Discours de Jean Castex sur le prolongement de la ligne 4 du métro parisien

Ce contenu a été publié sous le gouvernement du Premier ministre, Jean Castex.

Publié le 13/01/2022

Mesdames et messieurs les parlementaires,
Monsieur le président du conseil départemental,
Mesdames et messieurs les maires,
Madame la présidente directrice générale de la RATP,
Mesdames et messieurs,
Me voici donc, oui chère Catherine, à nouveau au chevet, ou plutôt au berceau d’une infrastructure de transport collectif. Il y a un peu plus d’un an, vous le disiez, plus au nord, j’inaugurais avec beaucoup d’entre vous le prolongement de la ligne 14. Alors je reconnais, vous m’avez vu rouvrir un train de nuit, accéléré les lignes à grande vitesse dans le sud du pays, relancer le fret ferroviaire et en particulier rouvrir le train des primeurs, annoncer les agglomérations lauréates du grand appel à projets pour les transports en commun en site propre lancé par mon Gouvernement. Bref, si vous pensez que j’aime les trains, les métros et les transports collectifs, vous ne vous trompez pas, Mesdames et Messieurs. Je vous confesse que c’est même une passion très ancienne. Mais c’est surtout, c’est surtout un choix politique.
Les transports, les transports collectifs, parce qu’ils sont, comme vous le savez parfaitement, au carrefour des enjeux majeurs de transition écologique, d’aménagement du territoire, de politique industrielle et d’innovation technologique, de grands travaux publics sont au cœur de nos politiques publiques et notamment du plan de relance car la demande du président de la République et je le dis incessamment toujours grâce à la contribution décisive de l’Union européenne que ce plan de relance se déploie partout dans notre pays.
La RATP, madame la présidente qui est, dois-je le rappeler, l’une de nos plus belles entreprises publiques, illustre cette priorité nationale. La RATP conduit actuellement grâce au soutien de ces financeurs une dynamique d’investissement tout simplement sans précédent dans son histoire. Un chiffre, au début des années 2000, je parle sous votre contrôle madame la présidente, les investissements annuels s’élevaient autour de 600 millions d’euros. Aujourd’hui 2022, ils sont prévus à 2,5 milliards. 600 millions 2,5 milliards. Les investissements annuels de la RATP ont cru de 70 % entre 2017 et 2022, 70 %.
Comme je dis souvent : « L’amour c’est bien, les preuves d’amour c’est mieux ». Une preuve ce matin, ici madame la maire à Bagneux où la ligne 4 poursuit sa longue histoire, une histoire commencée en 1908 à une époque où il y avait un monde, je dirais, des mondes entre la porte de Clignancourt et la porte d’Orléans. Pour la première fois, elle traçait une ligne entre les quartiers de Montmartre, les Halles, le quartier Latin ou encore du petit Montrouge qui semblaient alors appartenir à des univers distincts et parfois même un peu étranger les uns aux autres. Sait-on que l’on n’avait pas le même accent de Montmartre au ventre de Paris où c’est le parler d'Auvergnats qui dominait et je m’y connais en accent. Un demi-siècle après l’annexion à la capitale de ces villages limitrophes par le baron Haussmann, c’est bien le métropolitain qui a unifié la capital et la ligne 4 puisque je parle d’histoire, fut, vous le savez sans doute aussi première à traverser la Seine en souterrain, ce qui demeure l’une des plus grandes prouesses techniques du siècle dernier.
Aujourd’hui donc après 6 ans d’un chantier titanesque avec notamment 1,8 km de tunnel, avec de nouvelles stations, la RATP chargée de la maîtrise d’ouvrage du projet a donc su mener à bien cette nouvelle page de l’histoire de votre territoire dit de la petite Couronne mais aussi plus généralement de la métropole parisienne. Je veux avoir un mot évidemment pour tous les corps de métier, toutes les entreprises et tous les salariés qui ont collectivement relevé le défi de ce chantier. Comme je tiens, madame la présidente, à saluer les équipes qui, en dépit de la crise Covid, ont su se mobiliser et tenir pour l’essentiel les délais et comme vous l’avez rappelé, les coûts.
Je tiens au-delà de ce chantier, chère Catherine, à exprimer au nom du Gouvernement et de la nation la reconnaissance à l’ensemble des salariés de la RATP qui ont maintenu le service public depuis le début de cette crise en dépit de toutes les difficultés. Je tiens également à rendre un hommage aux maires ici présents, tant je connais leur engagement quotidien presque viscéral pour le développement de leur territoire mais aussi leur pugnacité car il en faut et qui a permis l’arrivée du métro dans leur vie, comme je salue très vivement l’engagement de la région, d’Île-de-France Mobilité et du département. Avec le prolongement de la Ligne 4, c’est en effet toute la dynamique de ce territoire que nous allons collectivement renforcer. Et pour cause, la présidente l’a rappelé, dès les prochains jours, ce seront 37 000 nouveaux voyageurs qui emprunteront quotidiennement la ligne sur le seul tronçon prolongé.
