Compte rendu du Conseil des ministres du 11 janvier 2023
Olivier VÉRAN
Bonjour à tous.
Mesdames, Messieurs, pour commencer, une
bonne nouvelle puisque le Parlement a adopté hier, à la majorité absolue, le
projet de loi portant sur les énergies renouvelables. Une majorité donc
composée, non seulement des députés et des groupes de la majorité, c’était
attendu, mais également du groupe LIOT, et du groupe socialiste. Signe que le
Gouvernement a pu identifier une majorité sur ce texte important pour la
transition énergétique, en faisant une alliance avec des groupes politiques
situés à gauche de l’échiquier politique.
Hier, la Première ministre a présenté
notre projet de réforme pour les retraites. La retraite est une étape de vie
qui peut être source d’inquiétudes autant que d’envies. Aussi, il est important
de dire ce qu’est ce projet et ce qu’il n’est pas.
Ce projet, c’est d’abord un
projet de justice et de progrès social. Ce projet, il est nécessaire,
indispensable et ce projet, il est urgent. Ses détracteurs nous expliquent
qu'il ne serait pas nécessaire. Çà et là, on entend que le système serait en
fait à l'équilibre, en convoquant des projections du Conseil d'orientation des
retraites. En fait ce système serait à l'équilibre, et il me laisse un peu
pantois, puisque quand on regarde les chiffres, les chiffres sont têtus comme
on dit. Il y avait en 2002 deux cotisants pour un retraité. Je rappelle que
dans le système par répartition, ce sont les salariés qui cotisent pour les
personnes qui touchent les pensions de retraite. En 2002, il y avait deux
salariés en activité pour un retraité. Actuellement, il n'y a plus que 1,7
cotisant pour un retraité. Et d'ici à 2040, il n'y aura plus que 1,5 cotisant
pour un retraité du fait du vieillissement de la population. Donc, de toute
évidence, les chiffres sont là.
Le rapport du COR est donc convoqué à tous les
taux et à tous les tons, mais nous avons lu le même rapport, les mêmes
hypothèses, les mêmes projections. Et il semble que certains y piochent ce
qu'ils souhaitent entendre. Il faut bien reconnaître qu'il est plus simple de
détourner le regard de la réalité, d'autant plus quand elle ne nous est pas
favorable.
Mais gouverner, c'est justement garder les yeux ouverts. Gouverner,
c'est choisir et c'est prendre le parti de l'avenir. Par esprit de
responsabilité, nous réformons donc aujourd'hui un système dont l'équilibre est
fragile et menacé. Celles et ceux qui nous expliquent aujourd'hui que notre
projet n'est pas nécessaire seront-ils ceux qui regarderaient demain notre pays
accumuler les déficits ? Nous ne serons pas de ceux-là.
Mieux, nous prenons le
parti et nous prenons le pari de l'avenir et de l'égalité pour notre pays.
Parce que notre réforme, elle, défend l'équilibre, elle favorise la justice et
elle promeut le progrès social.
D'abord, ce projet, il défend l'équilibre d'un
système menacé. Progressivement d'ici à 2030, l’âge légal, vous le savez,
passera à 64 ans à raison d’un trimestre supplémentaire par an. Dans le même
temps, l’âge d’annulation de la décote, c’est l’âge maximal auquel vous êtes
amené à travailler pour ne pas avoir de baisse de pension quand vous avez
commencé tard, eh bien, il ne va pas changer, c’est-à-dire qu'il est maintenu à
67 ans. Cette mesure, elle concerne directement les plus… enfin l'ensemble des
Français qui travaillent, mais avec une approche différente pour les personnes
vulnérables, les personnes en situation de handicap, les personnes exposées à
l'amiante où la situation ne changera pas. Celles et ceux qui le peuvent, et
j'insiste sur cette expression, celles et ceux qui le peuvent devront
travailler un peu plus. Cela nous amène naturellement au deuxième pilier.
