Compte rendu du Conseil des ministres du 03 mai 2024
Prisca THEVENOT
Bonjour à toutes et à tous !
Je suis accompagnée cet
après-midi par mon collègue Guillaume KASBARIAN, ministre chargé du Logement,
qui vous détaillera dans un instant le projet de loi qu'il vient de présenter
en Conseil des ministres sur le développement de l'offre de logements
abordables à la fin de mon propos liminaire.
Tout d'abord, rappelons que la
semaine dernière, j'évoquais notre cap, celui qui guide notre action depuis 7
ans maintenant pour une France plus forte, pour une France plus juste, pour une
France plus équitable. Notre cap, impulsé par le triptyque « libérer, unir,
protéger
», symbolise la vision du président de la République pour notre pays. Ce
cap porte ses fruits avec un exemple encore concret cette semaine. Pour la
cinquième année consécutive, la France est le pays le plus attractif d'Europe
pour les investisseurs étrangers.
Un autre petit triptyque incarne aussi la
conception du président de la République c'est : « puissance, prospérité,
humanité
». En 7 ans, par notre travail mené sans relâche, l'Europe s'est
profondément transformée au gré de crises historiques. La pandémie Covid, le
retour de la guerre aux portes de notre continent, l'accélération des
transitions numériques et climatiques. À toutes ces crises qui ont dévoilé nos
dépendances et ont accrédité l'ambition d'une Europe plus souveraine, nous
avons répondu par l'unité. Posant le constat lucide d'une Europe mortelle, et
alors que les grandes transformations sont à l'œuvre, le président de la
République a appelé à accélérer. Accélérer afin de prendre en Européen des
décisions stratégiques, fortes et répondre aux défis qui se dressent devant
nous.
Ces défis, nous devons les relever aujourd'hui et faire en sorte qu'ils
continuent à être travaillés demain. Il nous faut donc continuer à agir pour
que la voix française continue à peser, pour qu'elle reste forte et puissante.
Garantir cette force et cette puissance de la voix française nécessite de
préparer l'avenir et d'accompagner notre jeunesse à la perpétuer et donc à
poser un certain constat avec lucidité, selon un seul intérêt, faire nation.
D'abord, en tant que ministre de l'Éducation nationale, puis en tant que
Premier ministre, à l'occasion de sa déclaration de politique générale, et à
Viry-Châtillon, le Premier ministre Gabriel ATTAL a posé un constat lucide
d'une forme de violence débridée qui existe au sein de notre jeunesse depuis
maintenant plusieurs mois. Le Premier ministre a eu l'occasion d'appeler à un
sursaut d'autorité collective qui se traduit par des actes dont notamment un
accompagnement renforcé des jeunes et de leurs familles. Des sanctions plus
rapides, plus efficaces et plus adaptées. Une concertation a été lancée par le
Premier ministre, associant les ministères, les forces politiques, les élus
locaux et nationaux, les associations pour faire évoluer notre législation. Le
calendrier sera tenu. Des premières propositions d'ici quatre semaines pour des
premières déclinaisons opérationnelles d'ici 8 semaines.
Écouter, dialoguer,
puis agir, surtout quand il s'agit de notre jeunesse, voilà la méthode
appliquée par le Premier ministre. D'ailleurs, souvenez-vous, le 16 janvier
dernier, le président de la République a appelé à reprendre le contrôle de nos
écrans et bien évidemment, de leurs usages par nos enfants, à la maison comme
en classe. Un comité de 10 experts a été formé. Plus de 250 auditions ont été
menées et les propositions ont été rendues au président de la République mardi.
Un objectif : évaluer l'impact de l'exposition des jeunes aux écrans, éclairer
le débat public, formuler des recommandations et entériner un consensus
scientifique. Face à cet objectif, un horizon. Comme souhaité par le président
de la République, le Gouvernement examinera l'ensemble des propositions
formulées dans les prochaines semaines pour les traduire en actions. Il en va
de notre responsabilité de travailler toujours pour les adultes de demain. Dans
la continuité des propositions de loi soutenues par le Gouvernement depuis 2017
pour interdire l'usage du téléphone portable au collège, pour renforcer le contrôle
parental, pour une majorité numérique à 15 ans, dans la continuité du plan
d'action lancé en 2022 pour un usage raisonné des écrans, nous sommes
déterminés à renforcer notre action.
Je laisse donc maintenant la parole à mon
collègue Guillaume KASBARIAN.
Guillaume KASBARIAN
Mesdames, messieurs, bonjour.
La France, comme vous le
savez, connaît une crise du logement importante qui est à la fois une crise de
la demande dans un contexte de quadruplement des taux d'intérêt et en même
temps une crise structurelle de l'offre. Sous l'impulsion du président de la
République, la majorité a beaucoup fait pour le logement depuis 2017, notamment
à travers la loi ELAN, la loi 3DS ou encore le plan Logement d'abord.
Sous
l'autorité du Premier ministre, nous avons lancé en mars 22 territoires engagés
pour le logement, avec l'objectif de sortir 30 000 logements de terre dans ces
territoires d'ici 2027. Avec Christophe BECHU, nous avons également signé un
pacte de confiance avec les acteurs du logement intermédiaire qui se sont
engagés à en construire 75 000 à horizon 2027. Avec Bruno LE MAIRE, nous avons
étendu le prêt à taux zéro dans le neuf à 800 nouvelles communes. Et avec
Olivia GRÉGOIRE, nous avons lancé la transformation de 74 zones commerciales
qui comportent un potentiel de création de 25 000 nouveaux logements dans le
pays. Avec des établissements publics fonciers, nous avons également libéré
cette année des terrains pour construire 17 000 logements additionnels. Mais
face aux difficultés, il nous faut aller plus loin.
Dans son discours de
politique générale, le Premier ministre a fixé l'objectif de créer un « choc
d'offres
» pour déverrouiller le secteur. Pour concrétiser cette ambition, j'ai
présenté tout à l'heure un projet de loi pour développer l'offre de logements
abordables qui est construit autour de trois convictions. D'abord, il nous faut
construire plus et plus vite. Plus de logements, ce sont des loyers et des prix
moins chers pour les Français. Ensuite, il nous faut construire tous les types
de logements pour tous les Français : des logements sociaux, des logements
intermédiaires, des logements libres. Puis enfin, il nous faut faire confiance
aux acteurs de terrain, et c'est pourquoi aucune contrainte nouvelle pour les
élus locaux n'est contenue dans le projet de loi. Il s'agit exclusivement de
dispositions qui leur permettront d'agir, qui les encourageront à agir et à
bâtir.
Je vais donc vous présenter brièvement les quatre axes du projet de loi. Le
premier axe du projet de loi vise à offrir de nouveaux outils aux élus locaux
pour construire. Nous souhaitons encourager les maires à construire du logement
intermédiaire qui répond aux besoins de la classe moyenne, qui améliore la
mixité sociale et qui équilibre économiquement de nouveaux projets de
construction. C'est pourquoi nous intégrerons dans le logement intermédiaire
dans le décompte SRU, c'est-à-dire que les communes déficitaires pourront faire
jusqu'à 25 % de leur rattrapage grâce au logement intermédiaire. Autre
disposition de ce chapitre, nous souhaitons inciter les maires à construire du
logement social en leur confiant un droit de regard sur les attributions. Ils
pourront par exemple accorder des logements sociaux en priorité aux demandeurs
de leurs communes, de leurs bassins de vie.
Le deuxième axe du projet de loi,
c'est la simplification administrative pour construire plus vite. D'abord, les
délais de recours, qui sont aujourd'hui de 6 mois, vont être réduits à deux
mois, ce qui permettra d'économiser jusqu'à 3 % du coût d'un projet. Ensuite,
les maires qui souhaitent densifier plus facilement certaines zones
pavillonnaires pourront le faire beaucoup plus facilement, ce qui va conforter
à la fois le modèle de la maison individuelle qui, comme vous le savez, est
chère à de nombreux Français et en même temps nous permettre de respecter les
objectifs de sobriété foncière.
Troisième axe du projet de loi : c'est libérer
l'investissement des bailleurs sociaux en supprimant des règles qui limitent
aujourd'hui leur capacité d'action. Nous allons les autoriser à doubler leur
part de logement intermédiaire. Il s'agit ici de passer de la limite de 10 % à
20 % et cela représente un potentiel de 300 000 logements. Nous allons
également libérer les bailleurs sociaux de contraintes qui les empêchent
d'avoir une politique des loyers plus souple pour les nouveaux locataires du
parc social et pour ceux qui souhaitent bouger au sein du parc social. Et c'est
une souplesse qui va leur donner des ressources supplémentaires pour construire
plus.
