine
alimentaire. On a vu que les industriels contestaient, notamment, les chiffres
de l'Insee sur leurs propres marges et que les négociations ne sont pas encore
engagées. Est-ce que, finalement, la proposition du président de la République
est déjà vouée à l'échec sur ce sujet-là ? Et puis, deuxième question sur un
revers à l'Assemblée Nationale, hier soir, où un article du projet de loi
“plein emploi” concernant la petite enfance a été supprimé par le vote de
certains parlementaires, notamment de la majorité. Est-ce que vous regrettez le
vote de ces parlementaires ? Est-ce que vous envisagez une nouvelle
délibération sur ce sujet ? Merci.
Olivier VÉRAN
Merci. Sur la question des
marges des industriels, j'ai eu l'occasion de le dire ici plusieurs fois, il y
a des groupes industriels, y compris des grands groupes et souvent des groupes
français d'ailleurs, qui ont fait un effort sur leur taux de marge parce qu'il
y avait de l'inflation. C'est-à-dire que comme les prix augmentaient, les
entreprises faisaient un geste en réduisant leur taux de marge ou en le
maintenant. Et il y a manifestement des entreprises qui ne font pas cet effort
et qui sont souvent des grands groupes industriels étrangers, américains, pour
ne pas les citer. Mais ce sont des marques que les Français aiment bien. Donc,
ils vont être enclins à faire un effort financier pour aller acheter ce
produit. Ce que nous disons, ce que dit le président de la République, ce que
dit Bercy, c'est que ça suffit et que les entreprises qui font des gros taux de
marge doivent faire un effort à destination du grand public. Il se trouve qu'en
plus, pour un grand nombre de matières premières, les prix ont baissé et que
parfois, un industriel, lorsque le prix de ses matières premières a baissé,
donc quand le coût de fabrication d'un produit fini a baissé, il va prendre un
peu plus de temps pour répercuter la baisse des prix que quand le prix des
matières premières augmente et qu'il va répercuter assez vite la hausse des
prix. Donc, ce qu'on fait, c'est d'abord un projet de loi qui permet à la
grande distribution de renégocier les tarifs avec les industriels sans attendre
le printemps. Parce que normalement, en gros, c'est une fois par an. Là, on dit
: « attendez, les prix des matières premières ont baissé. Vous allez vous
retrouver autour d'une table maintenant et vous allez entériner la baisse des
prix de vos produits maintenant». Ça, c'est le premier point. Ensuite, on l'a
dit et Bruno LE MAIRE l'avait dit en son temps : « à un moment donné, quand les
marques ne font pas le jeu, disons-le ». S'il y a des grands industriels qui
expliquent que les chiffres ne sont pas bons, écoutez, moi, à titre personnel,
je serais totalement favorable à ce qu'on publie les taux de marge et qu'on
compare entre les groupes industriels pour des produits identiques. Et chacun
se fera une idée à un moment donné. Ce n’est pas de voter avec les pieds. Le
comportement citoyen, c'est aussi d'aller acheter aussi les produits en
envoyant des signaux aux industriels. Bref, il n'y a pas des méchants et des
gentils dans l'histoire. Il y a du business qui est organisé par les
industriels et nous, l'État, on est là pour réguler ce qui doit l'être au
bénéfice des Français. Sur la deuxième question que vous me posez sur le vote
au Parlement cette nuit, avec le refus des oppositions d'entériner un article
très important qui parle de service public à la petite enfance. Et qui est très
attendu par les associations, qui ont d'ailleurs très mal réagi ce matin, très
mal réagi ce matin. Je ne sais pas vous dire ce qui s'est passé au Parlement
pour que des oppositions de gauche et de droite refusent un texte important qui
parle, qui associe services publics et petite enfance. Je vous dis juste que le
Gouvernement tient à ce texte. Il n'a pas été décidé de deuxième délibération
sur ce texte, mais à l'issue de l'adoption de ce texte, il y aura une
commission mixte paritaire et nous espérons que les parlementaires pourront
trouver un chemin d'accord.