Ce
projet est juste parce que celles et ceux qui subissent des conditions de
travail difficiles ne travailleront pas plus longtemps. Là aussi, le message se
veut clair, pas d'effort supplémentaire pour les plus fragiles d'entre nous. Il
est vrai que nous ne sommes pas tous égaux face à l'espérance de vie, ni face
au travail et notre projet en tient pleinement compte. C'est cela peut-être la
justice sociale, protéger ceux qui peuvent le moins et engager ceux qui peuvent
le plus. Lorsque celles et ceux qui le peuvent, partiront à la retraite à 64
ans, ceux qui ont commencé à travailler tôt pourront s'arrêter à partir de 58
ans. Pour lutter contre les inégalités, nous ferons mieux en matière de suivi
médical, de prévention, de départs anticipés et de reconversion
professionnelle. Nous accompagnerons ceux qui en ont besoin, ceux qui sont
fatigués dans leur quotidien mais aspirent encore être actifs.
Les congés
parentaux, les congés des proches aidants seront enfin pris en compte dans le
calcul de la retraite. De la même manière, les travaux d'utilité collective
seront pris en compte, tout comme, je le disais, les situations d'inaptitude et
d'incapacité ou de handicap. Finalement, et grâce aux différents dispositifs de
protection des plus vulnérables, ce sont près de 4 travailleurs sur 10 qui
pourront prendre leur retraite avant 64 ans.
Enfin, ce projet, je le disais,
promeut le progrès social. C'est évidemment cette retraite minimale de 1 200
euros par mois pour une carrière complète, c'est 1 200 euros brut. Et en
fonction du revenu du conjoint, lorsqu'il y a un conjoint, peuvent être
affectés à une CSG dont le taux varie de 0 à 4 %. Retenez que ces 1 200 euros
bruts, ce sera en pratique entre 1 170 euros net et un peu plus de 1 200 euros
nets par mois.
Le progrès aussi de l'emploi des seniors qui subissent un
traitement discriminatoire aujourd'hui en France et qui constitue une véritable
perte de chances pour nos concitoyens et pour notre pays. C'est aussi le
progrès du cumul emploi retraite car il faut laisser le choix, celui d'augmenter
son train de vie, celui de rester dynamique, celui de continuer à se sentir
utile au travail ou celui aussi de ne plus travailler et de profiter de son
temps libre.
Enfin vous dire également ce que ce projet n'est pas, car on lui
attribue des objectifs et des visées qui ne sont pas les siennes. Ce projet, ce
n’est pas une réforme éclair ou brutale. Je rappelle qu’on vise un équilibre
d’ici à 2030. C’est donc un projet progressif qui se veut en douceur.
Ce projet
n’est pas anti social. Pardon, mais la retraite minimale augmentée en moyenne
de 100 brut par mois, pour 2 millions de nos concitoyens, pour 200 000 nouveaux
retraités chaque année, c’est important. Je parlais de la revalorisation des
petites retraites, de la prise en compte des congés parentaux, des proches
aidants, la réduction des inégalités pour les femmes, de l'extension du compte
professionnel de prévention.
Bref, il y a beaucoup d'avancées sociales. Et ce
projet n'a pas pour objectif de financer des dépenses de santé ou de l'école.
On ne déshabille pas Pierre pour habiller Paul. Chaque euro, du premier au
dernier, servira à financer les retraites et rien que les retraites. Ce projet
n'engendrera pas une augmentation du coût du travail et des impôts. Il n'y aura
pas d'impôts ni de dette supplémentaire. En période de hausse des prix et de
contraction du pouvoir d'achat, nous cherchons au contraire à réinjecter du
plus pour tous, à commencer par la revalorisation de 2 millions de retraite. En
même temps, vous n'aurez pas manqué de constater que les syndicats appellent à
la mobilisation et à la grève. Nous respectons strictement ce droit consacré
par la Constitution avec le plus grand respect. J'en appelle néanmoins aux
Français et aux Français en vous demandant de bien vous informer et de bien vous
renseigner. Il y aura bientôt la possibilité d’ailleurs de regarder votre
propre situation au regard de la réforme pour voir si vous êtes impacté et dans
quel sens cet impact peut être observé. Nous préparons l'avenir, nous
préservons la souveraineté de notre pays, nous défendons notre modèle de
protection sociale.