Quatrième et dernier axe de ce projet de loi, c'est faciliter l'accès aux
logements des Français. Nous allons accélérer la file d'attente pour près de 2
millions de ménages qui attendent parfois depuis des années d'entrer dans un
logement social. Nous souhaitons que les bailleurs vérifient que ceux qui sont
actuellement dans le parc de logements sociaux restent bien légitimes à y
rester. Car oui, le logement social à vie n'existe pas. Nous allons donc
systématiser les compléments de loyer dès qu’un locataire dépasse les plafonds
d'éligibilité au logement social. Nous allons libérer les logements occupés par
des ménages dont les revenus excèdent durablement plus de 20 % des plafonds ou
dont le patrimoine leur permettrait de se loger en dehors du parc social. Cette
mesure ne s'appliquera ni aux personnes en situation de handicap ni aux
personnes de plus de 65 ans.
Nous allons également rendre éligible les
logements sociaux au bail mobilité pour permettre aux étudiants, aux apprentis,
aux saisonniers d'accéder aux logements sociaux sur des périodes courtes. Nous
allons enfin renforcer l'accès à la propriété des locataires en facilitant la
vente de logements sociaux sous le contrôle des maires. Le texte qui vous est
présenté aujourd'hui comporte des transformations structurantes pour les élus
locaux, pour les bailleurs sociaux, pour les acteurs de la construction et bien
sûr pour tous les Français qui souhaitent accéder plus rapidement et plus
facilement à un logement. Ce texte a été largement concerté depuis 12 semaines
auprès des associations d'élus, auprès des acteurs du logement social, dans
leur grande pluralité et dans leur grande diversité, et auprès d'une centaine
de parlementaires engagés sur la question du logement. Vous connaissez ma
sensibilité parlementaire, et j'aborde l'examen de ce texte dans un esprit
d'ouverture et de co-construction. C'est-à-dire que tout ce qui permettra aux
sénateurs et aux députés de renforcer le « choc d'offre
» trouvera bien sa place
dans ce projet de loi.
Je vous remercie et je me tiens bien évidemment à votre
disposition pour répondre à vos questions.
Mathieu COACHE
Bonjour Monsieur le Ministre Mathieu COACHE, BFMTV.
Aujourd'hui, il est plus avantageux fiscalement de louer un appartement meublé
sur Airbnb, Abritel ou les autres plateformes plutôt que de louer un
appartement vide. Je parle de ça quand on est propriétaire, bien sûr, donc
plutôt que de louer un appartement vide avec un bail de 3 ans classique,
pourquoi, en pleine crise du logement, donner cet avantage fiscal aux
propriétaires, ce qui empêche beaucoup de Français de se loger correctement au
profit du logement touristique ?
Guillaume KASBARIAN
Alors, le projet de loi que je présente à l'instant ne
contient pas de mesure fiscale. Néanmoins, le sujet...
Mathieu COACHE
J'entends bien, mais c'est pour ça que je vous [inaudible].
Guillaume KASBARIAN
Et vous faites bien de me poser la question, parce que le
sujet que vous évoquez est un vrai sujet. Aujourd'hui, nous avons un phénomène
d'attrition du marché locatif traditionnel au profit du marché locatif
touristique dans certaines zones tendues où le tourisme est en augmentation. Et
ce phénomène est amplifié parfois par des distorsions de fiscalité, mais aussi
de règles et parfois par l'incapacité de certains élus à pouvoir réglementer le
développement de ces offres touristiques. Et c'est un sujet qui est au cœur de
la proposition de loi qui a été portée à l'Assemblée nationale par Annaïg LE
MEUR et Iñaki ECHANIZ que j'ai co-signée à l'époque où j'étais parlementaire,
qui a été adopté à l'Assemblée nationale et que le Gouvernement a souhaité
inscrire sur son temps au Sénat à la fin du mois de mai. Et donc cette
proposition de loi qui aura vocation à équilibrer les règles de rénovation
thermique des logements, équilibrer les abattements fiscaux dont bénéficient
aujourd'hui les locations touristiques, et donner aux élus locaux des moyens de
régulation que certains d'entre eux, donc, n'ont toujours pas à leur
disposition. Cette proposition de loi, comme à l'Assemblée nationale, elle a
fait l'objet d'un large consensus, j'ai bon espoir et le Gouvernement a bon
espoir qu'il fasse un large consensus au Sénat. Et donc nous aurons dans les
semaines qui viennent de nouveaux outils de rééquilibrage des règles et de
rééquilibrage de la fiscalité, permettant à chacun de garder la liberté de ce
qu'il souhaite faire de sa propriété privée, bien sûr, mais en même temps avec
des règles largement équilibrées pour éviter le phénomène d'attrition du marché
locatif traditionnel que vous avez évoqué au profit d'un marché touristique qui
se développe de façon très importante dans des communes où il n'y a quasiment
plus d'offres traditionnelles à louer parce que ces appartements-là sont passés
sur les plateformes. Donc ce sujet-là est bien traité, il n'est pas traité dans
le projet de loi, mais il est bien traité par ailleurs dans une proposition de
loi très bientôt examinée au Sénat.
Oscar TESSONNEAU
Bonjour Monsieur KASBARIAN.
Guillaume KASBARIAN
Bonjour.
Oscar TESSONNEAU
Oscar TESSONNEAU. Je suis le fondateur d'un nouvel
hebdomadaire mixte, à la fois abordant des questions assez générales et des
questions autour du handicap mental, puisqu'on est tous en situation de
handicap à plus de 50 % dans la rédaction. Dans un premier temps, j'aimerais
revenir avec vous sur cette question des logements intermédiaires, où
l'objectif ce que vous expliquez dans Le Parisien ce matin et il y a plusieurs
journalistes de Libération ont également abordé la question. C'est d'abord des
logements pour la partie locative dont le loyer est inférieur à 15, voire à 20
% à celui qui est fixé sur le marché ordinaire. Peut-être revenir sur ce point.
Et ensuite une question à madame THEVENOT, déjà, au vu de ce qu'on a pu lire
dans la presse, j’aimerais m’assurer que vous allez bien, que ce n'est pas une
période trop difficile pour vous, et revenir sur ce discours de Viry-Châtillon.
L'un des points qui a été abordé par Monsieur ATTAL est la question des centres
éducatifs fermés. Sur un plan médiatique, c'est Céline DELBECQ à l’Express, qui
en a parlé, on voit qu'il y a beaucoup de structures qui se développent
aujourd'hui, mais qu'elles ne sont pas remplies. Et très simplement, est-ce
qu'on va, au vu de ce nouveau plan ATTAL qui a été présenté à Villers Châtillon,
avoir plus de centres éducatifs fermés, en sachant que plusieurs groupes
parlementaires sont opposés à ce dispositif aujourd'hui, dont La France
insoumise ?
Guillaume KASBARIAN
Merci pour votre question. Je vais répondre donc sur la
partie du logement. Vous avez raison, effectivement je mets en avant et je
souhaite développer le logement intermédiaire, qui est un logement comme vous
l'avez dit, qui est 15 à 20 % moins cher que le prix de marché, et qui donc
permet à des personnes qui probablement ne sont pas assez démunies pour pouvoir
rentrer rapidement dans un logement social et en même temps qui ont du mal à
s'en sortir sur le marché libre. Et donc c'est un produit qui est intéressant
pour des classes moyennes, il est accessible, il est moins cher que le prix de
marché et c'est un beau produit qui est aujourd'hui plébiscité par beaucoup de
monde. La moitié des occupants aujourd'hui des logements intermédiaires sont
des jeunes de moins de 30 ans. Donc en réalité, c'est un produit qui permet à
de jeunes d'accéder plus facilement à loger… À un logement qui est moins cher
que le prix de marché. Mais il faut de tout. Et donc dans l'ensemble des
dispositions du projet de loi, nous voulons développer et du logement social
bien sûr, et du logement intermédiaire pour les classes moyennes, et du
logement libre pour tous les Français. Et donc c'est bien le développement et
un choc d'offre sur l'ensemble de la gamme, sur l'ensemble des logements, que
nous souhaitons réaliser. Le logement intermédiaire fait partie de ces
stratégies. Au-delà du projet de loi, nous avons aussi signé, comme je le
disais tout à l'heure, un pacte avec les différents acteurs sur le logement
intermédiaire qui se sont engagés à en construire 75 000 dans les trois ans qui
viennent. C'est un pacte qui a été très largement signé, y compris par les
acteurs du logement intermédiaire qui souhaitent en développer. Ils pourront
d'ailleurs le faire à hauteur de 20 %, aujourd'hui ils sont bloqués à 10 %, et
donc ils pourront aller jusqu'à 20 % de logement intermédiaire. Et puis le fait
de l'inclure dans leflux de rattrapage de la loi SRU permettra à des communes,
bien sûr, de construire, par exemple, quand on leur demande de construire 1 000
logements, de construire jusqu'à 250 logements en logements intermédiaires et
750 logements sociaux et plus pour le logement social. Donc c'est bien un
équilibre de marché où on souhaite développer du logement social, du logement
intermédiaire et du logement libre pour toutes les gammes et donc pour tous les
Français.
