80e anniversaire de la Libération : cérémonie commémorative canadienne

Publié le 06/06/2024|Modifié le 06/06/2024

Gabriel Attal a participé à la cérémonie commémorative canadienne, jeudi 6 juin 2024, au Centre Juno Beach, situé à Courseulles-sur-Mer dans le Calvados, aux côtés du Premier ministre canadien Justin Trudeau.

Le Premier ministre Gabriel Attal
Le Premier ministre Gabriel Attal - Source : Service d'information du Gouvernement

Nous devons entendre et écouter l'Histoire. Car les passions tristes reviennent à la charge. Les passions tristes du rejet, du repli qui déjà nous ont conduit à l'esprit de défaite, à la soumission, à l'abîme.

Gabriel Attal

  • Premier ministre
Gabriel Attal
Source : 80e D-DAY Cérémonie officielle franco-canadienne

Cérémonie commémorative canadienne du 80e anniversaire du jour-J et de la bataille de Normandie, en présence du Premier ministre Gabriel Attal.


Monsieur le Premier ministre, 

Monsieur le président du Conseil Européen, 

Monsieur le président du Sénat, 

Mesdames et Messieurs les ministres, 

Monsieur le préfet, 

Mesdames et Messieurs les parlementaires et les élus, 

Mesdames et Messieurs les ambassadeurs, 

Mesdames et Messieurs les officiers généraux, officiers, sous-officiers, officiers mariniers, soldats, matelots et aviateurs, 

Mesdames et Messieurs les combattants du débarquement, chers vétérans, 

Mesdames et Messieurs, 

C'était l'aurore ce matin du 6 juin, c'était l'aurore, le vent soufflait encore et la houle semblait toucher le ciel. C'était l'aurore et en ce matin du 6 juin, la tempête se calmait à peine. Mais rien ne résiste à l'appel de la liberté. Il est 7h35, la bataille suprême commence malgré les flots déchaînés. En quelques heures, ici même, 15 000 Canadiens de la 3ᵉ division d’infanterie commandée par le major général Rodney KELLER et de la deuxième brigade blindée, appuyées par 6 000 Britanniques, déferlent sur Juno Beach. Face à eux, les mines qui explosent, les tirs qui frappent, la marée qui emporte. Face à eux, la barbarie qui se déchaîne dans un sursaut meurtrier. Face à eux, un continent qui attend, qui espère l’arrivée et le triomphe des soldats de la liberté. 

Mais face à eux surtout, la France, la France, nation sœur du Canada, la France, terre d'idéal, prisonnière des soldats, la France et derrière elle l’Europe meurtrie, et derrière elle la liberté enchaînée. 

Venir sur cette plage, c’est se souvenir. C’est revoir ces hommes si jeunes venus se battre pour une terre lointaine et inconnue. C’est se laisser inspirer par leur courage, porter par leur bravoure, guider par leur exploit. C’est s’imaginer ici l’un d’eux monter au front et braver la mitraille. C'est penser là, à son frère d'armes, touché, blessé. C'est le voir tomber et ses camarades courir à son secours. C'est entendre résonner, assourdissant le souffle du vent et le sifflement des balles, le bruit des moteurs, le cri des ordres, le vrombissement des avions. On ne peut vraiment imaginer ce que fut le Débarquement. 

Tous les soldats de la liberté, canadiens, britanniques, qui ont foulé le sable de cette plage, sont des héros, tous, sans exception. Notre reconnaissance est éternelle, infinie. Jamais la France n'oubliera ceux qui sont tombés pour elle. Jamais la France n'oubliera que sur ce sable, le sang de la jeunesse canadienne a coulé pour notre liberté. Alors, devant vous, devant vous, vétérans de la bataille de Normandie, qui débarquiez il y a 80 ans pour la première fois sur cette même plage, nous nous rappelons. Nous nous rappelons ceux qui sont tombés. Plus de 350 Canadiens, rien que le premier jour, sur cette plage. Plus de 5 000, lors de la campagne de Normandie. Plus de 45 000 au cours de toute la Seconde Guerre mondiale. Leurs sacrifices restent une blessure vive. Ils nous obligent. Ils nous honorent. 

Et aujourd'hui encore, depuis le cimetière canadien, ceux qui ont payé le tribut de la liberté nous regardent. Nous nous rappelons ceux qui ont été blessés, parfois gravement, souvent à jamais. Nous nous rappelons ceux qui sont revenus, de ceux qui, aujourd'hui encore, racontent, transmettent, alertent. Vous êtes des héros. Vous êtes les voix de ceux qui sont tombés. Vous êtes des figures du courage et à jamais les visages de la liberté. Votre présence aujourd'hui nous rend humbles et notre cœur se serre en sachant qu'il manque quelqu'un, William CAMERON, mort quelques jours à peine avant le départ vers la France. 

Devant vous, sous l'autorité du président de la République, je veux prendre un engagement. La mémoire des vétérans de la Seconde Guerre mondiale ne s'éteindra jamais. Nous la perpétuerons. Nous l'honorerons. Nous la diffuserons. Car jamais le souffle du courage ne s'éteint. Jamais la flamme de l'héroïsme ne faiblit. Et toujours la force de la liberté nous guide. 

Mesdames et Messieurs, je suis né en 1989. J'appartiens à une génération qui n'a jamais connu la guerre. Une génération dont les parents n'ont jamais connu la guerre. Une génération qui a grandi sous le signe de la liberté et de la démocratie. Une génération qui, parfois, oublie combien elles sont fragiles, combien la liberté se gagne, se conquiert et s'entretient. Une génération à qui nous rappellerons sans cesse ce que nous devons à ces jeunes de notre âge qui ont tout quitté pour notre liberté, pour notre démocratie, car derrière chacun de nos droits, chacune de nos libertés, il y a la marque du sacrifice des soldats du Débarquement. 

L'Histoire est une leçon pour l'avenir. Et aujourd'hui, plus que jamais, nous devons l'entendre et l'écouter. L'entendre et l'écouter, alors que la guerre frappe à nouveau l'Europe et que sur le sol ukrainien, on meurt pour avoir commis l'affront de vouloir être libres. Nous devons entendre et écouter l'Histoire. Car les passions tristes reviennent à la charge. Les passions tristes du rejet, du repli qui déjà nous ont conduit à l'esprit de défaite, à la soumission, à l'abîme. 

Mesdames et messieurs, le Canada et la France sont deux nations sœurs. Deux nations dont le lien s'est noué dans le sang versé et le bruit des balles. Deux nations dont les destins se sont mêlés une fois de plus ici sur le sable de la plage de Juno Beach. Deux nations dont l'amitié restera gravée à jamais dans le marbre de l'histoire. Aujourd'hui, 80 ans après, ensemble, sur cette plage, l'ombre des soldats canadiens s'anime. Le souvenir est vif. L'émotion est grande. Les défis sont immenses. Nous serons à la hauteur de leur engagement, à la hauteur de leur courage, à la hauteur de leur sacrifice. Nous leur devons, nous leur en faisons le serment. 

Vive le Canada. Vive l'amitié franco-canadienne. 

Vive la République et vive la France.

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