La laïcité est la clef de voûte de la République. C'est le fondement institutionnel des libertés individuelles et de l’égalité des droits dans le prolongement de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen. C'est le ferment de la reconnaissance mutuelle des citoyens de toutes origines. Elle constitue le socle indispensable de la paix et de l’unité de la nation.
Une laïcité de conviction
" Nous devons faire vivre la laïcité, clef de voûte de notre Nation ", a déclaré le Premier ministre lors de la cérémonie de remise du Prix de la Laïcité 2016. Faire vivre la laïcité c'est ce qui se passe quand " en remettant tous les ans avec opiniâtreté et régularité ce prix à des personnalités de la vie politique, scientifique, culturelle, vous contribuez à montrer que la laïcité ce sont des visages. Ce sont des vies. Ce sont des engagements au service des autres ", s'est-il réjoui. En 2016, les Prix de la Laïcité ont été remis à trois personnalités venant d'horizon différents : Maryam Namazie (Prix international), Malek Boutih (Prix national) et Étienne-Émile Baulieu (Prix Sciences et Laïcité).
Mais " dans ce moment où les repères se brouillent", où les populistes mélangent tout et tout le temps : "laïcité, religion, immigration, question sociale. Tout se brouille pour mieux se résoudre par les amalgames et les outrances ", déplore le Premier ministre, " nous avons besoin de clarté."
Faire vivre la laïcité est devenu aujourd'hui une nécessité, car l’actualité en France et dans le monde montre combien s’impose un authentique retour aux principes fondamentaux de la République laïque. Il faut " redonner du sens, de la consistance, à ce mot qui fait l'objet de tant de récupérations, de confusions, d'incompréhensions ", a déclaré Manuel Valls. La laïcité ne peut plus se vivre sur un mode passif mais de conviction.
Redonner à la laïcité son sens premier
Les principes de la laïcité qu'énoncent les valeurs de la République - Liberté, Égalité, Fraternité - appellent à l’effort collectif pour l’émancipation de tous. Ils refusent toute référence religieuse ou dogmatique pour les lois et les institutions publiques. Ils rejettent tout intégrisme, tout racisme, tous rejets de l'autre dans la République, au motif qu'il ne partage pas la même opinion. "La religion n’a pas d’emprise sur la société, et personne ne peut imposer ses pratiques religieuses aux autres" , a déclaré le Premier ministre. Et " la laïcité que je défends depuis toujours, c’est un équilibre exigeant entre tolérance et fermeté. Ce n’est pas la négation du fait religieux ou des religions; c’est leur donner toute leur place, leur juste place."
Faire vivre la laïcité, c'est redonner le sens premier à ce qu'est la laïcité à travers la loi de 1905, " prolongement de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen ", a déclaré Manuel Valls, " une grande loi dont le génie réside dans ce paradoxe apparent: séparer pour rassembler; séparer le politique du religieux; séparer pour que ni les religions, ni l’Etat, ne puissent s’immiscer dans les choix de chacun. "
Un discours républicain mobilisateur
Le Premier ministre en appelle à une reconquête de l'autorité républicaine car " l’autorité est fondamentalement émancipatrice; elle libère de toute emprise, fait que les citoyens sontlibres de leur choix, de la vie qu’ils veulent mener. " Cette liberté et une émancipation dans un choix indépendant résident tout d'abord dans la transmission des connaissances à l'école de la République " lieu apaisé de transmission des savoirs. […] La laïcité est ce rempart qui permet que les revendications, les prosélytismes de toutes sortes restent à la porte de l'école ", a déclaré le Premier ministre.
Avec la réintroduction de l'enseignement moral et civique à l'école et l'affichage de la Charte de la laïcité dans tous les établissements scolaires, "nos valeurs communes – la laïcité, la dignité, le respect, la tolérance – [sont] enseignées, apprises par les écoliers et comprises aussi par les parents d’élèves. C'est un point de départ essentiel pour reconquérir le terrain perdu depuis des années, pour reconstruire ce que nos renoncements collectifs ont abîmé. "
En effet, déplore le Premier ministre, "'trop souvent, nous avons détourné le regard, préféré ne pas voir les problèmes là où ils étaient, employé ô combien d'euphémismes pour acheter je ne sais quelle paix sociale " avec pour résultat " une montée en flèche des communautarismes. […] De vrais projets de contre-sociétés. Un essor alarmant des fondamentalismes et finalement une perte de repères pour une partie de notre jeunesse qui - parce qu'on a laissé faire les prêcheurs de haine, parce qu'on a hésité où il aurait fallu un discours républicain clair et mobilisateur – bascule dans le djihadisme."
L'enjeu pour le Premier ministre, c'est aussi la reconquête de la jeunesse, de son énergie et des espérances qu'elle porte. " Face à une forme obscure d’engagement, à ce "néoromantisme moisi" qui pullule sur les réseaux sociaux, sur fond de complotisme, nous devons opposer un contre-discours et dire quel peut être l’engagement au service de son pays. […] Nous devons faire confiance à notre jeunesse, lui ouvrir des horizons, pour qu'elle n'ait pas la tentation du repli et du rejet. Lui donner le goût de l'aventure, une espérance, un horizon"
Le Premier ministre a plaidé pour un service civique obligatoire pour permettre aux jeunes de parcourir la palette des actions sociales et sociétales dans lesquelles elle pourrait s'impliquer au plan national comme dans le monde : " il y a une telle énergie parmi nos jeunes, une telle volonté d’être utile; il faut l’encourager, et lui donner des moyens de s’exprimer. C’est pour cela que je plaide pour un service civique obligatoire qui permette aux jeunes françaises et aux jeunes français d’agir ensemble pour l’intérêt général" , a déclaré Manuel Valls.
Le Premier ministre qui en a appelé à la résistance : "résistons aux simplifications et aux caricatures. Résistons au flot des passions qui envahit le débat public, et choisissons toujours la modération et la raison. Résistons à tous ceux qui voudraient opposer les religions, ou opposer les défenseurs de la laïcité aux croyants."