Prisca THEVENOT
Merci beaucoup pour votre question, effectivement, qui me
permet de revenir sur les annonces faites par le Premier ministre, aussi bien
dans sa délégation, dans son discours de politique générale, pardon, mais
également à Viry-Châtillon. Sur ce point très précis, comme j'ai pu l'indiquer
dans mon propos liminaire, il y a deux, effectivement, volets. Le premier
volet, c'est à l'endroit des parents et de l'autorité parentale. Nous devons
pouvoir sanctionner, rappeler à l'ordre les parents défaillants, celles et ceux
qui finalement n'assurent plus leur devoir premier à l'endroit de leurs
enfants, c'est-à-dire les éduquer, les élever, les encadrer, mais également
accompagner, aider et soutenir les parents dépassés. Pour ça, il y a un certain
nombre de mesures qui ont déjà été annoncées, par exemple la mise en place à
disposition d'internats pour venir sortir un enfant de son habitat, son
écosystème habituel dans lequel il peut y avoir un certain nombre de troubles.
Et puis, le deuxième volet, c'est à l'endroit des enfants et des ados eux-mêmes
et donc avoir cette disposition de prévention-sanction. Bien évidemment, un
certain nombre de sanctions vont pouvoir être déployées, certaines vont pouvoir
être renforcées, et puis aussi de la prévention, parce qu'il faut qu'on puisse
agir dès les premiers signes où on voit qu'il peut y avoir une dérive
d'autorité qui commence à se mettre en place. Sur l'ensemble des détails, parce
que vous m'avez posé une question très précise, ils seront apportés d'ici
quelques semaines, comme je l'ai rappelé dans mon propos liminaire, puisque la
concertation a lieu en ce moment même entre le Premier ministre et les
différentes personnalités qualifiées. Je pense qu'il est important de laisser
ce travail de concertation se faire et d'ici quelques semaines, je pourrai à
nouveau venir devant vous pour dresser le bilan concret de ce qui aura été
décidé sur ces différents aspects.
Bastien AUGEY
Bonjour, Bastien AUGEY pour TF1-LCI. Une question pour vous,
Monsieur le Ministre, si vous voulez bien. Que répondez-vous aux associations,
notamment de personnes qui occupent des HLM et qui disent que votre projet de
loi va faire je cite « une chasse aux pauvres » et notamment, je reviens un
petit peu sur la question de mon confrère mais sur les logements
intermédiaires. Est-ce que vous assumez de dire que aujourd’hui, les logements
intermédiaires deviennent prioritaires pour vous par rapport aux logements… aux
HLM, aux logements sociaux puisque de fait, vous assouplissez, avec la réforme
de la loi SRU, les critères et les obligations qui sont mises aux maires pour
les logements HLM, puisqu'on pourra aussi mettre des logements intermédiaires
dans les seuils qui sont fixés par la loi.
Guillaume KASBARIAN
Merci pour votre question, vos deux questions. Sur la
première, il n'y a aucune chasse à personne. Vous savez, moi, je suis très
heureux que des Français, qu’ils habitent dans le logement social ou pas,
puissent avoir leur revenu qui augmente de par leur travail, de par leurs
efforts, puissent hériter dans la vie, de leurs familles, puissent vivre une
vie de prospérité au fur et à mesure que la vie avance. Et donc, je ne fais la
chasse à personne, je ne fais la morale à personne. Ce que je dis, ce que nous
disons, c'est que le logement social doit aller en priorité à ceux qui en ont
le plus besoin. C'est sa vocation. Aujourd'hui, vous avez dans notre pays 33
millions de résidences principales, 5,5 millions de logements sociaux.
C’est-à-dire que 80 % des ménages ne vivent pas dans un logement social et
vivent ailleurs. Et dans le logement social, vous avez ensuite ceux qui sont à
l'extérieur et souhaiteraient rentrer dans le logement social. Ils sont 2
millions et ils font parfois la queue pendant des années et des années. Les
personnes qui sont sous les plafonds, les personnes qui galèrent, des femmes
avec des enfants qui parfois, attendent des années et des années avant de
pouvoir avoir un logement social. Et ce que nous disons, c’est que nous
souhaitons accélérer cette attente. Pour faire ça, nous voulons construire
plus. D'où le fait que nous avons des mesures de simplification de la
construction, d'encouragement des maires, de simplification administrative qui
vont permettre d'accélérer la construction. Mais tout cela ne nous exonère pas
de regarder la légitimité de ceux qui sont à l'intérieur du parc à bénéficier
d'un logement social. Et comme les plafonds sont déjà très élevés puisque les
deux tiers des Français sont techniquement éligibles au logement social, ce
sont des plafonds qui, en réalité, sont assez élevés. Ce que nous disons, c'est
que quand vous êtes au-delà des plafonds d'entrée, eh bien, il faut commencer à
payer un surloyer. Et puis, quand vous êtes au-delà de 20 % de ce plafond, eh
bien, si pendant 2 ans, vous avez une augmentation de ces revenus, eh bien, il
faut pouvoir libérer les lieux pour que des personnes qui sont demandeurs
depuis des années puissent en bénéficier le plus rapidement possible. Nous
souhaitons accélérer la file d'attente. Nous souhaitons également à ce que le
patrimoine rentre en compte dans cette évaluation, ce qui n'est absolument pas
le cas aujourd'hui. Aujourd'hui, je ne peux pas vous dire quel est le
patrimoine de ceux qui sont dans le logement social. Cette donnée n'existe pas.
Il n'y a pas d'obligation à la suivre, ni même à… Elle n'a aucune conséquence
légale. Et donc, le projet de loi a vocation à examiner le patrimoine de ceux
qui sont à l'intérieur. Donc, c'est une mesure de bon sens. C'est même une
mesure de justice sociale qui permettra d'accélérer la file d'attente pour ceux
qui en ont le plus besoin et qui galèrent depuis des années avant d'obtenir un
logement social. Et histoire de rassurer tout le monde, je vais quand même
donner les plafonds pour savoir de quoi on parle. Quand on est à Paris, le
plafond pour le logement social, il est, quand on est célibataire, à 3 100
euros nets par mois, 3 100 euros nets par mois. Quand on est un couple sans
enfant, le plafond, il est à 4 639 euros par mois nets de revenus. Quand on est
un couple avec un enfant, on est à 5 528 et quand on est un couple avec 2
enfants, ce plafond qui est le plafond maximal pour bénéficier d'un logement
social, il est à 7 260 euros par mois, 7 260 euros par mois. Ce que nous
disons, c'est que quand vous avez plus de 7 000 euros donc par mois pour une
famille avec 2 enfants, eh bien, il faut commencer à payer un surloyer. Parce
que vos revenus sont probablement très, très supérieurs à ceux qui font la
queue et qui attendent depuis des années pour rentrer dans le logement social.
Et ce que nous disons, c'est quand ce revenu-là est 20 % au-dessus du plafond,
à ce moment-là, le bailleur aura l'obligation de résilier le bail et donnera 18
mois de prévenance pour que les locataires puissent s'organiser. On parle là
encore de montants qui sont très élevés. Je reprends mes exemples. À Paris,
pour une personne célibataire, ce montant à partir duquel votre droit au
maintien pourrait être remis en cause. Pour un célibataire, il est de 3 724
euros nets par mois. Pour un couple sans enfant, il est de 5 566 euros par
mois. Pour un couple avec un enfant, il est de 6 633 euros par mois et pour un
couple avec 2 enfants, il est de 8 712 euros par mois. Je ne crois pas
scandaleux de demander à des couples qui peuvent être au-delà de 8 000 euros,
8 712 euros, et je suis très heureux pour eux. Je me réjouis qu'ils aient eu
les moyens de gagner leur vie et d'aller beaucoup mieux qu'à l'époque où ils
sont rentrés dans le logement social. Mais comprenez bien que quand on a 2
millions de Français qui font la queue pour avoir un logement social et qui,
eux, galèrent et qui ont vraiment du mal à s'en sortir, mon devoir est à la
fois de construire plus de logements pour y répondre, mais aussi de demander à
ceux qui le peuvent et ceux qui sont bien au-delà des plafonds, de libérer les
lieux pour ceux qui en ont le plus besoin. C’est, encore une fois, une mesure
de justice sociale, d'accélération de la mobilité du parc. Pour répondre à
votre deuxième question sur le logement intermédiaire, il n'y a aucune opposition
des offres [inaudible]. Je le dis, il faut de l'offre de logements sociaux en
plus, de logements intermédiaires et de logements libres pour donc tous les
Français. Le fait d'introduire du logement intermédiaire dans les calculs de la
loi SRU permettra de faire 3 choses. Un, c'est de répondre aux besoins de la
classe moyenne avec des loyers qui sont 15 à 20 % moins chers que le prix de
marché. Deuxièmement, ça permettra de mettre de la mixité sociale dans des
ensembles ; donc vous aurez du logement social, du logement intermédiaire et du
logement libre. Et puis, dernier élément, cela permettra d'équilibrer
économiquement des opérations et donc faire sortir plus de logements sociaux
qui probablement n'auraient pas été équilibrés économiquement si on avait un
ensemble à 100 % de logements sociaux. Et donc, le logement intermédiaire est
aussi un accélérateur économique de création de logements, y compris de
logements sociaux. Donc je n’oppose aucun logement entre eux. Je n'oppose pas
les Français entre eux. Mon devoir, notre rôle, c'est d'apporter des solutions
à tous les Français, quels qu'ils soient, avec du logement diversifié, social,
intermédiaire et libre.