Les concertations se terminent. Désormais s'ouvre une
nouvelle phase, celle de la consultation, de l'information. Puis viendra la
phase parlementaire.
J'en viens maintenant aux textes qui ont été présentés en
Conseil des ministres. Ça va aller assez vite.
La ministre de l'Europe et des
Affaires étrangères a présenté un projet de loi qui autorise la ratification
d'une résolution relative aux amendements à la convention portant création de
l'Organisation maritime internationale. C'est une institution des Nations unies
dont l'objectif est d'assurer la sécurité et la sûreté de la navigation
commerciale internationale et la prévention de la pollution maritime.
Le
ministre de l'Économie, des Finances, de la souveraineté industrielle et
numérique et le ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire ont
présenté, quant à eux, un projet de loi qui ratifie une ordonnance qui porte des
dispositions de contrôle et de sanction dans le cadre de la réforme des outils
de gestion des risques climatiques et agricoles.
Enfin, le ministre délégué
auprès de la Première ministre chargé des Relations avec le Parlement a
présenté une communication relative au bilan de l'application des lois. Et au
31 décembre 2022, le taux d'application des lois promulguées depuis plus de 6
mois est passé à 90 %, c’est un chiffre qui témoigne de notre forte
mobilisation à assurer l’impératif de sécurité juridique et être à la hauteur
de confiance que les Français placent dans leur responsable politique.
Malgré
les crises, notamment sanitaires et malgré les textes qui ont suivi, nous
sommes restés à la tâche loin des effets d’annonce et de manches dans l’ombre
parfois, je pense, à tous les serviteurs de l’État pour que tous les mots se
transforment en actes. Je vous remercie et je suis à votre disposition pour vos
questions.
Francesco FONTEMAGGI
Francesco FONTEMAGGI pour l'AFP, puisque vous avez
longuement parlé de la réforme des retraites qui a été présentée hier et même
si elle n'arrive au Conseil des ministres que dans 12 jours, est-ce que le
Président a eu un mot pendant le Conseil des ministres aujourd'hui, pour
mobiliser l'équipe pour parler de cette réforme, pour dire le message qu’il
voulait qui soit porté par le Gouvernement ? Merci.
Olivier VÉRAN
Bien sûr, le Président de la République a abordé la réforme
des retraites dans son propos liminaire pour rappeler encore une fois qu'il est
indispensable, il est vital, pour préserver notre système de retraite par
répartition, de procéder à cette réforme en allongeant en décalant l'âge de
départ à la retraite. Il a insisté sur toutes les avancées sociales que
contient ce projet de réforme et qui sont directement la conséquence de la
phase de concertation qui a eu lieu avec les partenaires sociaux et pour
laquelle il avait lui-même demandé qu'il y ait davantage de temps qui lui
soient consacrés. Il a appelé bien sûr l'ensemble des ministres à la
mobilisation dans la période pour pouvoir expliquer aux Français très
concrètement ce pourquoi d'abord, nous portons cette réforme des retraites, et
ce qui va changer pour eux.
Thomas DESPRE
Bonjour Monsieur le ministre. Thomas DESPRES pour RTL. Hier
soir, au moins 8 principaux syndicats ont lancé un appel à manifester pour le
19 janvier prochain pour une première journée de mobilisation. Cela fait 12 ans
qu'il n'y a pas eu d'unité syndicale à ce point. Est-ce que vous craignez une
mobilisation massive de la rue ? Est-ce que ça pourrait faire reculer le
Gouvernement sur ce projet de réforme ?