Animatrice
Merci.
Mario LAWSON
Bonjour Monsieur le
Ministre. Mario LAWSON pour l’AFP. J'ai deux questions sur le sujet. Le premier,
c'est Sonia BACKÈS, est-ce qu’elle sera remplacée ? À quelle échéance ? Et
est-ce qu'il y a un débat actuellement sur sa remplaçante ? Et le deuxième
sujet, ça concerne la situation au lycée Rostand, à Mantes-la-Jolie. Hier, la
proviseure adjointe du lycée a été visée par un tir de mortier. Les cours ont
été suspendus et les professeurs ont exercé leur droit de retrait. Depuis la
rentrée, et même au-delà de l'établissement est sujet à des épisodes récurrents
de violence, principalement marqués par des tirs de mortiers d'artifice. Donc,
dans ce contexte-là, les élèves ont du mal à suivre leurs cours, évidemment et
les professeurs, eux, viennent travailler avec la boule au ventre. Et ils ont
fait savoir, dans un communiqué publié la semaine dernière… ils ont souligné
dans un communiqué publié la semaine dernière, l'incapacité et je cite enfin,
enfin je cite l'incapacité de nos autorités à reconnaître les besoins
spécifiques de notre établissement. Alors, est-ce que vous suivez la situation
de près ? Et est-ce qu'un déplacement du ministre de l'Éducation nationale,
Gabriel ATTAL est prévu pour apporter son soutien au personnel et au corps
enseignant ?
Olivier VÉRAN
Merci. Alors, sur le
remplacement de Sonia BACKÈS, il ne me revient pas de vous répondre. Je suis
porte-parole du gouvernement et s'il y avait un changement, une nomination au
sein du gouvernement, c'est une décision prise par le président de la République
et la Première ministre. Et que non, les annonces ne répondent pas au canal
d'échanges avec le porte-parole. En gros, je ne sais pas. Voilà. Et ce n'est
pas à moi de vous répondre. Parfois, c’est plus simple de répondre comme ça.
Sur la question de Mantes-la-Jolie. Là, je ne sais pas ce qui peut se passer
par la tête d'individus qui tirent des mortiers sur une école. Je ne sais pas à
quel…enfin, je réfléchis avec vous, je le dis ici, il n'y a pas de message
politique, de message social véhiculé derrière des actes pareils : menacer une
école, menacer du personnel scolaire, s'en prendre physiquement à l'intégrité
d'une école, enfin c'est quand même quelque chose, non seulement extrêmement
grave, mais non entendable. Donc évidemment, il faut restaurer la sécurité et
la protection de l'ensemble de la communauté éducative, des élèves, des parents
d'élèves. À Mantes-la-Jolie comme partout ailleurs où ça peut se produire. Et
je sais et nous le savons, notre nouveau ministre de l'Éducation nationale,
Gabriel ATTAL, très mobilisé sur des questions d'ordre, d'autorité. Et donc, je
ne sais pas s'il y a un déplacement qui est prévu, mais je sais qu'il est très
mobilisé aux côtés du rectorat et de la communauté éducative pour que toutes
les conditions de sécurité soient rétablies.
Quentin CHÂTELIER
Bonjour, Quentin CHÂTELIER
pour Liaisons Sociales. Une question simple sur l'endométriose : est-ce que le
Gouvernement va prendre un décret pour reconnaître cette maladie comme une
infection de longue durée et de manière automatique ? Merci.