Journaliste
Bonjour Monsieur le ministre. [inaudible]. On entend votre
souhait de plus de justice sociale sur le terrain du logement social comme il
porte bien son nom. Mais fait est de constater que depuis plusieurs années, de
nombreuses années, les Françaises et les Français qui attendent depuis de
nombreuses années s'organisent pour accéder au marché du logement social d'une
autre manière. Ça fait de nombreuses années que les témoignages se cumulent,
faisant état de corruptions actives comme passives de nombreux acteurs locaux
que vous avez dits tout à l'heure dans le processus d'attribution des logements
sociaux. Ma question est toute bête : peut-on aujourd'hui encore, ou selon ce
que vous pouvez nous raconter aujourd'hui, payer de manière donc illégale pour
avoir un logement social en France, pour se le voir attribuer de manière rapide
?
Guillaume KASBARIAN
Alors tout acte de corruption est bien évidemment puni par
la loi. Et donc ce genre d'attitude est non seulement illégale, doit être
poursuivie et je vous invite, si vous avez des éléments sur le sujet, à nous
les communiquer de façon à ce que nous puissions faire un signalement au
Procureur et poursuivre les auteurs de ces actes de corruption. Donc bien
évidemment, ça n'a pas lieu d'être. Les processus d'attribution sont gérés
aujourd'hui par des CALEOL, par des commissions d'attribution dans lesquelles
plusieurs acteurs sont présents : les services de l'Etat, les élus locaux, les
réservataires de logements sociaux et l'attribution, pour avoir participé à une
CALEOL pas plus loin qu’hier, se font en transparence ; c'est-à-dire que chaque
profil est présenté avec les revenus de chacun, plusieurs profils sont
présentés sur chaque logement social qui est à la disposition, qui est à la
location. Et ensuite le débat s'ouvre. Le tout étant anonymisé, c'est-à-dire
que les dossiers sont par numéro. Vous ne connaissez pas l'identité de la
personne, et ensuite un débat se fait. Chacun vote et ensuite l'attribution se
fait avec encore une fois plusieurs profils. Hier, nous avons attribué par
exemple 6 logements à Paris. Nous, quand je dis « nous », moi j'étais
observateur, je les ai laissé s’attribuer. Mais je peux vous assurer que la
procédure, certes très complexe, est en réalité parfaitement transparente et
chacun a son mot à dire. Et la priorisation entre les profils se fait
généralement sur la base du revenu du taux d'effort, de la présence d'enfants,
de la situation de la personne. Est-ce que c'est un Dalo, par exemple, une
personne en situation de handicap ? Est-ce que la personne, aujourd'hui, est à
la rue ou n'est pas à la rue ? Ce sont les types de débats que j'ai pu observer
dans les CALEOL. Je vous invite éventuellement à participer à une CALEOL en
tant qu'observateur. En tout cas, quoi qu'il en soit, tout acte de corruption,
bien évidemment illégal, doit être signalé, doit être poursuivi, et doit être,
bien sûr, condamné. Si vous avez des éléments à notre disposition, on est à
votre disposition.
Journaliste
Et des faits de corruption, comme vous le dites, qui sont
effectivement contre la loi, évidemment, ont été rendus publics. Je fais juste référence
en 2019 à un Cash Investigation, vous avez sans doute vu, vu que vous êtes
ministre du Logement, intéressé à ce sujet-là. Et aujourd'hui, donc j'ai
cherché à vous joindre depuis plusieurs semaines, peut-être que vous allez
accepter mon invitation aujourd'hui pour se voir plus tard, parce que ça fait
plusieurs mois que j'enquête sur ce sujet-là, notamment l'attribution des
logements sociaux dans un des plus grands bailleurs sociaux français. Et j'ai
pu obtenir des documents ainsi que des images qui montrent qu'il y a
effectivement la possibilité, et très largement accessible, de payer, plusieurs
milliers d'euros, pour corrompre cette fameuse CALEOL. J'ai des images en ma
position, on pourra se voir après si vous voulez les voir.
Guillaume KASBARIAN
Écoutez, avec grand plaisir.
Journaliste
Un rendez-vous qu'on pourrait fixer ensemble. Quelle est
votre réaction ? Là, est-ce que vous apprenez ça…
Guillaume KASBARIAN
Ma réaction... Attendez, je viens de vous dire, nous
condamnons avec la plus grande fermeté tous les actes de corruption.
Journaliste
Ça, on l’entend, mais…
Guillaume KASBARIAN
Donc, vous avez manifestement des éléments à votre
disposition. Je suis avec mon cabinet qui est ici présent à votre disposition
pour les recevoir et faire les signalements nécessaires avec les preuves que
vous apporterez. Je le redis, il n'y a aucune ambiguïté, aucune corruption
n'est tolérée, la corruption est illégale, elle est sévèrement punie, et donc
tout cela fera l'objet de signalements et sera poursuivi par la justice, et la
justice fera son travail. Je suis à votre disposition, ainsi que mon équipe,
pour pouvoir y répondre plus en détail.
Journaliste
Bien, parce que, dernière petite réaction, parce qu'il y a
effectivement les personnes que j'ai pu… que vous allez pouvoir entendre,
disent selon elles que ça fait partie d'une grande explication de la crise du
logement justement fait que beaucoup de personnes acceptent de payer et ce qui
fait que beaucoup de personnes — vous êtes très attentif à ça — attendent 7
ans, 8 ans pour l’accès au logement social. Est-ce que pour vous — c'est ma
dernière question — ce serait une des explications en fait de cet état de fait
?
Guillaume KASBARIAN
Non, l'attenté est due au fait… elle n'a pas de lien avec ce
que vous évoquez et les faits que vous avez évoqués. L'attente aujourd'hui est
due au fait que vous avez, je le redis, 5,5 millions de logements sociaux dans
notre pays et que vous avez deux millions de personnes qui souhaitent y
rentrer. Et que vous avez un taux de rotation du parc social qui est de 3 à 4
%, c'est-à-dire qui est très faible. Et donc, malgré tous les efforts de
construction que nous souhaitons encore une fois amplifier, vous avez
relativement peu de constructions neuves pour répondre à toute la masse de
demandes qui aujourd'hui attendent et font la queue pour entrer. Et donc c'est
assez mathématique. Les années et les années d'attente viennent du fait que
vous avez plus de 2 millions de demandeurs, 5 millions de logements existants
mais qui sont déjà occupés et comme vous l'avez compris, qui tournent assez peu
et une construction qui est aujourd'hui trop faible et que nous souhaitons
augmenter en incitant à la construction de logements sociaux. Voilà les
mécaniques assez classiques et rationnelles qui font que aujourd'hui, la file
d'attente est longue et peut durer parfois de très très nombreuses années.
Journaliste
Merci.
Hadrien BECT
Bonjour monsieur le Ministre. Hadrien BECT, France Info. Une
dernière... Une autre question en tout cas pour vous sur le logement. Les
seuils que vous avez évoqués, les seuils à partir desquels il faudrait quitter
donc son logement. Vous avez évoqué ces chiffres qui sont assez substantiels de
salaire. Est-ce que ça va représenter un nombre conséquent de logements
libérés? Est-ce que vous avez une idée, peut-être de ce nombre ? Et est-ce que
finalement, ce n'est pas simplement une forme d'affichage que vous êtes en
train de faire ?
Guillaume KASBARIAN
Alors, sur le nombre de logements concernés. Bon, les
statistiques que nous avons, là où c'est mesuré, puisque ce n'est pas fait
systématiquement, et pas mesuré systématiquement, c'est que plus de 8 % du
parc, là où c'est mesuré, est occupé par des personnes qui sont au-delà du
plafond, c'est-à-dire au-delà, comme je vous le disais tout à l'heure, de 7 260
pour un couple avec deux enfants à Paris, de 5 528 pour un couple avec un
enfant à Paris, 4 639 pour un couple sans enfant à Paris et 3 104 pour une
personne célibataire à Paris. Les chiffres sont... Enfin, les plafonds sont
différents, bien sûr, en Ile-de-France et en région et en Outre-mer, avec 4
plafonds différents. Mais en tout cas, les chiffres que nous avons, c'est que
plus de 8 % du parc social est occupé par des personnes qui ont dépassé ces
plafonds de revenus. Bon, après, cela ne veut pas dire que systématiquement,
ces personnes-là vont sortir du logement. D'abord, il y a là le mécanisme de
surloyer que nous souhaitons avancer puisqu'aujourd'hui, ce surloyer, il
n'existe qu'à partir de 20 % de dépassement de plafond. Nous souhaitons
l'appliquer dès le premier euro dépassé. Et puis ensuite, le mécanisme de fin
du droit au maintien dans les lieux. Nous souhaitons l'appliquer des 20 % de
dépassement de ces plafonds et ensuite nous avons dit qu'il ne s'appliquerait
pas aux personnes en situation de handicap et aux personnes de plus de 65 ans.
