L'éditorial d'édouard Philippe, Premier ministre
Le grand débat qui se déroule actuellement doit nous permettre de construire un nouveau contrat pour la Nation. Je souhaite qu’il fasse émerger des solutions qui contribuent à faire évoluer notre société vers un modèle à la fois plus prospère, plus inclusif et plus respectueux de notre environnement.
Pour apprécier les progrès vers cet objectif, il est désormais clair que la seule mesure du Produit Intérieur Brut ne suffit pas. Faire émerger un nouveau modèle de croissance passe par la définition d’objectifs concrets dans d’autres dimensions que la seule croissance, et il faut pour cela disposer de nouveaux outils de mesure. Faisant suite à l’impulsion donnée en France par la Commission sur la mesure de la performance économique et le progrès social en 2009 (commission dite « Stiglitz-Sen-Fitoussi »), une batterie d’indicateurs a été développée afin de mieux diagnostiquer les enjeux du développement durable et de suivre les progrès de notre société au regard de cet objectif.
Le présent rapport retranscrit l’évolution d’une sélection synthétique de 10 indicateurs de développement durable. Ces indicateurs sont les mêmes depuis 2015, ce qui permet d’apprécier leur évolution récente, et de les comparer à la situation chez nos principaux voisins européens. Pour chacun de ces indicateurs, ce rapport explique comment l’action du Gouvernement vise à progresser sur l’objectif sous-jacent. Par les différentes transformations qui ont été engagées depuis 18 mois, un des objectifs du Gouvernement est d’améliorer la situation de la France au regard de ces "nouveaux indicateurs de richesse". En particulier, un des objectifs prioritaires poursuivi par le Gouvernement est de lutter contre les inégalités à la racine, que ce soit dans l’accès à l’emploi, à l’éducation, au logement, à la santé, ou encore dans la lutte contre le changement climatique qui affecte en premier lieu les plus démunis.
Cette ambition est aussi partagée au niveau international. En septembre 2015, les 193 Etats membres de l’ONU se sont engagés à mettre en œuvre de concert 17 objectifs universels du Programme de développement durable à l’horizon 2030 , un plan d’action ambitieux « pour l’humanité, la planète et la prospérité » qui constitue le cœur de l’Agenda 2030 des Nations unies. Pour mettre en œuvre l’Agenda 2030 en France, un groupe de travail associant des représentant de l’ensemble de la société française, a abouti, en juillet 2018, à une liste globale d’indicateurs pour suivre la contribution et les ambitions de la France. Ils incluent les 10 indicateurs de richesse détaillés dans ce rapport, qui font désormais partie intégrante du suivi des contributions de la France aux objectifs de développement durable et des efforts de transformation de notre société vers un modèle plus soutenable.
Les nouveaux indicateurs de richesse doivent être utiles à tous les citoyens pour évaluer l’évolution de la société et l’efficacité des transformations engagées. L’analyse de ces indicateurs ne doit pas rester cantonnée à une discussion d’experts et de statisticiens. Très concrets, ils ont vocation à pouvoir être commentés par tous. Je souhaite qu’ils puissent être diffusés largement, pour que toutes les parties prenantes et les citoyens puissent se les approprier.
Le Grand Débat National en cours est une opportunité unique de susciter les échanges sur les enjeux de développement durable. Que ce soit sur la fiscalité, la justice sociale ou la transition écologique, les débats bénéficieront de l’éclairage de ces nouveaux indicateurs de richesse, qui donnent la situation de la France dans ces domaines, ainsi que les objectifs poursuivis par l’action du Gouvernement. Cet éclairage initial est essentiel pour le débat public.
Il est devenu urgent de construire dans les faits un modèle de société prospère, durable et inclusif. Cette entreprise requiert l’action de tous, et des transformations profondes dans nos anières de consommer, de produire, d’interagir entre nous. Mais elle requiert aussi un diagnostic objectif sur l’état de la France ; ce rapport y contribue. Je formule le vœu que le Grand Débat fasse émerger des objectifs concrets et partagés, et des idées nouvelles pour transformer notre société.