Olivier VÉRAN
Alors j'ai eu la question
il y a 15 jours. Sur le sujet de l'endométriose, j'ai rappelé que, quand
j'avais été ministre de la Santé, il y a déjà trois ans de cela, j'avais lancé
une grande stratégie nationale de prise en charge de l'endométriose. C'est une
maladie dont on parlait très peu. C'était même une maladie, je dirais,
d'experts, d'insiders, et il y avait des associations qui se mobilisaient pour
faire reconnaître. de cette maladie. Elle touche beaucoup de femmes, elle
provoque parfois des grandes douleurs abdominales, parfois de l'infertilité,
parfois d'autres troubles, et donc il m'a paru absolument essentiel qu'on
puisse mieux la reconnaître et mieux la prendre en charge. Ce qui fait que la
France est le premier pays à s'être doté d'une stratégie nationale, qui permet
d'abord de structurer des réseaux de prise en charge dans les territoires, pour
que partout où on soit sur le territoire on puisse rencontrer des experts ; qui
permet aussi de soutenir la recherche et l'innovation puisqu'il faut qu'on
trouve des traitements, et c'est pas simple. Parfois il y en a, parfois il n'y
en a pas, c'est très compliqué ; une meilleure prise en charge et
reconnaissance dans les parcours d'infertilité aussi, une meilleure prise en charge
psychologique et une meilleure prise en charge des soins lorsqu'il y a des
dépenses de santé affectées à la maladie de l’endométriose, ce qui n'est pas
toujours le cas par ailleurs. Et donc j'avais confié à des experts - des
scientifiques, pas des politiques - la réflexion notamment sur est-ce qu'il
faut reconnaître en affection longue durée toute forme d'endométriose. Et la
réponse des experts, elle est écrite dans le rapport, je vous propose de le
consulter si ce n'est fait. Il est public, c'est non. Parce que ce n'est pas
parce que vous êtes atteint d'une maladie que vous êtes forcément amené à en
subir des symptômes, des symptômes lourds engageant des dépenses de santé. Et
donc c'est un vrai débat. Parce que dès lors qu'on est atteint d'une maladie chronique
— là on parle de l'endométriose, mais on pourrait parler de plein de maladies
chroniques — est-ce que dès lors qu'on est atteint d'une maladie chronique, on
doit être considéré comme une affection au long cours, longue durée,
c'est-à-dire quasiment malade à vie ? C'est une vraie question. Moi, ce que je
vous dis, c'est que la réponse que nous avons apportée, c'est que toutes les
patientes atteintes d'endométriose qui justifient d’une prise en charge à 100%
des dépenses de santé, dans le cas d'une ALD, d'une affection longue durée,
peuvent y avoir accès. Nous en sommes assurés lors de cette stratégie
nationale, ça a été rappelé par l'actuel ministre, et la Sécurité sociale a
enregistré une augmentation conséquente du nombre de patientes qui bénéficient
d'une ALD. Vous aurez compris que, pour toutes ces raisons, la réponse
gouvernementale à la proposition de loi est défavorable, non pas parce qu'on
négligerait ça, au contraire c'est nous qui avons amené ce sujet là parce qu'il
est important, parce qu'il est précieux, parce qu'il touche de nombreuses
femmes dans notre pays. De manière générale, s’il y avait des questions qui se
posaient, le Gouvernement a regardé avec attention l'ensemble des textes des
propositions de loi du Rassemblement National et ou parce que ces textes de loi
ne correspondent pas à la politique que nous souhaitons mener, parce que nous
considérons qu'elles ne vont pas dans le bon sens, ou parce qu'ils portent des
mesures qui ne relèvent pas de la loi mais du réglementaire, ou parce que
parfois elles proposent des choses que nous avons déjà mises en place, le
Gouvernement est défavorable à l'ensemble de ces textes.
Quentin CHÂTELIER
Je ne parlais pas du texte
du RN, je parlais de la prise d’un décret.
Olivier VÉRAN
Oui oui, mais je vous ai
répondu, y compris sur la question du décret. Le décret, il n'y a pas de décret
à ma connaissance qui porte sur une reconnaissance systématique parce que le
ministre de la Santé l'a dit lui-même.