Donc, bien sûr, nous parlons là de plusieurs dizaines de milliers de logements,
en réalité, qui sont concernés. Eh bien sûr, personne ne dit que cela va se
substituer au besoin de créer plus de logements sociaux. Mais comprenez bien
que dans la crise du logement dans laquelle nous sommes et vu la masse de
demandes, comme je le disais, 2 millions de demandeurs qui parfois attendent
des années et des années avant de bénéficier, il est de bonne gestion à la fois
de créer plus de logements sociaux, mais aussi de vérifier qu'il y a une bonne
gestion du parc social avec une dynamique, avec un parcours résidentiel, avec
de la fluidité, pour que ceux qui ont maintenant les moyens, ou parfois même du
patrimoine, puissent libérer les lieux. Je précise sur les chiffres que nous
n'avons aucune idée du patrimoine, donc je ne suis pas capable de vous dire
combien de logements sont concernés sur la question patrimoniale,
puisqu’aujourd'hui, ça n'est pas mesuré. Donc le fait de le mesurer permettra
d'avoir, d'ailleurs, de meilleures informations et de transmission
d'informations, et de pouvoir enfin mesurer ce phénomène-là. Il s'agit donc
d'une minorité au sein du parc social, évidemment. Personne ne dit que c'est
une majorité des locataires existants. Mais vous comprendrez bien que vu
l'attention, vu les années d'attente, vu la précarité de ceux qui aujourd'hui
attendent pour entrer dans un logement social, il est dans notre devoir de
construire plus de logements, mais aussi de vérifier la bonne utilisation de
l'argent public et la bonne utilisation des logements sociaux pour ceux qui en
ont le plus besoin. Ce n'est pas de l'affichage, c'est de la bonne gestion, en
réalité. Et ça devrait d'ailleurs satisfaire énormément de personnes qui sont
attachées à la justice sociale, parce que le logement social a vocation à aider
en priorité celles et ceux qui en ont le plus besoin.
César ARMAND
Monsieur le ministre, bonjour.
Guillaume KASBARIAN
Bonjour.
César ARMAND
César ARMAND de La Tribune. « En réalité, il y a 34 000
ministres du Logement, ce sont les maires qui sont effrayés aujourd'hui par la
perspective du ZAN ». Ce n'est pas de moi, c'est du patron d'Altarea, le numéro
deux de la profession, comme vous le savez. Comment, aujourd'hui, ils sont
effrayés par le ZAN, même si ce n'est pas tout de suite, mais il faut quand
même réduire l'artificialisation des sols d'ici à 2031 ? Comment on va
concilier densification pavillonnaire, plus généralement construction de logements
neufs avec le ZAN ? Merci.
Guillaume KASBARIAN
Alors, vous avez aujourd'hui plus de 30 000 maires qui
aujourd'hui se battent pour leur territoire et qui essayent de répondre aux
besoins de leurs habitants, de leurs enfants et de toutes celles et ceux qui
veulent rejoindre leur commune et donc qui aujourd'hui sont les premiers à être
en première ligne sur la crise du logement. C'est pour ça d'ailleurs que nous
leur faisons confiance et que nous voulons leur donner des outils pour
permettre de construire plus, pour leur simplifier la vie quand ils souhaitent
construire plus d'offres de logement. Et donc, les maires sont au cœur de notre
projet de loi avec des grandes mesures de simplification et de liberté qui leur
sont données. Et je le redis, encore une fois, aucune mesure du projet de loi
ne contient d'obligation, de contrainte nouvelle ou de normes additionnelles ou
de complexité pour les maires. C'est une mesure de confiance et je crois que
l'offre de logement, elle est bien quand il y a de la confiance et quand les
maires sont convaincus qu'il faut construire et qu'ils sont embarqués dans
cette histoire-là dans une facilitation, plutôt que contraint par des règles,
parfois un peu difficiles. Sur la question du ZAN, nous pensons qu'il est tout
à fait possible de concilier création d'offres nouvelles et respect du foncier
et sobriété foncière. Un exemple, je vous citais tout à l'heure les zones
commerciales. Nous avons, avec Olivia GRÉGOIRE, lancé un plan de transformation
des zones commerciales, 74 zones, un potentiel de 25 000 logements. Pourquoi ?
Parce que dans ces zones-là, vous aviez de grands entrepôts, de grands
commerces qui parfois ont changé d'habitudes. Les consommateurs ont changé
d'habitudes. Eh bien on peut réutiliser du foncier qui a été artificialisé pour
notamment créer du logement. Nous étions d'ailleurs à Avignon il y a quelques
jours. À Avignon, c'est par exemple dans la zone commerciale 900 logements
supplémentaires qui vont sortir de terre, dont 150 l'année prochaine. Donc vous
voyez qu'on est capable de réutiliser du foncier qui est existant, qui est déjà
artificialisé, qui est déjà bétonné pour pouvoir ériger du logement et bâtir du
logement neuf. Ce même travail, il peut être fait avec des friches
industrielles sur lesquelles nous avons là aussi des fonds qui sont engagés
pour aider à la construction de logements. Et puis, vous l'avez dit, il y a la
question de la densification pavillonnaire sur laquelle le Premier ministre
d'ailleurs, s'était exprimé sur le sujet, où quand il y a des pavillons où il y
a des jardins parfois un peu grands, que des propriétaires sont d'accord pour
diviser, que les maires sont d'accord pour diviser, eh bien, nous souhaitons
accélérer le processus administratif qui vous donne l'autorisation de densifier
un lotissement. C'est gagnant pour tout le monde. Le maire a la possibilité de
sélectionner les zones où il accepte la densification. Les propriétaires ont la
possibilité de vendre et de céder du terrain ou de construire de nouvelles
maisons, de nouveaux habitats dans un lotissement qui est déjà artificialisé.
Et c'est gagnant pour la sobriété foncière, parce que ça évite d'aller
grignoter sur les terres agricoles qui sont autour du village ou autour de la
ville. Donc c'est tout le challenge que nous avons dans les années qui viennent
: concilier création d'offres neuves de logements, création d'industries et
réindustrialisation et en même temps sobriété foncière, souveraineté
alimentaire, autre objectif important. Et donc le rôle du Gouvernement, c'est d'aider
les maires à faire face à ces différents objectifs qui sont tous très
importants. Importants pour construire plus de logement ; importants de
construire de nouvelles usines ; importants de laisser nos agriculteurs
cultiver et produire pour nous alimenter, et importants bien sûr de préserver
les terres agricoles. Donc tous ces objectifs-là doivent être conciliés et nous
faisons le maximum pour faciliter la vie des maires. Encore une fois, le projet
de loi va leur donner beaucoup de clés du camion pour pouvoir aller plus vite
et simplifier les choses.
Julien NÉNY
Bonjour, Julien NÉNY, service politique France Télévision.
Une question peut-être à vous, Madame la porte-parole. À propos du couvre-feu,
vous le savez depuis deux jours dans la ville de Nice, pour les mineurs de
moins de 13 ans, le maire Christian ESTROSI a décidé d'appliquer cette mesure,
au moins pour la période estivale, dans certains quartiers. Est-ce que le
Gouvernement soutient cette décision du maire ? Et est-ce que c'est un modèle qui
pourrait s'appliquer plus généralement dans le pays ? Je crois que le Premier
ministre Gabriel ATTAL en avait parlé dans son discours à Viry. Quelle est la
position du Gouvernement sur ce sujet précis ?
Prisca THEVENOT
La position du Gouvernement sur ce sujet précis des
couvre-feu installés dans certaines villes, comme vous venez de le citer, c'est
une position de bon sens, c'est une position républicaine. Celle de faire
confiance à nos élus locaux qui connaissent parfaitement leur territoire et les
besoins adjacents et liés au territoire par rapport à des violences souvent
très jeunes qu'ils peuvent voir et qui peuvent venir miner la vie des quartiers
souvent le soir. Donc sur ça, bien évidemment, le dialogue est fait entre le
préfet et l'élu local, et le Gouvernement soutient bien évidemment ces
démarches.
Julien NÉNY
Ça doit se généraliser à d'autres grandes villes du pays ?
Prisca THEVENOT
Encore une fois, je vous le redis, sur ce principe-là, il
faut faire confiance aux élus locaux. Quand les élus locaux veulent aller sur
ce chemin, sur ce sujet du couvre-feu, encore une fois, en lien étroit avec le
préfet, parce qu'il s'agit d'un couple élu local, un maire-préfet, eh bien oui,
nous devons respecter la décision des élus locaux.