37 000 personnes dont le quotidien va être facilité puisque dès aujourd’hui, les usagers de la ligne pourront rejoindre le centre de Paris en moins de 30 minutes. Sans oublier, car cela ne me paraît pas négligeable, les effets positifs induits en termes de fréquentation du RER B, qui compte, vous le savez parmi les lignes les plus fréquentées du réseau. Au global, avec ce nouveau tronçon, ce sont 700 000 voyageurs qui fréquentent quotidiennement la Ligne 4, ce qu’en fera la seconde ligne la plus fréquentée du réseau métropolitain. Dès la fin de l’année prochaine, cela a été dit, cette ligne sera entièrement automatisée, c’est-à-dire, plus régulière, avec des fréquences, si mes informations sont exactes, de 1 minute 45 secondes entre deux rames ; plus sûre et plus confortable grâce à un nouveau matériel roulant, mieux adapté à la fréquentation massive et équipée d’un très haut niveau de service. Là encore, nous œuvrons collectivement pour la vie quotidienne de nos concitoyens comme nous l’avons fait ce matin, dans l’étape précédente de cette inauguration, avec le ministre de l’Intérieur, Gérald DARMANIN, en annonçant à la suite d’un engagement du président de la République, un renforcement sans précédent des forces de sécurité dans les transports, avec, je le dis, une priorité très forte pour faire reculer en particulier les agressions dont sont victimes les femmes dans les transports en commun, et mieux assurer leur sécurité.
Les femmes, précisément, sont à l’honneur, Mesdames et Messieurs, ce matin. Et quelle dame ! Et quelle dame ! Barbara, vous le savez repose tout près d’ici au cimetière parisien de Bagneux. Et Lucie AUBRAC, qu’on ne présente pas, tant elle est une figure de notre histoire collective nationale. Ces deux noms choisis par les usagers de la RATP eux-mêmes, à l’initiative des collectivités, viennent rendre hommage à deux femmes extraordinaires qui, chacune à leur façon, ont profondément marqué l'histoire de notre pays. Et je veux saluer très chaleureusement leurs familles ici présentes. Ces deux femmes qui unissent des valeurs, des combats communs pour notre République ; valeurs et combats dont je veux rappeler solennellement ici, en ces temps troublés, qu'ils n'appartiennent pas seulement à l'histoire et qu'ils nous obligent collectivement.
C'était donc justice que d'honorer ces grandes personnalités qui ne sont pas qu'un témoignage du passé. Je suis également heureux que ces deux stations contribuent à féminiser, et de quelle manière, un réseau de transport francilien qui, du moins pour sa partie historique, intra muros, comme on dit, avait jusque-là, il faut bien le dire, fait plus de place aux grands hommes qu’à nos grandes femmes. Voilà donc une injustice qui commence à être réparée. Pour toutes ces raisons, Mesdames et Messieurs, c'est donc la très belle pièce d'un vaste puzzle en réalité que nous inaugurons aujourd'hui, car ces deux nouvelles stations ne viennent pas simplement, pardon Madame la maire, prolonger l'historique axe Nord-Sud en améliorant la desserte de vos territoires, qui s'étend désormais, vous l'avez dit, je crois sur 14 km, 29 stations, ce prolongement de la ligne 4 vient tout simplement inscrire de plain-pied vos villes, vos territoires au sein du réseau Grand Paris Express et donc du Grand Paris tout court.
Car concrètement, cela a été rappelé, la ligne 4 sera connectée à terme à la ligne 15 du Grand Paris Express, ce qui permettra par exemple aux usagers de rejoindre la station Pont de Sèvres en 9 minutes et Créteil-l’Echat en 15 minutes. Vous interrogerez mes collaborateurs pour savoir pourquoi ils ont choisi ces deux merveilleuses stations, mais ce sont des exemples parmi d’autres. Autant en tout cas de gain de temps, donc de confort de vie considérable pour les usagers. Encore la vie quotidienne de nos concitoyens. Ce fameux chantier du siècle, je le suis de très près depuis sa conception sous l'égide du président SARKOZY, qui était alors accompagné par Christian BLANC et depuis l'origine. Et pour ma part, je l'ai toujours suivi, entre 2010 et 2012, à sa genèse en ma qualité de délégué interministériel aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, et évidemment, depuis que j'ai l'honneur d'occuper des fonctions qui sont aujourd'hui les miennes secondé très efficacement, je dois le dire, par Jean-Baptiste DJEBBARI.