Olivier VÉRAN
Bah d’abord, permettez-moi d'utiliser l'expression voir deux
expressions populaires, avec des si on met Paris en bouteille ou avec des scies
on coupe du bois, c'est au choix. On ne se projette pas là dans l'idée d'une
mobilisation massive ou de l'impact de cette mobilisation. Je l'ai dit, nous
sommes sortis de la phase de la concertation et nous rentrons dans la phase de
l'explication, de l'information, de la discussion avec les Français pour
expliquer, réexpliquer pourquoi il est fondamental que nous procédions à cette
réforme des retraites. Je le redis 150 milliards de déficit en 10 ans, si nous
ne réformons pas les retraites, ça veut dire que dans 10 ans les Français
pourraient venir nous voir légitimement en disant pourquoi est-ce que vous
n’avez pas pris les devants ? Pourquoi est-ce que notre système est aussi
déficitaire ? Et donc, on s’attend et vous constatez qu’un certain nombre de
Français, de plus en plus importants d’ailleurs ne croient plus en ce système
de retraite par répartition, non pas parce qu’ils ne croient plus en la belle
idée de la répartition, mais parce qu’ils estiment, ils craignent que le
système soit trop déficitaire sur la durée. Ce que nous leur disons, c’est que
cette réforme que nous portons et que nous mènerons à son terme, elle doit
justement permettre de garantir à chacun qu’il bénéficiera du même système de
retraite que ses parents et ses grands-parents et que, dans le même temps, nous
n'augmenterons pas les impôts des Français et nous ne baisserons pas les
pensions des retraités pour maintenir le pouvoir d'achat. C'est ça vraiment qui
est important comme message. Donc, nous rentrons dans la phase de
l'explication, de la discussion, de l'échange. La réforme a été présentée à
peine hier soir. Quant au front syndical uni, nous l'avons constaté,
évidemment. D'abord, vous avez remarqué qu'aucun syndicat n'a à aucun moment
quitté la table des négociations et des discussions. Ça n'a pas toujours été le
cas. Signe que les négociations qui ont été menées par la Première ministre et
par le ministre en charge de la réforme, Olivier DUSSOPT, ont permis de créer
ce lien et de le maintenir tout au long de la phase de concertation. Ensuite,
nous sommes aussi dans la phase d'échanges avec les groupes politiques de la
majorité et des oppositions et il semble déjà qu'un groupe important de
l'opposition se soit prononcé de manière plutôt favorable. Je reste évidemment
à ce stade prudent. Il ne nous revient pas de nous exprimer à leur place, mais
ils estiment que l'esprit de la réforme est nécessaire.
Journaliste
Bonjour Monsieur le Ministre. Vous dites que c'est un projet
juste, mais certains de ceux qui ont commencé à travailler jeune devront
cotiser 44 ans et pas 43 ans. Donc déjà, est-ce que vous considérez que c'est
juste ? Et ensuite, les LR demandent que dans leur cas, eh bien, les 43 années
de cotisation suffisent et que ces personnes ne soient pas soumises à l'âge
légal ? Est-ce que ça fait partie de la négociation possible au Parlement avec
les LR justement, dont vous avez besoin pour ce texte ?
Olivier VÉRAN
D'abord, il faut rappeler qu'une réforme des retraites qui
vise à travailler un peu plus longtemps va obliger effectivement un certain
nombre de Français à travailler un peu plus longtemps et je le redis, ceux qui
le peuvent. Vous dire ensuite que les remarques et les critiques qui sont
apportées à la réforme ou au système des retraites tel qu'il serait après la
réforme, vous pourriez les appliquer au moins à l'identique, au système actuel
ou au système qui ont précédé les précédentes réformes. Je vous donne un
exemple : les gens qui ont commencé à travailler très tôt, ils cotisaient
davantage, plus longtemps que les gens qui avaient commencé à travailler plus
tard. Et avec notre réforme, avec les systèmes de carrières longs et très
longs, on va même plutôt corriger ces inégalités. Donc, à la fin de la réforme,
oui, il y a des Français qui devront travailler plus longtemps en portant une
attention particulière. Je le redis pour celles et ceux qui ne pourraient pas le
faire pour des raisons de santé ou de carrières pénibles, c'est le principe
même qui doit nous permettre d'équilibrer les retraites, c’est que nous soyons
capables de travailler plus longtemps.