Quentin CHÂTELIER
Très bien, merci à vous.
Mathieu COACHE
Bonjour Monsieur le
Ministre. Mathieu COACHE, BFM TV. La faculté d'économie et de gestion de
Colbert à Marseille va fermer ses portes vendredi pendant une semaine pour
dénoncer l'insécurité et l'insalubrité chronique du quartier. Est-ce que selon
vous, c'est une bonne décision ?
Olivier VÉRAN
Je n'ai pas à juger de la
décision de la communauté, c'est la communauté universitaire qui l'a décidé.
Donc je n'ai pas à juger ou à jauger de la décision. Ce que je peux vous dire,
c'est que Marseille, parce que nous avons conscience des difficultés
particulières de cette ville dans beaucoup de secteurs, on l'a vu pour les
écoles, c'est le cas pour l'université, c'est le cas aussi pour la politique de
la ville, pour la rénovation urbaine. C'est pour ça que nous avons, à la
demande du président de la République, monté le plan Marseille en grand.
Marseille est une ville dans laquelle le président de la République s'est
encore rendu récemment et nous investissons beaucoup pour permettre aux
Marseillais de vivre leur vie normale dans les meilleures conditions. Pour le
reste, je n'ai pas de commentaire sur la situation particulière de
l'université.
Marie CHANTRAIT
Bonjour. Marie CHANTRAIT
pour TF1-LCI. Question rapide. La ministre des Affaires étrangères a annoncé
hier la livraison, a donné son accord en tout cas, pour la livraison de
matériel militaire à l'Arménie. Est-ce qu'on peut avoir des détails sur... ?
Olivier VÉRAN
Non.
Marie CHANTRAIT
Pas de détails, très bien.
Mais qu'est-ce que vous répondez à certaines critiques, le Gouvernement
français, d'une aide qui arrive peut-être trop tardivement ? Certains
critiquent Paris de son abandon de l'Arménie. Que répond le Gouvernement à ce
sujet ? Merci beaucoup.
Olivier VÉRAN
Certains critiquent le
Gouvernement, qu'on agisse ou qu'on n'agisse pas en l'occurrence, la France
agit. La France a saisi le Conseil de sécurité de l'ONU qui s'est réuni le 21
septembre à la demande française. La France est le pays qui coordonne et
organise la réponse humanitaire en Arménie. La France est le pays qui a envoyé
sur place hier son ministre des Affaires étrangères. La France est le pays qui
soutient et qui dit les choses, à savoir notamment que les forces russes ont
une responsabilité dans le fait qu'il n'y a pas d'autres forces d'intervention
internationale qui ait pu être présentes au Haut-Karabakh pour libérer le
corridor de Latchine et éviter la crise humanitaire dans laquelle l'Azerbaïdjan
a désormais placé quelques 120 000 amis et frères arméniens. La France,
désormais, fournit des armes à la demande de l'Arménie après évaluation des
besoins avec l'Arménie elle-même. Donc croyez vraiment en l'investissement
historique, fort, puissant, fraternel de la France aux côtés des Arméniens dans
ce drame que l'Arménie rencontre aujourd'hui.
Marie CHANTRAIT
Merci beaucoup.
Olivier VÉRAN
Je vais maintenant, comme
je vous l'ai dit tout à l'heure, me connecter à mon appli Agora pour pouvoir
répondre comme je le fais avec vous, sans avoir nécessairement de notes aux
questions qui ont été les plus posées. La question la plus posée, on a arrêté
les compteurs, je le dis comme on l'avait anticipé, on arrête les compteurs les
mardis à 14h00 et donc la question la plus posée est la suivante. Pourquoi le
sujet de l'immigration n'est-il pas mis au référendum des Français pour
recueillir leur avis ? Elle a recueilli près de 2 400 soutiens de la part des
Français. D'abord, rappeler que le Gouvernement, actuellement, a présenté un projet
de loi sur l'immigration avec deux volets. Un volet qui vise à mieux expulser
les personnes qui n'ont pas vocation à rester en France ou parce qu'elles ont
été déboutées du droit d'asile ou parce qu'elles ont commis des crimes et des
délits et purgés une peine de prison. C'est un projet de loi qui vise aussi à
permettre aux étrangers qui travaillent en France de manière régulière depuis
plusieurs années de pouvoir être régularisés pour éviter qu'ils restent dans
des situations de grande insécurité d'un point de vue personnel, social,
juridique ou familial. Ce projet de loi, il est actuellement en concertation.
