Accueil des réfugiés ukrainiens : déclaration du Premier ministre depuis Nice

Ce contenu a été publié sous le gouvernement du Premier ministre, Jean Castex.

Publié le 25/03/2022

Le Premier ministre Jean Castex s’est exprimé, jeudi 24 mars 2022, depuis le centre d’hébergement provisoire de Nice.

Source : Accueil des réfugiés : déclaration du premier ministre depuis Nice
Mesdames et Messieurs, J'ai présidé mardi dernier, la cellule interministérielle de crise et de coordination qui se dédie à l’accueil des réfugiés ukrainiens en France. Je vous rappelle qu’environ 30 000 ressortissants ukrainiens recensés par la police des frontières sont entrés depuis le 25 février dernier sur le territoire national. On sait qu’environ 10 000 d’entre eux sont en transit, pour l’essentiel, je vous le rappelle vers l’Espagne, vers le Portugal ou vers la Grande Bretagne. La France, la République française, a d’ores et déjà, à ce jour, délivré 12 636 autorisations provisoires de séjour qui, je vous le rappelle, est cette autorisation décidée dans le cadre de l’Union européenne et qui est une démarche facilitée et facilitatrice et qui notamment ouvre droit au travail. Je précise également que 83% des personnes que nous avons accueillies sont des femmes ou des enfants puisque, comme vous l’imaginez facilement, les maris ou les pères sont restés combattre en Ukraine, ce qui me donne une nouvelle fois l’occasion de manifester la totale solidarité de la France à l’égard de ces populations. Je suis donc aujourd’hui à Nice, comme je l’avais d’ailleurs indiqué, puisque les Alpes maritimes, avec par ailleurs Strasbourg et Paris, constituent l’un des principaux points d’entrée de cette population ukrainienne. 45%, 13 000 exactement, de ces Ukrainiens recensés par nos procédures, sont arrivés ici par Nice et les Alpes maritimes. Et je veux d’emblée dire et féliciter l’ensemble des acteurs, Monsieur le maire de Nice, l’ensemble des services de l’État, des associations qui se sont mobilisées pour faire face à ces flux qui sont importants, qui sont allés croissants. Et nous avons, c’est l’honneur de notre pays, je viens une nouvelle fois de le constater, répondu de façon extrêmement rapide et solidaire à cette situation, appelée sans doute non seulement à s’accroître mais à durer. Aujourd’hui, ici dans les Alpes maritimes, le chiffre symbolique de 3 000 autorisations provisoires de séjour vient d’être, Monsieur le préfet, franchi ce jour. On est sur un rythme de 200 à 300 par jour, ce qui est évidemment une mobilisation forte pour les services de l’État. Je rappelle aussi que 3500 personnes ukrainiennes sont d’ores et déjà fixées dans les Alpes maritimes et en particulier à Nice. Alors, l’organisation repose ici sur un nouveau lieu, puisqu’il a fallu monter en charge, monter en puissance, la réactivité de la ville et des services de l’État, je le répète, a été immédiate, et donc ici l’idée c’est de mutualiser pour faciliter cet accueil, toutes les démarches qui peuvent être faites, qu’elles soient administratives, qu'elles soient médicales, qu'elles soient bien entendu liées à l'hébergement ou au logement. Tous les services sont ici, des services de l'État, des services de la ville de Nice, mais aussi des associations. La Croix-Rouge française assure le premier accueil. Je souligne cette continuité parce qu’en soi, déjà, elle marque la grande humanité dont nous devons à chaque instant faire preuve. Ce sont des gens qui ont souvent eu affaire à la Croix-Rouge en Ukraine lorsqu'ils ont quitté leur pays, et le fait que lorsqu'ils arrivent ici en France, à Nice en particulier, ils retrouvent la Croix-Rouge, montre la continuité de la prise en charge que nous leur devons. Les services de l’État, je le disais, sont particulièrement mobilisés pour toutes les formalités administratives. Plus de 45 effectifs, nous venons encore il y a quelques jours de les renforcer par des agents de la Sécurité civile. Il y a plus de 20 guichets qui sont activés, que nous avons visités. Et évidemment, il y a ici sur ce site le premier hébergement d'urgence pour ceux qui ne peuvent pas se loger, qu’a activé en un temps record la ville de Nice, 250 places, nous venons de les visiter avec Monsieur le