Simon LE BARON
Bonjour monsieur le ministre,
Simon LE BARON pour France inter. Il semble qu’un certain flou subsiste autour
d’une des mesures les plus importantes annoncées par la Première ministre hier,
ce sont les 1 200 euros bruts de retraite minimal. Un flou sur le financement.
Quelles branches de la sécurité sociale seront ponctionnées ? Et puis, sur la
concertation qui doit encore avoir lieu pendant les deux prochaines semaines
pour pouvoir intégrer cette mesure au texte qui sera présenté le 23 en Conseil
des ministres. Est-ce que cet arbitrage, Elisabeth BORNE l’a dit, qui a été
rendu avec le président de la République a été pris au dernier moment ? Et si
oui, pourquoi ?
Olivier VERAN
Non, il n’a pas été pris au
dernier moment. Et je redis que quand la réforme s'appliquera à partir de
septembre 2023, les retraités qui ont une cotisation, qui ont cotisé toute leur
vie avec des niveaux de rémunération au niveau du smic et qui aujourd'hui ont
des petits revenus des petites pensions de retraite verront leur pension de
retraite revalorisée. Ça c'est le principe et chacun doit pouvoir l'intégrer.
Il n'y a aucun flou là-dessus. Sur les modalités de financement, le financement
sera assuré. Il n'y a pas non plus le moindre flou là-dessus. Dans les
mécaniques de tuyauterie d'une branche à l'autre de la Sécurité sociale, ça,
pardonnez-moi, je ne crois pas que ce soit le plus fondamental. Mais
l'essentiel, c'est que les retraites seront bien revalorisées pour ces
personnes concernées 2 millions de Français, 2 millions et plus 200 000
nouveaux retraités chaque année et que ce financement sera assuré dès le mois
de septembre. Et j'ai donné tout à l'heure le montant de la pension moyenne qui
sera perçue.
Simon LE BARON
Alors sur quoi doit avoir lieu,
doit porter la concertation ?
Olivier VERAN
En fait, vous avez deux temps.
Vous avez un premier temps où il faut assurer l'équivalent de cette
augmentation de pension pour tous les retraités avant que les systèmes
informatiques permettent de l'intégrer de manière automatique. Mais pour les
gens, ils ne verront pas la différence.
Simon LE BARON
Merci.
Marie CHANTRAIT
Bonjour Marie CHANTRAIT pour TF1
LCI. Vous l'avez dit, avec des si on met Paris en bouteille, si…
Olivier VERAN
Ou on coupe du bois.
Marie CHANTRAIT
Ou on coupe du bois en effet. Je
n'avais pas la citation en entier. Si sur la discussion parlementaire. Si
l'opposition et les Républicains continuent de dire finalement qu'ils sont
plutôt satisfaits du texte actuel, avec possiblement des amendements à la
marge, est-ce que la possibilité l'utilisation d'un 49-3 est totalement exclue
pour faire passer ce texte au Parlement ? Merci beaucoup.