Julien NÉNY
Ce n'est pas un peu excessif pour des mineurs de moins de 13
ans de leur empêcher de sortir de chez eux ? Je me fais l'avocat du diable sur
ce sujet, mais certains trouvent ça très excessif.
Prisca THEVENOT
Vous ne vous faites pas l'avocat du diable. Vous posez une
question qui est tout à fait légitime, si je me permets. Ce qui est excessif,
c'est de se dire qu'aujourd'hui, nous avons une violence complètement débridée
chez une partie de nos jeunes, très jeunes. Et je ne suis pas en train de
fantasmer une situation. Nous en avons vécu dans notre pays, malheureusement,
au cours des dernières semaines et également l'année dernière pendant les
émeutes du mois de juillet. C'est pour ça qu'encore une fois, loin de vouloir
faire des généralités, il ne faut pas le faire, il faut pouvoir laisser la
pleine confiance au couple préfet-maire sur ce point-là.
Jacques SERAIS
Madame la ministre, Jacques SERAIS, Europe 1. Est-ce que
lors de ce Conseil des ministres, il a été question par le président de la
République de la situation dans les universités, à Sciences Po notamment, et
plus globalement, quelle est la réaction de l'exécutif du Gouvernement pour
empêcher les blocus d'étudiants pro-palestiniens ? Je vous remercie.
Prisca THEVENOT
Alors, le point n'a pas été abordé dans l'ordre du jour du
Conseil des ministres, mais vous êtes bien au courant que le sujet est bien
évidemment suivi, aussi bien par le Premier ministre que la ministre en charge,
Sylvie RETAILLEAU. Le point d'orgue est le suivant : c'est de rappeler déjà que
nos universités françaises sont des lieux d'excellence, sont des lieux de
savoir, sont des lieux de débat et de dialogue. Quand il y a effectivement un
conflit qui s'ouvre, le premier des sujets c'est de le résoudre par le
dialogue. C'est ce qui a été mis en place par un certain nombre de présidents
d'universités. Quand ce dialogue aboutit à des conclusions acceptées, il faut
qu'elles soient respectées. Maintenant, il peut arriver, et c'est ce qu'on a pu
voir récemment, que les conclusions de ces dialogues ne soient pas respectées.
Alors là, il faut rappeler quelque chose qui est assez simple et qui a été
rappelé par Gabriel ATTAL lui-même : la fermeté est là et elle doit le rester.
Journaliste
J'aurai une question pour Monsieur le ministre, si vous
voulez bien. Donc, on a entendu donc votre présentation sur le projet de loi,
donc « de l'offre, de l'offre, de l'offre », on l’a vu dans le dossier presse.
Ces dernières années, on était autour de 400 000 mises en chantier en France.
Les derniers chiffres du SDES montrent qu’on est à peu près autour de 280 000
avec une baisse de 86 000 en un an. Est-ce que vous avez estimé à peu près le
potentiel de création de logements de votre projet de loi ? En quoi est-ce qui
répond justement à ce besoin d'offre ? Et puis, deuxième question plutôt sur
les perspectives du texte, on sait que vous allez le déposer donc au Sénat.
Est-ce que vous avez peut-être un calendrier un peu plus précis ? Et puis,
Dominique ESTROSI SASSONE, qui était votre ex-homologue quand vous étiez à
l'Assemblée, a dit de ce texte qu'elle en retenait un certain nombre de mesures
: la simplification, le LLI, etc. Mais qu'elle attendait des mesures plus
substantielles. Sur le projet de loi, notamment pour aller sur l'ensemble du
parcours résidentiel, est-ce que vous avez des idées des points de force, des
points d'équilibre qui sont en train de se créer sur ce texte ? Puisque vous
aviez concerté sur le sujet, ce que vous disiez. Merci.
Guillaume KASBARIAN
Merci pour vos deux questions. Sur la première, donc…
rappelez-moi sur la première, la question était sur…
Journaliste
La nature du…
Guillaume KASBARIAN
Effectivement, sur le calcul et sur le chiffrage. Nous avons
fait le choix de territorialiser les objectifs, c'est-à-dire de ne pas annoncer
d'objectifs nationaux globaux qui masquent probablement la réalité
territoriale, mais de territorialiser au maximum les objectifs de création de
logements. C'est pour ça d'ailleurs que nous avons lancé Territoires engagés pour
le logement : 22 territoires, 30 000 logements sur lequel chacun d'entre eux a
des spécificités fortes, territoire de Dieppe, il y a la création d'un nouvel
EPR qui va nécessiter la construction de beaucoup de logements pour pouvoir
avoir des milliers de salariés d'EDF et ses sous-traitants qui viendront pour
construire l’EPR. Vous avez Bayonne qui a été retenu, Biarritz, le Pays Basque
sur notamment cette tension que nous avons de plus en plus forte sur le
terrain. Et en Ferney-Voltaire, qui est frontalier de Genève, avec des
objectifs chiffrés sur cette zone, avec 2 500 logements en création pour faire
face à la tension locative issue notamment du travail des frontaliers et du
besoin local. Nous avons Dunkerque avec les méga usines de batteries et les méga
usines qui se développent dans le nord. Donc, vous voyez que l'analyse fine que
nous menons, elle est liée au territoire. D'où le fait que d'ailleurs, ce
projet de loi est très territorialisé, il donne beaucoup de pouvoirs aux
maires, beaucoup de simplifications administratives. Et donc, moi, je m'attache
à avoir des objectifs qui ne sont pas de grands objectifs qui ne sont pas de
grands objectifs nationaux déclaratifs. D'ailleurs, cette loi n'est pas
déclarative, n'a pas vocation à déclamer un chiffre qui, comme par magie, va se
réaliser. Ça ne marche pas. Ce qu'il faut, c'est par contre territorialiser la
politique du logement pour avoir des objectifs très clairs, des programmes très
clairs, des encouragements très forts pour développer du logement là où c'est
nécessaire et où il y a de l'attention, de l'attention locative. Et l'attention
du marché n'est pas la même à Biarritz qu'à Avignon, qu'à Chartres, que dans le
nord, qu'à Dieppe, etc, etc, etc. Donc, c'est ça le travail qui doit être fait,
plutôt que d'afficher des chiffres nationaux qui, certes, donnent un cap et
donnent une intention, mais en réalité, masquent la pluralité des territoires.
Sur votre deuxième question autour du calendrier du projet de loi, il a
vocation à être examiné au Sénat la deuxième quinzaine de juin. Donc, il
arrivera avant l'été au Sénat et à l'Assemblée nationale, probablement au mois
de septembre, puisque la fin de l'examen, la fin de la session aux alentours de
fin juillet, rendra difficile la navette immédiate avant l'été entre le Sénat
et l'Assemblée nationale. Donc, on est sur du mi-juin, côté Sénat, du
septembre, côté Assemblée nationale. Et je connais bien évidemment Dominique
ESTROSI SASSONE, elle a été mon homologue quand j'étais président de la
commission des affaires économiques à l'Assemblée. C'est une femme de
conviction. C'est une femme très compétente sur les questions de logement et je
sais qu'elle aura des propositions pour renforcer chacune des parties de ce
texte. Nous avons eu plusieurs réunions, bien sûr, avec elle, tout comme avec
d'autres sénateurs qui sont engagés sur le sujet. Et donc, nous sommes dans une
optique de co-construction. J'ai été moi même parlementaire. Ce que je
souhaite, c'est que sur chacune de ces parties-là, les parlementaires apportent
des propositions pour les élus locaux, pour les bailleurs sociaux, pour les
constructeurs, pour les Français. Et donc, nous sommes très ouverts à la
co-construction. En réalité, nous avons déjà commencé à co-construire et à
préparer cet atterrissage au Sénat et je serai dans la plus grande écoute des
parlementaires pour renforcer ce texte avec grand plaisir. Voilà un peu l'état
d'esprit et le calendrier un peu plus précis que je pouvais vous donner.
Tris ACATRINEI
Bonjour. Madame ACATRINEI du projet Arcadie. Alors, j'ai
deux petites questions. La première, c'est pour les primo-accédants à la
propriété, en particulier en région parisienne. La chose un peu simplement,
c'est le parcours du combattant. Et à moins d'avoir un très gros patrimoine,
c'est quasiment inaccessible à la classe moyenne. Et a contrario, il y a des
programmes, notamment dans le neuf dans le village olympique, qui sont réservés
à des gens qui ont des tout petits moyens, mais ceux qui sont dans la tranche
intermédiaire, c’est-à-dire, qui dépassent, par exemple les 2 000 € de revenus
par mois, ceux-là en fait sont inlogeables. Et donc ils s'accrochent à leur
logement locatif, ce qui fait qu'il n'y a pas de turn over dans les immeubles,
notamment dans les régions tendues. Donc ma question, c'est qu'est-ce qui va
être prévu pour ces fameux primo-accédants à la propriété qui n'ont pas
forcément envie de logements sociaux, qui n'ont pas envie d'être locataires,
qui ne peuvent pas forcément partir des régions qui sont densément tendues pour
des raisons professionnelles. Et la deuxième question, elle concerne les
indépendants. D'après les chiffres que j'ai en tête, on est à peu près 3
millions de micro-entreprises en France. Et si vous faites un tour sur les
forums de discussion, vous voyez que parmi ceux qui ont le plus de difficultés
à accéder au logement, ce sont les personnes qui sont indépendants puisqu'on
leur montre la porte dans les agences immobilières, on leur demande souvent des
documents en plus, ils sont exclus aussi du logement social parce qu'en fait,
dès l'arrivée, on voit qu'il faut des bulletins de salaire. Donc est-ce qu'il
va y avoir des dispositions qui vont aider, on va dire, les indépendants ?