maire. Évidemment, c'est un sas, c'est une nuit, deux nuits maximum. L'idée après, c'est de répartir ces personnes. Et suivant le dispositif que nous avons arrêté en cellule de crise mardi, ici à partir de Nice, les personnes, après discussion avec elles, évidemment, sont renvoyées et réparties soit dans la région PACA, soit dans la région Occitanie. Et je me plais d'ailleurs à dire qu'un autobus va partir vers le beau département du Gers, à partir de la belle ville de Nice. Voilà, tout cela nous a conduits à recenser, je l'ai également indiqué mardi, 100 000 places sur la France entière d'hébergement pour faire face à cette situation. Et bien entendu, et je réunirai d'ailleurs demain matin l'ensemble des préfets, nous devons nous préparer à monter en puissance dans ces hébergements. C'est vrai partout en France, c’est vrai ici, en particulier à Nice, je signale la mobilisation de particuliers, de citoyens, au-delà des institutions publiques et de notre formidable tissu associatif, j'en ai rencontré tout à l'heure, qui se sont proposés pour accueillir des réfugiés ukrainiens et c'est tout à notre honneur. De la même façon, nous préparons la scolarisation des enfants. Je vous ai indiqué tout à l'heure que ce sont souvent des familles, des femmes avec enfants, donc il est de notre devoir de les préparer et de les accueillir. On a aujourd'hui dans le département des Alpes-Maritimes 260 enfants ukrainiens qui sont d'ores et déjà scolarisés, et je me suis entretenu avec les services de l’État compétents pour veiller évidemment à ce que cela puisse monter en charge. Vous devinez toutes et tous que cela suppose une organisation : trouver des interprètes, favoriser l'acquisition de la langue française. Et puis, il y a un point sur lequel j'ai déjà eu l'occasion d'insister, et j'ai pu constater combien, à Nice, il est aussi mis en œuvre. Ce sont des personnes, donc surtout, je le répète, des dames qui sont soucieuses de travailler. Donc, nous avons aussi un devoir d'insertion professionnelle. Et les ministres sont pleinement mobilisés pour réaliser, sous la coordination de Marlène SCHIAPPA, toutes les conditions de cet accueil qui, je le rappelle, témoigne bien sûr de la solidarité de la nation, mais qui sont profondément conformes à nos valeurs. Il y a des valeurs d'accueil, ici, à Nice qui sont portées au plus haut point. Donc ce centre de premier accueil, ici, je vous annonce que nous allons en armer, en activer un par région, de cette nature qui, ensuite, repartira sur l'ensemble des départements, des territoires concernés, marquant la solidarité régionale. Évidemment, tout cela a aussi un coût, il faut le dire. Donc, nous allons débloquer pour les associations spécialisées ou générales qui se mobilisent, des financements complémentaires. Et s'agissant des collectivités, là aussi, j'annonce aujourd'hui le principe, évidemment, d'une participation de l’État aux dépenses exposées par les collectivités territoriales. Les Communes, beaucoup, beaucoup se sont mobilisées, les conseils départementaux aussi, qui ont par ailleurs des compétences, notamment pour les mineurs isolés. Donc, des discussions sous l'égide des ministres qui m'accompagnent vont se nouer avec les associations représentatives d'élus, pour qu'évidemment, il n'y ait pas de frein à l'accueil de ces réfugiés. Je sais aussi pouvoir compter sur une part qui sera supportée au titre de la solidarité nationale par les collectivités locales. Mais je le répète, ce mouvement est sans doute appelé, compte tenu de la situation que vous connaissez en Ukraine, à s'installer dans la durée. Nous devons à la fois - parce qu'on comprend très bien que c'est leur souhait le plus cher, préparer les conditions de retour, dès que cela sera possible, et lorsque l'Ukraine aura recouvré la paix et la liberté dans les conditions de retour de ces personnes chez elles - mais nous devons veiller aussi à prévoir, si elles le souhaitent, qu'elles puissent s'insérer dans notre pays, qu'elles puissent profiter de l'accueil de la France parce qu'encore une fois, c'est l'image que nous devons donner, c'est la réalité que nous devons leur proposer. Je vous remercie.

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