Je salue également l'entreprise Spie Batignolles, venu visiter il y a quelques mois, quelques années, le chantier de la future station Barbara. Grâce à ce projet, nous sommes Mesdames et Messieurs en train de permettre à la région capitale de relever les grands défis du 21e siècle, c'est-à-dire d'être à la fois une métropole connectée au monde tout en desservant finement l'ensemble des territoires qui la composent. Une métropole en mesure à la fois de capter les talents et de mieux innerver tous les territoires pour leur donner toutes leurs chances, et notamment aux plus fragiles d'entre eux et à celles et ceux qui y habitent. Tout cela fait du Grand Paris non seulement une étape historique dans le développement des transports de la région capitale, mais également, et peut-être avant tout un projet urbain, ainsi d'ailleurs, que l'exprimait les premiers mots de la loi de 2010 qui lui a donné naissance.
C'est ainsi que, par exemple, dans votre territoire, l'écoquartier Victor-Hugo, situé tout près d'ici, fait actuellement l'objet d'une très ambitieuse opération de revalorisation urbaine qui témoigne des mutations à l'œuvre chez vous autant qu'elles dessinent le visage du Grand Paris de demain. Voilà pourquoi, Mesdames et Messieurs, l'Etat soutient sans relâche le développement de ses projets de transports, notamment dans le cadre du volet multimodal du contrat de plan État-Région en cours d'exécution. C'est ainsi que sur un montant total de 10 milliards 300 millions, l'Etat contribue à hauteur de 2,3 milliards que nous avons abondé grâce à 675 millions au titre du plan de relance. J'ajoute que c'est la Société du Grand Paris qui s'est pour sa part engagée à hauteur d'1,6 milliard. Pour le tronçon que nous inaugurons ce matin, l’Etat a participé à hauteur du quart du coût du projet.
Ces moyens vont bien sûr permettre d’entretenir et d’améliorer le réseau RER existant, de développer toutes les signes de cette immense projet du Grand Paris Express qui se déploie partout et notamment de poursuivre le rapprochement entre Paris et sa banlieue, de lier les banlieues entre elles, avec notamment le prolongement du RER E vers l'ouest, Eole, de la ligne du métro 11 à Rosny Bois Perrier, le tramway 12 Express, l'extension du tramway T1 à Val-de-Fontenay, sans oublier dans quelques mois, madame la présidente, la prolongation de la ligne 12 vers la mairie d'Aubervilliers. Et puisque j'évoquais à l'instant le plan de relance, je veux rappeler aussi que depuis le début de la crise sanitaire, ce soutien sans faille de l'Etat auprès des opérateurs de transports publics ne s'est pas démenti ici en Île-de-France, pour faire face aux conséquences de cette crise sur les transports publics de la région.
Mon Gouvernement a agi en deux temps, d'abord en apportant un soutien financier de 1,3 milliard d'euros pour compenser les pertes. Puis en versant une avance remboursable de 800 millions d'euros au titre des pertes de 2021. L'Etat a donc pris ses responsabilités, en mettant les moyens nécessaires à la demande et en concertation avec l'exécutif régional. Mesdames et messieurs, vous le savez, j'ai souvent eu l'occasion de m'exprimer, je crois fortement dans le rôle de la puissance publique, pas une puissance publique tatillonne, reposant sur une administration omniprésente, mais une puissance publique qui assume pleinement sa fonction de stratège, pour relancer l'industrie, et accompagner les indispensables transitions économiques et sociétales.
Une puissance publique qui retrouve son rôle d'aménageur des territoires. Une puissance publique qui assure l'égalité des chances, des droits et des devoirs, qui sait fédérer et soutenir les initiatives des élus et des entreprises, qui stimule et encourage le sens des responsabilités, l'innovation, la création. Toutes ces ambitions, l'extension de la ligne 4 les illustrent parfaitement. C'est grâce à de telles réalisations concrètes, visibles que les citoyens gardent, et parfois, retrouvent leur confiance dans l'action publique. C'est pour cela, oui, vous l'avez dit les uns et les autres, que nous allons continuer d'agir en ce sens, afin de favoriser le développement économique tout en luttant fermement contre le réchauffement climatique, mais aussi pour favoriser ces mobilités du quotidien, qui font reculer toutes les assignations à résidence, toutes les tentatives de repli sur soi, toujours plus fortes hélas en temps de crise, et qui sont autant d'impasses viscéralement contraires à ceux qui, depuis des siècles, fait la force et l'identité de notre pays et de notre République.
Je vous remercie.

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