Olivier VERAN
Nous, on ne rentre pas dans la
mêlée avec la volonté de sortir le 49-3 et nous considérons que les conditions
doivent être réunies, qui nous permettent d'éviter le 49-3 puisque si vous
ajoutez aux députés de la majorité qui seront tous présents pour le vote, les
députés des Républicains, s'ils confirment leur volonté d'accompagner ce texte,
la majorité absolue est assurée. A côté de cela, nous avons aussi entendu des
groupes d'opposition très à gauche parler de déposer 1 000 amendements par
député. 74 000, 75 000 amendements et d'empêcher le débat parce que quand vous
déposez 75 000 amendements, ce n’est pas pour modifier, amender ou enrichir un
texte, c’est pour interdire au parlementaire de discuter du texte. Si vous êtes
inondé d'amendements, c'est pour, je le redis, empêcher le débat, ce que
j'appelle le « zadisme parlementaire » et d'ailleurs qui est revendiqué par
certains présidents de groupes d'opposition de gauche. C'est dommage. Moi, je
vois les parlementaires, ils ont envie de débattre de ce texte et ils ont le
droit. Ils sont légitimes, ils ont réussi. Ils ont d'ailleurs été élus pour
pouvoir débattre de textes aussi importants que celui-ci. Nous n'avons pas
besoin, nous n'aurions pas besoin, si les choses se confirmaient, de recourir
au 49-3. Ce que nous souhaitons maintenant, c'est que le temps du débat
parlementaire soit respecté par les uns et par les autres.
Marie CHANTRAIT
Vous n'avez pas répondu…
Olivier VÉRAN
(inaudible) à répondre et vous,
vous posez des questions.
Marie CHANTRAIT
Oui mais tout à l’heure, vous
n’avez pas répondu à ma deuxième question.
Olivier VÉRAN
Je suis désolé.
Marie CHANTRAIT
Aucun problème. C'était est-ce que…
Donc cette question des 43 annuités uniquement pour ceux qui ont commencé à
travailler jeune que demandent les Républicains est un point de négociation
possible au Parlement. Est-ce que Élisabeth BORNE a dit que le texte allait
encore évoluer ? Est-ce que, par exemple, c'est un point de négociation ?
Olivier VÉRAN
Ce qui n'est pas négociable, c'est
l'équilibre en 2030. Si on réforme le système des retraites, c’est bien pour
qu'il soit équilibré. On le réforme pas pour dire qu'on a fait une réforme des
retraites. Or, aujourd'hui, le fait de demander à des Français de travailler un
peu plus longtemps, c'est le corollaire indispensable à l'objectif qui est le
nôtre, c'est d'équilibrer le système des retraites. Et je redis : l'autre
corollaire, c'est que nous voulons le faire sans augmenter les impôts, sans
augmenter la dette et sans baisser les pensions des retraités. Donc, il n'y a
pas 36 alternatives sur ce point-là.
Guillaume DARET
Bonjour. Guillaume DARET France
Télévision. Est-ce que vous nous assurez donc ce matin qu'on va atteindre
l'équilibre en 2030 avec la réforme actuelle ou est-ce que d'ici là, il faudra
en reprendre une louche parce que, en fonction des ajustements économiques, il
y aurait peut-être besoin d'une nouvelle mesure si on n'était pas à l'équilibre
à ce moment-là ?
Olivier VÉRAN
Non, non, la Première ministre a
été très claire hier. L'objectif sera atteint : l'équilibre de notre système en
2030. Donc, il n'y a pas besoin de rajouter quoi que ce soit. Il y a le système
qui a été présenté et qui est équilibré.
Simon LEBARON
On se fait parfois la voix de nos
confrères et consœurs qui ne peuvent pas être présents. Une question.
Olivier VÉRAN
Tout à votre honneur.
Simon LEBARON
C'est bien normal.
Olivier VÉRAN
C'est un peu mon rôle aussi de
faire la voix de mes confrères.
Simon LEBARON
Voilà ! Une question pour Les
Echos. Est-ce que vous avez des craintes sur l'unité de la majorité ? On sait
que les groupes Horizon et MoDem ont dit qu'ils seraient exigeants dans le
débat parlementaire et le MoDem, notamment de François BAYROU plaide pour une
légère augmentation des cotisations patronales. Est-ce que vous pensez que la
majorité et ces différents groupes vont tenir dans les débats animés qui
s'annoncent ?