Surtout que je pense que je fais injure à personne de dire que depuis
qu’Emmanuel MACRON est président, il a beaucoup porté ce discours de “Soyez
indépendant, mettez-vous à votre compte, lancez-vous, prenez des risques !”
Mais aujourd'hui, ni les banques, ni les bailleurs, qu’ils soient sociaux ou
privés, n'aiment les gens qui prennent des risques. Donc quand est-ce qu'à un
moment donné on arrive à rééquilibrer cette balance là ? Je vous remercie.
Guillaume KASBARIAN
Alors deux questions intéressantes. Sur la primo-accession,
vous avez raison de dire qu'aujourd'hui beaucoup de jeunes sont empêchés de
devenir propriétaires et de réaliser leur rêve de détenir un appartement ou une
maison. Cet obstacle là, il a été, il faut le rappeler, très largement dû à une
hausse significative des taux d'intérêt, quadruplement des taux d'intérêt, 400
points de base qui ont été pris en 18 mois, qui fait que — et tous les Français
qui sont allés voir leur banquier le savent, tous les jeunes qui sont allés
voir la banque, ils savent, une simulation à 1 % de taux d'intérêt, c'est pas
la même histoire que quand vous avez 4 % de taux d'intérêt. Et en réalité, le
pouvoir d'achat immobilier des jeunes et des primo-accédants, il a baissé en
raison de cette hausse de taux d'intérêt. Grosso modo, vous perdez une pièce
entre il y a de ça deux ans et aujourd'hui du fait de la hausse des taux
d'intérêt. Donc nous avons là des signaux de reprise avec des crédits en
février qui sont en augmentation de plus de 30 % par rapport à janvier. On
reste à des niveaux faibles, mais les banques nous indiquent que le robinet du
crédit est rouvert. Nous avons des opérations qui commencent à se réamorcer, et
nous pouvons espérer cette année une baisse des taux. Déjà, nous sommes à une
stabilisation, mais une baisse des taux qui permettrait de relancer le crédit
pour des jeunes qui ont besoin et qui souhaitent devenir propriétaires. Il y
aura probablement des débats fiscaux aussi qui arriveront en fin d'année avec
le PLF et qui permettront, là aussi, de discuter de cette question de la
primo-accession des jeunes. Et dans le projet de loi, nous souhaitons faciliter
l'accès à la propriété du mieux que nous pouvons, en dehors des taux d'intérêt
et de la fiscalité, notamment en permettant une vente accélérée des logements
sociaux sur les jeunes qui le souhaiteraient. Donc, ça fait partie des mesures
que nous étudierons. Vous avez évoqué le Village Olympique. Moi, j'ai visité
avec mes équipes le Village des Médias à Dugny, avec le maire de Dugny, je peux
vous garantir que la diversité des offres fait qu'on en a pour tous les goûts :
il y a du logement social, il y a du logement intermédiaire, il y a du logement
libre, il y a même du logement étudiant. Et donc, vous avez une vraie diversité
sur le territoire qui permet d'avoir de l'offre pour chacun, c’est-à-dire un
modèle, puisque c'est un héritage qui va permettre de servir à un plus grand
nombre de français. Et donc pour l'accession à la propriété, nous avons visité
des appartements quand nous sommes allés à Dugny qui était, je vous l'assure,
accessible, sur de l'accession libre avec des ensembles qui étaient tout à fait
corrects en termes de prix. Je ne dis pas que c'est le cas partout, mais à
Dugny, je peux vous assurer que nous avons vu des appartements qui étaient en
accession à un prix qui était... Après, vous avez d'autres outils qui existent,
qui permettent… le BRS, vous avez le bail solidaire, vous avez plein de choses
qui aujourd'hui se développent pour faciliter l'accès à la propriété. C'est
insuffisant, bien sûr, pour répondre à la masse de demandes des jeunes qui
souhaitent devenir propriétaires et qui ont subi une hausse des taux qui a
vraiment amputé leur pouvoir d'achat immobilier. La question des indépendants
est intéressante. On a une initiative qui est, avec Olivia GRÉGOIRE, de
faciliter l'accès à Visale pour les indépendants. Et donc, ça fait partie, par
exemple, des sujets sur lesquels nous travaillons pour faciliter l'accès au
logement des indépendants à travers une garantie, Visale, travaillée en
partenariat avec Action Logement, et qui permet à des indépendants d'accéder
plus facilement au logement. Il faut encore y travailler. On essaie de pousser
le plus loin possible ces initiatives. Mais cela fait partie, bien sûr, des
publics prioritaires que nous souhaitons aider à obtenir un logement plus
rapidement.
Bastien AUGEY
À nouveau, Bastien AUGEY pour TF1-LCI. Une question pour
Madame la porte-parole. L'accord sur les fins de carrière à la SNCF a provoqué
le courroux du ministre de l'Économie et des Finances. Est-ce que le
Gouvernement considère que cet accord est un contournement de la réforme des
retraites ? Est-ce qu'il y a une possibilité que de l'argent public soit
mobilisé pour financer les conséquences financières de cet accord ?
Prisca THEVENOT
Je pense que le ministre de l'Économie et des Finances a été
très clair dessus. Cet accord et le respect des entreprises a mené un dialogue
social en leur sein. Ce dialogue social s'est conclu par un accord comme vous
venez de le signaler, et je pense que ce qui est le plus important dedans au
regard de l'entreprise dont nous parlons et qui a été rappelé hier d'ailleurs
par le ministre de l'Économie et des Finances auprès de vos confrères sur une
matinale de grande écoute, c'est qu'il n'y aura pas un seul euro du
contribuable qui servira à financer cet accord. Le ministre de l'Économie et
des Finances recevra la semaine prochaine le président délégué, directeur
général pour justement rappeler ces principes.
Journaliste
[inaudible] Pardon mais...
Prisca THEVENOT
Non, non, ne vous excusez pas.
Journaliste
Si j'ai bien compris, le Bercy considère que cet accord
n'est pas n'est pas finançable. Donc s'il a... Il n'est pas question de...
Prisca THEVENOT
Ce n'est pas finançable par le contribuable. Maintenant, c'est
un accord à l'intérieur d'une entreprise comme dans toute autre entreprise, et
nous devons pouvoir le respecter.
Journaliste
Donc, vous n'allez pas demander à ce que cet accord soit
revu ou qu'il y ait un retour en arrière ?
Prisca THEVENOT
C'est un accord d'entreprise à l'intérieur d'une entreprise.
Le plus important que nous avons à avoir en tête, et c'est pour ça que vous me
posez cette question, et pas pour les autres accords d'entreprise qui
pourraient exister dans toute autre entreprise en France, c'est d'être sûr que
cet accord ne coûte pas au contribuable français.
Journaliste
Et Jean-Pierre FARANDOU a toujours la confiance du
Gouvernement ?
Prisca THEVENOT
Il verra le ministre de l'Économie et des Finances la
semaine prochaine et donc il a la confiance du Gouvernement.
Journaliste
Bonjour Madame la Ministre. [inaudible] Média. Alors une
question qui, d'actualité aujourd'hui, a été évacuée 26 sites par la police
[sic] dans le cadre des blocages mais aussi des manifestations qui ont eu lieu
dans plusieurs facs de France. On pense là même jusqu'à l’ESJ Lille pour ne
citer qu'eux, mais aussi les Sciences Po de Paris, Lille, Lyon, Rennes, etc, La
Sorbonne Tolbiac pour dénoncer les crimes de guerre et le risque génocidaire —
on répète, mais c'est toujours l'actualité depuis 6 mois maintenant à Gaza et
en Palestine — opéré par Israël. Ma
question est celle-ci : puisqu'on a entendu madame Sylvie RETAILLEAU donner
comme consigne, toujours comme indications, aux personnes qui gèrent ou
présidents, présidentes d'université d'intervenir et de faire usage de tous les
pouvoirs qu'ils ont pour faire respecter l'ordre public. C'est bien ses termes,
ces mots qu'elle a utilisés. Et les mots de ce matin, c'est la fermeté est et
restera totale. Est-ce que vous n'avez pas peut-être peur que... De vous mettre
à dos les étudiantes et étudiants justement qui manifestent, qu'il y ait une
sorte d'escalade qui pourrait survenir après ces termes-là ?