C'est le ministre de l'Intérieur qui s’en occupe et donc c’est la feuille de
route qui est la nôtre. Pour autant, un certain nombre de Français et des
forces politiques ont suggéré qu’il serait intéressant de poser la question aux
Français à travers un référendum. À titre personnel, je rappelle que j’avais
proposé à l’époque une convention citoyenne sur les questions de l’immigration.
Donc, nous n’avons pas de difficulté avec l’idée de faire de la démocratie
directe, y compris sur des sujets qui touchent à l’immigration. Il y a, en
revanche, ce que dit la Constitution lorsqu’on veut faire un référendum. C’est
l’article 11 de la Constitution, qui aujourd’hui exclut un certain nombre de
questions du champ des possibles quand on fait interroger les Français par
référendum et notamment c’est le cas pour l’immigration. Donc, si nous voulions
faire un référendum sur l’immigration, il faudrait d’abord pouvoir modifier la
Constitution pour que l’article 11 permette d’interroger les Français. Je n’ai
pas la réponse sur le fond à poser à cette question. En revanche, j’attire
votre attention sur le fait que dans quelques minutes, le président de la
République sera amené à s’exprimer au Conseil constitutionnel où il abordera
des questions justement relatives à la Vème République. Et il l'a dit lui-même,
lorsqu'il a réuni les forces politiques à Saint-Denis, il y a quelques
semaines, qu'il ferait prochainement des propositions, y compris en matière de
référendum. Ce qui ne dit pas du tout ce qu'il dira sur le fond, mais qui
montre que la réflexion qui est la nôtre porte sur la manière d'interroger les
Français par référendum. Il y a d'autres questions qui ont été posées, alors je
ne me suis pas engagé à répondre à plusieurs, mais pour montrer quand même
qu'il y a de la dynamique... Et la deuxième question, c'est une question qui
dit : pourrait-on - c’est de Sébastien - pourrait-on avoir une application qui nous
informe de manière simple sur toutes les lois qui sont votées, avec un petit
argumentaire du porteur de la loi et le nombre de voix qu'elle a recueilli ?
Elle est soutenue, cette question, par près de 2 300 Français. Alors, d'abord,
dire qu'il existe un site Internet qui, peut-être, n'est pas suffisamment
connu, Sébastien, qui s'appelle «vie-publique.fr» sur lequel on peut se rendre
et on trouve en transparence beaucoup d'informations liées aux projets de loi
passés, actuels et parfois à venir. Donc, il permet d'avoir cette source
d'informations. Est-ce qu'il faut passer en modèle "appli” ? Si j'ai lancé
une application sur la démocratie, c'est que moi, je suis convaincu que dans
nos smartphones, on a des “applis” pour à peu près tout. Et donc, il n'y a pas
de raison qu'on n'en ait pas pour s'informer sur les lois. Donc, merci pour la
question. Je ne sais pas s'il faut qu'on fasse un jour évoluer Agora pour y
intégrer un module d'explication des lois ou s'il faut qu'on crée une “appli”
adhoc. En tout cas, je retiens la question et je vais demander à mes équipes
qu'on le fasse, en tout cas qu'on se pose cette question progressivement. Je
prends une dernière question d'Agora, soutenue par 1 900 citoyens français :
pourquoi le Gouvernement crée-t-il une application pour dialoguer, alors que
les 49-3 s'enchaînent au Parlement ? Est-ce que c'est logique ? Comme quoi,
vous voyez que c'est transparent et qu'on n'a pas trié les questions. Non mais,