Olivier VÉRAN
L'ensemble des groupes qui
constituent la majorité se sont engagés clairement derrière le président de la
République pendant la campagne présidentielle puis législative pour porter un
projet de réforme qui retarde l'âge de départ à la retraite. Nous avons
entendu, nous avons d'ailleurs amélioré le projet initial. C’est ce qui a été
présenté par la Première ministre hier, à l'issue des concertations avec les
syndicats, avec les groupes politiques. Désormais, la majorité est soudée,
parfaitement en phase et tout le monde sera au rendez-vous pour adopter la
réforme.
Simon LEBARON
J'ai une autre question, la mienne celle-là, sur le retour
d'Adrien QUATENNENS, le député de La France insoumise qui a été condamné en
procédure de plaider coupable pour violences conjugales, qui fait son retour
aujourd'hui à l'Assemblée nationale. Est-ce que vous avez une réaction ?
Olivier VÉRAN
Il est revenu là pour l'instant ? Oui, il est revenu là déjà à l'Assemblée
nationale ?
Simon LEBARON
Oui, aujourd’hui.
Olivier VÉRAN
Ça, c'est sa décision personnelle, en commission, c'est sa
décision personnelle. Il est parlementaire élu, il a fait le choix de ne pas
démissionner. Il aurait pu faire le choix de démissionner et de se représenter
devant ses électeurs pour garder de la légitimité. Ce n'est pas le choix qu'il
a fait, ça lui appartient. Ce n'est pas au Gouvernement de le commenter.
Journaliste
Alors en parlant de démission, justement, est-ce que vous
considérez que Noël LE GRAËT doit démissionner de son poste de président de la
Fédération française de football ? Est-ce qu’il n’y a pas un devoir
d'exemplarité ? Et comment est-ce que vous voyez les choses après ce qui s'est
passé ces derniers jours ?
Olivier VÉRAN
Là dessus, j'ai un avis personnel à vous donner, pas un avis
gouvernemental. Je partage d’ailleurs l'avis de la ministre en charge, la
ministre des Sports : une fédération comme la Fédération française de football
mérite un président à la hauteur et qui permette de donner une bonne image du
football français à travers la planète. Et je garde un souvenir suffisamment
ému de la finale de la Coupe du monde 98 et une adoration telle pour Zizou que
j'ai été moi-même assez blessé, pour ne pas dire très blessé par ce que j'ai pu
entendre. Mais il n'y a pas que ça, il y a d'autres choses aussi qui
s'ajoutent. Donc la coupe devient pleine, oui. Pas la Coupe du monde…
Journaliste
Et ça veut dire que le président actuel n'est pas à la
hauteur de l'image que le foot français devrait donner, pour vous ?
Olivier VÉRAN
Je vous ai répondu.
Journaliste
D'accord. Petite question, dernière question sur les
retraites, excusez-moi, pour terminer sur
au-delà de 2030. On voit qu'il y a certaines perspectives économiques
qui montrent qu'il pourrait y avoir à ce moment-là un déséquilibre financier.
Est-ce que vous avez déjà anticipé cela, même si on parle pour l'instant de
2030 dans la réforme d’hier ?
Olivier VÉRAN
Non mais notre réforme, elle est partie pour durer. L'idée,
ce n'est pas d'y revenir dans 8 ans ou dans 10 ans. L'idée, c'est de pouvoir dire
encore une fois à tous les jeunes qui nous disent aujourd'hui “Oh là là, moi,
le système des retraites, je n'y crois pas, j'en aurais pas”, non, non, si si,
vous pouvez être sûrs que vous l'aurez. C’est pour leur dire à ces mêmes jeunes
que leurs parents et leurs grands-parents, ils sont sûrs de conserver un bon
niveau de pensions de retraite, voire même qu’il va pouvoir augmenter. Donc ça,
c'est pour pouvoir vraiment se dire que cet effort collectif qui est demandé à
travers cette réforme, il a ces objectifs-là de conforter les retraites dans la
durée, de garantir un bon niveau de pension pour tous les retraités et qu’il ne
sera pas nécessaire d'augmenter les impôts des Français. Ça je veux dire, on
peut s'entendre là-dessus parce que c'est absolument indiscutable. C'est bon ?
A bientôt.