Prisca THEVENOT
Je pense que le plus important, c'est effectivement de
respecter l'endroit premier de ces étudiants et de ces étudiantes dans leur
globalité et pas simplement d'une minorité qui bloque. Parce que je le disais
tout à l'heure à un de vos confrères, nos universités françaises sont une
fierté, sont des lieux d'excellence, de savoir et de débats contradictoires
dans un cadre qui évidemment celui de notre République. Je dois le rappeler
pour être très précise. Les présidents d'universités, les présidents de ces établissements
ont mis en place, quand il y avait besoin, des instances de dialogue, des
dialogues dans le cadre républicain qui est le nôtre. Dans la plupart de ces
instances de dialogue, il y a eu des conclusions, et c'est souvent à la suite
de ces conclusions qu'il y a pu y avoir, dans certains cas, eh bien, le
non-respect des conclusions apportées, et donc des blocages qui auraient pu
s'installer de façon extrêmement durable et donc avoir un risque d'escalade.
Dans ce cadre-là, ce sont les présidents d'établissements qui ont demandé
justement que des blocages puissent être levés. Et c'est dans ce cadre-là que
la ministre de l'Enseignement supérieur, Sylvie RETAILLEAU, a assuré de ce
soutien. Et c'est bien dans ce sens-là.
Journaliste
Il y a aussi une autre actualité dans ce cadre-là. Madame
Valérie PÉCRESSE, qui est présidente de la région Île-de-France qui a dit, qui
a annoncé retirer des subventions à Sciences Po Paris. Quel est votre avis sur
la question ? Même si c'est sa politique, je [inaudible] répondre à ça. Mais
oui mais…
Prisca THEVENOT
Vous venez de répondre à la question et je pense que ma
collègue Sylvia RETAILLEAU s'est exprimée aussi sur ce point. Je suis
porte-parole du Gouvernement et pas porte-parole de la région Île-de-France.
Journaliste
Vous avez sûrement un avis sur ce qui se passe [inaudible] ?
Prisca THEVENOT
Je vous donne… J'ai un avis, effectivement, et je vous donne
la position...
Journaliste
[inaudible].
Prisca THEVENOT
Mon avis, c'est que je vous donne la position du
Gouvernement sur ce point très précis. Et je vous laisse, bien évidemment,
joindre les équipes de Valérie PÉCRESSE qui, je suis sûre, se tiendront à votre
disposition pour répondre à votre question. J'en suis sûre. Pourquoi vous
rigolez ?
Journaliste
Ça a déjà été fait, elle n'a jamais répondu. Mais merci à
vous, en tout cas, d'avoir répondu.
Prisca THEVENOT
De rien. Rebonjour. Lorsqu'on lisait votre entretien dans
les colonnes du Parisien ce matin, on a vu que le fait de pouvoir construire et
les permis de construction vont être délivrés peut-être plus rapidement
qu'auparavant. Je n'ai plus les délais exacts en tête. Question de chiffres.
Aujourd'hui, on voit qu'il y a un problème sur la question de l'eau. Dans
plusieurs communes, on va avoir, sur certains types de sols, des constructions
qui vont changer le cycle des nappes phréatiques, donc avec parfois des effets
assez néfastes. On voit par exemple sur la ville d'Arcueil, où j'étais lundi en
reportage avec Madame TOUSSAINT, qui est tête de liste écologiste aux élections
européennes. On a vu un ensemble de maisons fissurées, des pavillons, qui ont
été fissurés pour deux raisons. Donc la première, c'est la canicule de 2020. Et
la deuxième, c'est un chantier sur lequel on a construit un parking sur une
terre assez argileuse qui a totalement modifié le cycle de l'eau sur une zone
qui était proche d'une zone pavillonnaire. Et on a des habitants qui se battent
maintenant à Arcueil depuis plusieurs années pour que les dommages soient
reconnus. Et une sénatrice écologiste prépare justement une loi pour que ces
maisons qui ont été endommagées ou ces différents lieux soient reconnus comme
des catastrophes naturelles. Comment demain on va pouvoir s'assurer que, sur
des zones de construction de logements, le cycle de l'eau et des nappes
phréatiques ne sera pas modifié lorsqu'on aura un permis de construction ? Et
la deuxième question que je voulais poser s'adresse à Madame THEVENOT. On voit
que Aurore BERGÉ, hier, a reçu un ensemble d'acteurs dans son ministère pour
parler la question de la prostitution. Comment aujourd'hui les femmes qui
veulent sortir de ces réseaux très vicieux vont être accompagnées par les
départements sur le plan associatif et aussi sur plan d'aide financière ?
Guillaume KASBARIAN
Alors, sur la première question que vous venez d'évoquer, il
faut rappeler que, en France, on ne construit pas n'importe où dans le pays. Il
y a des règles d'urbanisme, il y a des plans locaux d'urbanisme, il y a des
DREAL et des DDT, des services de la préfecture, qui vérifient plein de choses
sur les terrains, sur l'eau, sur la biodiversité, sur les espèces protégées,
sur la nature des sols, si bien qu'on ne construit pas n'importe où de façon
anarchique. Il y a aujourd'hui des règles. Et des plans locaux d'urbanisme, par
exemple, qui permettent de définir des zones où il y a de la forêt, des zones
où vous avez des zones agricoles, des zones où il y a de l'industrie, des zones
où vous avez de la logistique, des zones où vous avez du logement. Et donc
c'est exclusivement sur ces zones là, qui font consensus, sur lesquels les élus
locaux, en lien avec les services de la préfecture, décident qu'il y aura du
logement. Et donc tout ça est quand même géré par la loi, par les services de
l'Etat, par les élus locaux qui, encore une fois, construisent à des endroits
bien définis des zones de densification. Le projet de loi va permettre
d'accélérer en cas de recours, donc c'est pour ça que ça va aller plus vite,
c'est que, aujourd'hui, quand vous avez des délais, des recours qui sont faits
par des collectifs, par des citoyens, par des voisins, vous avez un délai de
six mois. Le projet de loi permettra de réduire à deux mois ces délais de
recours. Et donc vous gagnez quatre mois, c'est-à-dire significativement, les
deux tiers du délai de recours qui sera à travers cette simplification. Mais ça
ne change rien à la fin des phases sur le fait qu'on ne construit pas n'importe
où, qu'il y a des règles d'environnement qui s'appliquent, qu'il y a les
services de l'Etat qui vérifient qu'on construit bien au bon endroit et que
donc, ça ne se fait pas dans l'anarchie. Et il y a toujours possibilité de
faire des recours gracieux et puis ensuite des recours judiciaires si vous
n'êtes pas d'accord. Mais je tenais quand même à le préciser. On construit de
façon structurée. On a suffisamment de documents d'urbanisme et de règles dans
notre pays pour que ce soit construit là où c'est constructible et là où on est
respectueux de l'environnement, des terres agricoles et des sols.
Journaliste
Est-ce que vous avez commencé à échanger avec les sénateurs
qui préparent un texte sur la catastrophe naturelle ? Donc les sénateurs
écologistes.
Guillaume KASBARIAN
Alors, non, j'ai travaillé sur mon projet de loi que je
présente aujourd'hui. J'ai travaillé aussi sur deux autres propositions de loi
qui viennent des parlementaires, je vous l'ai dit tout à l'heure sur la
proposition de loi sur le touristique. Une autre sur la conversion de bureaux
en logements. Je suis à disposition de tous les sénateurs qui souhaitent me
rencontrer sur leur propre proposition. J'attends peut-être aussi qu'elle soit
déposée. C'est-à-dire que, pour pouvoir en discuter, encore faut-il qu'elle
soit déposée. Mais mon équipe et moi-même sommes à la disposition des
parlementaires quand ils souhaitent faire prospérer des initiatives
parlementaires de façon à en débattre et à en discuter ensemble.
Prisca THEVENOT
Effectivement, ma collègue Aurore BERGER a présenté sa ligne
sur la lutte contre la prostitution et notamment les réseaux. Donc, rappelons
déjà que nous ne sommes pas dans un vide législatif. Il existe déjà une loi qui
permet de lutter contre les réseaux de prostitution, mais également
d'accompagner les femmes et les hommes qui sont dans ces réseaux. Donc, nous
allons dans un premier temps renforcer les dispositifs existants, et puis aussi
les compléter. Compléter ces dispositifs au regard de nos sociétés qui
évoluent, parce qu'aujourd'hui les phénomènes de prostitution et de réseaux
existent aussi en ligne. Et ça nous devons pouvoir le prendre en considération
pour pouvoir mieux y répondre et mieux accompagner. Sur les détails précis de
ces accompagnements, la ministre en charge aura l'occasion d'y revenir plus
précisément. Je crois, cher Guillaume, que nous avons épuisé les questions pour
ce compte-rendu du Conseil des ministres. Je vous remercie et je vous souhaite,
pour ceux pour lesquels c'est le cas, un très bon week-end. À très vite.