Elisabeth BORNE
Il y
aura demain un an, la Russie a lancé une attaque très brutale et meurtrière sur
l’Ukraine. Je voudrais, tout d’abord, redire tout notre soutien et notre
solidarité envers le peuple ukrainnien, comme le président de la République a eu
l'occasion de le dire, « nous sommes et nous resterons jusqu'au bout aux côtés
de l'Ukraine ». Et c'est pour ça qu'on a mis en place, avec tous les
partenaires européens, un soutien à la fois au plan militaire, économique et
humanitaire. C'est un sujet, évidemment, qui mérite des échanges réguliers avec
la représentation nationale. Vous savez qu'on a déjà eu deux débats, à
l'Assemblée et au Sénat.
On a aussi mis en
place un comité de liaison et moi, j'aurai l'occasion de réunir prochainement
un comité de liaison, c'est-à-dire donc le président du Sénat, la présidente de
l'Assemblée nationale et les présidents de tous les groupes parlementaires,
pour faire le point sur la situation et l'action de la France aux côtés de
l'Ukraine. Comme vous le voyez, notre soutien à l'Ukraine, c'est aussi
l'accueil des réfugiés. Et donc, on a mis en place, très rapidement, au niveau
européen, le statut de protection temporaire qui était une première en Europe.
On s'est mobilisé pour avoir cet accueil d'urgence. Vous avez pu le voir, que
c'est à la fois la mobilisation, évidemment, du gouvernement, de l'État, mais
au-delà, des collectivités auxquelles je veux rendre hommage puisqu’elles participent aussi à
apporter des réponses pour l'hébergement, pour la scolarisation des enfants.
Évidemment, on voit aussi le rôle à la fois des ONG et des associations, et
puis, il faut aussi avoir en tête que des citoyens, nos concitoyens se sont
engagés aussi.
On a vu des
familles, ici, qui ont pu être hébergées chez des Françaises et des Français et
c’est aussi très important et il continue à y avoir plusieurs milliers
d’Ukrainiens qui sont accueillis chez des citoyens qui, effectivement, depuis
plusieurs mois maintenant, sont aux côtés de ces familles. On a à peu près
100 000 Ukrainiens sur notre sol, un peu plus de 20 000 en France qui sont
scolarisés et on voit aujourd'hui que, finalement, ce nombre est assez stable.
Donc, c’est important maintenant de passer à une nouvelle étape puisque
malheureusement la guerre dure en Ukraine, de pouvoir accompagner ces déplacés
ukrainiens vers un logement plus pérenne, vers un emploi et vers
l'apprentissage de la langue. Et c'est donc les instructions que je vais donner
au Gouvernement, pour qu'on puisse passer à une nouvelle étape pour accueillir
durablement les personnes déplacées venant d'Ukraine. Voilà.
Journaliste
Est-ce que vous
pensez que ce modèle inédit d'accueil puisse être généralisé à d'autres crises
migratoires, comme le suggérait France Terre d'Asile ?
Élisabeth BORNE
Écoutez, on est
face à une situation exceptionnelle et on a mis en place, y compris au niveau
européen, un statut particulier qui n'avait jamais été mis en œuvre au niveau
européen. Et donc, dans ce cadre-là, et en tenant compte, aussi effectivement,
de cette guerre qui dure en Ukraine, on met en place l'accompagnement qui
s’adapte au fur et à mesure à la situation en Ukraine et donc à une guerre qui
malheureusement dure.
Journaliste
Si la guerre dure
plus longtemps pour plusieurs années, est-ce que la France a la capacité d'accueillir
plus de réfugiés ukrainiens ? Quel est votre plan dans ce cas-là ?
Élisabeth BORNE
Mais vous avez vu
qu'on a répondu à toutes les personnes ukrainiennes qui ont voulu être
accueillies, alors dans beaucoup de pays européens, mais notamment en France.
Et comme je vous le disais, on adapte aussi l'accompagnement qu'on met en
place. On a d'abord accueilli des familles dans des hébergements d'urgence, et
on le voit ici, on a pu voir quelques personnes qui ont la perspective d'un
logement plus durable. Évidemment, c'est fondamental qu'on puisse leur
permettre d'apprendre le français, puisque c'est un des préalables, souvent, au
fait de pouvoir trouver un emploi. Et donc, c'est cet accompagnement qu'on met
en place aujourd'hui.
Journaliste
Vous annoncez la
fin progressive de ces centres d'accueil, comme l'a dit votre ministre de
l'Intérieur. À quel horizon ?
Élisabeth BORNE
Je ne vais pas vous
donner un horizon. On a des personnes qu'il faut évidemment accueillir, dans un
premier temps dans des hébergements de ce type-là, il y a des gens qui ont été
accueillis à l'hôtel. Évidemment, notre souhait, pour les personnes qui sont
sur notre territoire et qui restent sur notre territoire, c'est de pouvoir les
accompagner vers un logement pérenne. Et donc cela se fait dès qu'on a
l'opportunité de leur proposer un logement, souvent en intermédiation locative,
mais qu’ils puissent accéder, vous avez des familles qui sont logés ici,
évidemment, on souhaite, quand on a une mère avec ses enfants, qu’elle puisse être
logée, normalement, dans un logement qui soit mieux qu’une chambre comme elles
peuvent avoir ici.
Journaliste
Qu’en-est-il des
étudiants étrangers qui ont fui l’Ukraine aussi en même temps que les
Ukrainiens ?
Elisabeth BORNE
Comme vous l’avez
vu, on a une réponse qui est adaptée à la situation de tous ceux qui arrivent
sur notre sol. Les enfants sont scolarisés, les personnes qui avaient un
emploi, on les accompagne d’abord pour apprendre la langue. On a un sujet
important qu’on va prendre en main sur la reconnaissance, aussi, de leurs
diplômes. Et les étudiants sont accueillis, aussi, à l’université en fonction
de leurs projets.
Journaliste
Juste une petite
précision sur le comité que vous annoncez :
le comité de liaison, c’est ça, avec les…
Elisabeth BORNE
Avec les présidents
des différents groupes parlementaires : président du Sénat, présidente de
l’Assemblée.
Journaliste
Juste, en quoi cela
consiste et sur quoi ça débouche derrière ?
Elisabeth BORNE
Alors cela permet de
partager, en transparence, avec la représentation nationale la situation, la
situation en Ukraine, et puis aussi la situation des personnes qui sont
accueillies sur notre sol. Donc, il y a eu plusieurs comités de liaison.
J’avais eu l’occasion d’en tenir un au début de l’été, avant un débat à
l’Assemblée et au Sénat. Et je pense tenir prochainement un nouveau comité de
liaison pour faire le point sur la situation, sur l’engagement de la France aux
côtés de l’Ukraine. Voilà, merci.