parce que je vois parfois les communautés de “haters” sur Twitter dire qu'on
filtre tout, etc. En fait, c'est simple, ce qu'on va filtrer sur Agora, c'est
les injures, c'est les faits personnels et ce sont des trucs complètement
délirants qui seraient de toute façon filtrés par toutes les plateformes
Internet. Sinon, tout est transparent et vous pouvez liker les questions que
vous voulez. C'est la règle du jeu. Eh bien non, ce n'est pas incompatible de
faire des 49-3 au Parlement quand c'est nécessaire et en même temps
d'interroger les Français pour construire les lois de demain et pour mener la
politique avec vous, comme je le fais avec ma casquette de renouveau
démocratique. Les 49-3, on y a recours quand on n’a vraiment pas le choix et
par exemple quand il faut adopter un budget pour la France. Moi, je veux bien
qu'on m'explique comment on peut, alors qu'on est en démocratie relative,
c'est-à-dire qu'on n'a pas la majorité au Parlement, comment on peut faire
adopter un budget lorsque, avant même d'avoir présenté le budget, il y a une
majorité de députés, parce qu'ils font partie de l'opposition, qui vous disent
: “quoi qu'il arrive, on ne votera pas”. Qu'est-ce qui se passe si on ne fait
pas adopter de budget ? Ça veut dire qu'on ne peut pas payer après le 31
décembre les fonctionnaires. On ne peut plus payer les dépenses d'Assurance
maladie. On ne peut plus faire fonctionner les administrations d'État,
c'est-à-dire qu'il n'y a plus rien qui fonctionne dans notre pays. Donc, chacun
doit avoir conscience qu'on a besoin d'un budget pour faire tourner le pays.
Donc, le 49.3, il est rendu nécessaire par le fait qu'on est en démocratie
relative et pas absolue, en majorité relative et pas absolue. Ensuite, il y a
des 43.3 dont on peut avoir usage de manière raisonnée. C'est la Constitution
qui le prévoit au maximum, une fois sur plusieurs mois, sur des textes pour
lesquels, nous, on estime que c'est nécessaire pour l'avenir du pays et on
n'arrive pas à trouver d'accord avec les oppositions. On s'est engagé à le
faire de manière la plus limitée possible. On l'a fait une fois sur le texte sur
les retraites, effectivement, l'année dernière, mais regardez, sur une année
complète, on n'a pas utilisé le 49.3 pour faire des réformes importantes sur la
justice, sur la santé, sur la police, sur l'écologie, sur les transports, sur
le logement. On arrive à trouver, à chaque fois, des majorités avec le
Parlement. Et je le redis, cette application aujourd'hui, ce n'est pas une
application qui vise à « shunter » le Parlement ou à faire de la politique à
partir de l’avis des gens. Non. C'est que vous êtes utiles. Vous aimez la
politique, vous nous le dites, et nous, on a besoin d'avoir votre avis. Et
d'ailleurs, on va lancer, et je vous l'annonce, une nouvelle consultation, à
compter de demain, jeudi. Donc une consultation importante sur un sujet
concernant d'actualité qui est la question des violences faites aux enfants.
Parce que Charlotte CAUBEL, qui porte cette consultation, qui est la Ministre
en charge, elle porte un plan déjà important qu’elle est aussi en train
d'affiner et il y a des questions qu'on se pose, qu'elle se pose, sur un
certain nombre d'orientations à prendre pour être plus efficace dans la lutte
contre les violences faites aux enfants. Donc, rendez-vous sur Agora, à
télécharger sur toutes vos plateformes. J'en ai terminé, mesdames et messieurs,
je vous souhaite une bonne journée.